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Claude Seban (Traducteur)
EAN : 9782757800898
552 pages
Points (01/09/2006)
4.02/5   1443 notes
Résumé :
Veuve au matin d'une nuit de noces hallucinante, lorsque son époux, un jeune pasteur, se suicide en se jetant dans les Chutes du Niagara, Ariah Littrell se considère désormais comme vouée au malheur.

Pourtant, au cours de sa semaine de veillle au bord de l'abîme, en attendant qu'on retrouve le corps de son mari d'un jour, La Veuve blanche des Chutes (ainsi que la presse l'a surnommée avant d'en faire une légende) attire l'attention de Dirk Burnaby, u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (235) Voir plus Ajouter une critique
4,02

sur 1443 notes
Joyce Carol Oates vous plonge dans les profondeurs de l'âme humaine. Son style si particulier cisèle avec une précision inouïe l'intimité de ses personnages, qui à tour de rôle occupent le devant de la scène.

Après un début riche en événements étranges, mais qui ont du mal à converger, le scénario se consolide et trouve sa vitesse de croisière. Tout cela vous entraîne et vous attire. Au bout d'un certain temps, attention… danger ! le rythme s'accélère et vous ne résistez plus à l'appel des Chutes !

Il aura fallu ramer, pourtant, avant d'arriver à ce fameux "point de non retour", avant de parvenir au stade où il devient impossible de lâcher le livre. Et c'est précisément à la page 223, grâce à l'affaire dite de "Love canal", que le livre démarre enfin. Dès lors, il devient impossible de faire machine arrière. Ce qui précède (environ un bon tiers du livre) n'était donc qu'une très longue introduction, permettant au lecteur de s'habituer aux protagonistes et de prendre connaissance de leur histoire familiale.

Nous ne ressentons au cours des premiers chapitres aucune empathie particulière pour les acteurs du drame qui se joue pourtant sous nos yeux. Peut-être sont-ils trop "fils de riches", trop "fille de pasteur", trop étranges, trop éloignés de nos modes de fonctionnement. Pourquoi ce pauvre Gilbert se suicide-t-il le lendemain de sa nuit de noce ? Comment Dirk, futur héritier et play-boy, peut-il s'éprendre de la pâlichonne Ariah ? Celle-ci n'est pas de son milieu, elle n'est pas très jolie, visiblement névrosée, et n'a a priori rien d'autre à lui offrir que ses douloureux problèmes personnels (qui s'avèrent nombreux, assez consistants, et ce n'est encore qu'un début).

Le piège se referme. Car on est déjà dans les questions et les interrogations. le suspense, à défaut d'être dans l'intrigue, sera psychologique. le lecteur devra donc chercher des clés, mais la personnalité d'Ariah, personnage complexe, va s'avérer ardue à décoder. Tour à tour naïve, amoureuse, disjonctée, inconsistante, totalitaire, non concernée, roublarde, futile, révisionniste, possessive, manipulatrice, émouvante, fuyante… agaçante ! (Merci de rayer vous-même les mentions inutiles, selon votre propre perception du personnage), Ariah échappe au catalogage facile. Comment comprendre Ariah ? On ne lui pardonnera jamais d'avoir écarté son mari au pire moment (alors qu'il avait pourtant besoin de son soutien, et que son amour pour elle était intact), d'avoir nié son existence, et d'avoir, pendant des années, menti à ses enfants. Pourquoi ?

Le lecteur n'est pas au bout de ses peines, car d'autres zones d'ombre se profilent à l'horizon : Qui est le véritable père de Chandler ? Qui est la Femme en noir du cimetière ? Celle-ci est-elle réelle ou a-t-elle été rêvée ? Royall a-t-il fait usage de son arme ? Juliet est-elle la narratrice ?

Joyce Carol Oates prend un malin plaisir à "suggérer" (y compris avec les pensées de ses personnages, signalées par les passages en italique, avec toute la subjectivité qui en découle), à proposer des fausses pistes et à multiplier les points de vue, sans réellement trancher par des faits concrets, décrits ou démontrés. Au lecteur de faire ce travail. Les faits sont peut-être imaginés, ou peut-être réels, certains restent suspendus, sans explications, une fois le livre lu.

