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Claude Seban (Traducteur)
EAN : 9782848761398
526 pages
Philippe Rey (02/04/2009)
4.35/5   39 notes
Résumé :
Large fragment d'autobiographie de l'un des plus grands auteurs américains, le Journal de Joyce Carol Oates est un document littéraire de première importance. Elle l'entreprend à l'âge de trente-quatre ans, le 1er janvier 1973, tout en poursuivant ses œuvres de fiction. Bien que détestant être qualifiée de prolifique, Oates écrit chaque jour avec une énergie fiévreuse : " Écrire est... une drogue, douce, irrésistible, et épuisante ", dit-elle. De ces lignes rédigées... >Voir plus
Que lire après Journal : 1973-1982Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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"10 juin 1982....

Hier, également, à la fin d'une interview d'une heure, chaleureuse et enrichissante, pour le Herald de Miami, Bill Robertson m'a demandé comment je réagissais au fait que presque tous les gens qu'il connaissait à Miami me croyaient folle. Je lui ai demandé de répéter, l'ai dévisagé, ai cligné des yeux avec un air sans doute totalement désorienté; puis ai fini par murmurer que c'était plutôt…eh bien, plutôt ..bizarre, sûrement? …étant donné que j'enseignais dans des universités depuis 1961..et avais publié tant de livres…et…ma foi…sûrement… » C'est comme si on vous demandait si vous aviez la syphilis, ai-je dit à la fois blessée et furieuse, ou ce que vous pensez du « fait » que les gens imaginent que vous louchez.. » Bill s'est aussitôt excusé; s'est demandé s'il avait correctement formulé sa phrase: les gens voulaient apparemment savoir si j'étais saine d'esprit.
Je me suis dit alors: tout cela pour quoi? -rien? Mon image publique n'est pas celle de l'intelligence trop conventionnelle, trop littéraire, universitaire, que je pense être ( en fait); mais celle d'une folle à lier.. Qui entend des voix, transcrit un charabia et court certainement dans les rues en chemise de nuit, les cheveux épars dans le dos, comme une victime gothique. Pour ce résultat, tant d'heures de labeur assidu, de travail exigeant; avoir rarement manqué un jour de cours en vingt ans; vivre ce que j'avais imaginé être une vie résolument « saine ». ' Comment je l'explique? ai-je dit à Bill. Vos amis doivent être extraordinairement stupides."

Et voilà, pauvre, Joyce Carol, ce qui arrive quand, avec une empathie peut être un peu -et hélas trop peu- hors du commun, on arrive à transformer en mots les souffrances humaines. Quand on est conscient de la "confusion aléatoire du monde ".Quand on analyse ses moments de mélancolie souvent incompréhensibles et pourtant tellement profonds qu'il en résulte un sentiment très angoissant de "dislocation" . Quand on sait que quelquefois, revenir sur le passé consiste à mordre dans un sandwich dans lequel il y a un peu de verre pilé. Ou beaucoup.

Mais heureuse Joyce Carol Oates qui peut convertir ses inquiétudes les plus profondes en écriture. Encore qu'elle considère que l'écriture n'a rien de consolant .( Mais ce n'est pas de consolation dont elle a besoin. de sécurité? Comme tout le monde..) Mais aussi dans une vie quotidienne voulue volontairement sereine, ce qui n'était pas le cas lors des années antérieures, les années d'anorexie et de la "certitude mystique que donne le jeûne ". Les années où l'inquiétante étrangeté dominait.

C'est un journal absolument littéraire ( tout ce qui est de l'ordre de l'intime, mises à part les rencontres avec d'autres écrivains- Updike, Ann Tyler- Susan Sontag, etc- , l'observation de la nature et quelques remarques sur la vie quotidienne, a été supprimé.)
C'est d'une franchise absolue, elle parle beaucoup de ses échecs, ne comprend pas certains succès, et dit ses difficultés à correspondre à son personnage public. C'est un portrait d'une artiste sous toutes ses facettes, ce qu'elle aime- enseigner, déchiffrer des heures la même invention de Bach, les chats, les saisons, courir, ses parents, ce qu'elle n'aime pas: perdre son temps, devoir expliquer ce qu'elle ne croit pas être, manger alors qu'elle aime faire la cuisine, etc..

