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Rose-Marie Makino-Fayolle (Traducteur)Yukari Kometani (Traducteur)
EAN : 9782742791545
238 pages
Actes Sud (15/06/2010)
3.84/5   421 notes
Résumé :
Blessée par l'infidélité de son mari, Ruriko décide de disparaître. Elle quitte Tokyo et se réfugie dans un chalet en pleine forêt où elle tente de retrouver sa sérénité. Ruriko est calligraphe. Non loin, dans un autre chalet, s'est installé Nitta, un ancien pianiste de renom devenu facteur de clavecins, un homme habité par un calme particulier qui semble absorber les sons des instruments qu'il fabrique. Bien qu'assisté chaque jour dans son ouvrage minutieux par une... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (105) Voir plus Ajouter une critique
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Tokyo. Pour s'extirper d'une vie dont elle est absente, Ruriko s'enfuit pour rejoindre le chalet familial.
Ici, dans cet environnemental, tout est vivant. La forêt bruisse, les murs se racontent, les instruments vibrent, l'air et l'eau, l'hiver et la neige, les sons, cette latte de bois qui geint sur la terrasse et révèle tous ces flous du passé, la famille, la jeunesse et les jeux, les frères et les soeurs, les cousins...
Un soir que Ruriko est alertée par des coups frappés à la porte, des cris stridents et répétés, elle s'échappe par une porte dérobée à l'arrière de l'habitat. Et, en pleine nuit dans la forêt mouvante, elle court parmi les ombres. Mais le danger est au-devant plutôt qu'en arrière. Ce n'est qu'un jeune homme éméché, qui, ayant trop bu tambourine à la porte d'une maison qui n'est pas la sienne. Tandis que Ruriko vole dans les bras de Nitta, il la reçoit avec toute la tendresse, la douceur dont il est enclin. Soignant ses pieds blessés, coupés par des herbes folles et la comblant à mesure de sa demande. Elle, qui fut privée si longtemps d'attention auprès d'un mari violent et dispensant ses élans ailleurs.
Mais, même si Nitta est aimant, il partage un amour plus fort encore avec Kaoru. C'est une complicité de tous les instants, une gestuelle, un langage et une expression dont sera étrangère à jamais, Ruriko. Elle le découvre lorsque Nitta est à la fabrique des clavecins. Quand Kaoru joue ‘'les tendres plaintes'' et que corps et âme, tous les deux, ils se vouent à leur passion. de la création instrumentale à l'édification du clavecin né de leurs mains, jusqu'à la naissance du son.
Et quand les doigts de Nitta effleurent avec sensualité toutes les parties de cet instrument, dont aucun des recoins ne lui échappe, Ruriko est troublée.
Elle s'émeut parce qu'elle rêve que ses mains parcourent son corps, à elle. Il n'est pas un endroit de sa peau qui ne crie cette pulsion, ce besoin. Toutes ces années de vide, de non-vie. Et quand cette nuit d'amour avec Nitta se rappelle à son souvenir, elle n'aura plus d'écho. Au moment des ébats, lors de leur seconde étreinte, l'image de Kaoru se fixe et envahit l'instant. Dans un halo de lumière, la jeune femme lui intime cruellement qu'elle occupe la première place auprès de Nitta.
Et puis, il y a Dona. le baveux, l'affectueux, le généreux qui remue la queue. Il est au coeur de l'histoire, en notre compagnie. Celle que lui prête l'auteure en l'associant au trio. Toute une réalité affective, de celle que partage généralement l'ami de l'homme, en présence. Cela va des caresses qu'il s'auto-prodigue lui-même en se frottant à une jambe ou en reposant sa tête sur des pieds avenants, laissant ça et là, un mince filet de bave. Ce regard expressif et tendre qu'il projette en toute circonstance, y compris, quand piteux, il s'éloigne, nécessiteux et atteint de cécité ou poitrinaire s'époumonant. On viendra chacun son tour lui verser, qui une goutte de lait dont-il se pourléchera les babines en couinant en guise de remerciement, ou réajuster sa couette dans son panier.
Puis, un jour, Kaoru et Nitta sont prosternés devant le résultat de leur travail. Un travail de longue haleine, un travail qui a demandé beaucoup de temps et de soins. Ayant construit de concert, un clavecin dont le son est défectueux, ils vivent ensemble cette situation comme un échec, voire comme une tragédie. Tandis qu'ils se consacrent alors à une sorte de cérémonial en brûlant le clavecin, banni de toute destinée possible, Ruriko arrive et comprend qu'en aucun cas, elle ne pourra de près ou de loin s'immiscer dans leur intimité.
Désespérée, elle s'enfuit alors en courant avec Dona qui, en bon éclaireur la précède et la mène dans une plaine, auprès d'un arbre au tronc creux, dans lequel, doucement, elle s'introduit pour penser à Nitta. Sans le savoir, elle se trouve dans un lieu bien connu de lui. Son lieu de prédilection, un endroit mis à découvert par Dona où curieusement, Ruriko s'imagine qu'il viendra la rejoindre. Elle y pense si fort et même de toutes ses forces. Un peu comme le font de jeunes adolescents rêveurs. Mais Nitta ne viendra pas. Et, à y bien réfléchir, ne sont-ce pas toujours les femmes qui introduisent les conditions et les circonstances propices à la réunion de deux êtres ? Nitta la reçoit et l'aime sans compter, mais uniquement lorsqu'elle vient à lui. Jamais, il ne s'improvisera de lui-même, en quelque partition où l'amour eut pu se jouer.
Et quand, une ultime fois, Ruriko entend jouer la douce mélodie qui résonne en son coeur, ‘'les tendres plaintes'' d'un amour impossible, ses mains comme des notes courent sur le corps de Nitta, chaque muscle et chaque veine de sa peau vibrent et s'animent...
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A la lecture de ce beau livre « Les tendres plaintes », je ressens profondément ce qu'offre la culture Shinto afin d'évoquer l'immuable. Ce qui est important c'est le ressenti, la sensation, une notion indéfinissable du tout, du prégnant. Oui, "La vie est courte et le désir sans fin". Délicatesse, onirisme, entrelacement secret entre douleur et douceur, sensualité, dualité entre simplicité apparente et complexité en profondeur, voilà quelques ingrédients de ce livre apaisant.