Cependant, ces "angles morts" du récit restent à la périphérie du propos principal, qui conserve ainsi une parfaite cohérence. Joyce Carol Oates brosse l'histoire d'une famille américaine, de 1950 à 1978, et montre comment des secrets soigneusement enfouis peuvent perturber l'équilibre d'une famille pendant plusieurs générations.
L'auteure évoque aussi l'industrialisation de l'Amérique des grands lacs, depuis l'âge d'or insouciant de l'après-guerre (quand le rêve américain semblait encore possible), jusqu'au réveil brutal, avec la prise de conscience d'un revers de la médaille. le progrès industriel ne peut exister sans son cortège habituel de calamités : le cynisme des nantis, l'exploitation des faibles, la pollution industrielle, le développement des maladies professionnelles, la corruption, la collusion entre notables et la justice bafouée. le scénario de l'affaire du "Love canal" n'est pas sans rappeler celui du film « Erin Brockovich, seule contre tous », de Steven Soderbergh et avec Julia Roberts. Mais Dirk Burnaby, le pendant masculin d'Erin/Julia, n'aura hélas pas la chance de voir son chevaleresque projet aboutir. La réhabilitation tardive du "héros", par la société américaine et par sa propre femme (mais Ariah est-elle encore crédible ?) termine le roman sur une lueur d'espoir et un optimisme bienvenu, grâce à un "happy end" que certains trouveront peut-être trop artificiel.

Alors chut ! N'en disons pas plus sur Les Chutes. Plongez dans le livre, vivez l'ivresse des grandes profondeurs (psychologiques), et laissez-vous emporter au delà du point de non retour… jusqu'à la chute !
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ça y'est !! Je viens ENFIN de terminer The Falls ( Les Chutes ). le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il aura squatté ma table de nuit pendant un bon moment ...

Dans ce roman, j'ai trouvé l'écriture de Joyce Carol Oates vraiment très belle, et riche. Les 100 premières pages en témoignent. Ce n'est pourtant pas le premier livre de l'auteure que je lis, loin de là, et avec The Falls, j'ai vraiment eu la sensation de lire une symphonie de mots tant l'écriture est harmonieuse : chaque mot est à sa place !

La psychologie des personnages est très fine, pas seulement celle du personnage principal, Ariah, complètement névrosée, et véritable antihéroïne et antiglamour. Tous les personnages sont torturés et l'auteure n'a pas son pareil pour aller au fond de leurs tourments. Elle décrit leur désespoir, leurs incompréhensions et leur déchéance... Dans cette atmosphère, Oates fait progressivement monter une tension et un sentiment de malaise chez le lecteur.
Mais que se passe-t-il dans cette petite ville où tout le monde semble cacher des secrets plus inavouables les uns que les autres ?

Ce que j'ai beaucoup aimé aussi dans ce roman, c'est que certaines scènes sont décrites de telle manière qu'on s'imagine regarder un vieux film américain - avec les plans et la musique qui va avec.

Bien sûr, on a quand même les petits "délires" de l'auteure... Plus je lis ses romans et plus je me dis qu'elle a une vision des corps humains et de la sexualité très particulière...

Par contre, je termine ma lecture sur un goût plus amer à cause de toutes les digressions, flashbacks et changements de focalisations pas toujours évidents à suivre. Sur les 480pages , je pense qu'il y en a bien 140 qui n'aident pas à faire avancer le récit et lui apportent bien peu....

Malgré ces petites contrariétés je relirai cette auteure sans hésiter car ce roman m'a vraiment réconciliée avec son oeuvre. Après l'avoir lu, personne ne peut douter que sa place parmi les grands écrivains contemporains des Etats-Unis est méritée.
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A l'image du Niagara, la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Phases de tourments et d'accalmies règlent pareillement le cours de l'un et de l'autre. De même l'entrée en zone de non-retour précédant la chute brutale est rarement détectable.

Mariée la veille à Gilbert, Ariah se retrouve veuve le lendemain des noces. Le suicide de son époux au petit matin ne laisse pas de surprendre cette mélomane de 28 ans : depuis combien de temps Gilbert était-il entré dans cette fameuse zone de non-retour ?
En ce printemps 1950, le vent nauséeux du maccarthysme ne semble pas avoir atteint la petite ville de Niagara Falls située au nord-ouest de l'État de New-York et à proximité de la frontière canadienne. Capitale mondiale de la lune de miel, elle bénéficie d'une manne touristique importante et attire aussi, en raison de l'hydroélectricité locale, bon nombre d'industries de pointe et notamment chimiques.
Ariah n'aurait jamais dû voir l'envers du décor de carte postale de Niagara Falls. Le destin en a décidé autrement et la voilà, indirectement et bien malgré elle, liée aux affaires peu reluisantes et peu avouables de cette ville en apparence si avenante.

On mesure souvent le talent d'un écrivain à sa façon de brosser par petites touches la psychologie des personnages ; force est de constater que dans ce domaine Joyce Carol Oates excelle.
Qu'ils aient ou non un rôle de premier plan dans “Les Chutes”, la vingtaine de protagonistes semblent à tour de rôle s'imbriquer naturellement dans l'intrigue au demeurant palpitante sur fond de scandale écologique.

