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EAN : SIE108413_14
Stock (30/11/-1)
4/5   23 notes
Résumé :
Dans le Dublin des années vingt, Gypo Nolan, un ancien membre de l'Organisation révolutionnaire, exclu pour faute grave, est un être déchu, mis au ban de la société. Pour quelques livres, il va commettre l'irréparable en vendant aux Britanniques son ancien complice et meilleur ami, Frank Mac Phillip. Véritable portrait d'un traître, Le Mouchard, retrace les vingt-quatre heures qui suivent ce geste impardonnable, l'errance cauchemardesque de Gypo dans les bas-fonds d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Francis Joseph Mac Phillip est un assassin.
Au mois d'octobre précédent, il a tué le secrétaire de la section locale du Syndicat des fermiers pendant la grève des ouvriers agricoles qui avait bouleversé toute l'Irlande.
Depuis, il était recherché par la police.
Il s'était caché dans la montagne, mais il est de retour à Dublin.
Et ce soir-là, il est tué, d'un coup de révolver, en essayant de s'échapper du 44 Titt Street, son domicile paternel.
La maison avait été cernée par dix hommes sous le commandement du sergent détective Mac Cartney.
Francis Joseph Mac Phillip a été vendu, pour vingt livres, à la police par Gypo Nolan, son inséparable compagnon depuis la grève des ouvriers agricoles.
Gypo est un ancien policeman de Dublin.
Il a été révoqué par l'Administration qui le soupçonnait d'entretenir des rapports avec l'organisation révolutionnaire dont faisait partie Mac Phillip ...
Ce roman est un récit puissant, humain, formidable.
Tout d'abord par la manière dont il est écrit.
La plume de Liam O'Flaherty, finalement tâchée du sang de Gypo, a dû auparavant être trempée de brouillard, de révolution, de sombres vengeances et de noire Guiness.
L'atmosphère est étouffante. La tragédie semble inéluctable.
Le récit est lent, épais, pathétique et passionnant.
Mais le roman est aussi remarquable par la peinture des personnages.
Liam O'Flaherty semble avoir de la tendresse pour les vaincus qui, comme Gypo ou comme le jeune Bartly Madden dans "Insurrection", ont un destin tragique.
En 1935, John Ford transposa ce roman dans "The Informer", un film où le comédien Victor Mac Laglen, dans le rôle de Gypo, fut bluffant.
Au final, "Le mouchard" est un de ces livres que l'on redécouvre et qui font du bien ...
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J'aime l'Irlande, ses paysages extraordinaires, ses légendes, ses ciels toujours en mouvement, ses lacs et ses bords de mer époustouflants, ses matches de rugby pleins de la fureur du «fighting spirit» et ses pubs enfiévrés où, même avec une voix de fausset, on se croit obligé d'accompagner les musiciens.
Avouons-le, c'est la version qui ravit le touriste que je suis. Il y en a une autre que le Mouchard dépeint très bien dans un style qui évoque un peu Graham Greene et le Rocher de Brighton. Ici, la pluie ne donne pas les arcs-en-ciel de la version touristique mais simplement de la boue. de la boue, au propre (façon de parler) comme au figuré : pauvreté, nourriture infâme, maladies, alcool, bêtise et violence forment le cocktail ravageur des bas-fonds du Dublin des années vingt. Ajoutons l'organisation révolutionnaire telle qu'on la nomme dans le roman (ancêtre de l'IRA), ses hommes de mains, ses tribunaux clandestins, ses jugements aussi expéditifs que définitifs et ses chefs sûrs de détenir la seule et unique vérité, la leur, impitoyable. Et n'oublions pas la religion, présente partout, réconfort puissant mais aussi prétexte aux pires exactions.
L'histoire est vieille comme le monde et, presque miraculeusement, ne suscite pas de controverse entre catholiques et protestants, républicains et unionistes. Ici, Judas se prénomme Gypo, l'ami trahi Francis, et les trente deniers font vingt livres. « Deux faits occupaient sa cervelle : son entrevue avec Mac Phillip et son manque d'argent pour dormir ce soir… Il était en train d'examiner la devanture d'un atelier dans Dame Street, lorsque enfin il comprit le rapport existant entre les deux idées qui le hantaient… Je viens réclamer la prime de vingt livres offerte par le Syndicat des fermiers pour des renseignements concernant le nommé Francis-Joseph Mac Phillip. »
Brute colossale, écrasée de misère, isolée dans la jungle urbaine, le héros n'en est pas un. Il trahit pour payer sa place à l'asile de nuit, du moins le pense-t-il, car, sitôt l'argent en poche, il s'empresse de le dépenser. Au petit matin, quand sonne l'heure de payer le prix de la trahison, aussi démuni que la veille, il n'a plus que sa force physique et son courage. Est-ce suffisant pour se sauver ou se faire pardonner ?
Sombre, brutale et désespérée, une Irlande très loin des cartes postales comme le précise la préface : «L'Irlande, où il pleut tous les jours, est ravagée par l'alcoolisme, par la politique et par le courage de ses habitants.»
Quel coup de poing !
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Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j'ai une gueule d'Atmosphère ?
-Ferme-la, le mouchard ! Puisque je crache le morceau. Oui avec ton petit galurin tout élimé : Tu as une gueule ! Pas une bouche comme dans les policiers modernes mal traduits et qui n'osent plus. Toi, tu as une gueule et tu oses tout. Et ta gueule, elle est tout d'atmosphère.


