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Trois courts romans (comme indiqué sur la couverture du livre) et trois narratrices qui nous parlent de leur quotidien autour d'un évènement précis.

La piscine : Une femme suit un jeune homme, Jun, à chaque fois qu'il va s'entraîner à ses plongeons. Elle aime admirer ses muscles, son allure … Elle est surement amoureuse de lui. Elle le connait depuis petit, ils vivent ensemble dans le même institut qui accueille des orphelins. Elle aime à se rappeler leur enfance, avec des souvenirs communs et l'innocence de leur âge. Mais elle n'est pas une orpheline mais la fille des « directeurs ». Elle s'y sent mal ne supportant pas d'être logée à la même enseigne que les autres, alors qu'elle a ses parents. « Cet institut est un orphelinat dont je suis la seule pensionnaire à y être née sans être orpheline. C'est cela qui a défiguré ma famille. » Elle déteste sa mère qu'elle ne supporte pas. Elle parle sans arrêt n'écoutant qu'elle-même. « En entendant sa respiration saccadée, je me demandais avec cruauté s'il ne lui arrivait pas parfois, à force de bavarde, de se détester elle-même. » Elle en est profondément touchée et marquée par son sentiment de rejet. Avec une petite fille de 17 mois, Rie, elle se rendra alors compte qu'elle est animée d'un sentiment de cruauté et de perversion, en prenant un malin plaisir à la faire souffrir. Cependant, alors qu'elle croyait faire cela en toute impunité, il en sera autrement…

Un récit qui allie la beauté d'une écriture poétique, les souvenirs d'enfance et l'amour, à la perversité et à la cruauté.

Les abeilles : Une femme se sent seule chez elle à Tôkyô, son mari parti en Suède sur la construction de pipeline. Elle doit le rejoindre. En même temps, son cousin, qu'elle n'a pas vu depuis 15 ans, l'appelle pour avoir les coordonnées de la résidence universitaire où elle habitait lorsqu'elle faisait ses études. Il vient un petit temps chez elle , où ils auront l'occasion de se replonger dans leurs souvenirs d'enfance communs, avant de loger dans cette résidence. « Mon cousin se souvenait de manière surprenante des scènes où nous étions tous les deux. Les circonstances qui les entouraient ou l'histoire avaient complètement disparu, mais chaque image s'était gravée avec précision et en couleurs dans sa mémoire. » le directeur est toujours le même, un directeur qui n'a pas de bras et une jambe en moins. Les lieux ont quelque peu changé. Il n'y a pour ainsi dire plus personne, à cause d'une mauvaise rumeur liée à la disparition d'un des résidents. Alors que la narratrice veut venir rendre visite à son cousin, elle le rate à chaque fois et partage un moment avec le directeur. Ensuite elle viendra tous les jours à son chevet alors qu'il dépérit à cause de problèmes de santé. Un bourdonnement est souvent présent dans sa tête et elle ne sait très bien en définir l'origine et l'exact son…

Un récit qui allie la beauté de l'écriture, les souvenirs d'enfance et les échanges amicaux, à l'étrangeté et la douleur.

La grossesse : Une femme raconte la grossesse de sa soeur mois après mois. Celle-ci a des nausées constamment et ne supporte plus aucune odeur pendant les presque 5 premiers mois. Cela oblige la narratrice à éviter de cuisiner à l'intérieur, par exemple. de plus, la maladie des nerfs de sa soeur n'arrangera rien de tout cela « Cette maladie ondule comme des algues flottant à la surface de la mer qui n'en finiraient pas de venir s'échouer sur le sable. » Tout cet ensemble loin de son ordinaire lui donne un sentiment très étrange vis-à-vis de ce futur bébé, qu'elle ne voit pas en tant que tel d'ailleurs. Lorsque les nausées partiront et que l'appétit reviendra, sa soeur mangera énormément. La narratrice récupérera des pamplemousses de son travail (elle est démonstratrice dans un supermarché) qui ne pouvaient être vendus, des oeufs ayant été cassés dessus, et en fera des confitures que sa soeur consommera sans aucune retenue. Elle se rappellera que les pamplemousses d'importation sont dangereux pour la santé, contenants un produit cancérigène qui détruit les chromosomes humains, selon un prospectus qu'elle avait lu. Elle ne s'arrêtera alors pas d'aller acheter ces fruits pour en faire des confitures…

Un récit qui allie la beauté de l'écriture à la perversité et à la cruauté.