“Les Chutes” franchies dans l'euphorie, il est bien agréable de se laisser dériver au fil de l'impressionnante bibliographie de l'auteure américaine. Une deuxième approche de l'oeuvre de Joyce Carol Oates ne saurait tarder, à ce stade de la découverte loin est la zone de non-retour...
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Me voici bien embêtée. Un livre que j'ai adoré, et je ne sais pas trop comment aborder ce retour, D'habitude c'est plutôt avec les livres que je n'aime pas que ce phénomène se produit.
Un livre d'une telle richesse, où l'autrice aborde énormément de thèmes, où l'écriture est une telle merveille que je ne sais par où commencer.

Peut-être l'histoire. C'est celle d'une famille, que l'on voit se créer, dont certains membres vont disparaitre, dont certains vont avoir du mal à cohabiter, dont certains voudront disparaitre. Et qui nous entraîne de surprise en surprise.
Et dans cette famille en tout premier lieu, la mère, personnage complexe qui m'a souvent exaspérée, par son attitude. On a l'impression qu'elle a peur du bonheur, et qu'elle ne s'autorise pas, sauf à de courts moments à être heureuse. Elle est parfois naïve, parfois autoritaire, manipulatrice, certainement un peu névrosée, hautaine, voire méprisante. Et pourtant aucun de ces adjectifs ne peut la résumer. Elle était une jeune femme inexpérimentée, elle deviendra une femme très forte, la colonne vertébrale de cette famille.
Il y a aussi le mari, devrais-je dire les maris, même si le rôle du premier est plutôt limité, à la fois dans l'état de mari, et dans le roman. Et les enfants, dont chacun prendra tout à tour le devant de la scène, très différents les uns des autres, tous marqués par la relation avec leur mère, tous marqués par l'absence du père. Les relations entre les différents membres de la famille sont complexes, et l'autrice prend beaucoup de plaisir à les décortiquer pour nos yeux ébahis et admiratifs de lecteurs.

C'est aussi l'histoire d'un lieu, une ville, Niagara Falls, une ville aux deux aspects, d'un coté la beauté bien connue mais tout de même inquiétante des Chutes, et de l'autre la laideur de l'industrie, Chimie essentiellement :
« C'était une jumelle, mais une jumelle difforme. Il y avait les Chutes, et il y avait la ville de Niagara Falls. D'un côté, beauté et terreur de la beauté ; de l'autre, utilité pure et laideur de la fabrication humaine. »
Et ces deux aspects de la ville tiendront à égalité un rôle important dans l'évolution des personnages.
Mais ce qui imprègne tout ce récit, ce qui en est un personnage à part entière, reste quand même cette merveille de la nature, les Chutes, omniprésentes dans le récit, imprégnant tout le texte de leur humidité et de leur attrait parfois maléfique, certains y laissent leur vie et les habitants de la ville s'en méfient :
« Les Chutes exerçaient néanmoins un charme maléfique qui ne faiblissait jamais. Lorsque vous grandissiez dans la région du Niagara, vous saviez. L'adolescence était l'âge dangereux. La plupart des gens du cru se tenaient à l'écart des Chutes et ne risquaient donc rien. Mais si vous approchiez trop près, même par curiosité intellectuelle, vous étiez en danger : vous commenciez à avoir des pensées qui ne vous ressemblaient pas, comme si le tonnerre des eaux pensait pour vous, vous dépossédait de votre volonté. »

L'autrice parle aussi de l'Amérique de ces années qu'en France on a appelé les 30 glorieuses, ces années où le tourisme n'est plus réservé à une minorité richissime, les Chutes se démocratisent, les hôtels changent, les palaces ne sont plus les destinations premières, mais à côté de cette évolution plutôt favorable, d'autres se révèlent plus nocives et ce, dans tous les sens du terme. L'industrie se développe et l'écologie est encore une notion bien méconnue. Il y a des quartiers à Niagara Falls où l'on meurt plus que les autres, et ceux qui meurent n'en sont pas responsables, malgré ce que les autorités veulent faire croire. Impossible de freiner le développement de la ville, tant pis pour ceux qui y laissent des plumes, et s'il faut arroser (et pas avec de l'eau cette fois) , corrompre, n'hésitons pas. Et si certains quartiers deviennent insalubres, peu importe, les responsables de ces grosses industries habitent ailleurs. Ce roman est aussi le récit d'un combat, celui de David contre Goliath, sauf qu'ici les miracles ne se produisent pas et Goliath restera pour cette première fois au moins le plus fort.

