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Claude Seban (Traducteur)
EAN : 9782253120919
405 pages
Le Livre de Poche (14/03/2008)
3.58/5   194 notes
Résumé :
Joshua Seigl, la quarantaine, écrivain estimé, riche et séduisant, se voit contraint, à cause d’une mystérieuse maladie, d’engager une assistante. Lorsqu’il rencontre par hasard Alma Busch, une jeune femme pauvre et illettrée, recouverte d’intrigants tatouages, Seigl ne peut résister à l’envie de jouer les Pygmalion. Convaincu de lui offrir la chance de sa vie, il lui propose le poste. Malheureusement pour lui, Alma Busch n’est pas la créature vulnérable qu’il croit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
3,58

sur 194 notes
Joshua Seigl, universitaire juif fortuné et auteur du best-seller « les ombres » sur l'holocauste, vit reclus dans sa grande maison du quartier huppé de Carmel Heights. La quarantaine pas encore atteinte, il est atteint d'une maladie que son neurologue n'arrive pas à diagnostiquer. Véritable affection ou trouble psychosomatique, toujours est-il que Joshua se décide enfin à embaucher un assistant pour l'aider dans son travail, lui qui chérit tant sa solitude et fuit les relations humaines.
Alma Bush est la fille tatouée. Campagnarde paumée, illettrée, elle fuit une famille prolétarienne qui ne lui a pas fait de cadeau et un passé tumultueux. Echouée dans le café où Dmitri travaille comme serveur, ce dernier la voyant finir les restes des repas des clients, l'héberge chez lui. Dmitri Meatte, « meat » comme la viande, Dmitri le viandard. Elle tombe éperdument amoureuse de lui, jusqu'à accepter de se prostituer pour lui faire plaisir.
Ayant trouvé une place de vendeuse dans une librairie, elle y croise Joshua. Il l'engage sur le champ comme assistante.
Le roman de Joyce Carol Oates est l'histoire de cette rencontre improbable d'anti-héros.
Lui est imbu de sa personne, noyé par le flot de ses courtisans qui l'adulent, ses succès auprès de la gente féminine et la reconnaissance d'une élite intellectuelle. Il en est devenu misanthrope.
Elle n'est personne. Issue d'une famille de mineurs, elle fait partie de la couche sociale la plus basse, prête à n'importe quoi pour un peu de reconnaissance, jusqu'à s'être fait tatouer le corps avec des bariolages dignes d'un enfant de cinq ans. Elle n'a pas d'existence propre, pas d'avis, aucun caractère. C'est une suiveuse. Elle est antisémite sans savoir ce que cela signifie sinon que son petit copain, Dmitri, qu'elle aime et qui la méprise, l'est.
Trois sentiments les animent : mépris, dégout et haine, de soi comme de l'autre.
Mais la vie se joue des certitudes et brouille les idées préconçues. Son oeuvre achevée, elle lève le voile sur une réalité insoupçonnée et révèle l'ampleur de l'illusion qui a trompé les esprits de ses jouets, ces êtres humains pétris de certitudes. La seule vérité éclate pour désigner l'ampleur des erreurs commises par chacun et du mensonge dans lequel ils se sont vautrés toute leur existence. Malheureusement la folie de l'aveuglement aura le dernier mot.
Traduction de Claude Seban.
Editions Stock, le livre de poche, 405 pages.
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Il n'y a pas à dire, JCO fait partie des meilleurs écrivains !
Profondeur psychologique, style au plus près de la pensée, focus sur l'Amérique profonde, description vraie des mentalités : tout est à prendre, chez elle.

La Fille tatouée vient de cette Amérique profonde, et elle provient même du plus profond des trous perdus, comparable à l'enfer, car son enfance et son adolescence ont été enterrées dans ce paysage de mines d'Akron Valley, finalement incendiées et rejetant des vapeurs toxiques.
La Fille tatouée, prénommée Alma, est profondément inculte, rejetée, niée dans sa personne, exploitée par ces mâles qui sautent sur tout ce qui est débile. D'ailleurs, les tatouages qu'elle porte, elle ne sait pas d'où ils viennent, du moins elle est incapable de l'expliquer.
Et quand la Fille tatouée rencontre l'intellectuel reconnu Seigl, auteur d'essais et d'un roman sur la Shoah, c'est le choc des cultures ! Ou plutôt le choc de l'inculture et de l'intelligence.