Ah l'Irlande ruisselant la faim ! Dublin tout de crachin ne lave ni les âmes, ni les souillures de la pauvreté. Seul l'alcool pour se réchauffer. Un roman noir Guiness, drame en un jour sans pain. Drame d'hier, drame d'aujourd'hui, drame de demain. C'est Dublin début 20è siècle suintant la misère qui nous vaut cette poignante peinture sociale.


Gypo transporte sa carcasse comme Obélix son Menhir, il vient de vendre son ami Francis Mac Phillip. Par désespoir ? Par espoir ? Par erreur ?
... Il est perdu. Il le sait. Nous aussi.

C'est une tragédie qu'a écrite O'Flaherty.

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Lorsque je me suis arrêté dans la capitale mondiale du livre qu'est Bécherel, je suis reparti avec quatre bouquins d'auteurs irlandais (dont celui-ci) volés dans la librairie l'autre sommeil. Il n'y avait pas beaucoup de choix alors j'ai pris ce qu'il y avait. J'ai lu le pornographe en premier et après boussole de Enard m'a pris beaucoup de temps et donc l'heure était venue de découvrir la prose de Liam O'Flaherty, auteur qui ne dit pas grand chose aux heureux contribuables français et que je vais avoir l'honneur de critiquer ici. Peu l'ont fait mais certains quand même.

L'action du Mouchard se déroule le temps d'une nuit de printemps aux alentours des années 20 à Dublin. Gypo le héros fait partie de l'Organisation Révolutionnaire, groupuscule géré par le commandant Gallagher. L'Organisation Révolutionnaire dont je n'ai pas besoin de vous expliquer le combat et que j'appellerai désormais l'OR (pour ne pas éveiller les soupçons) est en plein émoi depuis qu'un de ses membres, Frank Mac Phillip a tué le président de la section locale du syndicat des fermiers (qu'on imagine plus hommes d'affaire que fermiers) quelques mois auparavant. Comme Gypo était plus ou moins trempé dans l'affaire, lui et quelques uns de ses condisciples se sont enfuient dans les montagnes qui entourent Dublin. Mais un moment, ils reviennent, souffreteux, tuberculeux, recherchés et Gypo, abandonnant tous ses idéaux décide de dénoncer Franck à la police contre pas mal d'argent qu'il dépense sans se cacher en alcools et putins. Gypo s'enivre, mène grand train mais l'OR est aux aguets et cherche le traître. Ils retrouvent Gypo qui n'étant plus à une parjure près dénonce un camarade qui n'y est pour rien. Mais le camarade a un alibi et très vite Gallagher et ses sbires devinent que Gypo est le mouchard. Il est arrêté et conduit dans une cave dans laquelle se situe une petite cellule d'où il arrive à s'échapper en défonçant le plafond friable. Et je ne vous dirais pas ce qu'il advient de ce pauvre Gypo.

D'un point de vue moral, Gypo a-t-il bien fait de dénoncer un assassin à la police ou bien a-t-il trahi ses idéaux et fait du tort fait à l'OR ? C'est chacun qui voit. Moi je lui en veux de ne l'avoir fait que pour les thunes. Mais en fin de compte, après qu'il ait réussi à sortir de sa cellule, Gypo n'est pas allé se réfugier dans un poste de police où il aurait pu carrément dénoncer tous les dirigeants de l'OR. Il ne l'a pas fait car il le dit à un moment, qu'il reste un révolutionnaire et non un mouchard. Alors, j'aurais aimé que Gypo puisse s'enfuir dans les montagnes et vivre dans les grottes en tuant des moutons ou en cueillant des oranges.