Elle nous parle aussi de religion, de ces familles auxquelles la religion dicte leur comportement, qui ne savent plus penser par elles-mêmes, et j'avoue que j'ai été ravie de trouver dans la famille héroïne du livre une distance très salutaire vis-à-vis de celle-ci et de ses obligations , malgré l'enfance de la mère auprès d'un père pasteur.

En dehors du fond tellement riche, il y a aussi la forme. Et en tout premier lieu, l'écriture, qui sait si bien décortiquer les sentiments, mettre à nu tous les personnages, avec une précision dans le mot qui ne déçoit jamais. C'est à la fois fascinant et horrifiant. Que de passages surlignés, sur ma liseuse.
Et puis aussi, ces variations dans les narrateurs, dans les points de vue, ces passages en italique qui relatent les pensées des personnages, et nous intriguent un peu plus. Est-on dans le réel, dans l'imaginaire ? L'autrice ne nous donne pas toutes les clés, à nous de décider.

Pour quelqu'un qui ne savait pas trop comment en parler, je suis devenue bien bavarde. Et encore, je pense qu'aussitôt refermé ce billet, je vais encore penser à bien d'autres aspects que je n'ai pas évoqués. Je vous disais ce roman est infiniment riche, infiniment bien écrit et chaque lecteur peut à mon avis y trouver des sujets qui l'inspirent.
Ce fut une nouvelle fois un plaisir de partager cette lecture, ce livre ou d'autres de JCO, avec mes complices habituels plus quelques autres. Merci à berni_29, bidule62, gromit33, HundredDreams, Isacom, mcd30, mimipinson, NicolaK, Roxanne78, Yaena.
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L'écriture envoutante de Joyce Carol Oates ne laisse pas de répit au lecteur, "Les chutes" est le portrait d'Ariah qui semble sortir d'un tableau de Modigliani, avec sa silhouette longiligne et ses cheveux roux tenus en un chignon fragile. Mais ne vous y trompez pas, c'est un solide bambou déguisé en coquelicot balloté par le vent. On découvre Ariah dans les années cinquante, à trente ans, le lendemain matin de sa nuit de noces. Elle s'est mariée ainsi que son mari pour plaire à leurs parents. Lui n'a pas pu supporter plus longtemps cette situation et il s'est jeté dans les chutes du Niagara.

Durant une semaine, hagarde et foudroyée par le malheur elle attend avec obstination que l'on retrouve le corps de son mari. Dick Burnaby, un avocat, complètement fasciné par cette femme surnommée « la veuve blanche » par la presse, va la demander en mariage. L'ex vieille fille mal dans sa peau et le play-boy, riche héritier, forment un drôle de couple !

Le début de leur union sera passionné. Mais Ariah croit porter en elle une malédiction. Dès lors, elle s'enferme dans une certitude qui lui tient lieu de religion avec son cortège d'interdits qu'elle s'impose à elle-même comme à ses enfants. C'est une femme intransigeante, tout à la fois manipulatrice et faible.
Elle vit dans une bulle et ne veut pas voir le monde extérieur, ne pas perdre la face. Elle semble vivre dans une sorte de torpeur, elle piétine son bonheur la tête haute, seule la musique et son piano lui permettent de se relâcher un peu, si peu…

Ses sentiments sont ambigus, c'est une mère castratrice et c'est la maitrise de son image qui dicte en permanence son comportement…pour conjurer le mauvais sort. Pourtant, Dick Burnaby, son second mari est un homme attachant, complexe lui aussi, qui mènera un combat admirable mais voué à l'échec. Ariah n'a pas appris à aimer. Ni lui, ni leurs trois enfants.

Joyce Carol Oates nous fait rentrer dans l'intimité psychologique des personnages grâce à des descriptions physiques et psychologiques troublantes. On pénètre l'âme tourmentée des personnages tout au long de leurs chutes vertigineuses jusqu'à une possible renaissance…

