AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La Piscine - Les Abeilles - La Grossesse (31)

Le murmure d'une fontaine en hiver quand une pièce de monnaie tombe au fond, en provoquant des éclaboussures ; le tremblement de la lymphe dans le limaçon tout au fond de l'oreille interne, au moment où l'on descend de manège ; le bruit de la nuit qui s'écoule à l'intérieur de la paume de la main qui a tenu le récepteur, après le coup de téléphone de l'amant...mais je me demande combien de personnes vont pouvoir comprendre la nature de ce bruit avec ce genre d'exemples.

Les abeilles
Commenter  J’apprécie          300
En faisant le tri dans mes souvenirs, je m’aperçois que ce sont les premiers qui restent gravés le plus profondément dans ma mémoire.
Commenter  J’apprécie          100
J'étais enfermée, comme dans un cocon, à l'intérieur de ces heures creuses dont l'arrivée m'avait prise au dépourvu.
Commenter  J’apprécie          50
Le jardin était occupé par une pelouse bien entretenue sur laquelle nous aimions nous rouler. Les extrémités vertes des brins d’herbe et le soleil étincelant entraient tour à tour dans notre champ de vision. La couleur verte et le scintillement se mélangeaient progressivement au fond de mes yeux jusqu’à devenir d’un bleu pur. Alors le ciel, le vent et la terre s’éloignaient soudain, et arrivait le moment où je me retrouvais flottant dans l’espace. J’aimais beaucoup cet instant.
Commenter  J’apprécie          50
Je suffoquais du désir de me baigner à la source qui se trouvait au plus profond de sa douceur,avant d'essuyer mon corps au coton douillet de son âme.
Commenter  J’apprécie          51
La tempête n'en finissait pas. De mon lit, je gardais les yeux fixés sur les ténèbres si profondes que j'avais l'illusion de me trouver au fond de la mer. En retenant ma respiration, je les sentais vibrer légèrement. Les particules d'obscurité, comme effrayées, s'entrechoquaient dans l'espace. J'étais seule, mais je n'avais pas peur. J'étais même tranquille au milieu de la tempête. J'étais calme comme quelqu'un qui est emporté au loin. J'avais l'impression d'être entraînée vers un monde lointain que je n'aurais jamais pu atteindre par mes propres moyens. Je ne savais pas très bien quel était ce monde. La seule chose que je pouvais comprendre, c'était qu'il était calme, immobile et serein. J'essayais de l'apercevoir au loin, les yeux vrillant les ténèbres, tout en percevant le bruit des éléments déchaînés.
Les abeilles, p.82
Commenter  J’apprécie          30
Quand nous eûmes terminé notre évocation du passé, nous ne trouvâmes plus rien à nous dire. Le bruit des heures qui dégringolaient entre nous s'était substitué au bruit de l'eau qui continua de s'écouler en un mince filet jusqu'à l'aube.
La piscine, p.45
Commenter  J’apprécie          30
Le printemps disparut en un clin d’œil, et soudain il y eut la pluie tous les jours. Une pluie faible comme le bruit d'ailes d'un insecte, qui trempait la végétation du jardin de l'institut. [...] Depuis le commencement des pluies, toutes sortes de moisissures envahissaient le réfectoire au sous-sol de l'institut. Le petit pain du goûter que quelqu'un avait laissé se retrouva le lendemain parsemé de bleu, tandis que la tarte aux pommes faite par la cuisinière fut couverte de blanc au bout de trois jours. Ces nourritures d'aspect grotesque jetées dans les poubelles en plastique réveillèrent ma tendance à la cruauté. Si j'enfermais Rie dans la poubelle, hurlerait-elle encore de frayeur comme la dernière fois? Allait-elle pleurer et pleurer encore jusqu'à être trempée de larmes, de transpiration et de morve et qu'au bout d'un moment ses cuisses veloutées se couvrent de moisi comme un duvet teint avec une poudre colorée? Chaque fois que j'apercevais la poubelle au sous-sol, j'imaginais des moisissures se développant sur ses cuisses.
Commenter  J’apprécie          30
[...] ... Plus ma soeur mange, plus son ventre s'arrondit. J'ai déjà vu des femmes enceintes, mais je n'ai jamais suivi leur évolution physique, aussi je l'observe avec un grand intérêt.

