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3,78

sur 2307 notes
Personnage apparemment sulfureux et brillant, Sofi Oksannen livre ici un roman très sombre sur l'histoire de l'Estonie et la noirceur de l'âme humaine, qui a raflé de nombreux prix littéraires et connu un immense succès auprès de la critique et du grand public. Alors, phénomène de mode ou livre indispensable ? Peut-être les deux, en tout cas je l'ai beaucoup apprécié.

Pour l'histoire d'abord, celle de ces deux femmes habituées à la peur et à la souffrance, Aliide la vieille et Zara la jeune, qui se rencontrent sans qu'on sache au départ si c'est fortuit ou pas, et dont on découvre petit à petit les liens...

Pour les thèmes abordés ensuite, la trahison, la famille, l'envie, l'obsession, le dégoût, la prostitution, la torture, la manipulation, les secrets, la terreur, la lâcheté. Point d'optimisme certes, mais une finesse et une justesse impressionnantes dans l'analyse psychologique, au point qu'on ne saura jamais par exemple si Aliide est une simple d'esprit, une folle aux idées fixes ou simplement une femme normale cherchant par tous les moyens à sauver sa peau face à l'horreur du monde qui l'entoure.

Pour la construction du roman également, faite de flash-backs entre l'Estonie, Vladivostok et Berlin, des années 1930 aux années 1990. Cela permet à la fois de ménager une forme de suspense et de présenter différents points de vue et différents situations : Aliide aujourd'hui en Estonie, Zara avant à Vladivostok, Zara aujourd'hui à Berlin, Allide en Estonie autrefois...

Pour le rappel de l'histoire tragique de l'Estonie enfin, d'abord prise en étau entre les menaces nazie et soviétique, puis subissant de plein fouet la tyrannie du totalitarisme communiste, avec son cortège de prêt-à-penser, de privation des libertés, d'interrogatoires musclés, de dénonciations injustifiées et de déportations, avant de se retrouver aujourd'hui à la dérive et sous le joug de russes mafieux...

Une 'Purge' qui fait froid dans le dos, donc, mais bien utile pour ne pas oublier les errements du passé et pour garder notre humilité d'humains qui peuvent complètement déraper...
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Je termine ce roman en restant un peu sur ma faim, je ne dirai pas pourquoi au risque de dévoiler des éléments essentiels de la fin , volonté de l'auteure sans doute, de laisser courir l'imagination du lecteur, et point très secondaire après avoir lu cet exposé de la vie d'une personne durant une période troublée et glauque dans cette partie du monde.
Il m'a fallu un certain temps pour entrer dans l'histoire parce que les liens entre les personnages s'y mettent à jour progressivement, éclairés par des retours dans le passé qui explicitent leur position au moment de l'effondrement de l'union soviétique.
Puis je me suis intéressée aux personnages, Aliid, à travers laquelle Sofi Oksanen livre une description psychologique de cette femme qui considère sa soeur comme une concurrente , plus jolie, plus adroite et qui semble baisser les bras , puis comme une rivale qui lui prend l'homme à qui elle aurait aimé plaire, pour enfin, la livrer aux communistes qui l'enverront en Sibérie. Jalousie profonde sur laquelle va naître ce lourd secret de famille que Zara aimerait percer.
Le personnage d'Aliid est ambigu, elle a subi la guerre 39-45, l'annexion de l'Estonie, le régime communiste, la torture mais elle livre sa soeur, se marie avec un communiste pour se cacher et cacher l'existence de son beau frère ennemi du régime, quelle femme aurait-elle été sans ces événements ? L'auteure ne tente –t-elle pas de démontrer le malaise et l'instabilité que peuvent créer ces régimes totalitaire ?
La narration est intéressante : à chaque personnage un style : très répétitif pour Aliid comme pour exprimer son angoisse constante : le narrateur semble prendre alors un rôle et emploie « peut-être que » à l'infini, très cru lorsqu'il s'agit de Pacha, proxénète qui asservit Zara, pour exprimer la violence que subit cette jeune femme, très quelconque pour Martin avec des diminutifs qui donne au personnage des aspects sournois.
Enfin j'ai beaucoup aimé ce parcours sur une partie de l'histoire que je ne connais pas particulièrement et qui nous expose habilement par des flash-back générant le suspens l'ensemble de l'histoire de cette région sans que le lecteur se perdent dans les moments, les lieux, les personnages.
Un roman que je ne pourrai pas oublier

Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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"Les bleus, on les cache, et on se tait. C'est ce qu'on a toujours fait."

