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EAN : 9782246750017
336 pages
Grasset (14/09/2011)
3.66/5   177 notes
Résumé :
Prix Procope des Lumières 2012.

Vous trouverez dans ce livre des histoires de criminels invisibles, de canots de sauvetage qui risquent de couler si on ne sacrifie pas un passager, des machines à donner du plaisir que personne n'a envie d'utiliser, de tramways fous qu'il faut arrêter par n'importe quel moyen, y compris en jetant un gros homme sur la voie.

Vous y lirez des récits d'expériences montrant qu'il faut peu de choses pour se c... >Voir plus
Que lire après L'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaineVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Un peu de philo, ça peut pas faire de mal! Surtout quand l'essai est destiné aux non-spécialistes et donc clair. Pas simpliste non plus : les raisonnements impliquant une logique minimale sont à parcourir avec attention. Cela dit, les mêmes notions sont reprises de chapitre en chapitre quand le propos l'impose ce qui permet de s'approprier les notions de base et de suivre sans trop de difficulté.
Le thème abordé est la morale (ou l'éthique, que l'auteur dit ne pas différencier). quels en sont les origines, innées ou acquises, quels mécanismes sont en jeu dans les comportements induits par des situations pratiques?
Le raisonnement est fondé sur des expériences imaginaires ou réellement tentées : imaginez que vous vous réveilliez dans votre lit avec un violoniste branché par des tuyaux dans votre dos et ce pour neuf mois…Neuf mois? La durée n'est pas anodine : voilà de quoi cogiter au sujet de l'avortement. Quant à l'hypothèse d'un tramway fou, vous pouvez sauver cinq personnes de la mort si vous le déviez vers une voie où se trouve un seul homme. que faites-vous? Bien entendu, si votre réaction première est de pointer le caractère illogique des situations évoquées, il faut vite l'oublier, c'est une façon d'esquiver le problème sans y réfléchir.

Globalement , on n'obtiendra pas de réponse : le propos est plutôt de démontrer qu'aucune doctrine n'est irréfutable et que de nombreux facteurs sont en jeu pour expliquer ou pas nos comportements. L'expérience qui donne son titre à l'ouvrage est édifiante : la générosité induite par un odeur de croissants chauds!


Les avancées dans ce domaine complexe viendront, à mon humble avis de la confrontation des spécialités qui peu à peu, ouvrent leur frontière et s'unissent pour élargir la connaissance de l'humain : neurophysiologistes, sociologues, psychologues….
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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C'est vrai ça… Une odeur de croissants chauds (ou de poulet grillé, ou de barbe à papa, ou de soupe à l'oignon…) qui vient flatter la narine se propage immédiatement au cerveau et éveille chez le renifleur ravi des sentiments altruistes moins prompts à se manifester dans d'autres conditions (se baladant au milieu d'une déchetterie, ou ramassant la crotte du chat dans la litière –si on tient à rester dans le domaine olfactif). C'est à travers le résultat de cette expérience étonnante –mais véridique- que Ruwen Ogien donne son titre à un livre qui aurait également pu s'intituler « Traité de Philosophie Morale Expérimentale ». Titre moins réjouissant que celui pour lequel a finalement opté l'auteur : L'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine - ce qui démontre bien, une nouvelle fois, qu'il suffit de peu de choses pour provoquer l'enthousiasme ou le rejet chez l'être humain.

Toutefois, le titre n'est pas trompeur et malgré des apparences débonnaires suspectes, il propose en effet un contenu qui se laisse engloutir sans résistance. le livre ne cache pas son intention de présenter la philosophie morale expérimentale à des amateurs ; ainsi, Ruwen Ogien prend des pincettes pour évoquer des notions qui sembleraient a priori opaques, et ne cesse de les illustrer par une abondance d'exemples souvent drôles et étonnants.

