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EAN : 9782848765471
368 pages
Philippe Rey (03/10/2016)
3.65/5   136 notes
Résumé :

1987, dans un quartier noir délabré d'une ville du New Jersey, une mère cherche partout sa fille, Sybilla, disparue depuis trois jours.

L'adolescente sera retrouvée, ligotée, le corps barbouillé d'excréments et d'injures racistes, dans les sous-sols d'une vieille usine abandonnée. Emmenée aux urgences, elle accuse des « flics blancs » de l'avoir enlevée, battue et violée.

Ce terrible acte de violence choque profondément sa com... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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A l'origine d'un fait divers réel, l'auteur nous emmène dans une ambiance glauque, violente, où il est impossible de démêler le faux du vrai. Mais le plus important, et le but du livre, est surtout, je pense, de démontrer qu'en pareille situation, chacun a son idée des évènements qui se sont déroulés, et au final, l'histoire réelle est totalement différente de celle présenter. Certains protagonistes tentent d'en tirer profit. Jusqu'à quel point ?...
Qui dit la vérité ? A qui profite cette vérité, ou ces mensonges ?
Ambiance malsaine, quartiers glauques et insécurité constante.
Carol Oates Joyce arrive à instaurer, par son écriture incisive et tellement proche de la réalité sociale des narrateurs, cette ambiance de pauvreté , ces quartiers malfamés du New Jersey, les suspicions inter-raciales, la haine... Rien n'est vraiment positif dans ce roman. On espère une fin heureuse, mais ne nous voilons pas la face, elle n'arrivera pas. Ici, c'est un portrait d'une Amérique sans concession, un Amérique qui ne fait pas rêver. Nous sommes à des années lumière du rêve américain !
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A partir d'un drame qui s'est déroulé en1987, dans un quartier noir délabré du New- Jersey, l'auteur dresse le portrait incendiaire et profondément dérangeant d'une société hantée, troublée et gangrenée par la question raciale,qui lui tient à coeur, comme dans presque tous ses ouvrages.

À l'automne 87, une adolescente afro-américaine: Sybilla , est retrouvée, non loin de chez elle, à demi- consciente, le corps enfoui dans un sac poubelle.

Elle a été enlevée depuis trois jours, battue, violée, par quatre hommes blancs.
Le corps et les cheveux barbouillés d'excréments de chiens et d'injures racistes, tracées au crayon feutre sur la peau de son ventre, emmenée aux urgences, elle accusa " ces flics blancs " de l'avoir agressée.
J.C. Ô plante le décor au coeur de la petite ville sinistrée de Payscane: ses habitants déboussolés, traînant leur extrême pauvreté et leur deseuvrement , le long de la rivière, ses usines à l'abandon, ses quartiers miséreux .....

Elle fait se succéder tous les acteurs de cette tragédie : l'inspectrice chargée de l'enquête Ines Iglesias , la Mére de Sybilla , exaltée, révoltée, dans sa "Croisade de Justice ", son drôle de beau- père, l'énigmatique Anis Schutt, le pasteur et l'avocat qui ont pris fait et cause pour elle, dans leur recherche de la justice, un peu biscornue, car non dénuée d'arriere- pensées.....,
L'auteur, avec une lucidité et une pertinence glaçantes, fouille minutieusement dans les consciences , les mécanismes de l'oppression et du pouvoir,en un - entre -deux assez "inconfortable "entre l' innocence et la culpabilité , les croyances indécentes ou stupides , le spectacle médiatique , la justice , l'injustice, le châtiment .

Un roman dur, profond, âpre, brutal , impitoyable et subtil, qui dérange et interpelle !
On en sort le coeur serré , sidéré par la force singulière que cette " grande dame " des lettres américaines insuffle aux protagonistes de l'histoire, lorsqu'elle nous livre , au style indirect leurs pensées , souvenirs et réflexions , non- dits et paradoxes .......
Cette histoire forte et troublante nous tient constamment en haleine .

Un grand livre, une satire violente et sauvage des relations inter-raciales au cœur de la société Américaine et des dérives du sensationnalisme à travers toute" la Publicité et les Bavardages" des Gens .




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Madame Frye, on a une bonne et une mauvaise nouvelle.
La bonne, on vient de retrouver votre fille, Sybilla.
La mauvaise, elle semble avoir été séquestrée, battue, violée, recouverte d'excréments et d'insultes racistes. Sinon, tout va bien.

