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EAN : 9782702124130
212 pages
Calmann-Lévy (13/03/1996)
4/5   12 notes
Résumé :
On a dit de Frank O'Connor qu'il était un « Flaubert au milieu des bocages irlandais ». Ce premier recueil de nouvelles à paraître en français contient onze de ses plus célèbres histoires. Chacune met en scène cette mystérieuse ligne de force à partir de laquelle des individus prédisposés à l'acquiescement se raidissent : le coeur se durcit au moment même où on l'imagine sur le point de s'adoucir. Dans la nouvelle éponyme, deux soldats britanniques emprisonnés se li... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Au nom de l'Irlande.
Le recueil de nouvelles le plus célèbre de Frank O'Connor.
J'ai déjà parlé de cet auteur avec un autre livre "Le visage du mal", c'était un perfectionniste n'hésitant jamais à retoucher ses nouvelles, certaines ayant même plusieurs titres.
A noter un avant-propos plein d'à propos de Richard Ellman à qui l'on doit entre autres de très complètes biographies de James Joyce et d'Oscar Wilde.
La nouvelle qui donne son titre à cet ouvrage est une des plus belles de la littérature irlandaise. Deux soldats anglais sont gardées dans une ferme par deux membres de l'I.R.A. Malgré les bonnes relations entre eux, ils sont otages. L'armée anglaise exécute quatre irlandais dont un âgé de 16 ans. Entre la guerre d'indépendance ou l'espèce d'amitié née entre eux, quelle tendance prendra le dessus ?
Une jeune institutrice accepte de dormir avec un homme amoureux d'elle, dans "La nuit de noces" magnifique histoire d'amour et de confiance mutuelle. Et en ce monde de calomnie, jamais personne ne lui fera une remarque désobligeante.
"Les Lucey" raconte la haine de deux frères, parce que l'un a juré de ne jamais serrer la main de l'autre, même si celui-ci est mourant.
"Déracinés " parle de ces fils de paysans qui doivent partir pour travailler, Dublin pour les chanceux, L'Angleterre ou les Etats-Unis pour les autres.
Ne voyez aucune malice dans la nouvelle "Ma première protestante" : juste l'ancienne amitié d'un homme et d'une femme, l'âge venant (le célibat de l'un et le veuvage de l'autre) leur laisserait peut-être présager des jours meilleurs ? Aucune malice non plus dans "Eternel triangle" où un homme se trouve au mauvais endroit un jour de Pâques 1916.
"Mon complexe d'Oedipe" est très certainement autobiographique, l'auteur n'ayant jamais caché le peu d'amour qu'il avait pour son père militaire dans l'armée britannique. A noter d'ailleurs que O'Connor est le nom de jeune fille de sa mère.
Une nouvelle pleine de tristesse pour finir "Les enfants en pleurs" un homme retourne chercher la fille illégitime de sa femme dans un orphelinat, il découvre l'horreur du quotidien de ces enfants et la cruauté des lois de ce pays figé dans une morale catholique imposée par une église triomphante.
La folie et la démesure de certains sentiments, tous les défauts de l'Irlande.
Des personnages souvent dépassés comme ces quatre hommes pris dans la tourmente de l'histoire, deux devraient être bourreaux, deux autres victimes. Cette famille brisée par l'orgueil démesuré d'un de ses membres. Un rayon de soleil que cette institutrice qui accepte de mettre sa réputation en jeu pour un jeune garçon dément ou la bonté de cet homme qui va chercher la fille de son épouse et en sortira meurtri.
Une écriture parfois étrange, comme certaines de ces nouvelles, et une impression bizarre à la fin de certains textes comme "Les Bergers". Ou alors une sensation de chagrin à la fin de "Les enfants en pleurs".

http:/www./eireann561.canalblog.com
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Traduit par Edith Soonckindt