De cette façon, on avance pas à pas… La partie théorique n'est pas abordée de front, mais approchée par le biais d'illustrations éloquentes qui prennent la forme d'expériences de pensée : une série de volontaires a été soumise à différents cas de figure entre lesquels elle a dû trancher et donner son avis, mettant en jeu ses « intuitions morales ». Instinctivement, quel comportement semble le plus moral à la majorité des gens ? Les intuitions morales partagées par la majorité vont-elles plus dans le sens des conceptions déontologistes ou conséquentialistes de l'éthique ? A moins d'être un fin connaisseur de Jeremy Bentham ou d'Emmanuel Kant, difficile de comprendre où veut en venir Ruwen Ogien… Mais ce dernier est prévenant. N'a-t-il jamais oublié l'ignorance de ses débuts ou arrive-t-il à se glisser dans la peau de ses lecteurs les plus incultes ? en tout cas il n'oublie pas de revenir sur toutes les notions qui pourraient poser problème et de les résumer de manière synthétique. de quoi nous permettre d'apprécier à leur juste valeur les multiples expériences de pensée proposées dans ce livre… « Est-il acceptable de tuer un piéton imprudent pour éviter de laisser mourir cinq personnes gravement blessées qu'on transporte à l'hôpital en urgence ? » Dilemme auquel on préférerait ne jamais être confronté au cours de son existence… Mais puisqu'on nous demande de trancher, nous tranchons. Se pose alors la question de savoir pourquoi nous privilégions telle solution plutôt que telle autre… Quels sont les ressorts et mécanismes inconscients qui se dissimulent derrière nos choix ? Ces expériences de pensée hors du commun permettent d'amplifier les rouages déployés au quotidien dans nos choix et nos jugements.


L'influence de l'odeur des croissants chauds… ne se limite bien heureusement pas à ce répertoriage des expériences de pensée qui ont été menées depuis le siècle dernier. Dans une deuxième partie du livre, Ruwen Ogien tente de dégager quelques éléments de réflexion tirés de ces différentes simulations. Quelles sont les différences et les similitudes qui lient intuitions et règles morales ? Existe-t-il un instinct moral ? Quelles méthodes sont employées dans les expériences ? L'auteur nous épargne le ton péremptoire de ceux qui cherchent à tout prix à convaincre leur lecteur d'une vérité, en faisant ressortir les différentes failles qui entourent la philosophie morale expérimentale. Pour aller au plus loin de cette discipline contrastée qu'est la morale, ne faut-il pas qu'à notre tour, nous devenions des lecteurs contestateurs, jamais certains de la pertinence des faits observés ?

