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Claude Seban (Traducteur)
EAN : 9782234045804
829 pages
Stock (14/02/1996)
3.73/5   41 notes
Résumé :
A quarante-deux ans, Jerome Corcoran, "Corky" pour ses amis et connaissances, est selon toute apparence un homme qui a réussi sa vie : promoteur immobilier florissant, conseiller municipal à l'avenir politique prometteur, grand séducteur de dames, ami fidèle et généreuxà Sa vaste demeure, ses costumes coûteux et les énormes pourboires qu'il distribue lui confirment la distance qu'il a si soigneusement établie entre lui et l'histoire de sa famille (laquelle inclut un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le soir de Noël 1959, Timothy Corcoran est assassiné devant chez lui. Son fils est le seul témoin, mais il n'a aucune certitude sur ce qu'il a vu. Cependant, il n'oubliera jamais le cadavre étendu dans la neige et sa mère qui hurle dans l'entrée de la maison désormais glaciale. « Jerome Corcoran se rappellerait toujours que rien de ce qui est n'a le pouvoir d'évoquer ce qui était. » (p. 27) En 1992, le gamin a bien grandi et il a fait son trou à Union City. À 43 ans, il est un homme qui compte et un homme sur qui et avec qui compter. « Jerome Andrew Corcoran, démocrate, membre du conseil municipal, homme d'affaires, un type populaire ‘Corky'. […] Pèse dans les deux millions de dollars. Peut-être plus ? » (p. 50 & 51), Mais tout semble se détraquer : un contrôle fiscal lui tombe dessus, sa maîtresse lui fait une infidélité impardonnable, une amie de sa belle-fille s'est suicidée et cette dernière est introuvable, il a un sérieux problème avec l'alcool et certains de ses investissements semblent douteux. Mais il en faut plus abattre Corky !« Lorsqu'on hait sa vie, on devient haïssable. C'est pour cela que Corky est aussi optimiste. À quoi bon, sinon ? » (p. 55)

Corky, c'est plus qu'un personnage, c'est un être aux multiples visages, aussi fascinant qu'inquiétant. « Il a la réputation d'être le gars le plus sympa d'Union City, quand on ne le contrarie pas. » (p. 68) Il passe de l'extase à la rage en un instant. Il est toujours dans le contrôle, d'autant plus quand il est en situation périlleuse, et toujours dans le mouvement, bien que perpétuellement en retard. Corky court après le temps comme il court après l'argent et le plaisir. « Corky peut accepter qu'on ne lui fasse pas confiance, mais ne pas être aimé… c'est dur. » (p. 447) Jouisseur infatigable, débordant de désir pour les femmes, toutes les femmes, même celles qu'il ne devrait pas regarder, comme sa belle-fille, Corky a un rapport trouble à la féminité et à la séduction, partagé entre l'envie de dominer et celle de se laisser dominer. Mais comme il le dit souvent, la vie, c'est baiser ou être baisé, et Corky n'aime pas qu'on prenne l'avantage sur lui. « Il ne peut être blessé que par les gens qu'il aime alors bien sûr il veille à ne pas en aimer beaucoup maintenant qu'il est adulte et maître de son sort. » (p. 98) Souvent traversé de vieux sentiments d'humiliation et de colère, Corky cherche sans cesse à prouver ou à se prouver qu'il a réussi, qu'il a gagné sa place parmi les élites d'Union City. Généreux à l'extrême, Corky aime autant gagner que dépenser l'argent, mais il choisit auprès de qui. « Quiconque attend quelque chose de Corky Corcoran, Corky n'a pas une minute à lui consacrer. » (p. 161)

Les 700 pages du roman se déploient sur le week-end du Memorial Day : en quatre jours, tout bascule dans la vie de Corky. « Pourquoi Corky Corcoran agit-il sur des coups de tête extravagants comme il le fait, à croire que c'est un autre homme qui prend ces décisions, oui, mais Corky est cet homme… n'est-ce pas ? » (p. 384) Il subit revers sur revers, atteinte à son autorité, à sa virilité, à sa situation sociale et à sa position politique. Rattrapé par le spectre terrifiant de la solitude, de la vieillesse et de la mort, Corky perd pied. « Corky sanglote. Corky a une peur mortelle que personne ne s'occupe de lui. » (p. 531) La tension monte progressivement, implacablement, et l'on sent, l'on sait que ça va mal finir pour Corky. Comment pourrait-il en être autrement ? « On vit et on meurt et on ne comprend jamais d'où on vient sans parler d'où on va, ni pourquoi. » (p. 700) Corky est le point de mire de tous les regards et le centre de toutes les rencontres. Chaque chapitre est consacré à sa relation avec une personne précise. Et chaque rencontre le laisse plus seul et plus affaibli que la précédente.

Dans cet épais et dense roman, il est aussi question des Noirs américains et des Irlandais qui sont les nègres du monde anglo-saxon, de viol, de scandale politique, d'armes à feu et d'adultère. Et de tant d'autres choses. Corky a été une lecture au long cours : il est difficile de lire ce texte d'un coup, sous peine d'étouffer dans l'étreinte puissante de Corky. Aucun doute, ce personnage me restera longtemps à l'esprit. Il y a longtemps que Joyce Carol Oates ne m'avait pas autant enchantée.
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Veille de Noël 1959. Tim (trente-six ans), le père de Jerome Corcoran (onze ans) est assassiné devant la porte de sa nouvelle et somptueuse demeure. Son oncle Sean, frère de Tim, persuadé de connaitre le nom des coupables, voudrait que Jerome affirme avoir tout vu de la fenêtre de sa chambre. Mais l'enfant refuse de mentir à la police … Retour alors à la case départ, dans son ancien et modeste quartier de Union City (Irish Hill) pour y terminer son enfance saccagée.