***

Écrivaine et dramaturge finlandaise au style incisif, Sofi Oksanen signe avec Purge un roman "coup de poing "dont on ne ressort pas indemne. 

Revisitant l'histoire tragique de l'Estonie déchirée entre mainmise germano-soviétique et lutte pour l'indépendance,  elle lève le voile sur les tabous  de l'occupation, de la résistance mais aussi de la collaboration. 

Victimes de la guerre et son cortège d'atrocités, victimes de la violence des hommes, victimes de leurs propres choix, ses personnages complexes se débattent avec les fantômes et traumatismes du passé.

 
*

Été 1992,  l'effondrement du bloc soviétique et de l'URSS marquent une ère nouvelle pour le pays qui fête le retrait des troupes ennemies. 

Loin de la liesse populaire, Aliide  Truu, une vieille dame usée par les tribulations de l'existence, vit en recluse au fin fond de la campagne estonienne.

Méfiante,  redoutant pillages et visites impromptues, elle hésite un moment avant de porter secours à Zara qui gît dans sa cour, manifestement en grande détresse. 

Terrorisée, épuisée, blessée, la jeune femme prétend avoir fui les coups de son mari, lequel est désormais à sa poursuite. 

Où commence la vérité et où s'arrête le mensonge? Sa présence ici n'est-elle que fruit du hasard ? Un lien existerait-il entre elles ? Quel est cet écho qu'Aliide semble trouver dans le  profond désarroi émanant de sa protégée?

"La terreur de la fille était tellement vive qu'Aliide la ressentit soudain en elle-même. Bon sang, comment son corps se souvenait-il de cette sensation, et s'en souvenait si bien qu'il était prêt à la partager dès qu'il l'apercevait dans les yeux d'une inconnue? "

*

Entrecroisant lieux et époques différentes, Sofi Oksanen insuffle un rythme soutenu à son récit qui sous tension permanente nous éclabousse de noirceur à chaque page encore davantage. 

La distillation lente et minutieuse des éléments de l'intrigue entretient un suspense redoutable. Flash-back après flash-back, dialogue après dialogue, se recompose le puzzle d'une tragédie familiale déchirante mêlant amour, jalousie, trahison et turpitudes de l'Histoire.

*

Sombre et dérangeant, percutant et captivant, Purge interpelle, dénonce,  bouscule, ébranle fortement.

Partagée voire tiraillée entre malaise et volonté d'en découvrir les aboutissants, cette lecture m'a été éprouvante.  Arriver à sa fin fut, je dois bien l'avouer, un plaisir teinté de soulagement. 

De par sa maîtrise et son pouvoir d'évocation, un livre qui résonnera en moi longtemps…
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1992. Aliide Truu, une vieille femme, vit seule et dans la peur dans sa ferme d'Estonie Occidentale.
Un matin, une jeune femme, qui prétend fuir un mari violent, débarque dans sa cour. Aliide craint une manipulation de ses ennemis et est tentée de repousser l'intruse. Mais son humanité prend le dessus, et elle accepte de l'héberger temporairement.
Zara, c'est le nom de la fille, ainsi que la désigne la vieille femme, semble avoir d'autres motivations, qui réveillent un sombre passé.

Ce roman n'est pas des plus faciles à lire, du fait de ses nombreux aller-retours dans le passé, à des époques différentes, vécues par plusieurs personnages. Trouver le fil conducteur n'est pas aisé, mais c'est le défi que nous lance l'autrice.
L'intrigue nous fait visiter l'histoire contemporaine de l'Estonie : état indépendant dans les années 1930 ; envahi par la Russie soviétique en 1940, puis par l'Allemagne nazie en 1941 ; attendant une libération par les forces alliées avant d'être annexée par les soviétiques en 1944 ; ne retrouvant enfin son indépendance qu'en 1991, lors de la dislocation de l'URSS.
Aliide a traversé toutes ces époques en tentant, avec plus ou moins de succès, de sauver son intégrité. On comprend qu'elle n'y a pas toujours réussi. Elle nous fait découvrir les états d'âme d'une population soumise aux uns puis aux autres, qui a parfois choisi un camp, pas toujours le bon... Elle nous fait vivre les déchirements qui ont détruit sa famille, dont ses désirs les plus intimes.
Les deux personnages principaux sont contrastés, à la fois tout en contradiction et tout en nuance. Tout les oppose, mais tout semble devoir les réunir. Un peu comme si des armures protectrices, construites au fil du temps, se délitaient pour laisser la place à l'humanité des deux femmes..
L'écriture n'est pas facile ; la lecture non plus. Je me suis accroché sur le premier quart du livre. Ensuite ce fut plus fluide. Peut-être parce que la trame historique du livre est peu à peu apparue.