La conclusion permet de laisser la question en suspens… remettant presque en cause la validité de la philosophie morale expérimentale ! Puisque la morale ne peut pas être fondée, est-il vraiment utile que nous nous acharnions dessus dans des rixes infernales, que ni le déontologisme, ni le conséquentialisme ne sauraient justifier ? Pour le plaisir des spéculations, et celui de chercher à comprendre la complexité du raisonnement et de la psychologie de l'être humain, la réponse est : oui ! le style clair et sobre de Ruwen Ogien offre une vulgarisation plaisante. Absolument pas réductrice, elle donnera envie d'aller fouiner par soi-même entre les écrits de Rawls, Wittgenstein, Kant ou Bentham, dans l'espoir de cerner un peu mieux les paradoxes et les incohérences d'une morale qui se veut inflexible.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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En matière de viennoiseries, je suis corps et âme vouée au pain aux raisins, mais les bouffées qui s'échappent des boulangeries ont un petit quelque chose d'euphorisant. Pour finir de planter le décor, je souligne que la philosophie et moi ne nous fréquentons qu'épisodiquement. Mais j'étais au Procope le soir de la remise du Prix des Lumières et le livre lauréat m'a immédiatement intriguée. Toutefois, ne vous attendez pas à une analyse très poussée du livre.
Dans son essai, Ruwen Ogien réfléchit aux intuitions et aux règles de raisonnement morales et à ce qui fonde l'éthique. Dans le sens de la philosophie expérimentale, il présente plusieurs expériences de pensée et détaille les scénarios possibles pour chacune d'elles. Selon le principe qu'il faut traiter les cas similaires de façon similaire se posent alors de multiples questions. Quelle est la différence entre tuer et laisser mourir ? La morale peut-elle aboutir à des conclusions contradictoires ? Faut-il refuser le débat dès lors que les principes sont absurdes ? Comment peut-on justifier des intuitions morales aux conséquences fâcheuses ? Est-il moral de faire de l'homme un moyen ? « Il est contraire aux lois et aux moeurs de notre société de recevoir une rémunération en échange d'un don d'organe. Mais en quoi est-ce contraire à la dignité humaine ? » (p. 188)
L'auteur différencie les intuitions conséquentialistes et les intuitions déontologistes, à savoir s'il faut tenter de faire le moins de mal possible ou de ne faire aucun mal. Il interroge également sur les fautes morales sans victimes et sur la tendance humaine à créer une morale étendue à quasiment toutes choses. Question se pose également de savoir si la morale est innée, acquise, universellement partagée ou encore influençable ? Les expériences présentées par Ruwen Ogien témoignent qu'une simple odeur de croissant chaud peut encourager des comportements vertueux et que des injonctions rationnelles peuvent favoriser des réactions néfastes. « Quand vous dites à quelqu'un qu'il est bon, il ne va pas vous demander des preuves. Quand vous lui dites qu'il est mauvais, il va probablement en exiger. » (p. 225)
Au fil de la lecture, on comprend que les théories qui semblent simples au premier regard ne demandent qu'à se complexifier au contact des raisonnements et des objections. Il apparaît finalement – et on s'en doutait déjà – qu'aucune réponse ne peut se prétendre la bonne et que la morale ne peut fonder des vérités définitives.
L'essai de Ruwen Ogien introduit simplement et clairement la philosophie morale et expérimentale et les théories de ses représentants. Je lui reproche un petit penchant à la redondance, mais je lui adresse toutes mes félicitations sur un point : il m'a donné envie de relire Kant et ça, ce n'était pas gagné !
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Tous les commentaires précédents sont excellents, et, sur le fond, je ne pourrais que paraphraser ce qui a déjà été écrit sur ce livre qui traite de questions de philosophie morale expérimentale, tout un programme!
Je suis assez.. primaire, je n'ai pas lu Kant, et n'y comprendrais d'ailleurs rien, et ma morale à moi ( transmise à mes enfants)est assez basique, c'est déjà le fameux «  ne fais pas à autrui que tu ne voudrais pas qu'on te fasse »Faire plus, c'est mieux, bien sûr, mais appliquer cela, c'est déjà pas si mal. Je suis certaine d'ailleurs que Mr Ogien ( et d'ailleurs il ne s'en prive pas) parviendrait à me démonter cela. Car si autrui aime qu'on lui fasse du mal, qui suis-je pour en juger? Des goûts et des couleurs, après tout.. Personne, d'accord, mais qu'il trouve un partenaire qui lui convienne pour ce faire, cela ne me regarde pas.

C'est sûr donc que qui s'intéresse plus avant que moi à ces réflexions sur la morale pourra se plonger avec délice dans ce livre, et même prolonger sa lecture avec les innombrables travaux cités en référence.
A mon niveau, j'ai bien sûr été intéressée par certains raisonnements poussés jusqu'à l'extrême et trouvé assez salutaire de me pencher sur ce qui nous motive réellement, et c'est complexe.

