AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jacques Batilliot (Traducteur)Un-Cin Coñ (Traducteur)
EAN : 9782877307505
102 pages
Editions Philippe Picquier (27/11/2004)
3.67/5   9 notes
Résumé :
Haeryông, petit port au nord de la Corée. C'est ici qu'est né Hyôndo, tout comme son père et son grand-père, propriétaire de bateaux. C'est ici que se joue l'histoire d'une famille en cet été qui débute pendant la seconde guerre mondiale et s'achève avec la mise en place du gouvernement communiste. En l'espace de quelques mois, le petit monde de Hyôndo, un garçon de neuf ans curieux et solitaire, bascule en même temps que celui des grands. Tous les jours, il est à s... >Voir plus
Que lire après La pierre tombaleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Emprunté juin 2022 - Bibliothèque Buffon- Paris

Toute première lecture de cette écrivaine coréenne, qui m'a émue !

Lecture très poignante d'un moment de l'Histoire de la Corée du Nord, à travers les yeux et les émotions d'un très jeune garçon !

Haeryông, petit port de la Corée du Nord.
C'est ici qu'est né Hyôndo, tout comme son père et son grand-père, propriétaires de bateaux. L'histoire débute dans cette famille un été pendant la seconde guerre mondiale et s'achève avec la mise en place du gouvernement communiste.

En l'espace de quelques mois, le petit monde familier de Hyôndo, un tout jeune garçon de neuf ans solitaire, est bouleversé comme celui de ses parents et de son village !

. Tous les jours, il est à son poste de guet dans le quartier où se trouve une stèle - cette " pierre tombale " témoin de l'Histoire - pour observer la violence de la police japonaise, l'arrivée de l'oncle, mal en point, devenu "opiomane" et apportant la ruine et la honte à sa famille....L'arrivée des soi-disant libérateurs, les Russes, se révélant des " misérables" et des "pilleurs" apportant la peur , encore la peur, sans oublier l'angoisse de l'avenir et les dégâts laissés par " la maladie d'Hiroshima"!


" Grâce à la bravoure de l'Armée rouge, l'impérialisme japonais a été vaincu et la Corée libérée du règne colonial. L'Armée rouge est notre camarade, une authentique armée de libération qui nous a libérés de l'esclavage."(..):"

Ce drapeau jusque-là inconnu sur lesquels étaient dessinés la faucille et le marteau de l'Armée rouge. Peut-être s'étaient-ils inconsciemment attendus à des uniformes tachés de sang et troués par les balles, à un glorieux diadème de vainqueur ou à une génération de " bienfaiteurs " littéralement parlant... Avant tout, ils aspiraient à une autorité capable de mettre de l'ordre dans cette époque instable et trouble.Mais ces êtres n'étaient que grossiers et misérables. "(p.56)

A l'automne, quand les Japonais laissent la place aux Russes, et quand tous ceux qui possédaient un petit quelque chose se retrouvent dépossédés et accusés, les parents de Hyôndo doivent choisir, se décider à rester et connaître la honte, ou partir et abandonner leur propre pays....Beaucoup de douleur, de souffrances subies pa la population coréenne qui ne sait plus quoi penser entre le départ des envahisseurs japonais et les pseudos libérateurs russes qui apporteront d'autres épreuves avec les violences du régime communiste !! La petite histoire des petites gens qui rencontre la Grande Histoire qui broie tout sur son passage !...

Ce bref roman est à la fois poétique et abominablement douloureux, doublement bouleversant car nous le voyons à travers le regard perdu de ce petit garçon, qui, décidément ne comprend rien au monde des Grands...

Commenter  J’apprécie          430
C'est depuis la pierre tombale, une stèle au milieu du petit village d'Haeryông, que Hyôndo observe le monde qui l'entoure. A neuf ans, il ne comprend pas tout des agitations de la guerre mais il note que les colons japonais quittent le village, chassés par les communistes venus libérés la Corée. Petit-fils de pêcheur et fils d'un propriétaire d'usine, Hyôndo découvre alors que pour les libérateurs russes, la propriété, c'est le mal. Alors que le peu que possède sa famille va leur être enlevé, qu'ils sont considérés comme des contre-révolutionnaires et que la misère les guette, ses parents décident de quitter le Nord. Un exil difficile pour tous ceux qui laissent derrière eux leur pays natal, leurs maigres biens et des membres de leur famille.