Intraitable avec elle-même, très généreuse avec les autres écrivains dont elle parle, d'une humilité qui pourrait même être suspecte si elle n'était pas si intelligemment analysée..
Je pourrais parler des heures de ce journal qui m'a impressionnée justement par sa puissance d'auto-analyse qui n'est jamais prise en défaut.
Juste une chose. Je pensais , après avoir lu finalement assez peu JCO sur la somme écrite et publiée, que certains "romans ", je pense à Marya, par exemple, parlaient de son histoire à elle. Pas du tout. Même si bien sûr il y a beaucoup d'elle grâce à sa capacité d'identification, son moi peau perméable. La seule histoire familiale qui ait une réalité historique est celle de sa grand-mère, La fille du fossoyeur,et ce n'est que récemment qu'elle l'a racontée , le journal s'achève en 1982.

Magistrale leçon d'écriture. Et de vie.




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Très attirée par les journaux et correspondances j'ai eu très envie de lire celui-ci alors que je ne goûte que très peu les romans de Joyce Carol Oates, le billet très admiratif de Frédéric Ferney a fini de me convaincre.
A l'origine un journal de 4000 pages, l'éditeur a fait une sélection et chaque année est introduite par un résumé des événements marquant pour JC Oates : changement d'université, changement d'éditeur, succès littéraires.
Toutes les pages sont centrées sur l'écriture, son travail d'enseignante, les relations amicales et la vie quotidienne.
On y voit une femme écrivain au travail, le plus souvent totalement absorbée par l'avancée de ses romans.
Ecrivain prolifique, les romans s'enchaînent de façon vertigineuse et il est parfois question d'un « embouteillage de manuscrits »
Elle a une capacité de travail énorme car entre les romans ou en même temps qu'elle y travaille, elle ajoute des nouvelles, des essais littéraires : Dostoievski, Kafka. Elle dit d'elle même « Je me sens assiéger par les mots »
On découvre dans le journal un écrivain assez insensible aux critiques bonnes ou mauvaises mais lorsque les critiques deviennent très bonnes pour Bellefleur elle avoue « Une critique positive dans le Times est analogue à ...quoi ? Se voir annoncer qu'on n'a pas le cancer. »
De nombreuses pages sont consacrées à ses lectures qui sont très éclectiques et dont elle parle sans langue de bois « Je soupçonne Rilke d'être largement surestimé » et sait défendre ce qu'elle aime « on perd fort peu de chose en ne lisant pas une critique de Whitman..on perd la moitié de la terre en ne lisant pas Whitman »
Ses lectures sont souvent dictées par son travail d'enseignante qui lui donne l'occasion de relire avec plaisir « lisons nous jamais deux fois le même livre ? lisons nous le même livre que celui que lisent les autres ? »
Au gré des pages on rencontre Virginia Woolf dont elle se sent proche, James, Joyce, Wilde, les soeurs Brontë. Elle parvient encore à assister à des soirées consacrées à écouter ou à lire de la poésie en public.
C'est un bain littéraire permanent ! Tous les gestes de la vie quotidienne sont l'occasion de méditer sur une nouvelle, sur un roman ou sur une lecture. Boulimique ? sans doute et cette boulimie fait pendant à son anorexie « une forme maîtrisée et prolongée du suicide » dont elle parle avec une grande pudeur.

J'ai été passionnée par les pages qu'elle consacre à sa vie d'enseignante. Son intérêt, je dirais son amour des étudiants transparaît, elle aime enseigner et préparer ses cours, corriger les travaux de ses étudiants « Une grande partie de mon inspiration me vient quand j'enseigne. J'aime l'interaction entre l'esprit des étudiants et le mien ».