Yōko Ogawa est un auteur qui, sans l'ombre d'un doute, a un style prenant, beau, concis et efficace. La cruauté et la perversité qui se dégagent de ces histoires me laissent quand même une impression étrange et un certain malaise, tellement la description est réussie et la réalité perceptible. C'est vraiment particulier. Les travers de certains humains sont donc ici parfaitement mis en scène. Mais elle nous dépeint aussi les souvenirs avec une poésie magnifique, ce qui rend les évènements forts, intenses en émotions. Les personnages sont bien fouillés, les sentiments et émotions décrits avec brio. On parvient avec aisance à avoir de la sympathie ou de l'antipathie voir du mépris ou de l'indignation envers eux. J'ai aimé la façon dont l'auteur nous menait vers des déductions ou des soupçons qui se révèlent au final illusoires. La vérité étant ailleurs.

Je ne sais pas si c'est le meilleur ouvrage à lire pour découvrir cet auteur, c'est pourquoi je pense en lire d'autres à l'avenir. Ce que j'en retiens également, c'est qu'elle a la grande capacité à tenir un certain suspens par l'ambiguïté et cette étrangeté. On ressent comme une menace poindre, même dans une apparente « normalité ». C'est assez difficile à définir en réalité. Ce sentiment de malaise. Là est sans doute le talent de Yōko Ogawa.
Lien : http://madansedumonde.wordpr..
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LA PISCINE a particulièrement retenu mon attention.

Aya-Chan vit dans l'institut religieuse Hikari qui fait office également d'orphelinat. S'y rendent toutes les personnes qui ont besoin d'être sauvées. Tous les enfants finiront par être adoptés et auront une vie plus belle, sauf elle.

La jeune fille se rend chaque jour en secret dans les gradins de la piscine, fascinée par Jun, ses plongeons, les reflets de l'eau.

Elle découvre en elle une profonde dualité qui aura de tristes répercussions.

Les métaphores avec l'eau (l'eau de la piscine, ses vaguelettes, son odeur de propre, la neige dans un endroit impromptu qui constitue le plus beau souvenir d'Aya, la pluie, les pleurs) représentent la pureté, les origines, le commencement, le secret, qui sont les thèmes centraux de cette nouvelle. 

Puis il y a les souvenirs d'Aya-Chan avec Jun, comme les vieilles lettres qu'ont gardent précieusement et qu'on relit parfois. Les nouvelles lettres qui ne viennent pas s'ajouter aux anciennes. 

" Je me vis tomber dans le bassin vide." 

Un texte très poétique, très troublant, où Yôko Ogawa mêle pureté, mémoire, cruauté, fin d'une époque, difficulté à exprimer ses émotions et des passages nauséabonds où la méchanceté est gratuite. Je suis certaine que si je relisais ce texte je découvrirais de nouveaux éléments. 

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Trois longues nouvelles (ou courts romans au choix) . La jeune fille du directeur de l'orphelinat qui déteste sa mère (la piscine) , celle qui amène son cousin retrouvé dans un lieu où il va peu à peu se dégrader (les abeilles) , et celle qui couve d'un regard pervers la grossesse de sa soeur : trois modalités du côté noir d'Ogawa qui sait aussi bien nous immerger dans la douceur poétique que nous inclure dans un malaise sournois. C'est très fort.
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Trois nouvelles, trois femmes en attente. Elles vivent un peu hors du monde, passent beaucoup de temps à observer, font parfois preuve de cruauté.

« La Piscine » met en scène une jeune fille qui vit dans l'orphelinat tenu par ses parents. Elle trompe son sentiment de solitude en passant des heures à observer l'entraînement du champion de plongeon qu'elle aime et admire, Jun, pensionnaire de l'orphelinat.
« Les Abeilles » raconte l'histoire d'une jeune femme solitaire qui renoue avec le propriétaire de la résidence où elle logeait lorsqu'elle était étudiante.
« La Grossesse », c'est celle de la soeur de la narratrice, démonstratrice en magasin qui consigne jalousement les changements provoqués par cet évènement.

