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Jacques Polanis (Traducteur)
EAN : 9782253060109
498 pages
Le Livre de Poche (10/06/1992)
3.79/5   19 notes
Résumé :
Aël Elcatrevain habite avec sa femme Emdée Aussincante un appartement électronique super-automatisé, branché sur le monde entier à travers tous les réseaux informatiques et dont ils ne sortent à peu près jamais.
Ils font leurs courses à domicile par transmateur, travaillent sur leurs consoles et vont tout au plus sur la terrasse pour soigner leurs bonzaïs.
C'est qu'il ne fait pas bon sortir. Il est interdit de se promener dans les rues afin ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une oeuvre classique qui conserve un charme incontestable ..

Le style est tout à fait correct , je veux dire que c'est écrit de telle façon que l'on adhère sans difficulté à l'univers alors que les personnages sont palpables et que les descriptions sont soignées et convaincantes ..
Le vocabulaire affairant aux aspects science-fictionnels a pris une patine rétro assez charmante , qui n'est pas sans avoir quelques analogies avec l'effet agréable et déroutant que peut avoir par exemple , le style du Troupeau aveugle de John Bruner ..
La trame narrative est globalement celle d'un roman , cependant il y a de très nombreux inserts , qui sont des dépêches où d'autres documents originaires du réseau qui renseignent le lecteurs et les personnages sur les différentes facettes de ce monde et entre autres sur sa brulante actualité .

Le personnage principal est historien et il découvrira sur le réseau que pour des raisons qu'il ignore , il est en danger . le lecteur fera aussi connaissance avec la quasi personnalité virtuelle qui gère ce réseau interactif aux ramifications immenses . Signalons que par ailleurs des extraterrestres menacent notre planète , et rendent accessoirement , très inconfortable les séjours sur les balcons en général et en particulier ceux dédiés à l'entretien des bonzaïs ( hum !) . Ces extraterrestres affichent un côté amusant indéniablement mais aussi à mon humble avis : faussement naïf .

Nous sommes dans le courant du vingt-deux ieme siècle , la civilisation a bien changée et la planète présente de très nettes différences avec les environnements que nous lui connaissons aujourd'hui .
Les contextes qui sont exploités dans cet univers , relèvent entre autres , de l'hyper urbanisation , de la désertification découlant du réchauffement climatique , de spectaculaires clivages sociaux , dont on entend les échos depuis les balcons des immeubles pharaoniques où vit le plus gros de la population insérée dans le système fonctionnel de cette société , etc. ...

Les gens vivent cloitrés chez eux dans de grands appartements très fonctionnels et se font livrer tout ce dont-ils peuvent avoir besoin , je ne dis pas comment pour laisser au lecteur éventuel le plaisir de la découverte . Il travaillent sur le réseau , qui est dans ce texte , le fabuleux résultat d'un effort prospectif remarquable , car c'est une formidable préfiguration du net que nous expérimentons tous les jours !

Ce roman date de 1983 , il possède un charme sérieusement redoutable à cause de son atmosphère surannée . le personnage principal est assez attachant est c'est aussi , une sorte de huit clos assez curieux parce que le lecteur ressent intensément les extensions et assez intimement des données , telles que la localisation spatiale et géographique , le temps qui passe ( grâce au réseau et au aspect quotidiens et prosaïques du texte ) , grâce au balcon , grâce aux transferts de matière avec l'extérieur , grâce aux différents espaces dédiés dans l'appartement ...
Il y aura bien quelques visiteurs qui feront , toc toc toc , à la porte et cela introduira une touche « d'extérieur « à ce huis-clos qui en est un , certes , mais un d'une sorte assez curieuse en fait !

On a un peu l'impression d'être au théâtre et pour ce qui est de la saveur du texte , je dirais qu'elle est délicieuse et qu'elle possède cet arome tout à fait particulier , qui est celui des :Tous à Zanzibar , du Troupeau Aveugle et d'autres textes comme : Sur l'onde de choc , ou pour tisser des comparaisons plus récentes citons : Plasma de Walter Jon Williams ...