C'est avec beaucoup de délicatesse que Jung-hi Oh raconte ce petit village de Corée du Nord à travers les yeux d'un petit garçon. Hyôndo est parfois démuni face au comportement des adultes et surtout face à la marche de l'Histoire. Mais le sens de l'observation ne lui fait pas défaut. Il voit les Japonais fuir, les soldats russes s'installer. Il voit sa famille, jusque là respectée, devenir la cible de gens envieux et haineux. Il voit son oncle revenu d'Hiroshima avec un mal que nul ne peut guérir. Il voit la violence, la souffrance et la peur.
C'est un roman court mais qui en dit long sur les épreuves subies par le peuple coréen, d'abord sous le joug des Japonais, puis sous l'emprise des communistes. le regard de Hyôndo sur le monde des adultes est innocent, souvent perplexe et montre bien l'impuissance de ceux qui subissent la guerre. Une belle histoire, triste mais aussi lumineuse.
Commenter  J’apprécie          420
Une chronique, presque une nouvelle qui suit le cycle des saisons, racontant la Corée sur ces quelques mois qui vont changer son histoire. Si l'enfant en est le personnage principal, il n'en est pas le narrateur, plutôt un témoin, l'auteur évitant ainsi l'écueil des récits enfantins par trop naïfs, construits sur le sous-entendu et l'incompréhension. Depuis cette stèle, coeur du bourg, Hyôndo assiste aux scènes quotidiennes comme un petit théâtre lui dévoilant la vie, les gens, et suit les bouleversements dus à la guerre qui les transforment.

Entre la maison, l'école, la place de la Pierre Tombale, il regarde ce peuple coréen, ses traditions, ses coutumes, ses croyances, sa propre famille considérée comme nantie, les populations qui se croisent mais ne se mêlent pas : Chinois vivants en dehors de l'enceinte, les Chrétiens, l'occupant japonais. La rue dit plus et mieux cette société que les adultes. Puis ce sera l'installation des troupes soviétiques, les espoirs patriotiques de liberté, les réformes communistes après l'impérialisme. Toutefois, il ne s'agit pas d'un texte contemplatif. Réaliste, sensible, ce récit révèle toute sa densité à travers le quotidien, des scènes comme des tableaux vivants à la fois subtils et parfaitement évocateurs, mémoire en images, en sensations furtives parfois, à travers les portraits, les descriptions, les réflexions de l'enfant, les paroles qu'il retient...bombardement atomique, 38ème parallèle.

Une prose sobre, descriptive, précise qui donne sa force et son charme à ce roman, une peinture en demi-teinte qui n'occulte rien, ni la noirceur des ombres ni la beauté des reflets de lumière; une narration en regard qui témoigne de cette vie là, à ce moment là.

- 102 pages - Traduit du coréen par Jeong Eun-Jin & Jacques Batilliot -


Lien : http://www.lire-et-merveille..
Commenter  J’apprécie          81
Un livre court, idéal pour faire la connaissance de la plume de cette formidable femme de lettres coréenne : Oh Jung-Hi et d'une tranche de l'histoire de la Corée.

L'écriture est très belle. C'est à la fois littéraire et poétique. Il n'y a cependant pas de longueur comme on peut en trouver parfois mais des phrases concises, justes qui brossent admirablement différents tableaux de cette période. Cependant des tableaux vivants, colorés qui nous imprègnent de l'ambiance de l'époque. On percevrait presque l'odeur du poisson dans la maison du petit garçon. C'est donc particulièrement réussi.