La musique occupe une grande place dans la vie de Joyce Carol Oates, elle passe des heures (où prend-elle se temps ?) à apprendre les sonates et préludes de Chopin, elle met la même énergie au piano que sur sa machine à écrire. Elle est excessive en tout, en musique comme dans l'écriture. « J'écoute les Préludes presque tous les jours depuis un bon moment, et je me verrais bien consacrer les vingt prochaines années à ces vingt quatre oeuvres »
Elle garde beaucoup de discrétion sur sa vie de couple et est horrifiée par le dévoilement de la vie intime d'un écrivain, à propos d'Emily Dickinson et de ses lettres elle dit « l'exhumation systématique, impitoyable, de tous les secrets par les universitaires, les critiques et les voyeurs est épouvantable »
Aucunes confidences intimes mais quelques jolies pages sur son amour indéfectible pour son mari «Intelligence. Bonté. Patience. » son admiration pour lui et son travail. Ses amis importent beaucoup et des pages émouvantes sont consacrés à certains d'entre eux,
J'ai été touchée par la simplicité et la sincérité de ce journal,j'ai lu ces pages avec un grand intérêt mais surprise de l'absence totale de pages sur le monde et les événements politiques ou sociaux durant ces années.
Cette absence accentue l'impression d'immersion totale dans la littérature et l'écriture.
C'est l'autoportrait vivant et attachant d'un écrivain
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Ce document s'est révélé être une très belle découverte pour moi : peu friande de lecture de journaux personnels d'ordinaire, j'ai été séduite et conquise par cette oeuvre. J'ai particulièrement apprécié la spontanéité, la fluidité et la sincérité des réflexions tant personnelles que professionnelles de Joyce Carol Oates.
J'ai été surprise de retrouver tant de points communs entre la simple lectrice que je suis et la grande auteure si prolifique : ses réflexions et pensées touchent à tous les domaines universels : l'amitié, les relations humaines, la place de la vie professionnelle dans l'épanouissement personnel, le mariage, le sens de la vie, l'enseignement et ce qu'on y donne de soi, la condition féminine, la puissance des mots et la force du langage qu'il soit parlé ou écrit, son impact sur les autres. Je me suis tellement retrouvée dans nombre de ces pages que cette lecture m'a passionnée. C'est très bien écrit (et traduit), fluide et agréable à lire.
D'autre part, pour quiconque s'intéresse à la littérature, ce journal est un superbe témoignage intime sur le travail d'écrivain et aussi sur celui de critique littéraire. Les phrases sont justes, souvent percutantes…et en inconditionnelle des citations d'auteur, j'ai relevé de nombreux passages qui m'ont interpelé et qui m'ont semblé traduire très exactement et avec concision des réflexions que je partage tout à fait. (voici l'une d'entre-elles : « Lisons – nous jamais deux fois le même livre ? …Lisons-nous le même livre que celui que lisent les autres ? »)
Pour moi, c'est un très bon livre que je recommanderai sans doute à mon entourage… et je pense qu'il trouvera plus d'écho chez un public féminin. Ce journal m'a d'ailleurs donné envie de découvrir certains titres de l'oeuvre de Joyce Carol Oates que je ne connaissais pas auparavant.
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J'ai enfin terminé ce gros pavé de 520 pages où je découvre l'auteure explorant son paysage intérieur ( sic) et décortiquant ses rapports à l'écriture. J'y découvre une femme très ambivalente sur de nombreux plans, mystique bien qu'elle refuse cet adjectif à certains moments de ce journal, d'une émotivité assez moyenne, véritable bourreau de travail, très perfectionniste,et un rapport au corps et à la nourriture plutôt négatif.
Son mariage est une réussite, elle est très heureuse de sa vie, elle côtoie la société intellectuelle et riche ( dont de grands écrivains), n'aime pas trop le rapport à l'argent considérant que ce n'est jamais pour elle un problème, n'a jamais souhaité être mère et a un regard acerbe sur les jeunes mères qu'elle croise et qu'elle juge décérébrées.
C'est en soi moyennement intéressant.
Les parties qui m'ont intéressée sont celles où elle parle de l'écriture et du bouleversement profond qu'elle joue dans sa personnalité,nous décrivant une dissociation nette entre JCO l'écrivaine et qui elle est vraiment.
