Une chronique, presque une nouvelle qui suit le cycle des saisons, racontant la Corée sur ces quelques mois qui vont changer son histoire. Si l'enfant en est le personnage principal, il n'en est pas le narrateur, plutôt un témoin, l'auteur évitant ainsi l'écueil des récits enfantins par trop naïfs, construits sur le sous-entendu et l'incompréhension. Depuis cette stèle, coeur du bourg, Hyôndo assiste aux scènes quotidiennes comme un petit théâtre lui dévoilant la vie, les gens, et suit les bouleversements dus à la guerre qui les transforment.
Entre la maison, l'école, la place de
la Pierre Tombale, il regarde ce peuple coréen, ses traditions, ses coutumes, ses croyances, sa propre famille considérée comme nantie, les populations qui se croisent mais ne se mêlent pas : Chinois vivants en dehors de l'enceinte, les Chrétiens, l'occupant japonais. La rue dit plus et mieux cette société que les adultes. Puis ce sera l'installation des troupes soviétiques, les espoirs patriotiques de liberté, les réformes communistes après l'impérialisme. Toutefois, il ne s'agit pas d'un texte contemplatif. Réaliste, sensible, ce récit révèle toute sa densité à travers le quotidien, des scènes comme des tableaux vivants à la fois subtils et parfaitement évocateurs, mémoire en images, en sensations furtives parfois, à travers les portraits, les descriptions, les réflexions de l'enfant, les paroles qu'il retient...bombardement atomique, 38ème parallèle.
Une prose sobre, descriptive, précise qui donne sa force et son charme à ce roman, une peinture en demi-teinte qui n'occulte rien, ni la noirceur des ombres ni la beauté des reflets de lumière; une narration en regard qui témoigne de cette vie là, à ce moment là.
- 102 pages - Traduit du coréen par Jeong Eun-Jin &
Jacques Batilliot -
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