Beaucoup de solitude, de mystères, de descriptions précises, surprenantes, mais aussi d'ellipses dans ces trois textes caractéristiques de l'écriture de l'écrivaine japonaise Yoko Ogawa. Il s'y développe en quelques lignes un univers très particulier, dérangeant, qui ne cherche jamais à caresser le lecteur dans le sens du poil. le style de l'auteure est incisif et travaillé. Il évite les clichés et met à nu avec finesse l'intimité de personnages qui restent pourtant énigmatiques.

Des nouvelles fascinantes.
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Daivingu puru / Domitorï / Ninshin karendä
Traduction : Rose-Marie Makino-Fayolle


Trois courts romans ou trois longues nouvelles : c'est au choix du lecteur. Sur tous en tous cas plane l'ombre glauque de la corruption et de la perversion qui marquait ainsi, dès ses débuts littéraires, l'intérêt qu'éveille en l'auteur ce qui pervertit la norme et entraîne sa décomposition.

Le premier récit, "La Piscine", nous est conté par la fille du directeur d'un orphelinat. Parmi tous les enfants et adolescents abrités par cette institution perdue dans la campagne japonaise, elle est la seule à vivre encore, et depuis sa naissance, avec ses parents. Dans ce climat particulier, la chose en elle-même a fini par devenir anormale. L'adolescente est lasse, on le sent, de la mission dont se croient investis ses parents, elle étouffe, elle voudrait retrouver la norme - ou ce qu'elle croit l'être. Seule éclaircie dans son ciel morne et routinier : le sentiment amoureux qu'elle a développé, sans qu'il s'en doute, pour Jun, orphelin que ses parents ont plus ou moins adopté. Tous les jours ou presque, elle va l'admirer à l'entraînement, dans la piscine de la petite ville voisine, se perdant dans la contemplation fascinée des muscles de son corps, immobile sur le plongeoir avant le grand saut. Autre plaisir également, mais encore plus secret parce que nettement malsain : sentir s'éveiller en elle certain mauvais instinct qui la pousse à faire du mal aux plus jeunes des orphelins ...

Le troisième texte, "La Grossesse" détaille, toujours à la première personne mais sous la forme d'un journal, les événements qui ponctuent la grossesse de la soeur de la narratrice. de tempérament assez fragile sur le plan nerveux et d'abord heureuse d'attendre un bébé, la jeune femme connaît l'enfer quand apparaissent les premières nausées qui vont la suivre pendant près de cinq mois. Au sixième, par un brutal retournement de situation, elle est prise d'une boulimie dévorante qui se concentre peu à peu sur une délicieuse compote de pamplemousses que lui concocte journellement sa soeur aux petits soins. Mais le lecteur sait, pratiquement depuis le début, que les pamplemousses en question, bien que vendus légalement, ont subi l'atteinte de pesticides capables de faire beaucoup de mal à un bébé en gestation. le pire est que la narratrice le sait aussi et qu'elle agit sciemment pour des raisons qu'Ogawa nous laisse imaginer ...

"La Piscine" et "La Grossesse" sont les plus explicites du lot, adjectif qui, appliqué à l'écrivain japonais, ne signifie pas, loin s'en faut, clarté et rectitude. le lecteur est amené à s'interroger, à se creuser la cervelle, à supputer, à revenir sur ce qu'il croit avoir découvert, à remettre en question les réponses qu'il tente de trouver aux actions des protagonistes. le désir de faire le mal est ici vécu comme un abandon consenti à une sorte de virus d'origine inconnue : la notion de culpabilité en général associée à ce désir n'intervient jamais. le mal est là, tapi dans une cellule de notre âme comme une maladie le serait dans un de nos gènes : il faut faire avec, voire - et c'est cela sans doute le plus dérangeant - l'exploiter du mieux que l'on peut.

