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Anne Karila (Traducteur)
EAN : 9782752905017
287 pages
Phébus (14/04/2011)
3.39/5   36 notes
Résumé :
Syster s’ouvre sur la constatation d’une disparition, Myriam, une fillette d’une dizaine d’années. Si ses parents sont bouleversés, Marjorie, sa soeur, semble hors d’atteinte, indifférente, insondable. Pour l’éloigner d’une ambiance saturée de désespoir, sa tante Ilse l’héberge et tente de jour en jour de l’aider à voir un peu plus clair en elle, à désemmêler l’amour de la haine, la jalousie de la générosité, l’aveuglement de la lucidité. En somme, elle apprend à Ma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Miriam, la soeur aînée de Marjorie, a disparu un jour de mai. La fillette portait son grand imperméable jaune. La police a cherché du côté du lac. Sans rien trouver. Les semaines ont passé, avec de faux espoirs et d'épuisantes interrogations. Alors, les parents de Miriam et Marjorie ont décidé d'envoyer cette dernière chez la tante Ilse, pour l'éloigner de l'atmosphère étouffante. L'enfant ne posa aucune question lorsqu'ils ont quitté la ville en voiture, se sont arrêtés devant une maison au milieu des broussailles, à quelques pas de la mer. Un claquement de portières, un baiser, un tourbillon de corps, puis le silence. Marjorie ne parvenait pas à savoir si elle était triste. Par moments, elle ressentait même un vague soulagement, une jalousie, un agacement vis-à-vis de l'absente qui jouait les intéressantes et la privait de ses bonheurs quotidiens. Mais, surtout, elle savait que rien ne serait comme avant : « Elle se dit que c'était fichu. Ils ne seraient plus jamais drôles. C'était la faute de Miriam. »

La confusion des sentiments est au coeur du roman du Suédois Bengt Ohlsson (né en 1963), qui se place à hauteur d'enfant - qui épouse, de l'enfant, les points de vue changeants, le regard trouble sur le monde et les mensonges. Seule la tante Ilse, par ses gestes doux, sa présence, les histoires qu'elle raconte, permet à la petite fille d'ordonner ses pensées. « Il se savait des choses qu'elle-même ignorait, c'était normal ; elle se sentait alors au chaud et en sécurité, comme dans un train lorsqu'il se met doucement en branle. »

A cette situation romanes­que tendue s'ajoute le poids d'une nature sensuelle et inquiétante. le printemps et l'été ne sont pas des saisons douces pour Bengt Ohlsson. La mer est impétueuse, la pluie tombe brus­quement et l'eau devient vite une menace pour qui s'aventure trop loin sur la plage.

Subtilement, l'écrivain joue avec les codes du roman noir : une disparition mystérieuse, une maison isolée, une enquête policière, des interrogatoires. Mais il refuse d'apporter la solution qui rassure. A l'instar de Marjorie, le lecteur devra accepter les non-dits et les mystères, sans chercher à les expliquer logiquement. La force et l'innovation de ce neuvième roman d'un auteur inconnu en France - mais couvert de prix en Suède - sont dans ce mouvement quasi maritime, ces allers-retours entre la lucidité et le doute, l'indifférence et l'acceptation. Porté par une écriture descriptive sans mièvrerie et une construction pointilliste, Syster est un très beau roman de formation. Il refuse de juger les faits et les pensées, pour laisser affleurer les contradictions humaines, celles qui mènent plus tard à une forme d'apaisement. (Télérama TTT).



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Lors de la dernière ruée sur Masse Critique en avril, j'avais mis Syster en second choix. J'ai oublié le titre du roman que j'avais demandé en premier, et que je n'ai pas reçu ! Peu importe, Syster, c'était une bonne, une excellente pioche ! Merci, les ours de Babelio !

C'est le titre qui m'avait attirée, comme souvent. Très bonne décision que celle de ne pas le traduire du suédois. Soeur ou Frangine, ça n'a aucun mystère. Sister déjà c'est mieux, mais Syster est formidablement et simplement étrange. Comme est étrange le roman de Bengt Ohlsson, traduit du suédois par Anne Karila.

Étrange, mais pas étranger. A part peut-être “ Ilse ”, le prénom de la tante de Marjorie, rien de folklorique pour localiser les personnages, le décor et l'action de Syster. Action est un terme très mal choisi pour ce roman d'atmosphère qui raconte le bouleversement psychologique d'une gamine confrontée à la disparition de sa soeur aînée, adolescente. On ne saura pas l'âge exact de Marjorie, disons onze-douze ans.