S'inspirant une fois encore d'un fait divers réel (l'affaire Tawana Brawley en 1971), Joyce Carol Oates dépeint avec force et virtuosité les clivages raciaux qui ne manqueront pas de faire écho avec les tragiques événements de ces jours derniers.

Un truc que je ne m'explique toujours pas, c'est ce manque d'accroche récidivant envers l'écriture de l'auteure.
Il me faut systématiquement un temps d'adaptation certain, voire un certain temps de chauffe, avant de profiter pleinement et de sa plume et de son propos.
Mais une fois ce vilain écueil franchi, c'est plaisir de lire à tous les étages.

Sybilla s'en est sortie mais à quel prix.
Son histoire sordide fait la une de moult gazettes nationales.
Elle aimante également les opportunistes un rien cyniques qui pourraient bien y voir l'occasion d'en faire un porte-drapeau pour la cause, et pourquoi pas une Sainte, voire une martyre, en cas de campagne rondement menée. Et puis quitte à se faire mousser, autant y aller franco dans le travestissement assumé et la manipulation éhontée.
Deux frangins aux faux airs de vautours assoiffés de notoriété maîtrisent tous les rouages scéniques et les roueries impudiques nécessaires à une telle mise en orbite personnelle.

Au-delà de ce triste fait divers, l'auteure dresse le constat implacable d'une société incapable de se sortir de l'ornière raciale.
Ni manichéen, ni moralisateur, ce Sacrifice apparaît comme une déflagration, un camouflet aux yeux des légalistes de tout bord rapidement enclins à prendre pour acquis une vérité qui pourrait bien desservir une juste cause originelle.
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Le fait divers est un élément d'inspiration chez Joyce Carol Oates. le fait divers et les révélations souvent nauséabondes qui en découlent : sur les hommes, sur la société, sur la vie en général. Dans "Sacrifice", l'auteure démarre au plus près de la réalité : en octobre 1987, dans le New jersey, une jeune adolescente noire disparaît durant trois jours. Elle est finalement retrouvée dans la cave d'une usine désaffectée ligotée, couverte d'excréments et portant des injures racistes sur le torse . Elle dit avoir été enlevée, séquestrée, battue et violée par quatre policiers blancs. Dans une ville où les conflits raciaux entre les Blancs et les Noirs sont à vif, c'est l'allumette qui va mettre le feu aux poudres.

A partir de ce fait divers , Joyce Carol Oates offre un récit dérangeant, à la lecture souvent pénible et inconfortable.
Les lieux tout d'abord, la ville fictive de Pascayne et surtout le quartier de Red Rock, sorte d'îlot dans la ville, laissé à l'abandon depuis les émeutes raciales de 1967, nous engluent dans leur grisaille étouffante et miséreuse : maisons incendiées, chaussées défoncées, bâtiments abandonnés, rivière polluée, usines désaffectées... Tout pue, tout est glauque, tout respire la crasse. Et c'est là où vivent Sybilla Frye, la fameuse adolescente du roman, et sa mère Ednetta Frye.

Mère et fille ne sont guère touchantes, on ressent peu d'empathie vis à vis de cette jeune fille sournoise qui a pourtant subit l'horreur. Mais dit-elle la vérité ? Car dès le début la question est posée au lecteur, comme elle l'a été posée dans la vraie vie. Agression (présumée), viol (présumé)... Que cache cette jeune fille qui refuse les prélèvements médicaux et les entretiens avec la police ? Sa mère n'est guère plus coopérative, au contraire. Autour de ces deux femmes énigmatiques gravitent d'autres personnages, d'autres voix qui se font entendre alternativement au cours du roman : l'enquêtrice hispanique, le beau-père, le jeune policier blanc, le révérend et son frère l'avocat, le gourou... Roman polyphonique, le récit alterne ainsi les points de vue de chaque protagoniste, parfois de façon assez déroutante. On le sait, Joyce Carol Oates aime sonder les âmes de ses personnages qui révèlent les noirceurs les plus profondes de leur être. Une chose est certaine : les innocents seront sacrifiés.

"Sacrifice" est avant tout l'histoire d'une manipulation sournoise où le racisme est instrumentalisé pour des raisons pas toujours nobles. La vérité ne compte plus car une croisade est lancée : c'est l'heure pour les Noirs de faire payer leurs crimes aux Blancs. Peu importe les moyens, peu importe les victimes, seuls comptent le pouvoir et l'argent. Mais qui en profitera ?
Entre fiction et réalité, dans un style froid et sans prendre partie, Joyce Carol Oates donne une nouvelle fois à voir les failles et les blessures d'une Amérique où la question raciale reste d'une complexité absolue. Elle nous interroge surtout sur notre relation à la vérité où médias et justice, prophètes et avocats, Blancs et Noirs, brouillent les lignes. Aveuglés par leur haine respective, ils sacrifient les innocents et les idéalistes.