Tous ces romans développent des thèmes différents mais la saveur qu'ils dégagent est incontestablement convergente malgré de très palpables différences d'univers , et si vous avez lu un de ces textes , vous aurez donc une idée vague , mais assez juste pourtant , de l'atmosphère que matérialise ce genre de style assez particulier et que vous croiserez dans Or:acle de Kevin O'donnell .

Un classique de science-fiction pas de doute ...
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J'ai carrément adoré !
Non, mais quel livre !
C'est le genre de bouquin qui vous réconcilie avec la lecture après quelques déconvenues ayant mis à mal votre plaisir de lire.

Une fois de plus, c'est la couverture qui m'a fait acheter ce formidable livre, dans cette édition que j'affectionne beaucoup : le Livre de Poche. L'artiste Manchu illustre avec un talent monstrueux le génial univers de l'écrivain.
Je dois tout de même avouer que le titre et sa graphie ont aussi attisé le feu de ma curiosité. Avec Ora:cle, j'ai rarement été aussi fier de l'acquisition d'un livre d'occasion, tout comme jamais je ne me suis autant approprié un livre. Je l'ai fait mien immédiatement, l'alchimie a eu lieu aussitôt la lecture entamée.
Dès les premières pages, je n'ai eu de cesse de faire des allers-retours entre les lignes qui filaient sous mon regard et la fameuse couverture de Manchu, m'amusant des corrélations ou des dissonances entre les descriptifs de l'appartement dans lequel se déroule la totalité de l'histoire et sa représentation par l'illustrateur donc sur cette superbe couverture.
J'ai vite compris que j'avais entre mes mains un livre qui allait faire date dans l'histoire de ma PÀL - légendaire ! - qui n'en finit plus de croître.

Ora:cle de Kevin O'Donnell, un écrivain americain totalement méconnu auquel il faut rendre hommage parce que parti trop tôt rejoindre le panthéon des maîtres d'un autre âge d'or de la SF, celui des années 80 ; Ora:cle donc est un thriller cyberpunk à huis clos terriblement prémonitoire, jamais étouffant, l'auteur parvenant à nous faire voyager grâce à une intrigue à tiroirs mouvementée qui ne laisse que peu de répit aux lecteurs. Il y a même un côté vaudeville, presque théâtrale, avec plusieurs entrées en scène de personnages débarquant dans le récit tels des chiens dans un jeu de quilles ; ce qui vient ajouter quelques quiproquos aux répercussions par moment assez drôles. de fait, le roman est dépourvu de toute noirceur et s'attache à décrire un monde certes fermé mais de la manière la plus lumineuse qui soit.

Alors Ora:cle, ça raconte quoi ?
Suite à l'épuisement des ressources de la Terre, l'humanité a été contrainte de s'enfermer dans des immeubles hyper informatisés, hyper connectés, réduisant tout contact humain à peau de chagrin. Mais si les appartements sont de véritables cocons automatisés à l'extrême, depuis que les Dacs ont envahi la Terre, sortir sur son balcon fait courir le risque d'une mort violente, les créatures volantes que sont les Dacs affectionnant particulièrement la chasse à l'homme.
Parmi les résidents d'une de ces nombreuses tours domotisées, Aël Elcatrevain, consultant chez Ora:cle, un réseau informatique tentaculaire couvrant la planète entière, et sa femme Emdée Aussincante vont voir leur quotidien basculer après une succession d'événements mettant en péril leur vie. Tentative de meurtre, piratage de leur appartement, razzia sur leur compte, mais qui peut bien leur en vouloir à ce point et pour quelle raison ?
Pris dans la tourmente d'un mystérieux complot, ils vont devoir affronter des forces obscures, un groupe ultra organisé ayant des yeux partout et des assassins pouvant surgir à n'importe quel moment de la journée au sein même de leur petit nid douillet qui n'en a plus que le nom. Par un heureux concours de circonstances, le jeune couple trouvera un allié en la personne de Wef Déneufin, un réfugié qu'il devront accueillir et entre les mains duquel ils confieront ni plus ni moins que leur avenir.
Mais cette lutte contre le système n'est pas sans conséquence, et les deux tourtereaux que rien ne pouvait séparer verront leur amour mis à rude épreuve. Une question se posera alors : si l'union fait la force, un couple peut-il venir à bout d'ennemis invisibles extérieurs ?