Au début, dans les jours qui suivent le drame - fugue ou enlèvement, on ne sait pas - Marjorie est encore complètement du côté de l'enfance et de la pensée magique : si Papa touche au réglage de l'essuie-glace avant que le feu passe vert, alors Miriam ne reviendra jamais... Marjorie se raconte des histoires tristes, mais ne pleure pas. Marjorie en veut à Miriam d'avoir tout gâché en quittant la maison. Miriam qui était si drôle, si brillante, même si elle était souvent arrogante. On était bien dans cette famille, on riait, on blaguait, et maintenant qu'elle n'est plus là ce n'est plus possible, tout devient sinistre. Marjorie veut seulement que cela redevienne comme avant, quand les parents et sa soeur riaient de ses clowneries de petite fille pleine de vie.

Est-ce une bonne idée qu'ont ses parents de confier Marjorie à une tante qu'elle connait peu, solitaire et neurasthénique, habitant une grande maison isolée proche de la mer ? On en doute, d'abord. Cela ressemble trop à un abandon, surtout pour Marjorie. Mais peu à peu une relation originale et forte se construit entre la petite fille et la femme vieillissante. Son nouvel environnement a aussi un effet bénéfique sur l'enfant : la maison, le jardin, la lande, le sable, les pierres, la mer, un chat.

Dans l'histoire du passage de Marjorie, de l'enfance à l'âge de raison, et de son apprentissage du deuil, il y aura des ratés, des rechutes, des petites révoltes, des expérimentations. Tante Ilse avec sa propre histoire de femme douloureuse, mais apaisée, aidera la jeune fille à s'intéresser autrement au drame familial, et à s'ouvrir aux autres.

Et un jour, Marjorie pleure. Elle qui n'était que joie et jeux, découvre la gravité, la réflexion, la peine. Elle a compris petit à petit qu'on ne lui demandera pas de remplacer Miriam, et que, avec le temps, personne ne lui en voudra plus jamais d'être vivante, de rire, et de jouer.

Syster est un roman d'une douceur étrange, un peu perverse, bouleversante. Un peu ce que j'ai déjà ressenti avec le Tour d'Ecrou de Henry James, ou encore mieux, avec Expiation de Ian McEwan. Tout est vraisemblable dans l'histoire de Marjorie et de sa relation avec Ilse, mais cette hésitation savamment contrôlée à verser du côté de l'onirique donne un charme envoûtant au livre de Bengt Ohlsson.
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Quelle déception ! Voilà un livre qui traînait sur les étagères depuis plusieurs années, que j'avais acheté au moment de sa sortie en poche suite à un flot de bonnes critiques, ici et ailleurs, qui s'est fait attendre mais qui n'a pas su combler l'attente. C'est vide, c'est creux. Soit disant un roman de formation, un roman d'éducation.

Suite à la disparition de sa soeur aînée, Marjorie est placée par ses parents chez sa tante Ilse, afin que ceux-ci puissent effectuer les recherches. Nous sommes en Suède, au bord de la mer. La relation entre Marjorie et sa tante va se construire peu à peu, partant d'un point zéro, d'une sorte d'indifférence bienveillante pour arriver, grâce au quotidien à exorciser les angoisses liées à la disparition de la soeur.

Mais, si le prétexte est bon, le texte ne suit pas. C'est long. On a du mal à comprendre les personnages, que ce soit Marjorie, Ilse, les parents et leurs interactions respectives. le texte ne véhicule aucune émotion.

Bref, un roman dont le message profond m'a complétement échappé.