Mai 1992, Jerome Corcoran est devenu « Corky ». Âgé de presque quarante-quatre ans, démocrate libéral reconnu et agent immobilier florissant, sa vie sociale comble tous ses voeux. Amant de Christina depuis onze mois, divorcé de Charlotte Drummond et beau-père de Thalia (la fille de Charlotte qu'il a adoptée lors de son mariage – une union qui a tenu douze années – aujourd'hui âgée de vingt-cinq ans)

Il semble pourtant que tout va de mal en pis depuis quelques jours … Bafoué par sa maitresse, voici que Thalia disparait brutalement et de façon plutôt inquiétante. Il constate également que son entourage le plus proche lui fait des cachotteries …

Un récit politico-social qui dépeint l'Amérique des années quatre-vingt-dix et analyse le mal être d'un homme qui – tel son père – court inlassablement après la reconnaissance et la notoriété. L'enfant d'origine irlandaise qui sommeille toujours en lui ne parvient pas à refermer la plaie béante, laissée par la disparition violente de son alcoolique de père (dont il suit d'ailleurs la trace …) Un homme impulsif et colérique (même s'il se voudrait bon) capable du meilleur comme du pire. Attaché plus qu'il ne l'aurait souhaité à Thalia …

Un roman intéressant, un petit peu trop long à mon goût, définitivement pas mon préféré de l'oeuvre de Joyce Carol Oates … Heureuse néanmoins d'avoir réussi l'exploit d'aller jusqu'au bout (plus de neuf cents pages) même si certains passages m'ont parfois un peu ennuyée … Ce qui ne retire en rien l'intérêt littéraire et la qualité analytique de cet ouvrage, fidèle au grand talent (qui n'est plus à prouver) de sa prolifique auteure !
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Encore un roman très fort et assez désespéré de la grande Joyce Carol Oates. le rythme du livre est à l'image du héros: c'est "épais", touffu, on n'a pas une seconde de respiration, on se noie avec lui au cours de ces quelques journées où sa vie semble basculer sans qu'il ne contrôle rien. "Corky" Corkoran, promoteur sorti de l'ornière du quartier pauvre irlandais de Union City, semble avoir réussi, mais ce n'est qu'une illusion: divorcé, beau-père inquiet d'une belle-fille en perdition, et surtout fils qui ne s'est jamais remis du meurtre de son père quand il avait 11 ans suivi de la dépression de sa mère. Il se débat pour sauver sa peau dans une société américaine violente et calculatrice qui le tolère, mais le méprise aussi.
Beau livre, noir et profond.
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Dans son enfance, Jérôme Corcoran a toujours entendu son père dire que les Waps bien pensants d'Union City considéraient les Irlandais, qu'ils soient d'Irish Hill ou d'ailleurs, comme de la "merde sur leurs chaussures"...

Pour commencer dans la vie sociale il y a mieux...

Mais comme le disait Henry Miller : "Quand la merde vaudra de l'or, le cul des pauvres ne leur appartiendra plus."

Et Jérôme Corcoran, devenu Corky bien des années plus tard est assis sur une montagne d'or...
Mais il a beau vivre dans une tour d'ivoire, une marée de merde en bat les fondations, quitte à la faire s'écrouler...

Pendant ces trois jours que dure ce long roman (plus de 900 pages), Corky aura plus que son lot d'emmerdement....et tombera de haut.

Laissons à Pierre Dac le dernier mot : " Tout corps plongé dans un flux d'emmerdements pivote de façon à lui offrir sa surface maximale."

Pas le meilleur de Joyce Carol Oastes.
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Corky a failli caler le cœur battant de fureur comme si on l’insultait personnellement dans sa Cadillac rutilante qui est la plus sexy qu’il ait jamais possédée (Corky dit cela de toutes ses voitures et il est toujours sincère : celle-ci l’est) alors qu’il roule vers son rendez-vous avec Christina Kavanaugh, la femme la plus sexy qu’il ait jamais connue (Corky dit cela de toutes ses femmes et il est toujours sincère mais sans mentir, Christina l’est), il faut qu’il fasse attention bon Dieu il a de la tension.
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« On vit et on meurt et on ne comprend jamais d’où on vient sans parler d’où on va, ni pourquoi. » (p. 700)
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Il est désordonné mais se croit méticuleux, a une mauvaise mémoire mais la croit parfaite, oui mais il est réellement bon et généreux et chez un homme, pour une femme, c’est le principal, sans parler de son visage tavelé séduisant-marqué, et de ses yeux noisette écartés, si pleins d’espoir, les femmes craquent pour ça depuis le commencement du monde.
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Rien de tout cela n’était un rêve, pourtant cela passait comme un rêve et comme un rêve aussi cela pouvait basculer dans la terreur, il suffisait d’un rien.
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Elle est au bord de l’orgasme, les yeux révulsés, et elle cesse de respirer, de faire le moindre mouvement, la façon dont elle se frottait contre lui, les cuisses refermées sur lui, ce n’est pas la première fois et Corky sent une joie frénétique s’emparer de lui, c’est une allumette embrasée approchée de plus en plus près d’une substance inflammable, sans effort apparent, sans force.
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