C'est aussi avec douceur et par petites touches qu'on perçoit la folie de ces temps reculés et la violence de la guerre exhalant parfois le pire. On se prend d'amitié pour ce petit garçon vif et curieux, impuissant face à l'horreur de ce temps et on vibre à ses côtés.

Un très beau livre !


Lien : https://depuislecadredemafen..
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
A l'Aube, il fut réveillé par la voix de son père.
- On parle de réformes foncières. Il est aussi difficile de se procurer du riz que des étoiles. Surtout avec l'argent rouge des Ruskofs.Il paraît que les propriétaires préfèrent franchir le 38e parallèle plutôt que de se voir confisquer leurs terres et d'être envoyés en Sibérie ou dans les mines.(p.77)
Commenter  J’apprécie          140
Je m'en fiche que ce soient les grands- nez, les Ruskofs ou les Chinois qui s'emparent du pays et le mettent en pièces.
À la remarque de la grand-mère, Hyôndo avait lancé d'un ton sec :
- Non, grand -mère .Pourquoi notre terre devrait-elle être gouvernée par les autres ?
La grand-mère avait souri tristement.
-C'est vrai, on dit que les enfants sont des exemples pour les adultes et tu as raison.( p.72)
Commenter  J’apprécie          100
" Grâce à la bravoure de l'Armée rouge, l'impérialisme japonais a été vaincu et la Corée libérée du règne colonial. L'Armée rouge est notre camarade, une authentique armée de libération qui nous a libérés de l'esclavage."(..)

Ce drapeau jusque-là inconnu sur lesquels étaient dessinés la faucille et le marteau de l'Armée rouge. Peut-être s'étaient-ils inconsciemment attendus à des uniformes tachés de sang et troués par les balles, à un glorieux diadème de vainqueur ou à une génération de " bienfaiteurs " littéralement parlant... Avant tout, ils aspiraient à une autorité capable de mettre de l'ordre dans cette époque instable et trouble.Mais ces êtres n'étaient que grossiers et misérables. (p.56)
Commenter  J’apprécie          40
Dans les rues où les activités s'arrêtaient de bonne heure, retentissait le bruit des bottes russes.(...)
En entendant les chants tristes et mélancoliques d'hommes ivres qui s'échappaient de cet endroit éclairé toute la nuit, les gens comprenaient que ceux- là aussi étaient partis loin de chez eux en y laissant leurs mères et leurs amours. Puis on pensait au continent froid et cruel qu'ils avaient aimé dans leur jeunesse, au pays de la neige éternelle, aux sombres forêts de pins et à la terre noire, au chant des loups sur la terre gelée et à la douleur d'être des étrangers. (p.66)
Commenter  J’apprécie          50
Ceux qui ont quitté leur pays natal ne peuvent pas se fixer à un endroit. Parce qu'ils ne peuvent pas se faire à l'idée que c'est là qu'ils vont mourir.
Commenter  J’apprécie          101

Video de Jung-Hi Oh (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jung-Hi Oh
Serge Safran - Rentrée littéraire 2014 .Serge Safran vous présente sa rentrée littéraire 2014 : Isabelle Minière "Je suis très sensible". Parution le 21 août 2014. http://www.mollat.com/livres/miniere-isabelle-suis-tres-sensible-9791090175204.html Mikhaïl Elizarov "Les ongles". Parution le 21 août 2014. http://www.mollat.com/livres/elizarov-mikhail-les-ongles-9791090175211.html Béatrice Castaner "Aÿmati". Parution le 4 septembre 2014. http://www.mollat.com/livres/castaner-beatrice-aymati-9791090175228.html Jung-Hi Oh "Le quartier chinois". Parution le 4 septembre 2014. http://www.mollat.com/livres/oh-jung-quartier-chinois-9791090175242.html Notes de Musique : deef/Beat Scene Routine/04 nostalgia of an ex-gangsta-rapper. Free Music Archive.
+ Lire la suite
Dans la catégorie : Littérature coréenneVoir plus
>Littérature des autres langues>Littérature asiatique>Littérature coréenne (62)
autres livres classés : littérature coréenneVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (45) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3177 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..