Ruriko, jeune femme tokyoïte, trompée, battue, blessée par son mari, quitte du jour au lendemain le foyer conjugal pour s'isoler dans la maison familiale, un chalet en pleine forêt. Pour mieux se concentrer aussi, Ruriko étant calligraphe et travaillant sur la biographie étonnante d'une nonagénaire. Là-bas, les sons, notamment cette latte de bois sur la terrasse qui geint ou encore le bruissement du vent, les vibrations de l'air, de l'eau et des instruments de musique, la lumière, les paysages sylvestres et montagnards, sertissent les souvenirs de jeunesse et des anciens liens familiaux.

Mais finalement cette fuite va surtout lui permettre de rencontrer Nitta et son assistante Kaoru. Nitta habite près du chalet, et tous deux se consacrent à l'art méticuleux de la fabrication des clavecins. Peu à peu vont naitre entre les trois personnages une forme de complicité, les trois, à leur manière, portent une histoire douloureuse. Trois coeurs discrètement cabossés pour lesquels le retrait, le refuge, le retour aux choses simples, les mélodies sont nécessaires. S'unir pour de tendres plaintes. Enfin en façade. Car ces plaintes sont en réalité plus violentes, envahissantes, que ne le laissent présager la politesse convenue toute japonaise ainsi que l'écriture épurée. C'est sans doute le charme de ce livre, et souvent de la littérature japonaise : nous faire deviner, en vibrations discrètes, la violence que crie l'inconscient sous l'apparat de sérénité, de calme et d'osmose. J'ai également retrouvé dans ce livre, comme dans beaucoup de livres de Haruki Murakami, l'art de dompter l'inconscient en réalisant son art (la calligraphie pour Ruriko, la fabrication de clavecins pour Nitta et Kaoru), ces gestes appris et structurants, orchestrés avec minutie et perfection, avec concentration. J'ai chaque fois l'impression moi-même de me redresser et de m'aligner à l'évocation subtile de ces gestes. Comme ceux du quotidien (cuisiner, laver, ranger), ils permettent de nous ancrer dans l'instant présent.

