Bon, ben voilà : "
Blonde" , de la même auteure, a trouvé un sérieux challenger. Jusqu'à présent, la fausse biographie de Marilyn était mon roman préféré de
Joyce Carol Oates, mais celui-ci est bien parti pour se hisser à la première place ex aequo.
La grande force de
Joyce Carol Oates réside en général dans la psychologie de ses personnages. Et une fois de plus, dans "
Petite soeur, mon amour", elle ne déçoit pas les fans de son style.
L'auteure construit tout d'abord un personnage principal abîmé par la vie et, surtout, par ses proches, ce qui lui permet d'exploiter un énorme panel d'émotion : rage, solitude, dépression, ressentiment,...
Mais la force de ce roman ne réside pas seulement dans ce que
Joyce Carol Oates écrit : ce qu'elle n'exprime pas est tout aussi fort. Ainsi, jamais l'auteure ne se pose-t-elle, par le biais de ses personnages, en juge de la conduite de la mère de Bliss. Pourtant, quand on lit l'histoire de cette petite fille, on se pose forcément une question qui nous revient de façon récurrente à l'esprit à la lecture de ce roman : une mère a-t-elle le droit de vivre par procuration à travers ses enfants ? Parce qu'elle-même a raté sa carrière de patineuse, a-t-elle le droit de transformer Bliss en enfant star du patinage artistique ?
D'autres éléments posent question : le fait pour la mère de quasiment ignorer son fils parce que celui-ci n'est pas la star de la famille ; le fait pour le père d'être constamment absent. Cette famille est profondément dysfonctionnelle et c'est cela qui provoque un bon nombre des problèmes dont Oates nous parle dans ce roman.
Encore une grande réussite de la part de cette grande dame de la littérature américaine. A découvrir au plus vite !