"Les Abeilles" représente le texte le plus long et aussi - à notre sens - le plus subtil. On y voit une jeune femme, dont le mari est parti travailler en Suède, aider son cousin à trouver une chambre dans la résidence d'étudiants qui fut jadis la sienne. Elle le présente au directeur de l'institution, un homme cultivé et extrêmement courtois à qui il manque les deux bras et une jambe mais que cela n'empêche en rien de servir le thé à ses visiteurs. L'affaire se conclut et par la suite, la jeune femme se présente par trois fois à la résidence pour prendre des nouvelles de son cousin. Par trois fois, sous un prétexte ou sous un autre, le cousin est absent et elle finit par goûter avec le directeur, ce qui lui donne entre autres l'occasion de constater que, dans l'angle de sa chambre, au plafond, se dessine une tache sombre qui n'arrête pas de prendre de l'importance. A chaque visite également, elle constate, d'abord distraitement il est vrai, que les couleurs des parterres de tulipes sortent assez de l'ordinaire pour aboutir, au jour final, à un bleu soutenu. Enfin, dans leurs conversations, le directeur finit par lui révéler que l'incroyable baisse de fréquentation d'une résidence qu'elle-même avait connue si agitée provient de la disparition inexpliquée, quelques années plus tôt, d'un étudiant en mathématiques dont on n'a jamais retrouvé le corps.

Dans ce récit, Ogawa sort de l'ombre et entraîne presque sans détour son lecteur à soupçonner le directeur d'avoir tout d'abord tué l'étudiant en mathématiques avant de s'en prendre au cousin de la narratrice. L'homme connaît en effet sur les corps des deux jeunes gens des détails qu'il ne peut avoir remarqués que s'il les a vus tous deux dans le plus simple appareil, connaissance qu'il justifie tout naturellement en expliquant que, lui-même étant gravement handicapé, il porte une attention particulière au physique de tous ceux qu'il rencontre.

Finalement, dans les dernières pages, le directeur, malade, s'endort sur son lit et la tache au plafond se met à couler. Affolée par le liquide poisseux qui glisse sur ses doigts, la narratrice part finalement à l'aveuglette dans la résidence pour en chercher la source et découvre, dans un conduit d'aération, un essaim d'abeilles qui y a fait son nid. Mais la manière dont l'auteur amène la conclusion abrupte de son histoire nous fait voir non pas un nid banal mais la carcasse d'un corps où les abeilles auraient trouvé refuge, se contaminant elles-mêmes au contact de la décomposition, ce qui expliquerait les couleurs étranges prises par les fleurs du jardin ...

Oh ! ce n'est pas dit ainsi, rassurez-vous. Ce n'est pas écrit, non. N'empêche que cette carcasse, le lecteur finit par la voir.

Bref, vous l'avez compris, il faut avoir l'esprit aux aguets et l'estomac assez bien accroché pour lire ces trois récits d'Ogawa. Ils n'en restent pas moins fascinants, sachez-le. Toutefois, nous prendrons sur nous de déconseiller la lecture de "La Grossesse" aux femmes enceintes : en ce domaine, croyez-en notre expérience, on n'est jamais trop prudent. ;o)
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Une froideur glaciale anesthésie nos sens et nous suivons la voix/voie personnelle, la rigueur chirurgicale de chaque histoire, la cruauté presqu'acceptable de chacun des héros de ces trois nouvelles qui se lisent avec une facilité déconcertante. Parce que c'est déconcertant de se laisser prendre au jeu sadique proposé. le récit "Les Abeilles" est celui qui m'a le plus époustouflée. Yôko Ogawa m'a emmenée sur un chemin, m'y a fait perdre et boutade?, je me suis retrouvée loin de ce que j'avais pu imaginer et j'y pense encore (qu'ai-je vraiment compris? - de qui s'est-on moqué (gentiment) de moi ou de l'héroïne ou de nous deux?). "La Piscine" laisse un sentiment glauque sur fond de pluie incessante, de relents de chlore et d'odeurs de pensionnat comme on peut l'imaginer ou s'en souvenir. Que deviendra la jeune adolescente destructrice si la main de Jun ne l'épaule plus? Il est toujours pénible d'apercevoir la laideur derrière le visage d'une fille (ou d'un garçon) aux traits juvéniles à peines formés. Quant à la dernière histoire "La Grossesse", des frissons nous parcourent devant l'héroïne diabolique vivant entre sa soeur enceinte, hypocondriaque, d'une nervosité maladive, son beau-frère insipide et ce futur bébé que nous n'osons pas imaginer (il faudra du temps pour déguster du jus de pamplemousse sans penser à la machination...). Cruauté, perversité, fantastique (peut-on aller jusque là?), nous nous démenons entre ces univers présentés si simplement et notre "normalité" bousculée... Livre qui se dévore mais je suis sceptique...