Le postulat d'Ora:cle constitue déjà à lui seul la richesse de ce roman édifiant, visionnaire. Rendez-vous compte, il a été publié en 1984, année magique dans la SF. Si le livre ne renie aucunement son aîné auquel la seule date de parution fait référence, il propose cependant un futur très éloigné de l'oppressant et terrifiant futur imaginé par Orwell. Toutefois, si les visions diffèrent, derrière la façade sophistiquée des thèmes abordés, des concepts élaborés, du contexte, de l'époque et du lieu - ici, un appartement high tech -, l'histoire d'Ora:cle s'articule autour d'une obsession identique, qui n'a jamais quitté les pensées des hommes : le contrôle total et absolu de l'individu, prouvant s'il en était encore besoin que c'est en séduisant les masses (ici : offrir la sécurité à la cité) qu'on contrôle l'individu (ici : faire du télétravail le quotidien du citoyen sans qu'il ne rechigne).

Nous sommes en 1984 et l'auteur nous parle déjà de confinement ! de quoi glacer le sang du citoyen du 21ème siècle rompu désormais à ce terrifiant exercice.
Dans le fond comme dans la forme, Kevin O'Donnell se montre innovant, notamment à travers le descriptif du quotidien de ces hommes et femmes, prisonniers de leur propre condition et réduits plus que jamais à l'état de simples rouages dans la machine étatique bien huilée, réduits à l'état d'esclave en fin de compte, n'ayons pas peur des mots.
Chacun joue un rôle bien précis et dans le cas où un individu ne répondrait pas aux attentes de ce système très ordonné, hiérarchisé, sans tâches, le contrevenant se voit immédiatement écarté de l'échiquier social pour terminer dans les rues désertes des cités, terrains de chasse de ces oiseaux de malheurs, les Dacs.
Une description qui correspond étrangement à la définition que les gouvernements d'aujourd'hui se font de l'individu : un outil. On notera au passage la curieuse graphie des noms des protagonistes, habiles retranscriptions phonétiques d'identifiants alphanumériques : Aël Elcatrevain pour AL-L80, Emdée Aussincante pour MD-O50 et Wef Déneufin pour WF-D91. Et cela vaut pour tous les personnages. Avouez que dans le genre déshumanisation, on ne peut pas faire mieux.

Les mots ont un pouvoir, les médias sont une force, et l'écrivain n'a de cesse de nous le rappeler en fin de chaque chapitre par le truchement de breaking news alimentant les rumeurs, les fakes news et autres joyeusetés issues de l'information moderne.
Là encore, on nous montre les moyens monstrueux mis à disposition d'un état pour contrôler les masses et les orienter dans le sens de ses actions. La manipulation est au coeur de ce roman, et toutes les ramifications qu'elle génère à travers le monde telle une araignée maléfique tissant une toile démoniaque, eh ouais.
Tout le livre fait écho au quotidien que nous vivons aujourd'hui même, nous autres, petits vertébrés simiesques que nous sommes, perdus dans un océan d'informations mensongères.
C'est un écho troublant dans la mesure où il vient du passé. Et ce triste reflet issu de l'imaginaire d'un auteur de SF qui ne nous est pas contemporain interpelle. Sans nul doute, les troubles qui perturbent ce début de millénaire étaient latents, en sommeil et ne demandaient qu'à sortir de leur coquille. L'enfer que nous vivons aujourd'hui était programmé depuis des décennies. Et on ne peut réduire ce triste constat à une vulgaire assertion ou une quelconque théorie complotiste, mais bel et bien à une réalité tangible. L'état de dégénérescence de la société actuelle, devenue complètement folle, confirme hélas le diagnostic.
Le monde est malade et n'attend qu'un remède que nous seuls sommes en mesure de lui apporter. Et aussi évidente soit la révélation, la solution, elle, est loin d'être à portée de nos mains, ni même de nos coeurs. Voilà ce que nous dit ce roman génial.

