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EAN : 9782234020771
126 pages
Stock (30/11/2001)
4.07/5   23 notes
Résumé :
Méditation poétique nourrie par la vision des combats et les propos saisissants des athlètes sur leur activité et le sens qu'ils lui donnent.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'aime beaucoup Joyce Carol Oates et j'ai été intriguée par cet essai sur la boxe, ce sport de combat qui oppose deux hommes prêts à tout pour obtenir la victoire. L'argent en fait grandement partie, on y trouve souvent des hommes noirs, des hommes pauvres. L'essai est un peu limité parce qu'on y parle de la fin du XIXème siècle au milieu des années 80. Elle y décrit un racisme très présent et elle reste campée dans le camp des hommes (j'ai souvenir d'un film extraordinaire sur une femme boxeuse, Million Dollar Baby de Clint Eastwood, adapté d'une nouvelle de F.X. Toole).
J'ai beaucoup aimé ses trois portraits de grands boxeurs : Jack Johnson, un boxeur du début du XXème siècle, Mohammed Ali, boxeur des années 60-70 et Mike Tyson, boxeur en devenir, il a une vingtaine d'années au moment de l'article. Ils sont tous noirs et ont chacun défrayé la chronique par leur façon d'être, de combattre, même si Mike Tyson n'avait pas encore eu ce geste malheureux face à son adversaire.
Une réflexion intéressante sur la boxe et sa place dans la société au fil du XXème siècle aux Etats-Unis, même si elle manque d'un petit coup de rafraichissement. Bien envie de lire d'autres livres sur le sujet, sans être forcément dans de la violence... Il permet surtout d'avoir un reflet de la société américaine.
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« de la boxe » est un essai de Joyce Carol Oates sur ce sport si brutal et si masculin qu'enfant elle aimait suivre avec son père. La plus part des lecteurs connaissent l'auteure pour son roman sur Marylin Monroe, « Blonde », et parce que son nom est régulièrement cité pour le Nobel de Littérature. Publié aux Etats-Unis en 1987, cet essai tente de cerner l'étrange engouement que suscite la boxe, entre fanatisme et controverses. Décrié, dénigré, surmédiatisé, un combat de boxe, même visionné à la télévision, ne laisse pas indifférent. Est-ce parce que l'on sait tous au fond de nous que ce n'est pas parce que l'on détourne les yeux que la violence disparaît de ce monde ? interroge Joyce Carol Oates. Car c'est avant tout bien de violence qu'il s'agit. Qu'elle soit ritualisée, encadrée, elle est toujours risque de mort. L'auteure rappelle d'ailleurs quelques combats marquants pour leurs fins tragiques, celui de Lupe Pintor/Johnny Owen en 1982, et celui de Ray Mancini/Duk Koom Kim la même année par exemple. Un boxeur doit-il avoir envie de tuer pour gagner ? Joyce Carol Oates a rencontré dans les années 80 celui qui n'était encore alors qu'un jeune champion plein d'avenir, Mike Tyson. Il lui a expliqué vouloir enfoncer le nez de son adversaire dans son cerveau lorsqu'il combattait… Aimer la boxe, est-ce encourager un spot de gladiateur ? Cette passion vient-elle chercher une pulsion de voyeurisme, qui viendrait exciter notre propre agressivité, bridée par la société ? En ce sens, analyse l'auteure, la boxe pourrait presque être comparée à la pornographie, qui a suivi un développement tout aussi impressionnant en Amérique. Elle écrit : « le spectacle d'êtres humains luttant l'un contre l'autre, qu'elle qu'en soit la raison, y compris à certains moments bien médiatisés, pour des sommes d'argents stupéfiantes, est excessivement perturbant, car il viole l'un des tabous de notre civilisation. de nombreux hommes et femmes, même s'ils se sont blindés contre ça, ne peuvent regarder une rencontre de boxe parce qu'ils ne peuvent s'autoriser à voir ce qu'ils sont en train de regarder (…) A cet égard, la boxe comme spectacle public est proche de la pornographie : dans les deux cas, il est fait du spectateur un voyeur distancié, mais surement impliqué intimement dans un événement qui n'est pas censé se dérouler comme il se déroule ». A ceci prêt bien sûr que la boxe n'a (a priori) rien de la mise en scène et du trucage. Elle est l'instantanéité même. On serait alors tenté de penser la boxe comme la catharsis de la violence, la ritualisation qui permettrait, à l'image des sacrifices antiques sur l'autel, de domestiquer l'agressivité de la foule en la concentrant sur une victime émissaire. Pour Joyce Carol Oates, cette comparaison n'est pas non plus valide dans sa globalité. Des études de sociologie pencheraient même à faire penser que les jours qui suivent de grands combats de boxe très médiatisés le nombre d'agression aurait tendance à augmenter de 10% aux USA! Mais ne nous y trompons pas, la boxe n'est pas pour autant le sport le plus dangereux. Elle arrive largement derrière des sports comme l'alpinisme, l'équitation, les courses automobiles et le football américain. Mais elle choque d'avantage en ce que la violence qu'elle déchaîne n'est pas canalisée par la poursuite d'un ballon ou d'un palet ! Non l'enjeu est clairement de faire du mal à l'autre. le vrai combat est d'ailleurs celui qui s'achève par un KO, un non un KO technique, lorsque l'arbitre est obligé d'arrêter le match. de même si le KO arrive trop tôt le match sera considéré comme frustrant. La pratique des paris est également particulière à ce sport dont elle fait partie intégrante de l'histoire (avec celle des courses de chevaux également). de fait, c'est un milieu par lequel transite énormément d'argent, et grâce au quel beaucoup d'hommes issus des classes populaires ont pu prospérer. A un schisme déjà présent entre boxeurs populaires et boxeurs plus aisés, s'ajoute celui très longtemps difficile entre boxeurs blancs et boxeurs noirs. L'histoire de Mohamed Ali / Cassius Clay est assez emblématique du parcours du combattant du sportif noir aux Etats-Unis dans les années 70. Au-delà de ses exploits sur le ring, il incarne le combat contre la discrimination aux USA. Son titre de champion du monde de boxe, maintes fois reconquis, en fait une figure majeure du sport et de l'endurance. Mais il fut tout autant médiatisé pour son implication dans la religion islamique, son changement de patronyme (que de nombreux journaux sportifs ne respectèrent pas toujours, alors qu'il était d'usage que les boxeurs aient un autre nom de boxeur), mais aussi et surtout pour son refus d'être mobilisé pendant la guerre du Vietnam, annoncé par une phrase choc qui allait marquer son époque : « moi, je n'ai aucun problème avec le Viet-cong », et la sanction exemplaire qui allait en suivre (10 000 dollars d'amende, 5 ans de prison – qu'il ne fera pas – et la suspension pendant 7 ans de sa licence de boxe, qui, s'ajoutant à la suspension de son passeport lui interdisait de boxer dans d'autres pays). Mais il fut aussi remarqué pour son retour sur le ring, à 35 ans passés. Des victoires, des combats historiques, mais aussi des échecs cuisants, des coups, beaucoup, et une santé qui se dégradait plus vite que les années ne passaient. Il est difficile pour un sportif de savoir prendre sa retraite au bon moment et de partir sur un succès (à l'exception du boxeur Rocky Marciano qui ne connût aucun échec avant sa retraite). Joyce Carol Oates fait un tour d'horizon passionnant de ce sport extrême, pratique du dépassement, qui sut si bien cheviller à l'histoire d'une société. Au-delà de la violence, c'est l'histoire de la mise en scène de la violence, de sa cristallisation sur le ring qui ne manquera pas de nous intéresser.