J'ai trouvé que Ruwen Ogien avait un humour , fin et constant au fil des pages, et heureusement car tout cela pourrait avoir un côté un peu indigeste.
Un exemple dans le fameux exemple du tramway qui tue! Je tente de résumer brièvement, un tramway lancé à une certaine vitesse sur une voie, et sur cette voie 5 cheminots en travaux qui vont se faire écraser parce qu'il y a du y avoir un cafouillage administratif.. Une autre voie de dégagement, sur celle-ci un seul cheminot. Possibilité donc d'actionner un levier qui change le trajet et ne sacrifie qu'un homme. Est-il permis moralement de détourner ce tramway?
Et bien.. p 80, en note , il précise qu'ont été éliminés les répondants qui jugeaient qu'il n'était pas permis de détourner le train sur une voie secondaire, même si personne ne s'y trouvait. Il y en a eu, si, si!!!On sent que ça l'a fait rire. Moi aussi, il en est qui ont le strict respect de l'horaire..

Les expérimentateurs ont d'ailleurs corsé le problème ( schémas à la clé) en installant un gros monsieur penché sur un parapet au dessus du pont . Or.. si une certaine masse tombe sur une voie , un effet physique va ralentir le train et permettre aux cheminots de dégager vite fait. Bien. Sauf qu'évidemment, le gros monsieur lui.. Alors, c'est moralement admissible ou non? En fait le but recherché est bien sûr de savoir si les individus testés sont prêts à être actifs, et à tuer quelqu'un eux-mêmes pour sauver d'autres personnes. Je souhaite n'avoir jamais à répondre à ce genre de questions, car, encore au ras des pâquerettes , je me dis que cela n'a rien d'évident dans le geste, qu'il faut penser vite,que déjà dans les quizz, j'ai du mal, alors là.. et puis que physiquement, déjà, j'aurais du mal à le pousser. Et le convaincre de sauter, je ne le sens pas bien non plus, il va ergoter. Bref je crois que je ne suis pas faite pour la philosophie morale. Expérimentale ou non.

En tout cas, dans l'excellent chapitre: "Osez critiquer les règles morales", je retiens quelque chose qui me semble fondamental , car j'ai lu et entendu des choses assez agaçantes énoncées très doctement par certains sur un droit récemment octroyé par la loi française , qui précipiterait à coup sûr notre civilisation dans des catastrophes inimaginables . le genre: accorder le mariage aux homosexuels, c'est fatalement, en venir rapidement à la PMA pour tous, et qui pourra désormais interdire la location d'utérus d'une habitante du Sahel contre un bidon d'eau, pour y implanter des quadruplés destinés à égayer le foyer d'un couple ( ou pire..) homosexuel?Ciel. J'exagère un peu, mais c'est le sens :)

C'est ce qui est nommé dans ce livre l'argument de" la pente fatale", oui ça fait peur.. qui vaut pour beaucoup de choses, clonage, euthanasie , etc, terrains de société pour le moins glissants, c'est vrai. Argument déduit par certains de la troisième règle du raisonnement moral, inattaquable pour certains philosophes: "traiter les cas similaires de façon similaire" 
Ce à quoi répond Ruwen Ogien dans un grand élan de bon sens à mon niveau: " Affirmer, par exemple, qu'il n'y a pas de différence morale significative entre masseur et travailleur du sexe, ne suggère absolument pas que, si on commence par être masseur dans un cabinet de kinésithérapeute, on finira nécessairement par faire des passes au bois de Boulogne ".

Et la conclusion de l'ouvrage est que la philosophie expérimentale " peut nous permettre de reconnaître que rien dans les concepts et les méthodes de la philosophie morale n'est à l'abri de la contestation et de la révision.". Et que nous sommes autorisés " à penser que le débat moral n'est pas complètement irrationnel "( on en doute, quelquefois..), et qu"'il peut progresser par la critique conceptuelle , la remise en cause des préjugés, et l'échange d'arguments logiques et respectueux des faits. "

Je rajouterais volontiers qu'il existe dans de nombreux domaines des comités d'éthique , en particulier le CCNE dont le président actuel, fort sympathique , est Jean Claude Ameisein, dont le rôle est justement de réfléchir aux évolutions de notre société, et à éventuellement suggérer des lois que l'Etat sera chargé de faire appliquer.