Après le fond, la forme...
Non, le style n'est pas juste "tout à fait correct". le style est remarquable ; il est frais, intuitif, plein d'une spontanéité rare, et d'une limpidité qui ne s'encombre jamais de descriptifs superflus ou de dialogues ampoulés. L'auteur frappe juste, sans prendre les lecteurs pour des idiots ; bien au contraire, il mise sur leur intelligence et ose. Il ose emmêler les conversations sans que le lecteur ne se perde dans les échanges de premier plan. Il ose interrompre un dialogue important ou un rebondissement en l'entrecoupant de détails a priori anodins mais qui pourtant finissent par révéler leur nécessité, soit vis à vis de la structure du monde dépeint, soit pour une question de rythme du récit ou tout simplement pour apporter une information. J'en veux pour preuve les fameuses manchettes quotidiennes, sortes de news électroniques, qui viennent ponctuer les chapitres.
Concernant l'intrigue et les personnages, je me contenterai d'une très laconique appréciation : ils sont en béton armé. Et je me permettrai un gros clin d'oeil au trio de protagonistes que j'ai trouvé hyper attachants. Quant au rythme, le livre nous tient en haleine jusqu'au bout.
En guise de bonus, je réserverai une salve d'applaudissements pour l'inventivité de l'auteur qui, en plus de concevoir Internet en 100 fois mieux - pour rappel, nous sommes en 1984 -, imagine le transmateur, une sorte de téléporteur au service d'un Amazon 10.0 permettant la livraison instantanée de nimporte quel produit à domicile. Bravo !

Et plus je creuse pour cette critique et plus je réalise combien ce livre m'est cher. Aussi, je n'ai qu'un regret : qu'il n'est pas eu le succès mérité. Que s'est-il passé dans la tête des lecteurs americains à l'époque ? Ont-ils été à ce point demeurés pour ne pas reconnaître un monument du cyberpunk quand il en passe un sous leur nez retroussé ?

Ora:cle de Kevin O'Donnell est un livre brillant et surtout très accessible, contrairement à d'autres titres dont la renommée n'est plus à faire. C'est un roman fascinant qui accapare l'esprit longtemps après sa fermeture. S'il avait été jugé à sa juste valeur, il aurait très certainement imposé son auteur comme un des piliers du mouvement cyberpunk. Et si le destin n'avait pas joué un tour odieux à l'écrivain, nul doute que son oeuvre entière aurait emprunté un tout autre chemin, pourquoi pas jalonné de titres tout aussi novateur que le présent ouvrage. Et qui sait, peut-être aurions-nous eu droit à une adaptation cinématographique de qualité...
Et si, et si... Quel gâchis.

Parce que ce fabuleux roman, que les lecteurs auraient dû élever au rang de grand classique de la littérature SF, est un petit miracle, je place Ora:cle au sommet, aux côtés des romans fondateurs de la SF.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
- Ne vous inquiétez pas mon chou , ce n'est qu'un peu de sérum de vérité hypno , ça ne ferait pas de mal à une mouche . C'est un des moyens de prouver que vous êtes qui vous êtes .
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« Emdée, mon chou, je trouve vraiment déplaisant de devoir contredire une jolie femme, mais je vais le faire. Je ne mets pas en question ce que vous dites à propos des ennuis d'Aël. Il en a. Mais comme l'a dit Jules César il y a longtemps, « Les dés roulent ». On ne peut pas les rappeler, on ne peut pas dire : « Oup, j'ai fait une erreur, oublions tout cela ». Et pour dire la vérité, je ne pense pas qu'Aĕl ait fait une erreur. »
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