Je suis en admiration devant la somme de travail qu'elle effectue dans une journée, ( elle écrit énormément, elle enseigne à temps partiel, fait des lectures publiques,reçoit,certes assez peu,mais a une vie sociale, amicale, culturelle, de couple, elle joue du piano et pas en dilettante, elle fait du sport,une grande maison qu'il faut bien nettoyer,ranger, où il faut parfois cuisiner,bref les impedimentia de madame tout le monde,j'aurais aimé plus de détails pratiques mais elle survole ça,et ne semble vivre que pour l'écriture.
De même elle a décidé dans son journal de ne pas parler politique, j'aurais aimé découvrir davantage cette facette d'elle même. Ce qui me plaît dans un journal c'est le rapport de la personne et de la société dont elle fait partie et comment une histoire personnelle rejoint la grande Histoire du moment,ici rien de tout ça.
Par contre ses réflexions sur la création sont passionnantes.
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Ce qui fait l'intérêt des journaux d'écrivains c'est ce qu'ils disent sur les oeuvres en cours d'élaboration: comment naît un roman ou une nouvelle? Souvent par un rêve pour Joyce dont elle sélectionne certains élements. L'activité onirique est omniprésente dans son journal et elle rêve même de ses presonnages qui viennent la supplier de les reprendre, de donner une suite à leur vie.
Un journal révèle aussi une personnalité que l'on devine parfois mal dans les romans: Joyce Carol Oates, la femme paraît beaucoup moins pessimiste, sinistre, glauque et perturbée que J.C.O, l'écrivain. Au contraire, elle a l'air d'une femme équilibrée, ouverte, sympathique, drôle et ironique, curieuse de tout, elle a des jugements très nuancés sur les gens, les choses et les oeuvres littéraires des autres (ce qui est rarement la cas des journaux). On voit ausi à quel point son travail de prof de fac lui plaît et tout ce que lui apporte le contact avec les étudiants. Bien entendu, j'ai du mal à lire le journal d'une femme écrivain sans penser à celui de Virginia Woolf (dont je sais que Oates est fan pour l'avoir lu dans un interview) et je dois dire qu'elle ne souffre pas de la comparaison.
Encore plus intéressant à lire quand on connaît (un peu) l'oeuvre de Oates, qu'on s'intéresse aux années 70 aux USA, et qu'on est une femme qui essaye d'écrire.
Excellent travail d'édition de Philippe Rey : notes en bas de pages éclaircissant des points biographiques ou des références littéraires, recontextualisation de la carrière et de la vie de l'auteur en préambule à chaque année, index des noms propres (où l'on voit qu'une des personnes les plus citées, à part son mari et quelques contemporains est Virginia Woolf). Un excellent moment de lecture.
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critiques presse (1)
Lexpress
06 juin 2013
En découvrant ce journal intime, que Joyce Carol Oates a tenu entre 1973 et 1982, on comprend que l'écriture soit pour elle un véritable sacerdoce.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (66) Voir plus Ajouter une citation
Etudie saint Mathieu ; suis assez découragée par la bêtise fondamentale de l'histoire du Christ : l'intolérance du Christ (qui menace de l'enfer des gens qui se bornent à ne pas écouter ses disciples), sa prédilection pour la flatterie (c'est parce que Pierre dit "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant" qu'il reçoit les clés du royaume des cieux), le sentiment impitoyable qu'il a de ses mérites ("Qui n'est pas avec moi est contre moi"), son insistance infantile sur l'identité du désir et de l'action ("Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son coeur, l'adultère avec elle" - etc. - une théorie qui ne tient pas psychologiquement, c'est le moins qu'on puisse dire), son zèle détestable, ses conseils inconsidérés ("Ne vous inquiétez donc pas du lendemain...") qui ne peuvent que causer des ennuis aux autres. Il ne cesse de menacer des cités entières de destruction, de "descente dans l'Hadès". La tendresse, les foi-espoir-charité, etc., pardon des ennemis, sont en fait subordonnés à ce personnage dictatorial qui dit à un moment qu'il n'est pas venu abolir mais accomplir, puis, à un autre, qu'il n'apporte pas la paix, mais un glaive ; "car je suis venu opposer l'homme à son père, la fille à sa mère..." Le Christ est si peu chrétien que l'on est forcé de donner une interprétation symbolique, un sens autre que littéral, à tout ce qu'il dit. Il semble pourtant clair qu'il souhaitait véritablement l'enfer et des souffrances terribles à ses "ennemis" (ceux qui ne souhaitent pas le suivre) ; il convoitait un empire total sur l'esprit des hommes.