Le regard de Ruriko sur ces deux amis est sensuel, aussi bien sur Nitta, dont elle s'éprend, que sur son assistante : « La peau de Kaoru serait douce comme un pétale qui vient de s'ouvrir. Selon l'orientation de son visage, la couleur de ses iris changerait subtilement, chaque cheveu de sa coiffure recevrait la lumière, et nous parlerions toutes les deux en remuant les yeux. Nitta, ses longues jambes repliées, nous montrerait son dos. Il me suffirait de tendre un peu la main pour le toucher mais en réalité je n'aurais pas le courage de le faire. A la place, j'évoquerais mes bras qui avaient touché les os de son dos, le poids de son torse qui m'étouffait et la douceur obsédante de nos jambes mêlées. »
Le souvenir de ce moment d'amour ne cesse d'être présent, souvenir d'une sensualité à la fois élégante et torride, mais sans l'once de la moindre vulgarité : « Je me sentais prisonnière du désir de plonger entre ses bras moites de transpiration. Chaque fois, il me fallait le réprimer, les bras serrés fermement sur ma poitrine. Malgré cela, je me sentais sur le point d'être transpercée par le souvenir de ses lèvres et de ses doigts vagabondant sur tous mes interstices, mes cavités, mes protubérances et mes courbes ». Une sensualité qui se fera subtilement plus sauvage ensuite.


Ce livre parle de l'affranchissement aux contraintes, de notre liberté, du retour à notre moi intime. de notre droit à nous retrouver et à prendre le temps. de notre capacité à réaliser nos désirs et à écouter son corps, son coeur, son inconscient. Loin de la frénésie, des convenances. le tout serti d'une écriture poétique et ensorcelante. D'un style simple et épuré. Car la vie est courte et le désir sans fin.
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Deuxième roman que je lis de cette auteure japonaise.
Une jeune femme, calligraphe, après plusieurs années de discorde
conjugale et de trahison subie , quitte du jour au lendemain, son époux, ophtalmologiste... et se réfugie dans un chalet familial, où elle espère se reposer et faire le point....

Elle poursuit pour vivre ses différentes commandes de calligraphies,
dont celle d'un manuscrit d'une nonagénaire, à la vie des plus mouvementées....et palpitantes

Dans cette solitude, elle fera la rencontre inopinée de Nitta, facteur
de clavecins, ainsi que son élève, Kaoru...jeune claveciniste talentueuse, apprenant parallèlement la fabrication délicate des clavecins...

Histoire de la croisée des chemins de trois personnages, entre l' amour
de l'écriture, celui de la musique, et de la nature sans oublier la présence
d'une chienne âgée et aveugle, bien affectueuse... !

Notre calligraphe va tomber sous le charme du facteur de clavecins, Nitta,
et prendra fortement ombrage un moment du maître et de son élève,
si complices au sein de cette passion commune de la musique..

En plus de nombreuses descriptions d'une belle nature boisée et
montagneuse, il est abondamment question de l'amour des "belles
lettres" manuscrites, et de musique, encore et toujours ....

Un roman très prenant ... où une femme déboussolée trouve un lieu
personnel, intime pour retrouver un sens à son existence, une bulle
où se reconstruire...de nouveaux projets pour retrouver un véritable
élan...de vivre . Un moment charnière, de solitude intense...de
cette femme, Ruriko, croisant deux autres solitudes également "cabossées"
par des pertes et drames personnels...La nature, la musique, les
moments de complicité de ce trio passager ,les aidera les uns et les
autres...à clarifier leurs sentiments, et leur chemin...