Un roman brillant comme toujours chez Oates, un style âpre, mais dont la polyphonie entrave parfois notre propre vision des choses et dont l'ambiance désespérée vous laisse abattu à la fin de l'histoire.

Reste une question, certes anecdotique même si on pressent la réponse : quelle était la vérité ?
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Sacrifice. Sacrifiée. Perdue....
Une jeune fille, noire, 15 ans, retrouvée attachée à moitié nue dans une cave d'un bâtiment à l'abandon. Agressée, violée, humiliée.
L'Amérique dans son côté le plus sombre : le racisme présent, violent, évident.... et cette pauvre gamine....
Dans ce roman JC Oates s'attaque au racisme qui imprègne la société américaine, mais pas que... D'un fait divers tristement vrai, elle fait une histoire prenante qui va s'interroger sur la victime (de qui est-elle victime ?) mais surtout sur la récupération qui en est faite. Ces moments glaçants où certains vont se faire de l'argent sur cette pauvre gamine.
Rapidement on comprend qu'il y a quelque chose de louche dans cette histoire. Mais l'auteure ne cherche pas à savoir si les faits annoncés sont avérés ou pas. Ce qui l'intéresse c'est ce qu'il va se passer, la prise en charge de la jeune fille par de preux chevaliers pas vraiment honnêtes pour qui elle représente un trésor : une jeune fille noire violée séquestrée qui accuse des flics blancs. du pain béni ! Et c'est parti pour une croisade violente, raciale et manipulatrice. La pauvre gamine est oubliée puisqu'elle n'est qu'un moyen dans cette lutte.
Les personnages sont tous troubles au possible. C'est violent pour chacun, aucun ne sortira indemne de cette histoire. Et cette pauvre fille.... quelle tristesse....
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critiques presse (3)
Lexpress
14 novembre 2016
Subtil, dérangeant et impitoyable.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Chatelaine
03 novembre 2016
C’est une histoire troublante où l’auteure nous tient dans un entre-deux inconfortable, entre la culpabilité et l’innocence (...) Une excellente lecture.
Lire la critique sur le site : Chatelaine
Telerama
19 octobre 2016
A partir d'un drame ayant secoué l'Amérique des années 1980, Oates dresse le portrait dérangeant d'une société toujours gangrenée par la question raciale.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
"Elle dit, Anis les choses terribles qu'ils ont écrites sur elle: avec de la merde de chien sur son corps!!
Ils nous haïssent , on est des animaux pour eux.
PUTE NEGRE KU KUX KLANN. Comme ils ont fait aux Noirs dans le Sud: pendus aux arbres, frappés avec des couteaux et brûlés vifs."
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De même que nous ne pouvons croire que nous sommes mortels et promis à la mort, nous ne pouvons croire que, injustement, déraisonnablement, quelqu'un nous méprise.
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Jere était un homme silencieux qui, quand les femmes ne parlaient pas comme c'était leur habitude, parlait nerveusement pour remplir le silence; avec l'impression de ressembler à une chauve-souris, obligée d'envoyer de petites ondes de vibration affolées pour se situer par rapport aux autres chauves-souris et aux objets.
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En sueur, et le coeur qui cogne. Ils lui criaient dessus par la vitre en lui demandant son permis et les papiers de la voiture. Combien de fois Anis a-t-il été arrêté par des flics à Red Rock et de l'autre côté de la rivière ! Chaque fois l'impression que ça va être la dernière si on fait un mouvement de trop.
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Mais, après août 1967, une nouvelle administration municipale et un nouveau chef de la police ouvriraient une ère de réformes à Pascayne : campagnes de déségrégation des forces de police, programmes de formation à destination des minorités et des femmes. Une nouvelle ère, une ère de justice sociale, (...) .

Vingt ans avaient passé depuis. Les bas quartiers du centre-ville s’étaient vidés, comme la majeure partie de Pascayne. Red Rock ressemblait toujours à une zone de combat.
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Vidéo de Joyce Carol Oates
Après seize ans de négociations, le réalisateur Stig Björkman a convaincu Joyce Carol Oates, 85 ans, de lui ouvrir les portes de son univers. Portrait sensible de l’immense romancière, inlassable exploratrice de la psyché noire de l'Amérique.
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