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Mon dés-intérêt pour ce que les gens appellent les "problèmes des femmes", la "littérature féminine". Les femmes ont-elles une sensibilité particulière ? Non. Il existe des individus ayant des dons et des compétences uniques pour interpréter le symbolisme complexe du monde, mais ce n'est assurément pas une question de sexe. L'idée même est stupéfiante.
Si les sans-pouvoir doivent revendiquer un pouvoir, c'est naturellement un pouvoir invisible et incalculable.
Energie, talent, vision, intuition, compassion, capacité de se consacrer à une tâche unique pendant de longues périodes, capacité d'être fidèle (et à ce qu'on écrit et à ceux qu'on aime)-cela n'a rien à voir avec le sexe.
L'opportunisme des "spécialistes" contemporains-qui cherchent à construire une "littérature féminine". Est-ce simplement par désir d'être publiés, d'être promus ? Croient-ils aux idées tirées par les cheveux qu'ils avancent ?... La sensibilité d'une Virginia Woolf. Pas plus sensible que Henry James, Proust ou James Joyce, et donc pas plus "féminine" dans le sens étroit et trompeur que les gens donnent à ce mot aujourd'hui... Mais il faut bien que les critiques trouvent quelque chose à écrire. La profession l'exige.
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Fascinant, l'esprit humain ; insondable. Penser que nous habitons l'oeuvre la plus magnifique, la plus ingénieuse de l'univers... à savoir le cerveau humain... et que nous l'habitons sans grâce, avec désinvolture, rarement conscients du phénomène dont nous avons hérité. Comme des gens qui, à l'intérieur d'une magnifique demeure, n'occuperaient que deux ou trois pièces sordides. Nous ne savons même pas ce qui pourrait nous attendre dans les étages supérieurs ; nous sommes réduits à contempler les motifs du plancher devant nous. De temps à autre, un rêve/une vision profonde, vraiment alarmante, franchit la barrière et nous contraint à reconnaître la présence d'une force plus grande que nous, contenue on ne sait comment dans notre conscience.
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Nous semblons balancer entre croire que la vie a un "sens" et croire qu'elle n'en a aucun... Tantôt c'est l'un qui est entièrement convaincant, tantôt l'autre. Inutile d'essayer de réconcilier ces deux certitudes. Les concepts sont des concepts, de simples mots... la vie est la vie, le moment présent... Les ennuis commencent quand nous confondons les deux. L'idée de la "mort" est terrifiante, mais l'"événement" de la mort est neutre, non ressenti comme un concept et donc dénué de son aura émotionnelle. Il est toutefois parfaitement légitime de craindre la douleur. Souhaiter qu'elle nous soit épargnée me paraît simplement intelligent, humain - "inutile" ou "nécessaire" (et le concept d'une douleur "nécessaire" est discutable), en dehors d'une hypothèse théologique posant la récompense des souffrances et du martyr, toute douleur se produit dans un vacuum et n'est qu'un gâchis...
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Lis aussi Simone Weil. Et sur elle. Que penser d'ailleurs... ? Où d'autres voient ou prétendent voir de la sainteté, je vois une illusion tragique, peu différente de celle de Nathan Vickery. Lui aussi s'est approché de la mort et a souhaité mourir, mais il ne l'a pas fait : je trouve son odyssée fictionnelle plus louable que celle, réelle, de Weil... Le Saint comme Artiste de la faim. La pénétration merveilleuse de Kafka. Mais si l'on refuse de manger, ce n'est pas toujours faute de nourriture appropriée ou tentante... cela peut être simplement par désir de montrer sa volonté, de dramatiser sa victoire sur les instincts de la chair. Simone Weil s'est suicidée, bien entendu. Elle a réussi à tuer son corps. Ce qu'elle aurait interprété comme un "trlomphe" sur lui et la réalisation d'une union avec "Dieu".
Pour avoir éprouvé des tentations de ce genre... pour en avoir été affligée... je les comprends de l'intérieur. Et elles sont terribles. Terribles.
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Vidéo de Joyce Carol Oates
Après seize ans de négociations, le réalisateur Stig Björkman a convaincu Joyce Carol Oates, 85 ans, de lui ouvrir les portes de son univers. Portrait sensible de l’immense romancière, inlassable exploratrice de la psyché noire de l'Amérique.
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