"-Quand on travaille avec lui, il y a des choses qu'on ressent naturellement.
Surtout quand on est enfermés dans l'atelier. On est sensibles aux vibrations de l'air. Aux résonances des cordes du clavecin. Alors on peut également ressentir les vibrations du coeur de l'autre. "(p. 65)
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La narratrice de ce roman s'appelle Ruriko, c'est une femme blessée par l'infidélité et la violence conjugale de son mari. Elle décide de quitter Tokyo pour se réfugier dans un chalet familial en pleine forêt. Elle n'a pas d'autre but que de fuir. C'est ici qu'elle va accomplir un travail patient et minutieux consistant dans la calligraphie d'un manuscrit, la retranscription du récit autobiographie d'une ancienne médium nonagénaire...
Dans cette solitude choisie, Ruriko va cependant rencontrer deux autres personnes avec lesquelles nous allons la voir cheminer tout au long du récit, Nitta un ancien pianiste reconverti en facteur de clavecin, et Kaoru une jeune femme en apprentissage chez lui.
Le rythme lent de ce très beau texte de Yôko Ogawa m'a pris par la main, sa sonorité, sa musicalité. Les tendres plaintes, c'est le nom d'une suite en ré pour clavecin et violoncelle de Jean-Philippe Rameau, qui a donné le titre à ce surprenant et beau roman. C'est aussi cette musique qui m'a accompagné durant ma lecture et à présent pour en rédiger cette chronique.
Cette musicalité voyage d'ailleurs entre les personnages.
Mais avant que n'entre la musique, ce sont les mains qui m'ont invité au récit, qui m'ont fasciné, des mains qui soignent, qui guérissent, qui calligraphient, qui rabotent, qui effleurent, qui caressent, qui éveillent le désir, qui aiment, qui frappent hélas, abiment les visages et les clavicules, qui savent faire le mal comme cela...
Des mains sous nos yeux vont fabriquer un clavecin, une oeuvre d'art, comme on construit l'édifice d'une existence...
Les mots de ces pages ressemblent à des pas dans la neige. Parfois on ne sait pas d'où viennent ces pas, où ils vont après... La légèreté de la neige les recouvre peu à peu. On se retrouve là dans ce paysage à apprécier cette lenteur, attendre, guetter, sentir qu'à tout moment il peut se passer quelque chose...
Les tendres plaintes est un texte que j'ai aimé dans ses vibrations, sa sensualité...
Le paysage joue un rôle important... Les saisons aussi qui traversent le roman....
C'est la douceur qui m'a accueilli dans les premières pages d'une écriture belle, apaisante, épurée. On se croit ici protégé du reste du monde. Les paysages m'ont rappelé des endroits où je me suis senti bien, une forêt, le bord d'un lac...
Ruriko aurait voulu entrer dans l'univers de Nitta et de Kaoru. Elle se sent misérable et abandonnée, comme à la porte d'un bonheur qu'elle sait déjà ne jamais pouvoir franchir.
Dans les entrelacements de ces trois personnages principaux, solitaires et passionnés, c'est le sentiment d'un amour pur qui prévaut ici, mais où résonne déjà le bruit des blessures anciennes.
J'ai vécu ce roman presque comme un huis-clos, tantôt doux, tantôt oppressant.
L'attitude de Ruriko, sous une apparence de douceur, cache un besoin violent d'être aimée. On sent, on pressent des douleurs, des blessures en arrière-plan. le désir s'installe alors, la jalousie aussi...
Elle se sent peu à peu déchirée par une détresse souterraine.
Il y a une délicatesse tourmentée dans ce texte, qui tient peut-être à des plaies non guéries.
Le paysage du livre ressemble à un coin isolé du monde. Je me suis senti démuni devant le désarroi de Ruriko, son besoin d'aimer, d'être aimé, sa jalousie qui fait mal, qui fait peur, ses blessures qui donnent envie de la protéger, son désir de violence sans doute à la hauteur de ce qu'elle a subi... C'est un chemin intérieur alors, parmi la blancheur de la neige et l'ombre de la forêt.
La solitude du personnage de Ruriko m'a hanté. Sa vie ressemble à une calligraphie, faite de pleins et de déliés, le trait du pinceau dans la courbe qui se délie accueille peu à peu quelque chose qui ressemble à un vide sidéral...
On avance pas à pas vers quelque chose de mystérieux, d'angoissé. Comme des pas dans la neige, comme les feuilles qui glissent à la surface d'un lac.
Les mots de Yôko Ogawa sont des notes de musique qui ressemblent à des codes secrets que l'on déchiffre pour parvenir à l'envers d'un paysage onirique oublié de tout.
C'est une histoire où les mots se retiennent tout en disant beaucoup. J'ai trouvé cela magique.
Je me suis senti être suspendu au temps jusqu'à la dernière ligne...