Comme toujours, je me suis intéressé au livre, avant d'aller lire le CV de l'auteur. J'ai ainsi découvert que la mère de l'autrice avait fui l'Estonie soviétique pour s'installer en Finlande dans les années 1970, comme Talvi, la fille d'Aliide. Ce qui donne certainement une dimension autobiographique à ce roman ?


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Quand Zara, en piteux état, est découverte par Aliide dans son jardin, la vielle estonienne, après un premier mouvement de recul, décide de venir au secours de la jeune fille. C'est le début d'une amitié entre deux victimes, l'une du communisme, l'autre de la mafia russe qui l'a transformée en putain ; le récit de la vie de deux femmes maltraitées dans une région du monde à l'histoire compliquée.

Si en 1992, l'Estonie a retrouvé son indépendance à l'issue d'un processus pacifique après la chute de l'Union Soviétique, auparavant elle a été envahie par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, pour devenir finalement une république socialiste intégrée dans l'URSS. Une occupation avec tout ce que cela peut comporter de souffrances, tortures, trahisons et compromissions pour la population estonienne.

Deux périodes, celle du stalinisme et du postcommunisme vécues dramatiquement par des femmes qui symbolisent la souffrance de tout un peuple qui a subi les retournements de l'Histoire, trop petit pour résister. Un beau et tragique roman qui vous saisit par sa noirceur.
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Purge , 111e , action !
Alors Purge , c'est tout d'abord une attente ! Celle d'un livre promis en Janvier 2012 et reçu en Avril . D'ou cet énorme remerciement à Bibalice pour son obstination aupres des éditions le Livre de Poche qui se sont , finalement , fendus d'un exemplaire tardif , certes , mais perçu comme un véritable cadeau de Noël avant l'heure – comme quoi ça paye d'etre sage...ceci dit , promettre à un p'tit n'enfant son suppo quotidien à base de pruneau /olives noires/fibres et n'en rien faire , c'est moche...

Lorsque Purge paraît en 2008 , Sofi Oksanen , de pere Finlandais et de mere Estonienne , aborde le virage de la trentaine . Ce livre qui , au départ , était voué à n'etre qu'une piece de théatre , multipliera les récompenses d'ou l'attente bien légitime d'entamer un livre exceptionnel...Bon , à tout le moins tres tres tres tres tres tres bon...

Un livre prenant et instructif à n'en pas douter ! Si tu as aimé Retour vers le Futur et qu'en plus , une petite leçon d'histoire n'est pas pour te déplaire , alors Purge tu liras et apprécieras à sa juste mesure ( dixit Maitre Yoda ) . le petit souci qui se présente au lecteur et ce , des le commencement , c'est ce flipper temporel qui vous fait passer de 1949 à 1992 , 1936 , 1950 numéro complémentaire le 16 ! Eviter donc de commencer ce roman un jour de gueule de bois au risque de vous perdre dans les couloirs du temps ! Couloirs que l'on foule avec une aisance frolant l'insolence une fois les divers protagonistes appréhendés . Heureusement , ils sont peu nombreux .
Aliide est une vieille Estonienne à la vie rude et au caractere affirmé . Esseulée dans sa maison faite de briques et de plumes , elle coule des jours répétitifs faits d'habitudes tenaces . Ayant peu d'amis et une fille à l'étranger , le silence est devenu son plus fidele compagnon . Silence profané par l'arrivée inopportune de Zara , jeune femme brisée et en fuite recueillie provisoirement...
Oksanen intrigue tres rapidement . L'on sent bien que Zara n'est pas là par hasard et c'est au travers un pan de l'Histoire Estonienne de pres d'un demi siecle que l'auteure se fera fort de le démontrer !
Un jeu du chat et de la souris magistral ! Chacune des deux femmes essayant de s'apprivoiser puis , mutuellement , de se tirer les vers du nez de façon désintéréssée avec l'air de ne pas y toucher . Jamais d'interrogations frontales d'ou ce clap-clap des deux moignons pour l'ambiance oppressante instaurée ! Et c'est par le recoupement de leurs deux histoires paralleles respectives que le lecteur parviendra à définir les liens qui les unissent , concevant alors la présence préméditée de cette jeune femme à la dérive .
Purge , c'est un fin mélange d'Histoire et de biographie familiale . Deux femmes , deux époques distinctes , un meme chemin de vie balafré...
Si Aliide se perdit corps et ame dans les méandres nauséabonds d'un communisme totalitaire émergeant , Zara , elle , voulant croire en un avenir meilleur , connaitra l'enfer d'une prostitution déshumanisante !
Communisme et prostitution , deux themes forts , traités sans détours , au service d'un récit familial bouleversant . le style Oksanen est précis et agréable , n'étaient ces innombrables sauts dans le temps venant alors casser un rythme théatral enlevé , ellipses cependant inhérentes à la construction d'une telle dramaturgie...J'ai véritablement accroché l'aspect historique qui n'est jamais rébarbatif alors que l'histoire et moi, ça fait habituellement deux ! A part 1515 , la bataille de Rantanplan , c'est le vide abyssal...
Oksanen mixe donc habilement ces deux trames puissantes sur fonds de jalousie et de trahisons familiales , de culpabilité et de rédemption tout en y insérant une quete personnelle du plus vif interet !
Merci à Babélio pour cette découverte ainsi qu'aux éditions le Livre de Poche ! Comme quoi , Breton tete de con , ok , mais pas rancunier...