Emma Breton

Pour aller plus loin sur le sujet : notre critique de « Raging Bull » de Jake LaMotta
Lien : http://www.madamedub.com
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« Pour le fan de boxe, la puissante séduction qu'exerce ce sport est rarement explicable. Elle semble enracinée dans la nature paradoxale de la boxe - dans la sauvagerie qui sous-tend si clairement, tout en étant contenue par elle, cette kyrielle de règles, de règlements, de traditions et de superstitions. Elle semble rendre quotidien ce qui est étrange, dangereux, interdit et sale : elle ritualise la violence, une violence essentiellement masculine, au point que cette violence devient un principe esthétique. »

Rarement explicable, mais qui s'explique, dans le cas de Joyce Carol Oates, par une exposition précoce à ce sport par un père avide du Noble Art. « de la boxe » est l'essai d'une passionnée, qui n'hésite pas à reconnaître le sentiment d'attraction/répulsion que lui inspire un sport qu'elle n'a pas vraiment choisi d'aimer. Dans une veine féminine, elle a cette inclination pour le perdant, préfère regarder la rediffusion d'un combat connu d'avance, plutôt que d'affronter l'horreur et le malaise d'un combat à l'issue incertaine.

En tant qu'écrivaine et intellectuelle, elle a parfaitement compris le rôle de la boxe. Son côté cathartique, ce besoin pour des hommes (et des femmes) de faire mal et d'endurer le mal. La boxe est autant affaire de sensations, de vivre pleinement une expérience dans sa chair, que de gagner estime et gloire et faire gonfler un palmarès.
Le vieil adage qui veut que l'on ne joue pas à la boxe, disqualifie en apparence la boxe comme sport. Et ce, en dépit des règles mises en place au cours des décennies pour la rendre moins dangereuse pour ses pratiquants.