Lien : http://www.telerama.fr/radio..
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Si vous considérez que la philosophie est l'art de couper les cheveux en quatre ou de déterminer par quel bout manger un spaghetti, ce livre peut vous réconcilier avec la discipline. Car dans ce livre, rien que du concret : on vole des parapluies dans des restaurants, on pousse des gens devant des trams en marche, ou on observe un enfant se noyer dans un lac.

À travers toute une collection d'expérience de pensée, l'auteur nous force à prendre des positions philosophiques, parfois émotionnellement fortes, pour s'amuser à en contester la logique quelques paragraphes plus loin. Ensuite viennent des explications plus théoriques, sur la façon dont les grandes écoles de philosophie raisonnent sur ces cas particuliers.

Le livre nous révèle que nous avons tous une idée de comment fonctionne le monde, ou comment, au moins, devrait-il fonctionner. Les grands débats de société – avortement, euthanasie, eugénisme – découlent directement de nos prises de position.

Sa grande force est de partir d'expériences réelles (quand c'est possible : aucun être vivant n'a été jeté sous un tram pour le plaisir de faire l'expérience). Après tout, c'est bien beau de raisonner sur la nature humaine dans sa tour d'ivoire, mais pouvoir constater comment les gens réagissent en vivant la situation à chaud peut apporter un nouvel éclairage sur une question (ou plus de confusion : après tout, la façon dont on se comporte à chaud n'est pas forcément celle dont on voudrait se comporter… ou dont on voudrait que les autres se comportent). C'est également une bonne façon de distinguer les intuitions morales universelles et celles qui sont fortement influencées par une culture particulière.

N'hésitez pas à partager les petites histoires autour de vous pour en discuter. Il y a largement de quoi perdre quelques amis dans l'aventure !
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critiques presse (3)
LaViedesIdees
22 décembre 2011
En examinant simplement les problèmes moraux de tous et de chacun, Ruwen Ogien adopte la position d’une éthique minimale : son ouvrage se lit comme un bon polar, dans lequel l’inspecteur démontrerait contre toute attente qu’il n’y a peut-être ni crime, ni victime, ni meurtrier.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
NonFiction
21 octobre 2011
Placée sous le signe d'un humour avisé, l’approche prônée parvient à être modeste sans tomber dans le scepticisme, décomplexée sans être désinvolte, mais surtout, à l’image du titre et de son explicitation dans le livre, à la fois alléchante et instructive.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Bibliobs
03 octobre 2011
La plume virtuose d'Ogien sait transformer les expériences les plus absurdes en délicieux exercices de perplexité morale, excellents pour la santé - un test le prouverait sûrement.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (62) Voir plus Ajouter une citation
Qu'il y ait des relations entre la bonne humeur et les comportements " prosociaux" n'est pas très étonnant: c'est presque trivial. Ce qui est plus étonnant, c'est à quel point les facteurs qui déclenchent la bonne humeur et les comportements " prosociaux" associés peuvent être futiles ou insignifiants.
.. Ainsi, on a montré que l'exposition à certaines bonnes odeurs avait des relations positives avec le fait de se comporter de façon généreuse.
Le dispositif mis au point est très simple.
Un complice de l'expérimentateur demandait à des personnes qui se trouvaient dans un centre commercial si elles voulaient bien faire la monnaie d'un dollar.
Celles qui étaient tout près d'une boulangerie d'où émanaient des odeurs de bon pain ou de viennoiseries le faisaient volontiers; celles qui étaient dans un endroit qui ne sentait rien de particulier le faisaient beaucoup moins.
( Doris, Lack of Caracter. Personality and Moral Behavior.)
Dans ce genre d'expérience aussi, on fait l'hypothèse que c'est la bonne humeur liée à la perception de l'odeur agréable qui est déterminante.
Et ce qui est frappant, c'est le caractère futile, insignifiant, du facteur qui la déclenche.
Il suffit d'une bonne odeur de croissant chaud!
D'autres facteurs susceptibles d'induire des comportements " prosociaux" ont été examinés: des effets de groupe, l'influence de la formation philosophique, et enfin la personnalité à titre de contrôle.
Ils sont moins futiles, mais aussi moins décisifs.
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Ainsi, Kant affirme qu’il est catégoriquement interdit de mentir. Pour lui, c’est un devoir moral qui, en tant que tel, n’admet aucune exception. Il vaut même dans le cas dramatique où, cachant chez vous un innocent pourchassé par des assassins cruels, ces derniers se présentent à votre porte et vous demandent si leur victime est chez vous.