Purge , quand L Histoire nationale pervertit irrémédiablement l'histoire familiale...
3,5/5
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De 1940 à 1992, la vie quotidienne d'une famille paysanne estonienne (flash-backs, souvenirs,..), notamment de leurs femmes.
Ballottée par les remous politiques de l'Histoire, dans le ventre de la Seconde Guerre mondiale, l'Estonie connaîtra successivement, après une courte indépendance, l'occupation par l'Armée Rouge, puis l'occupation allemande, encore l'occupation soviétique pour retrouver sa souveraineté en 1991 et enfin assister au départ des troupes Russes.
Qui dit guerre, occupation, dit souffrance, blessures, engagement, collaboration, résistance, pressions, humiliations, peur, mensonge, violences, torture, émigration....
A travers ce roman, nous voyageons de l'Estonie à Vladivostok en passant par Berlin, pour suivre le destin d'une famille énucléée, à travers les voix de deux figures féminines, Aliide et Zara, qui de manières différentes portent les stigmates de l'Histoire.
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Deux femmes. La vieille Aliide et la jeune Zara.
Deux destins douloureux.
Deux victimes de l'Histoire. L'une du communisme, l'autre de la mafia russe.
Une rencontre fortuite... ou pas ?

Aussi méfiantes l'une que l'autre au début, nos deux héroïnes vont s'apprivoiser, vont parler, vont se confier l'une à l'autre.
Deux histoires terribles vont émerger, qui montrent que bien souvent, les femmes sont les plus grandes victimes des soubresauts de l'Histoire.
Sofi Oksanen a créé deux personnages forts à qui elle fait subir bien des tourments. À travers elles, c'est un pan de l'histoire de l'Estonie qu'elle nous raconte.
Pauvre Estonie, qui subit en 1940 une première occupation soviétique et se retrouve annexée de force à l'URSS. Puis l'occupation allemande pendant la guerre, avec l'extermination de la communauté juive, suivie d'une seconde occupation soviétique à partir de 1944.
Pauvre Estonie qui ne recouvrira son indépendance qu'en 1991, après d'innombrables victimes, des morts et des déportés. Après bien des souffrances.

Subir ? Résister ? Collaborer pour survivre ?
Chacun fait ses choix selon sa conscience et ses possibilités.
Nous qui sommes extérieurs n'avons en aucun cas le droit de juger.

Sofi Oksanen nous promène en différents lieux (Vladivostok, Berlin, Tallinn, l'Estonie occidentale) et nous fait faire des allers-retours entre différentes époques, de la fin des années trente jusqu'en 1992.
Malgré cette forme très fragmentée, le récit est limpide ; le puzzle se met en place et tout s'imbrique petit à petit, nous donnant une compréhension des personnages de plus en plus fine.
Le fond, lui, est plus que sombre. Il est rude, violent, âpre, souvent cru ; il nous bouscule. La lecture demande d'avoir le coeur bien accroché.
Le style enfin est simple, sans fioritures ; l'écriture est sèche, pour mieux mettre en valeur le contenu.

