Dans les années 2000, les éditions Delcourt, dirigées alors par Dominique Véret pour sa collection manga tandis qu'elles collaboraient encore avec Akata, osaient proposer pas mal de titres très orientés culture et spiritualité japonaise. Au m
ilieu de titres un peu vir
ilistes qu'aimait tant Dominique Véret, le plus poétique Onmyôji a été choisi. Malheureusement,
il ne rencontra pas le succès escompté et fut péniblement publié jusqu'à son 7e tome avant d'être arrêté. le lecteur peut tout de même, s'
il a le courage de le chercher en occasion, le découvrir sans frustration comme je l'ai fait !
Onmyôji est le résultat d'une collaboration entre la grande
Reiko Okano, artiste connue depuis les années 80 au Japon, qui est entre autre l'épouse du f
ils d'
Osamu Tezuka, et
Baku Yumemakura, auteur de romans historiques. Ensemble,
ils ont adapté en 13 tomes la saga romanesque a succès de l'auteur dans une ambiance historique et ésotérique très proche de la réalité. L'éditeur français, lui, offre un très bel écrin à cette oeuvre avec un appare
il critique conséquent à chaque tome, porté par la plume affûtée de
Johanna Schipper qui nous plonge un peu plus dans cette période historique méconnue pour ma part.
Mais Onmyôji n'a pas rencontré le succès en France.
Il faut dire qu'à l'époque les lecteurs n'étaient peut-être pas près, tout comme moi, pour ce type de littérature. La preuve, le cortège des 100 démons parus en même temps a également fait un flop et la collection consacrée aux mangas historiques chinois de
Natsuki Sumeragi ont connu le même sort, toujours à la même époque. Les éditeurs ont-
ils voulu en sortir trop en même temps ? trop tôt ? On ne saura pas et l'expérience n'a pas été retentée depuis malheureusement. Si on souhaite découvrir ces récits historiques asiatiques portés par de poétiques plumes féminines,
il faut donc se tourner vers le marché de l'occasion...
Cependant, je comprends aussi que le titre ait pu diviser. Si d'un point de vue historique et spirituel,
il est fort intéressant, souvent c'est noyé sous une narration des plus absconde avec beaucoup mais beaucoup trop de déta
ils sur
L Histoire et le folklore de l'époque. On a le sentiment d'être totalement noyé quand on ne connaît pas. Pour accrocher un lectorat novice comme beaucoup mieux aurait valu y aller plus tranqu
illement, plus doucement, en incorporant petit à petit ces informations plutôt que de les donner par gros blocs, les rendant inintelligibles. Je comprends cette envie de partager et transmettre son savoir, de rendre la période encore plus riche et profonde en communiquant ce qu'on sait, mais c'est mal fait.
Il faut donc réussir à passer et dépasser ce premier niveau, ce premier rideau pour atteindre ensuite les histoires. Celles-ci sont alors passionnantes à lire. Avec un duo, rappelant
Sherlock Holmes et Watson dans une ambiance un peu en mode "Je te raconte une histoire à la façon des 1001 nuits", nous allons retrouver Seimei sorte de maître exorciste et son ami Hiromasa, un courtisan, dans toutes sortes d'aventures faisant intervenir des esprits dans la capitale, Heiankyo (=Kyoto) à la fin du Xe siècle. Leurs aventures rappellent un peu les romans noirs du XXe de Rampo Edogawa, par exemple, mais dans un autre décor historique.
Ils forment un duo chien-chat amusant avec la personnalité ambiguë et taquine de Seimei. Et surtout chacune de leurs histoires est teintée de noirceur et de drame.
J'ai beaucoup aimé la poésie qui se détache des histoires, la variété et l'ésotérisme des créatures rencontrées, l'ambiance ancienne et dépaysante que cela offre. Je ne connaissais pas grand-chose à cette époque de l'Histoire du Japon et bien qu'en étant plutôt en huis clos ici, j'ai aimé les bribes que j'ai pu découvrir de cette période et ce lieu, remplis de superstitions et peurs de l'inconnu. Ic
i, les auteurs foncent à fond dans le spiritisme et n'hésitent pas trouver des explications à tout dans celui-ci, ce qui donne une touche fort singulière aux histoires.
Le dessin extrêmement fin et en même temps assez réaliste de l'autrice donne vraiment l'impression d'être face à des tableaux et photos de l'époque. Tout est extrêmement bien trava
illé et documenté des décors, en passant par les costumes, les coiffures, les accessoires et bien sûr les créatures. C'est un merve
illeux horrifique parfaitement représenté.
Flop à l'époque, lecture encore complexe de nos jours, Onmyôji fascine tout autant qu'
il fait des noeuds au cerveau. J'adore le trait et l'ambiance de ce que propose ce titre. J'ai beaucoup de mal avec la narration et le contexte historique et spirituel trop lourdement transmis. Je suis donc partagée sur ce titre. Je lui trouve tout autant de grandes qualités que de grands défauts, mais peut-être que quelqu'un de plus versé que moi dans la culture ésotérique japonaise ne le verra pas du même oe
il ^^!
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