Merci à HundredDreams (Sandrine), Prisca (Pris), DianaAuzou, et Pirouette pour cette belle lecture commune à cinq voix, nos échanges étaient très riches, complémentaires avec chacun son regard comme une petite note de musique qui vient s'associer aux autres dans une partition harmonieuse.
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Trompée, maltraitée par son mari, Ruriko quitte Tokyo pour se réfugier dans la résidence secondaire de ses parents, un chalet à la montagne. Recroquevillée sur sa douleur, elle calligraphie sans relâche l'autobiographie d'une nonagénaire. Tout bascule lorsqu'elle fait la connaissance de Nitta, un ancien pianiste devenu incapable de jouer en public, reconverti en facteur de clavecins. Cet homme calme et exigeant vit avec son vieux chien aveugle et son assistante Kaouru, tout près de chez elle.

Une étrange complicité lie ces coeurs cabossés. Tout se passe dans une tranquilité impressionnante, en osmose avec la nature et la musique, chacun faisant face à sa solitude et à la fragilité des sentiments et du désir. le récit se déroule dans un écrin de verdure mais c'est un huis-clos oppressant d'une grande justesse. C'est un mélange constant de douceur et de douleur et lorsque Ruriko surprend Nitta en train de jouer Les tendres plaintes à Kaouru, on frissonne avec elle…
Yôko Ogawa signe une roman subtil, son style est délicat, incisif, sensuel.

Écoutez Les tendres plaintes, elles sont d'une grande intensité et d'une beauté saisissante.




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Citations et extraits (101) Voir plus Ajouter une citation
Alors qu’elle jouait juste sous mes yeux, j’avais l’impression que le son me parvenait d’un endroit extrêmement lointain. On aurait dit qu’il contenait la mémoire d’un temps illimité auquel personne n’avait touché.
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Il avait le cœur saturé d’un calme particulier. Les oiseaux avaient beau gazouiller dehors, nous pouvions bien échanger des paroles, ce calme pesait comme une brume épaisse qui ne se levait pas. Qui semblait absorber les sons des instruments de musique qu’il fabriquait. Lorsqu’il était ainsi silencieux les yeux baissés, il prêtait l’oreille à ce calme qui lui était propre. Peut-être que seuls les sons vraiment précieux à son cœur tremblaient discrètement au fond. Et moi, j’avais une insupportable envie de les entendre. J’aurais voulu m’immerger dans son calme.
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À cause de la lumière qui pénétrait par l'embrasure de la porte, la moitié de son visage était plongée dans l'ombre. Plus l'ombre était dense, plus je voyais distinctement la sueur perlant sur ses rides, sa barbe qui repoussait et son front.
Il avait le coeur saturé d'un calme particulier.
Les oiseaux avaient beau gazouiller dehors, nous pouvions bien échanger des paroles, ce calme pesait comme une brume épaisse qui ne se levait pas. Qui semblait absorber les sons des instruments de musique qu'il fabriquait...
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.......elle alla prendre place devant le clavecin.......
Alors qu’elle jouait juste sous mes yeux, j’avais l’impression que le son me parvenait d’un endroit extrêmement lointain.
On aurait dit qu’il contenait la mémoire d’un temps illimité auquel personne n’avait touché.
Le tranchant et la douceur, la magnificence et la grâce, la pureté et l’ombre, des impressions contradictoires jaillissaient ainsi en même temps pour se fondre aussitôt en une seule.
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Je me sentais prisonnière du désir de plonger entre ses bras moites de transpiration. Chaque fois, il me fallait le réprimer, les bras serrés fermement sur ma poitrine. Malgré cela, je me sentais sur le point d’être transpercée par le souvenir de ses lèvres et de ses doigts vagabondant sur tous mes interstices, mes cavités, mes protubérances et mes courbes.
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