Oates excelle dans l'art de plonger dans les êtres, qu'ils soient horribles, fades ou tourmentés, pour en extraire la quintessence. Oates aime l'Homme, même si elle adore en raconter les instincts les plus sauvages ou les plus cachés. Elle l'aime tant qu'elle arrive à en extirper le coeur pour prouver la condition humaine, par là-même faible et excusable.
Pas de parti-pris, rien que l'humain, chez chacun, que ce soit la Fille tatouée, créature débile et molle, ou Joshua Seigl, au cerveau plein d'ouragan, ou encore les personnages secondaires, génialement décrits.

Je me ferais bien tatouer « JCO » sur le bras, tiens !
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Au moment de coller à ce roman des étiquettes, j'ai bloqué. Au-delà de "littérature américaine", blocage complet. Tellement typique de la littérature de Joyce Carol Oates ! Avant la lecture, on ne sait pas de quoi parle le roman ; pendant la lecture, on cherche à savoir de quoi parle le roman ; après la lecture, on n'est pas bien sûr de savoir de quoi parle le roman mais on est sûr d'une chose : on n'oubliera pas le roman. Là est le talent de l'auteure.

Joyce Carol Oates écrit sur la haine ; elle y excelle.
Joyce Carol Oates écrit sur les névroses de la société américaine.
Mais Joyce Carol Oates écrit avant tout sur la femme.
Elle écrit aussi sur l'homme, mais d'abord sur la femme.

Ici, la femme, c'est Alma.
L'âme de ce roman, c'est Alma.
En latin, Alma signifie "nourricière, bienfaisante, aimante, encourageante" ; étrange de ce fait qu'elle soit embauchée comme "assistante" ou plutôt comme "femme-à-tout-faire" par Joshua Seigl, un essayiste et romancier, fortunée figure de proue de l'élite new-yorkaise.
Seigl est d'ailleurs surtout renommé parce qu'il traduit Virgile du latin à l'anglais.
Alma est simple, pas éduquée, basique ; elle est pourtant une ressource pour Seigl.
Aussi mystérieuse qu'une divinité, elle surgit de nulle part ou plutôt de l'Enfer - quelque part en Pennsylvanie, au pays des mines chaudes où se consume la misère.
Alma est tatouée, marquée d'étranges dessins informes qui sont autant de stigmates.
Alma intrigue, séduit, fascine, répugne tour à tour ; elle est comme ces anti-héroïnes qui nous en apprennent beaucoup sur nous-mêmes.

Que raconte "La fille tatouée" ? Beaucoup en peu de pages. La Fille tatouée est clivante, inutile et indispensable à la fois. Elle se trouve souvent au mauvais endroit au mauvais moment. La Fille tatouée est manipulée, exploitée, influencée, utilisée. La Fille tatouée est la femme.

Comme toujours avec Joyce Carol Oates, il y a d'abord l'uppercut de l'écriture qu'on prend en pleine face. C'est tellement corporel, physique, métabolique que le malaise s'installe. On est subtilement un cran au-dessus de la crudité, on est dans la brutalité.

Le lecteur est voyeur, le malaise se poursuit et ne le quittera pas : fascination, répulsion, fascination, répulsion... Tout le monde n'apprécie pas, ça se comprend, moi je suis fan. Peu d'auteurs contemporains me chahutent de la sorte, m'expulsent de ma zone de confort tout en me faisant le cadeau d'une littérature de grande classe.


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Ce n'est pas celui que je préfère parmi les nombreux romans de la surdouée Joyce Carol Oates mais je l'ai trouvé intéressant. Toutes ses publications le sont, d'une manière ou d'une autre...

Nous assistons ici à un huis-clos progressif et oppressant entre un écrivain malade et son assistante inculte, qui fascine.Ils se tournent autour, elle, pauvre et paumée , qui a des idées de meurtre , car on lui a inculqué la haine primitive du Juif, et lui, aisé ,si indifférent et méprisant parfois, mais subjugué aussi par l'illettrisme de cette assistante improbable, qu'il a choisie sur un coup de tête.

La violence psychologique de cet affrontement sourd et malsain se doublera d'une violence physique assez difficile à supporter. Jusqu'au point de non-retour.

Je n'ai pas trouvé le thème très original, il a déjà été exploité à de nombreuses reprises, seul le talent de la romancière permet de le transcender .Néanmoins, je n'ai pas ressenti le même enthousiasme,le même élan que pour d'autres romans comme "Mudwoman"ou "Petite soeur, mon amour"ou "Les chutes".

Une histoire en tout cas intrigante, mais qui ne restera pas tatouée dans mon esprit...

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Avez-vous déjà lu les critiques enthousiastes de Cécile/Latina concernant les romans de Joyce Carol Oates ?
Il m'était impossible d'ignorer plus longtemps cette auteure dont notre amie se ferait bien tatouer le nom sur le bras tant elle l'apprécie...
J'ai donc attrapé le premier titre qui se présentait et ce fut : La fille tatouée.