Stève Passeur qui a préfacé ce roman dit à son propos en 4ème de couverture : 'Liam O'Flaherty a tant de talent, une telle force dans l'introspection, un tel art dans la conduite du récit, une telle adresse pour suivre les soubresauts de son célèbre héros, à la façon d'un manieur de projecteur dans un music-hall, que l'on en arrive dès la dixième page à souhaiter que son mouchard ne soit pris, ni chatié'. C'est son avis et je le partage un peu.

Liam O'Flaherty est né et mort au XXème siècle. Il fut un indépendantiste convaincu ce qui l'obligea à s'exiler aux Etats-Unis et en France. le mouchard a été adapté au cinéma par John Ford (à croire qu'il n'y avait qu'un réalisateur dans les années 20). Mais John Wayne n'est pas dans le casting !
Lien : http://doelan.blogspirit.com..
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critiques presse (1)
Telerama
16 mai 2019
Ce roman noir et tragique, fier représentant de la « renaissance littéraire irlandaise » du XXe siècle, a été éclipsé par le film qu’en a tiré John Ford en 1935.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Gypo Nolan était un ancien policeman de Dublin, révoqué par l'administration qui le soupçonnait d'entretenir des rapports avec l'Organisation révolutionnaire et de lui avoir livré certains renseignements qui avaient fini par transpirer. Depuis lors, devenu membre actif du mouvement, il militait toujours en compagnie de Francis-Joseph Mac Philipp, et les deux hommes étaient connus, dans les milieux révolutionnaires, sous le nom de "jumeaux du diable".
"Eh bien, Gypo, dit enfin Mac Philipp, comment vont les choses ?"
Bien que grêle et fêlée, la voix de Mac Philipp était empreinte d'une sincérité farouche qui lui donnait une force extraordinaire, comme celle qu'on sent dans le pépiement d'un oiselet à qui l'on vole son nid.
"Leur as-tu laissé les lettres que je t'avais confiées ?" continua-t-il après avoir repris un instant haleine. "je n'ai reçu aucune nouvelle de la maison depuis que je t'ai vu, la nuit où il m'a fallu m'enfuir dans les montagnes ? Que se passe-t-il, Gypo ?"
(extrait du chapitre premier)
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L'avenir promettait une république de travailleurs, quelque part dans le lointain. Il n'y aurait plus de quartiers pauvres, personne ne crèverait plus de faim, les femmes ne seraient plus malades, les enfants ne souffriraient plus des oreillons ni du rachitisme et de la rougeole avec cette régularité diabolique. Que lui importait que sa famille vécut actuellement dans un misérable taudis et que sa femme se ruinât la santé à force de trimer ? C'était dans l'ordre. La "cause" était au-dessus de ces contingences. "Toujours lutter sans espoir de récompense !" songea-t-il soudain.
Cette pensée avait à peine pénétré en son cerveau qu'une autre pensée, se précipitant avec une vitesse effrénée, lui donna la chasse. Tirant furieusement sur sa pipe, il recula, épouvanté.
Même "mentalement", il était dangereux de vouloir quitter l'Organisation sans en être expulsé. Somme toute, son zèle s'inspirait de la terreur.
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Ces bruits, ces croassements émis par des âmes damnées, qui eussent glacé d'effroi un être innocent, ne produisaient aucune impression sur Gypo. Il les considéraient comme des bruits familiers, des expressions de la vie quotidienne. [...]
A sa gauche s'étendaient les longues ruelles des maisons closes, s'enchevêtrant comme des toiles d'araignée parmi les ruines de ce qui, jadis, avait été le quartier de la noblesse dans le Dublin du dix-huitième siècle.
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Cependant, il ne fait aucun doute que la section irlandaise a entièrement dévié des principes du communisme révolutionnaire exposés dans les règlements de l'Internationale. Le camarade Gallagher dirige l'Organisation nationale en dictateur pur et simple. Le Comité exécutif n'existe que de nom, et ses tactiques sont subordonnées aux caprices passagers du camarade Gallagher.
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Il songeait à toute la bonté qu'elle lui avait témoignée. Souvent elle l'avait nourri. Plus précieux était encore à ses yeux le mot de sympathie qu'elle trouvait toujours à lui dire, son regard aimable, le contact doux et caressant de sa main sur son épaule. Son âme étrange se remémorait ces choses, qu'elle conservait comme un trésor. Personne, avant la mère de Mac Phillip, ne lui avait montré une telle tendresse.
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