Avant d'évoquer à proprement parler de ce recueil de nouvelles, une petite présentation d'un écrivain irlandais dont j'avais entendu parler mais pour autant jamais lu.
Frank O'Connor est né à Cork en 1903 (et décédé en 1966). Il est l'auteur de deux romans, d'un essai sur l'art de la fiction, d'une biographie sur Michael Collins et surtout connu pour ses nouvelles : il en a écrit plus de deux cents ! A titre posthume, son nom a été donné à l'important prix récompensant les meilleures nouvelles : le Frank O'Connor International Short Story Award.
Il est admiré par Yeats et considéré comme un "Flaubert au milieu des bocages irlandais".
J'emprunte ici des éléments de la préface rédigée par Richard Ellmann :
De son vrai nom Michael O'Donovan (j'aime bien les pseudonymes chez les écrivains ! :) ), il est issu d'un milieu modeste : son père était terrassier, après avoir quitté l'armée britannique ; sa mère, Minnie O'Donovan, faisait des ménages dont les gages étaient la plupart du temps dilapidé en pintes de bière par son mari, qui, en outre, était un homme violent si on le privait de son addiction alcoolisée. Michael O'Donovan écrit sous pseudonyme parce qu'il est bibliothécaire départemental.

Le recueil regroupe onze de ses plus belles nouvelles, écrites entre 1931 et 1961, dans divers journaux, revues et magazines. Il fut publié pour la première fois en traduction française en 1996.

La nouvelle la plus marquante (enfin, pour moi) est la première, qui donne son titre au recueil : "Les hôtes de nation" (1931), où deux soldats britanniques se lient d'amitié avec deux de leurs prisonniers irlandais. Malheureusement, le rouage impitoyable de l'Histoire va les rattraper. On est pétri de stupéfaction et d'horreur. Les larmes de l'émotion provoquées par ce récit ne sont pas loin. Histoire de ne pas oublier que la guerre est une chose terrible.

"Les Bergers" (1954) m'a fait rire : un curé et son vicaire tentent d'empêcher une jeune femme d'être corrompue par un capitaine de la marine française. :)
Voici le portrait cocasse des deux hommes d'église : "Le frère Whelan était un grand homme robuste au large torse, dont la tête ne se détachait pas très nettement du reste du corps; il avait des buissons de poils fous dans les oreilles et un visage rose et innocent qui faisait penser à celui d'une vieille paysanne pieuse qui gagnerait sa vie en vendant des oeufs.
Devine avait l'air pâle et usé, avec un gentil visage rêveur nimbé d'une douce lueur - celle du clavier d'un vieux piano - il portait un pince-nez perché sur son petit nez triste et insignifiant." :)

"Mon complexe d'Oedipe" (1950) a été la plus surprenante : ou comment un gamin décide de prendre la place de son père parti à Grande Guerre (puis revenu), à la maison.
"Mais ferme-la donc, petit misérable !" me lança-t-il en s'étranglant.
J'en fus tellement stupéfait que j'arrêtai de crier. Jamais, jamais quiconque ne m'avait parlé sur ce ton-là jusqu'ici. Je le regardai, incrédule, et je vis que son visage était convulsé par la rage. Ce n'est qu'à ce moment-là que je me rendis vraiment compte que Dieu s'était payé ma tête en écoutant mes prières pour le retour sain et sauf de ce monstre.
"Ferme-là toi-même ! hurlai-je, hors de moi." Ambiance entre père et fils, qui revêt une dimension autobiographique, Frank O'Connor ayant une aversion pour son père...

" La nuit des noces" (1939) ou comment une institutrice accepte de coucher avec un dément amoureux d'elle par pure bonté avant que la police vienne le chercher et l'emmène sans cri ni menottes pour l'enfermer.

Dans "La femme américaine" (1961), on a droit à un drôle de compte rendu sur les Irlandais, de la part d'Elsie (la femme américaine) : "Elsie rentra chez elle en pleurs et annonça à son oncle étonné que tous les Irlandais étaient des tapettes et, comme il n'avait aucune idée de ce qu'étaient les tapettes, il hocha la tête et admis que c'était effectivement là un affreux pays." Pourtant, la suite des événements lui donnera tort...

Voilà pour un petit échantillon de nouvelles où j'ai même trouvé des Irlandais plutôt Normands sur les bords, s'exprimant par un "p'ête ben que oui, p'ête ben que non" ! (sauf que je ne retrouve pas la nouvelle où j'ai lu ça...)