D'emblée, j'ai été saisie par la justesse et la précision avec lesquelles l'auteure décrit la personnalité complexe de ses personnages.
Entre Joshua Seigl et Alma Busch se crée un lien étrange fait de haine, d'attirance réciproque, d'observation mutuelle.
Comment l'écrivain malade en est-il arrivé à engager la pauvre fille paumée, originaire de la vallée minière de l'Akron, pour l'assister dans son travail ?
D'autant qu'imprégnée d'un antisémitisme viscéral, elle déteste ce Juif intellectuel, légèrement imbu de lui-même, qui l'ignore.
Telle un animal traqué, la jeune femme baisse les yeux et mendie l'amour, devenant ainsi la proie d'un amant abusif qui profite d'elle sans vergogne.
Farouche, elle se dévoile peu mais n'en est pas fragile pour autant.
Sa détermination à nuire à Seigl n'a d'égal que la pitié qui la saisit parfois malgré elle.
Ses tatouages mystérieux, elle n'en parle pas, ils lui viennent d'une autre vie.
Scarifications indéterminées, ils la condamnent à la méfiance.

La fille tatouée est un roman fort, âpre, dont les personnages sont durs.
Même les personnages secondaires sont dépeints avec une réalité crue, sans concession.
C'est un livre qu'on ne peut lâcher tant il est immersif.

Il se pourrait bien que Joyce Carol Oates trouve sa place au panthéon de mes auteurs préférés...
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Car être philosophe, c'est souhaiter croire que l'esprit humain transcende les contingences temporelles. Être philosophe, c'est croire que l'esprit humain n'est pas sous le joug du temps ; la philosophie participe de l'esprit intemporel, tandis que l'histoire est solidement de la terre.
La philosophie libère, l'histoire asservit.
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En se mariant à trente-neuf ans il se ferait l'effet d'un homme qui court, court en boitant, à côté d'un train, au moment où il quitte la gare. Va-t-il le rattraper ? Va-t-il le rater ? Suspense comique à l'instant où il agrippe la barre du wagon de queue et prend de l'élan pour tenter d'atteindre le marchepied...
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Alma s'assura qu'il ne venait pas en douce comme il faisait parfois (sans savoir qu'elle le voyait du coin de l'oeil) et elle rôdait dans le bureau agitée et fiévreuse haine haine haine je vous hais sales Youpins le coeur battant comme si elle avait sniffé de la coke pure et elle regarda sa main ouvrir une bibliothèque vitrée dans le bureau de Siegl et prendre sur une étagère un livre qui la fit presque sourire, petit comme un livre pour enfants, ce qu'elle pensait qu'il était avec ce titre qui ressemblait à un conte de fée pour enfants, Anna Livia Plurabelle, mais quand elle l'ouvrit et essaya de lire, les caractères minuscules se brouillèrent devant ses yeux, des putains de mots qui ne voulaient rien dire comme s'ils n'étaient pas en anglais ou pas l'anglais qu'on lui avait appris et son coeur battit de ressentiment et de fureur et ses mains plièrent la couverture fragile à l'envers jusqu'à ce qu'elle l'entende craquer et elle sourit avec le plaisir d'enfant comme un petit garçon qui tire sur les jambes d'une grenouille jusqu'à ce qu'elle se déchire en deux. Tiens, saloperie! pp.206-207
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Un homme se fait une armure de son corps, même un intellectuel comme Joshua Seigl. Des bras forts, des épaules, des bras et des avant-bras musclés, des poignets solides, précisément pour ce genre de situation imprévue. Le mépris des hommes pour le corps féminin est là : pas d'armure, rien que de la chair.
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Alma était adossée aux coussins dans le vieux lit grinçant de la chambre. Ventre et seins avachis sous sa vieille chemise de nuit de flanelle blanche tachée de sang menstruel qui ne s'en allait jamais tout à fait même quand elle frottait à la main. Elle était là, les yeux brûlants à tourner les pages d'un livre de sorcières. Puis, étendue sur le côté elle sentait son cœur battre désagréablement mais bouger demanda trop d'efforts. Et elle avait froid à ses orteils nus, où était cette putain de couverture ?
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Vidéo de Joyce Carol Oates
Après seize ans de négociations, le réalisateur Stig Björkman a convaincu Joyce Carol Oates, 85 ans, de lui ouvrir les portes de son univers. Portrait sensible de l’immense romancière, inlassable exploratrice de la psyché noire de l'Amérique.
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Joyce Carol Oates (difficile si vous ne connaissez pas son oeuvre)

Un des nombreux romans de Joyce Carol Oates est consacré à Marilyn Monroe. Quel en est le titre ?

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