Dans cette veine mais parfaitement réussi, il est préférable de lire "Les trois lumières" de Claire Keegan.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Deux semaines après la mystérieuse disparition de Miriam, sa petite soeur, Marjorie, est envoyée chez leur tante paternelle, Ilse, qui vit dans une petite maison au bord de la mer. Ses parents, persuadés qu'elle est accablée de chagrin, pensent que ce séjour loin de l'atmosphère lugubre et désespérée de leur foyer, lui fera le plus grand bien. Ils sont bien loin de soupçonner qu'en réalité, la disparition de sa grande soeur laisse Marjorie indifférente. Il se pourrait même qu'elle s'en réjouisse un peu. Elle a le sentiment qu'elle va enfin pouvoir trouver sa juste place, enfin débarrassée de l'ombre envahissante de Miriam, tellement plus intéressante, intelligente qu'elle. "(...)elle était contente que Miriam ait disparu et souhaitait qu'elle ne revienne jamais. Miriam perturbait la vie de toute la famille. Aussi loin que Marjorie se souvienne, elle gâchait tout, et sa disparition les avait couverts d'une telle honte que le préjudice ne pourrait jamais être réparé." (Page 17).
Au fil des jours et des semaines passées dans la maison de campagne de sa tante, des longues conversations et des promenades dans la nature sauvage, Marjorie va néanmoins apprendre se connaître, à décrypter ses émotions, petit à petit à apprivoiser le monde qui l'entoure, l'environnement dans lequel elle grandit. Syster est un beau roman d'initiation.
Syster est un roman construit un peu comme un conte de fées: un élément déclencheur: la disparition de la grande soeur; le personnage principal: une petite fille; sa quête personnelle sous forme de parcours initiatique: promenades seules dans la nature, découverte des pièces de la maison, notamment le sous-sol; un endroit un peu insolite, isolé et comme figé dans le passé, rempli de vieilleries : la maison de la tante; la bonne fée, dispensant conseils et recommandations : tante Ilse.
Le style un peu désuet, le ton grave font tout le charme de ce roman poétique, mélancolique et très agréable à lire. Je vous garantis que vous passerez un bon moment, le visage fouetté par le vent du large et la pluie, les hautes herbes caressant nos jambes, nos yeux se plissant à la lumière dorée du couchant, main dans la main avec cette petite fille déconcertante mais attachante, avec laquelle on aura plaisir à découvrir ce monde déroutant et à la fois fascinant dans lequel les adultes, ces drôles de personnages, évoluent.

Lien : https://legereimaginarepereg..
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Ce roman suédois n'a pas su me séduire. Pour sa défense, je dois dire que pensant ces vacances, j'ai plutôt flashé sur des romans ados. Un peu de fatigue ou un besoin de nouveauté explique peut être cette baisse d'intérêt.

Myriam a disparu laissant ses parents dans un grand désarroi. Pour mieux la chercher, ils confient Marjorie, leur jeune fille à sa tante. Là-bas, Marjorie peut enfin laisser libre court à ses sentiments ou plutôt à son indifférence face à la disparition mystérieuse de cette grande soeur avec qui il ne fut pas toujours facile de grandir.
Le ressentiment et l'inquiétude se mêlent aux non-dits omniprésents aussi bien pour le lecteur que pour les personnages.

Encore une fois donc une lecture peut convaincante et qui ne me laissera que peu de souvenir la preuve étant que j'ai confondu le prénom des deux soeurs lors de la rédaction de ce billet ce qui n'est pas très courant pour moi !
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critiques presse (3)
Actualitte
06 juillet 2011
Roman d’apprentissage sensible, si intime qu’il aurait pu être écrit à la 1ère personne, servi par un style épuré et sobre qui traduit toute la délicatesse, la discrétion des personnages et le drame très personnel qu’on n’ébruite pas, qui se vit resserré, loin des autres.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeFigaro
28 juin 2011
En adoptant le point de vue d'une enfant, il offre un beau roman sur la perte de l'innocence.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Telerama
16 juin 2011
Porté par une écriture descriptive sans mièvrerie et une construction pointilliste, Syster est un très beau roman de formation
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Une fois, elle avait demandé à maman si papa comptait vraiment à ce point pour elle et si elle pourrait vivre sans lui. On aurait dit que toute la maison avait cessé de respirer. Cela avait surpris Marjorie: elle n'aurait pas cru qu'une question pût faire un tel effet.
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Marjorie suivait les mouvements du torchon humide sur la vaisselle. Il lui vint alors à l'idée qu'un esprit pourrait sortir de l'une des assiettes. Elle pensa à tous ceux qui avaient coupé des côtelettes et piqué les petits pois à la fourchette dans ces assiettes. Tous ceux qui avaient mangé en silence à la table d'Ilse, tous les yeux joyeux, tristes ou rêveurs qui s'étaient baissés sur ces assiettes.
Marjorie se demandait de quelle assiette l'esprit s'élèverait.
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Pouvait-on avec de l'argent à l'infini, racheter des gens qui étaient morts? Alors maman, très calme, avait dit que c'était impossible, même en étant immensément riche.
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le meilleur moyen de supporter la solitude était peut-être d'accumuler le plus de souvenirs possible.
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Ce n'était pas tant le rire qui lui manquait mais la sensation juste avant le rire...
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Vidéo de Bengt Ohlsson

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