Le changement physique commence juste au-dessous de la poitrine. A partir de là, il y a une grosse bosse jusqu'au bas-ventre. Quand on la touche, on est surpris de la trouver aussi dure. C'est parce qu'elle transmet avec fidélité la sensation de ce qui prend corps à l'intérieur. Et cette grosseur n'est pas symétrique : elle est légèrement développée. Cela aussi me fait frémir.

- "En ce moment, tu sais, c'est l'époque où le foetus a les paupières qui se séparent et le nez qui se perce. Si c'est un garçon, ses organes sexuels qui étaient dans la cavité abdominal sont en train de descendre," m'a-t-elle expliqué posément au sujet de son bébé. Sa transformation m'apparaît d'autant plus inquiétante que les mots tels que foetus, cavité abdominale ou organes sexuels appartiennent à un vocabulaire peu digne d'une mère.

Est-ce que les chromosomes du foetus se reproduisent normalement ? Est-ce que les rangs de larves jumelles fourmillent à l'intérieur de son ventre rebondi ? C'est ce à quoi je réfléchis en regardant son corps. ... [...]
Commenter  J’apprécie          30
[...] ... - "En février, l'un de nos étudiants a disparu subitement. Il a disparu, c'est bien le mot exact. Il s'est tout bonnement volatilisé. A tel point que je me suis demandé comment un être humain, pourvu d'un cerveau, d'un coeur, de bras et de jambes, et doué de parole pouvait disparaître aussi simplement. Rien ne pouvait le laisser prévoir. Inscrit en première année de mathématiques, il recevait une aide financière habituellement réservée à un petit nombre d'étudiants choisis parmi les meilleurs. Il avait beaucoup de camarades et sortait régulièrement avec sa petite amie. Son père était professeur d'université en province, sa mère écrivait des contes pour enfants et il avait une petite soeur très mignonne beaucoup plus jeune que lui. Un environnement irréprochable. Mais peut-être que cela n'a aucun rapport avec la cause de sa disparition.

- Il n'y avait aucun indice ? Pas de message ni de lettre ?"

Le directeur secoua la tête.

- "La police a fait une enquête très fouillée. On pouvait penser qu'il avait été entraîné malgré lui dans une affaire qui le dépassait. Mais on n'a rien trouvé qui aurait pu le faire supposer. Il a disparu en emportant avec lui un livre de mathématiques et un cahier de notes."

A ce moment-là, le balai qui était appuyé contre son épaule tomba brusquement. Mais le directeur continua son récit sans y prêter attention.

- "J'ai moi aussi été convoqué par la police pour un interrogatoire. On m'a soupçonné. On m'a posé des tas de questions sur ma vie pendant les cinq jours qui ont entouré sa disparition. On a tout décortiqué : les propos que nous avions échangés, le nombre de pages que j'avais lues et de quoi elles traitaient, l'identité des gens qui avaient téléphoné et à quel sujet, le menu de mes repas, la fréquence de mes visites aux toilettes, tout. Chaque chose a été retranscrite en phrases qui ont été recopiées, corrigées, relues. C'est comme trier les grains de sable sur la plage. Il a fallu trois fois plus de temps pour vérifier tout ce qui s'était passé pendant ces cinq jours. J'étais épuisé. Le moignon qui supporte ma jambe artificielle s'est mis à suppurer et à me faire souffrir. Mais on a eu beau faire, tout cela n'a servi à rien. Il n'a jamais réapparu. ... [...]
Commenter  J’apprécie          30






    Lecteurs (493) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Yôko Ogawa

    Dans quelle maison d'édition française sont édités les livres de Yôko Ogawa?

    Les Editions de Minuit
    Actes Sud
    Le Seuil
    Stock

    10 questions
    122 lecteurs ont répondu
    Thème : Yôko OgawaCréer un quiz sur ce livre

    {* *}