Oates a aussi compris son historicité. du point de vue americanocentré, elle ne peut faire l'impasse sur son impact et du rôle émancipateur qui a été le sien pour la communauté afro-américaine. En passant en revue les carrières de Jack Johnson, Joe Louis, Mohamed Ali et Mike Tyson. Ce sport a été le catalyseur d'un siècle de lutte pour les droits civiques des noirs. Aucun autre sport n'a autant contribué à leur émancipation.

JCO aime suffisamment la boxe au point de s'y identifier dans son propre cheminement. Elle compare volontiers la routine de l'écrivain, qui souffre dans son processus d'écriture, à celui du boxeur endurant la douleur physique pendant la préparation d'un combat. Plus que tout autre sport, la boxe est celui sur lequel on peut greffer le plus de métaphores et d'analogies de la vie courante. Voir le nombre d'expressions pugilistiques passées dans le langage courant. Car comme le dit l'écrivaine : « La boxe est notre théâtre tragique. L'individu réduit à lui-même »
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Un essai sur la boxe de la part de la romancière américaine, cela interpelle. Il est paru en 1987, les réflexions portent donc sur le monde de la boxe du début du siècle aux années 80. Elles décortiquent à la fois les personnalités des boxeurs mais aussi leurs ressentis et l'histoire de ce "sport" si particulier pratiqué depuis l'Antiquité jusqu'à nos temps civilisés. Sport très conversé souvent menacé d'interdiction, mu par l'argent, ou on ne "joue" pas, on combat. On inflige délibérément des coups pour provoquer la douleur, la blessure, l'anéantissement.
Le côté social est abordé aussi bien sûr.
En somme, un livre illustré de photos en noir et blanc, très intéressant et assez court pour ne pas lasser le profane.
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critiques presse (4)
Bibliobs
16 mai 2023
En 1985, l’auteur de « Blonde » décide d’écrire un essai sur la boxe. Elle assiste ainsi aux combats de certains des plus grands boxeurs de tous les temps.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
15 mai 2023
La grande dame des lettres américaines exprime une fois encore sa pensée sur un sport qui rebute souvent les femmes pour sa violence jugée gratuite, inutile, barbare.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
15 mai 2023
Depuis l’adolescence, l’écrivaine américaine Joyce Carol Oates est passionnée par la boxe.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
19 novembre 2012
Ce roman et ce recueil de nouvelles s’inscrivent dans un cadre où il fait bon lire, signent la poursuite d’une recherche, marquent l’obsession pour certains thèmes, rappellent l’évidence d’une voix.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Pour le fan de boxe, la puissance séduction qu'exerce ce sport est rarement explicable. Elle semble enracinée dans la nature paradoxale de la boxe - dans la sauvagerie qui sens-tend si clairement, tout en étant contenue par elle, cette kyrielle de règles, de règlements, de traditions, de superstitions. Elle semble rendre quotidien ce qui est étrange, dangereux, interdit, sale : elle ritualise la violence, une violence essentiellement masculine, au point que cette violence devient un principe esthétique. Avec la boxe, les corps des hommes (ou plutôt l'usage excessivement entraîné de leurs corps) sont des instruments et non de la simple chair comme les nôtres.
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Et pourtant, suggérer que des hommes pourraient s'aimer et se respecter directement, sans le violent rituel du combat, c'est se tromper sur la passion la plus forte de l'homme--la passion pour la guerre et non pour la paix.
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Si la boxe est un sport, c'est le plus tragique de tous les sports car, plus que tout autre activité humaine, elle consume l'excellence même qu'elle déploie--sa geste dramatique étant sa consumation elle-même.
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Sans la férocité de la compétition, sans même "l'envie, la jalousie et l'ambition" dans le combat, la cité hellène, tout comme l'homme hellène, ont dégéneré.
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En tout cas, la colère est une réaction appropriée à certains faits intransigeants de la vie, il n s'agit pas d'une malveillance non-motivée comme dans la tragédire classique, mais d'une impulsion totalement motivée et socialement cohérente.
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Vidéo de Joyce Carol Oates
Après seize ans de négociations, le réalisateur Stig Björkman a convaincu Joyce Carol Oates, 85 ans, de lui ouvrir les portes de son univers. Portrait sensible de l’immense romancière, inlassable exploratrice de la psyché noire de l'Amérique.
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