Il est difficile de comprendre la position de Kant si l’on ne tient pas compte du fait que, pour lui, nous ne sommes responsables que de ce que nous faisons intentionnellement. Les actions immorales que les autres font en profitant de nos engagements moraux ne peuvent pas être mises à notre débit moral personnel. Dans ce cas particulier, nous ne sommes absolument pas responsables de ce que feront les criminels. D’ailleurs nous ne pouvons jamais être sûrs de ce qu’ils feront après notre intervention, alors que nous pouvons être sûrs que nous aurons pollué notre âme si nous mentons.

Finalement, c’est parce que Kant exclut la responsabilité négative qu’il peut se permettre d’affirmer qu’il faut toujours dire la vérité, quelles que soient les conséquences, même à des criminels sans scrupules.

Le caractère absurde ou, au moins, contre-intuitif de l’argument de Kant est-il une preuve définitive de la validité de l’idée de responsabilité négative ? C’est, bien sûr, ce que pensent les utilitaristes.

Mais cet argument est-il tellement contre-intuitif ? C’est peut-être quelque chose qu’il faudrait vérifier.
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Combien d’actions courageuses ou cruelles faudrait-il avoir effectuées […] pour prouver au-delà de tout doute raisonnable qu’on est vraiment une personne courageuse ou cruelle ? Si une personne se montrait lâche une seule fois, faudrait-il mettre en doute son courage ? Si elle montrait de la compassion une seule fois, faudrait-il mettre en doute sa cruauté ? Bref, on ne pourrait pas être certain que quelqu’un est vraiment cruel ou courageux s’il ne le montrait jamais, mais on n’en serait pas plus sûr s’il le montrait parfois ou souvent.
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Il faut bien reconnaître que l’attribution « scientifique » ou « non scientifique » d’un « caractère » ou d’une « personnalité » relève d’inférences douteuses. Elle ressemble à l’expression de préjugés plus qu’à un constat factuel. Elle exprime une tendance à juger les gens de façon « globale » qui peut faire des ravages sociaux lorsqu’elle est négative.Pensez aux effets dévastateurs des jugements globaux négatifs, indépendants de toute prise en compte réfléchie du comportement réel, sur les « noirs », les « juifs », les « asiatiques », les « musulmans », les « femmes », les « prostituées », les « gitans », etc.
Il n’est même pas évident qu’une attribution globale positive soit plus appréciable. L’amour aveugle, indépendant de toute prise en compte réfléchie du comportement réel, à l’égard des « saints », des « leaders charismatiques », des « gourous », des « stars », et des politiciens qui appartiennent à votre camp, peut faire autant de ravages .
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Si, à l’origine de nos jugements dits « moraux », il y a toujours des émotions négatives comme la haine ou le ressentiment, des intérêts purement égoïstes, ou des mécanismes psychologiques qui n’ont rien à voir avec l’éthique, comme une préférence pour les proches, est-ce que cela ne les discrédite pas entièrement en tant que jugements authentiquement moraux ? Comment pourrait-on leur faire confiance pour nous dire ce qui est bien ou juste ?
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