Un roman saisissant.
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Citations et extraits (192) Voir plus Ajouter une citation
Prenons les essais atomiques au Nevada. Avant et après Hiroshima, Nagasaki. Les années 50 avaient été la décennie des essais nucléaires (secret). On voulait être patriote. On éprouvait le besoin d'être patriote, c'était la conséquence glorieuse d'une guerre juste. Un guerre qui (tout le monde en convenait) devait être faite, ne pouvait pas ne pas être faite, et qui l'avait été, et avait été gagnée. Et lui, Dirk Burnaby, avait contribué à cette victoire. Et ne souhaitait donc pas en savoir trop sur ce gouvernement pour lequel il avait combattu. Il n'était jamais bon pour un patriote d'en savoir trop. De savoir par exemple, ainsi que Dick l'avait appris d'un journaliste du Buffalo Evening News qui n'avait pu publier ses informations qu'en 1952 et 1953, au Nevada, sur le site d'essais nucléaires de Nellis, certains soldats avaient reçu des équipements de protection et d'autres pas. On les avait filmés en train d'"assister" aux explosions à des distances diverses. Des véhicules de l'armée de l'air avaient conduit certains soldats, avec et sans équipement de protection, dans la zone de l'épicentre, aussitôt après des explosions de la bombe A ; d'autres avaient été placés a distances calibrées. À partir de quand était-on "en sécurité" ? Jusqu'où était-on "en danger ? Scientifiques et politiques tenaient à le savoir.
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Dirk Burnaby est un héros pour nous, malgré... eh bien malgré ses erreurs. Lorsque ce sera fini et que nous aurons gagné, je veux organiser une cérémonie à sa mémoire, un homme comme lui ne devrait pas être oublié... D'après moi, il a commencé à s'effondrer lorsqu'il s'est rendu compte de l'étendu de la corruption. Je n'étais qu'un gamin à l'époque, et j'ai grandi dans les quartiers est. Mon père et mes oncles travaillaient dans les usines chimiques, dont Swann et Dow. "Une vie meilleure grâce à la chimie". J'ai toujours pris ces salopards pour ce qu'ils sont. Je ne suis pas dupe de leur tactique de communication. Ils fabriqueraient encore du napalm si quelqu'un les payait pour et, à quelques kilomètres de ce bureau, leurs "chercheurs" travaillent en cet instant même à la mise au point d'armes biologiques. Vous enseignez cela à La Salle, Chandler ? Eh bien, ce serait peut-être une bonne idée, puisque les sciences sont votre matière... Si je crois que Dirk Burnaby s'est suicidé ? Non. Qu'il est mort dans un "accident" ? Non. Ces salopards l'ont tué. Mais vous ne le prouverez jamais.
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Il y avait fort longtemps, les Indiens d’Ongiara faisaient des sacrifices dans le Niagara en amont des gorges. Chaque printemps, ils amenaient une fille de douze ans au-dessus de Goat Island, à la hauteur des rapides, du « point de non-retour », comme on disait dans la région, ils la mettaient dans un canoë vêtue de ses habits de noces, puis, après qu’un prêtre de la tribu l’avait bénie, ils lâchaient le canoë, qui filait vers les Horseshoe Falls ; la fille devenait alors l’épousée du dieu du Tonnerre qui vivait dans les Chutes.
« Voilà pourquoi il y a des fantômes dans les Chutes, disait Chandler avec surexcitation. On peut les voir dans la brume, quelquefois. C’est pour ça que les gens ont envie de se jeter dans les Chutes, c’est à cause du dieu du Tonnerre. Il a faim. »
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L'air gronde, vibre. Le sol tremble sous vos pieds. Comme si la terre même commençait à se fendre, à se désintégrer, jusqu'à son centre en fusion. Comme si le temps avait cessé d'être. Qu'il ait explosé. Comme si vous vous étiez approché trop près du cœur furieux, battant, rayonnant, de toute existence. Là, vos veines, vos artères, la précision et la perfection minutieuses de vos nerfs se désintégreront en un instant. Votre cerveau, dans lequel vous résidez, ce réceptacle unique de votre moi, sera martelé jusqu'à être réduit à ses composants chimiques : cellules grises, molécules, atomes. Toute ombre et tout écho de souvenir abolis.
C'est peut-être cela, la promesse des Chutes ? Le secret ?
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C'était un bébé angélique, parfois. À d'autres moments, un petit démon écarlate et rugissant. Maman et papa le contemplaient avec étonnement. S'il ne s'était pas extirpé de son corps par un trou beaucoup trop petit, Ariah aurait juré qu'il venait d'une autre planète Krypton ? Où les lois naturelles diffèrent des nôtres.
Étonnant ce qu'il aimait crier, exercer ses poumons de bébé. Furieux, déterminé, comme un de ces fous tyranniques, ces leaders fascistes, Hitler, Mussolini, que l'on voyait aux actualités s'adresser en hurlant à des foules hypnotisées, massées sur des places publiques.
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Après seize ans de négociations, le réalisateur Stig Björkman a convaincu Joyce Carol Oates, 85 ans, de lui ouvrir les portes de son univers. Portrait sensible de l’immense romancière, inlassable exploratrice de la psyché noire de l'Amérique.
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