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Yoko Ogawa est pour moi l'un des auteurs japonais actuels des plus talentueux, pour le peu que l'on en connaisse dans nos pays occidentaux. Pourtant, chaque livre est une découverte et l'on n'est jamais sûr que celui-ci sera pour nous. En effet, sous son écriture fine et intelligente, poétique et travaillée sourdent des émotions et sentiments empreints de questionnements, de perversité, d'impuissance et de sincérité… celui-ci encore plus que d'autres. Et l'on flirte toujours entre rêve et réalité, fantasmes et onirisme. Une inquiétude voire la crainte d'un drame guette jusqu'au bout donnant à la lecture une puissance addictive. Enfin, j'ai particulièrement apprécié la qualité de la traduction, brillante.
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Il est indéniable que Yoko Ogawa possède un talent d'écriture tel qu'elle vous accroche des les premières lignes de ses textes. On est happé tout de suite par l'ambiance, par le décor qu'elle pose. Je salue donc la forme. Sur le fond, en revanche, ces trois nouvelles m'ont laissée circonspecte. Toutes mettent en place une ambiance mystérieuse, et aucune d'entre elles n'apporte de réponses à la fin. Les nouvelles sont talentueusement malaisantes et se terminent de façon trop ouverte. J'ai assez bien aimé Les Abeilles dans sa construction pleine de suspens, dans sa tension grandissante au fil des pages, mais l'ensemble est trop... perché pour moi.
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… je voudrais la mère.

Yoko Ogawa ? Bonne pioche !

Teintés de surnaturel, baignant dans une atmosphère discrètement mélancolique, habités par des personnages énigmatiques, les premiers romans d'Ogawa sont hantés par le bizarre. Un bizarre toujours un peu menaçant, aux frontières du malsain, fait de cruauté, de séduction perverse, d'errance intérieure, voire de psychose, un bizarre étonnamment loin de celui, apaisant et lumineux, de la formule préférée du professeur,

Ainsi, dans Hôtel Iris, une jeune fille de 19 ans entretient une liaison très forte, basée sur lela piscine bondage, avec un vieil homme. Dans La Piscine, une fille plus jeune encore, se sentant mal-aimée par ses parents, développe son instinct sadique à l'encontre d'une toute petite fille accueillie dans l'orphelinat tenu par ceux-ci. Dans l'Annulaire, une très jeune femme devient la secrétaire d'un étrange laboratoire qui crée des "specimen" à partir de vos souvenirs, et tombe sous le charme de son mystérieux biologiste.

Très épurée, portée le plus souvent par une narratrice jeune et un peu fragile, la prose d'Ogawa, en dévoilant les failles, les désirs secrets, les angoisses de ses personnages, entrouvre une porte sur l'inconscient. Des romans fascinants, inquiétants, et très beaux.
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La piscineLes abeillesLa grossesse de Yôko Ogawa est un recueil de trois récits. le premier nous conte l'histoire d'une orpheline ayant pourtant ses deux parents et prenant plaisir à se venger sur une vraie orpheline bien plus jeune et en se purifiant à regarder un autre orphelin de son âge plonger. le second nous entraîne dans une résidence universitaire, une ancienne étudiante y amène son jeune cousin et nous une étrange relation avec le directeur, un homme ayant perdu une jambe ainsi que ses deux bras. le troisième nous fait suivre l'évolution d'une grossesse.

Encore une fois, c'est sur l'étrange voire sur l'absurde qu'Ogawa nous transporte. Cette composition permet de nous initier à son univers et à son style, ou encore de nous immerger plus profondément dedans. On y retrouve le mal être, la morosité, la perversion ou plutôt le sadisme, la déviance, et l'obsession. Autant de fuites de l'esprit qui nous sont décrites avec une précision implacable.
Lien : http://150mots.blogspot.fr/2..
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