Écrit en finnois, Purge a reçu lors de sa parution de nombreux prix en Finlande, dont l'équivalent de notre Goncourt. En France, il a reçu le prix Fémina en 2010.
Le roman nous offre deux magnifiques portraits de femmes, deux écorchées vives, meurtries et attachantes, et nous emmène dans un pays peu connu en France.
Purge mérite d'être lu, mais attention, il ne faut pas être rebuté par la noirceur des personnages et de l'histoire.

La vieille Aliide fait ce constat désabusé : lorsque des temps troubles arrivent, il n'y a rien à faire, "sinon préparer ses bagages et s'attendre au pire".
Aliide et Zara, comme tant d'autres estoniens, ont dû se battre pour leur liberté.
Cette liberté pour laquelle il faut toujours lutter.
Cette liberté à laquelle il est impensable de renoncer.
Cette liberté qu'il faut placer par-dessus tout.
Cette liberté qui n'est jamais définitivement acquise et sur laquelle il faut toujours veiller jalousement.
Il ne faut pas l'oublier. Jamais. Nulle part.
En France en 2020 non plus.
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En 1992, tandis que le peuple estonien se réjouit du départ du dernier occupant soviétique russe, la rencontre impromptue entre la vieille Aliide et la jeune écorchée Zara fait mouche. La vieille femme, après avoir découvert cet oiseau blessé dans la cour de sa modeste ferme, se résout à le prendre sous son aile et le soigner. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Par qui a-t-elle pu être envoyée ? Mais a-t-elle seulement été envoyée ou bien est-elle arrivée ici par hasard ? Qui la poursuit ? Est-elle réellement poursuivie ? Autant de questions que se posera Aliide tout au long du livre.

Ces deux femmes, que tout paraît opposer, vont peu à peu révéler leurs personnalités et leurs secrets, et doucement apprendre à s'apprivoiser. Finalement, au travers de l'individualité de leurs histoires personnelles, de leurs souffrances et de leurs passés familiaux, c'est la compréhension de tout un pan de l'Histoire estonienne et européenne qu'elles nous livrent. C'est aussi, toute la place de la femme dans les guerres des hommes qui est posée dans ce captivant roman : la place d'écartelées dans une Estonie à la géopolitique si particulière, au carrefour des intérêts soviétiques, allemands, puis russes… Bien souvent premières victimes des barbaries masculines, les femmes en restent la plupart du temps les témoins muets et ignorés.

Haletant, surprenant et dérangeant jusqu'à la dernière page, Purge s'inscrit dans la lignée des intrigues nordiques. Un roman fort , à lire !


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Cela fait déjà quelque temps que je regardais mon exemplaire de ce best seller sur le rayonnage de ma bibliothèque, en me demandant pour quelles obscures raisons je n'avais pas encore cédé à la tentation ? Trop entendu parlé, trop d'encensement médiatique, découragée par tant de battages, je le laissais reposer en paix. Enfin, jusqu'à présent...
Quoi dire de plus que tout ce qui a déjà été dit, décortiqué, analysé, sur ce livre ?
Une chose toute simple et personnelle : J'ai aimé ! Adoré ! Pas de résumé, ni de grandes idées sur tout ce qui foisonne dans ces quelques pages qui n'ait déjà pu être dit, mais à travers tout ce pour quoi (contre quoi) on aurait envie de hurler (le totalitarisme, l'oppression, la prostitution, Tchernobyl... et toutes ces souffrances et cette terreur), épingler les petits riens qui m'ont touché, comme :
- Ne pas mettre de couvertures sur les fenêtres l'hiver pour se protéger du froid car Babouchka ne supporterait pas de ne plus pouvoir voir le ciel à travers les vitres.
Savoir qu'il est toujours là, ce ciel, le même qu'à la maison.
- Les valises remplies au dessus de l'armoire, les poignées prêtent à être saisies.
Un vieil anorak au sol.
- Ses quelques pas en arrière pour reprendre la photo.
Fébrile, les doigts tremblants.
- Enlever les clous des planches.
Arracher les lattes.
Se coucher à côté de l'être aimé.
Attendre la mort.

Aliide et Zara, vous allez m'accompagner encore longtemps...
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