Une jolie découverte d'un écrivain devenu un classique de la littérature irlandaise, dont on ne peut qu'apprécier la finesse, l'humour et l'humanisme.
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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Un recueil de nouvelles : un moment de générosité, ou alors un deuil ou alors un aperçu des moeurs relâchées au village (…ce dernier tourné en dérision !). L'écrivain campe ces épisodes dans un univers où se succèdent la touche tragique et l'humour.

J'ai choisi cette lecture après le recueil de Sylvia Plath. Elle aurait aimé écrire à la manière de Frank O'Connor…
J'ai aimé particulièrement l'économie de moyens. Pas besoin de faire de tonnes. En quelques paragraphes, il décrit une situation. Ce sont de croquis.

« Un croquis est un dessin fait rapidement, sans recherche de détails dans le but de dégager à grands traits l'essentiel du sujet. »
Depuis des années, je suis très attachée aux nouvelles de Tchekhov, Maupassant et Tolstoï, qui sont bien plus étoffées. Mais voilà, dans un registre très différent, le prosateur irlandais réussit à faire vivre ses personnages et son univers.

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Ce titre, avec cette superbe couverture, est un recueil de nouvelles, qui contient onze des plus célèbres nouvelles de Franck O'Connor. En septembre 2019, j'avais acheté un coffret La Kube, « spécial Irlande », et autant les bonbons avaient été mangés rapidement que j'avais trainé à lire son contenu… Chaque nouvelle de ce recueil entraîne le lecteur dans une Irlande brute, sans fards, pas celle des cartes postales non, mais celle qui accorde de l'importance aux coutumes, à l'amitié, aux conversations. L'amour n'y est jamais chose facile, les inimitiés peuvent perdurer au-delà de la mort. Ce sont des histoires intimes qui sont racontées là, des histoires de gens simples… Et j'ai vraiment été séduite par la qualité des nouvelles proposées. Je ne connaissais pas du tout Franck O'Connor auparavant. J'ai donc fait là la rencontre d'un auteur, mais également de personnages attachants, comme ces soldats sommés de faire leur impossible devoir, ce frère qui ne pourra jamais pardonner, cette femme qui s'absente à chaque naissance d'Irlande et finit par ne plus rentrer auprès de son époux et cette curiosité que peut-être une jeune femme protestante pour un catholique irlandais. Une intéressante immersion dans la littérature irlandaise.
Lien : https://leslecturesdantigone..
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F O'Connor ( 1903/1966) est un conteur qui a écrit plus de 200 nouvelles. Ce livre en contient onze qui ont en commun, bien sur, l'Irlande des années 50: un monde pauvre, où les vies se jouent au sein, à l'échelle de la famille, de la communauté villageoise où tout le monde se connait.
Rien de "pittoresque" dans ces écrits néanmoins. Ce sont des histoires, centrées sur la solitude de chaque personnage, qui nous renvoient à l'universalité de la difficulté de vivre, en Irlande dans les années 50 ou de nos jours ailleurs.
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critiques presse (1)
LeMonde
14 avril 2017
Onze nouvelles prélevées parmi les quelque deux cents écrites par Franck O’Connor (1903-1966), la première d’entre elles, magistrale, donnant son titre au recueil.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ensemble les deux hommes flânèrent le long du chemin tandis que Dan expliquait comment cela se faisait que lui, vieillard respectable, ait eu la terrible malchance d'ouvrir le crâne d'un autre vieillard - tant et si bien qu'il avait fallu l'emmener à l'hôpital - et pourquoi il ne pouvait pas donner au vieillard en question la satisfaction de le payer en liquide pour un accident causé par la grossière façon de discuter qu'avait employé la victime elle-même.
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Les capitalistes, dit Awkins la gorge serrée de colère, les capitalistes ils payent les prêtres pour nous parler de l'autre monde et pour qu'on remarque pas ce qu'il font dans celui-ci.
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" Je me demande si vous avez vu ce que j’ai vu ?
finit par dire Joe pour rompre le silence,
et Coleman le regarda avec désespoir.
-J’ai bien peur de ne jamais l’oublier", répondit-il.
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