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Last Gang in Town tome 1 sur 1

Rufus Dayglo (Illustrateur)
EAN : 9781401264734
160 pages
Vertigo (18/10/2016)
5/5   1 notes
Résumé :
THE GREATEST ROCK ’N’ ROLL SWINDLE!

It’s 1977, and crime on the once-swinging streets of London is as soft and flabby as an overfed corgi. Nearly a decade has gone by since the brothers Kray were locked away, and it’s high time for the torch to be passed—preferably straight through a bank window. Luckily, a new generation of snot-nosed Robin Hoods filled with attitude, alcohol and anarchy are ready to burst onto the scene. Now, as Great Britain prepar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Il comprend les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2016, écrits par Simon Oliver, dessinés et encrés par Rufus Dayglo, avec une mise en couleurs de Julia Brusco. Adam Cadwell a réalisé les finitions des dessins pour les épisodes 3 & 4, et la mise en couleurs de l'épisode 6 a été assurée par Dee Cunniffe.

En 1977, deux groupies sont en train de faire une fellation à 2 roadies pendant que Joey, Billy Two-Planks et Johnny vont se servir dans le camion, pour chouraver du matériel dont une guitare électrique. En Suisse en 2018, une vieille femme dans une demeure luxueuse à flanc de montagne se souvient du passé, elle s'appelle Ava. de retour en 1977, Alex Fingers se fait jeter du pub parce que manifestement elle n'a pas de quoi payer. Elle essaye d'ouvrir une porte de berline, avec un cintre. Elle se fait choper par Ava et son ami. Alex va assister à un concert dans un club. En 2018, Alex, Joey et Billy se retrouvent ensemble après de longues années sans s'être vus.

En 60 après JC, la future reine Boudicca décapite un romain, se rebellant contre l'autorité du régime en place, initiant une véritable tradition de rébellion contre l'autorité en Angleterre. En 2018, Londres est devenu un véritable musée à ciel ouvert, où les vestiges des rébellions ont été récupérés par l'establishment pour être intégrés aux circuits touristiques. En 1977, Ava prend sous son aile Joey, Billy et Alex pour qu'ils puissent laisser s'exprimer toute leur haine de l'establishment sous une forme artistique. Mais ils se rendent bien vite compte qu'il va leur être difficile de trouver un mode d'expression de leur rébellion qui soit original et non commercial. Pendant ce temps-là, la Reine Elizabeth se fait conduire à bord de sa Rolls-Royce, en prenant un grand plaisir à voir ses sales punks douchés par les gerbes d'eau quand la voiture roule dans les flaques d'eau. Son premier jubilée approche.

Dès que le lecteur feuillète ce recueil, il comprend qu'il a affaire à une production qui relève des comics de type underground anglais. le récit fait sans cesse référence à la culture anglaise, que ce soit la cuisine, la musique pop, ou les quartiers de Londres. Il vaut donc mieux savoir ce qu'étaient les Sex Pistols et le mouvement punk pour apprécier ces relents d'anarchie dans le Royaume Uni (Anarchy in the UK). Les dessins relèvent de la même mouvance, avec une dimension humoristique marquée. Rufus Dayglo n'hésite pas à faire usage de l'exagération à des fins comiques, et à ajouter des détails incongrus, voire des graffitis dans les marges.

Par exemple, Babcock, le traître à la Reine, est représenté avec un appendice nasal allongé, un corps fluet et un maintien qui peut faire pense qu'il a un balai enfoncé dans le rectum. Il ne se départit jamais de sa dignité quelle que soit la situation dans laquelle il se trouve. Billy Two-Planks porte toujours sa casquette enfoncée sur les yeux, avec un petit bout de langue qui dépasse de sa bouche pointant vers le haut. Les expressions des visages sont exagérées pour que les émotions apparaissent de manière plus manifeste et plus intense. La première statue de la Reine Victoria est férocement caricaturée. La reine Elizabeth arbore une tête plus grosse que la normale, avec une dentition toute en petites dents surnuméraires. Sa morphologie a basculé du côté grassouillet. Elle manie avec dédain une mitrailleuse Thompson et porte une ceinture bardée de grenades à main. L'artiste prend la liberté de passer dans un mode de représentation caricatural lorsqu'il estime que cette forme d'humour se marie bien avec la séquence, c'est-à-dire plus de la moitié du temps.

Par comparaison avec d'autres dessinateurs humoristes, Rufus Dayglo ne sacrifie rien dans les détails. Par exemple, alors qu'il représente une scène de bagarre entre les 3 personnages principaux, avec l'exagération propre aux dessins animés (les 3 individus formant un cercle tournant sur lui-même aves des étoiles et des crânes autour pour attester de la violence ces coups), le lecteur peut détailler le costume d'Alex : bas résille troués, bottes de type rangers, énorme ceinturon avec des renforts et des anneaux, pull marron rayé avec quelques épingles à nourrice au travers, lunettes de soleil personnalisée, boucle d'oreille, béret avec 3 badges. Il peut examiner de la même manière les tenues de Joey et de Billy pour y trouver un même niveau de détails. Mais que fait cette poule qui vient de pondre un oeuf, dans cette case ?

La lecture prend une dimension ludique en prenant le temps de noter les différents éléments incongrus comme la bague à tête de mort sur l'annulaire d'Ava en 2018 et en 1977, les différents noms de groupe punk (dont Sniffer de la glue), les masques de latex de type club sadomaso pour un concert de punks, le pauvre romain en état de choc avançant encore alors qu'il a les 2 bras coupés au niveau des épaules, l'étiquette Made in Hong Kong sur le drapeau anglais, le nombre de clous sur le blouson en cuir de Joey, les mouches qui font des commentaires dans certaines bordures de case. le scénariste a également imaginé de nombreuses scènes comiques dont l'humour s'exprime visuellement. Les 3 lascars doivent entrer par effraction dans une usine de porcelaine spécialisée dans les cuvettes de WC avec un exemplaire géant sur le toit, dérision visuelle relative à la grandeur de l'industrie britannique. Particulièrement énervée, la reine se venge en demandant à son chien de s'accoupler avec Babcock, dessin sans gros plan, mais avec une expression de visage irrésistible. Lors de l'épisode 2, des lords anglais en habit de chasse se livrent à une chasse à courre dans les rues de Londres, en pourchassant des punks. À nouveau Rufus Dayglo représente cette séquence comme une parodie avec son lot de détails moqueurs et railleurs.

Simon Oliver prend donc un malin plaisir à émailler sa narration de références culturelles, souvent anglaises. le chien s'accouplant avec un humain non consentant fait penser à une scène similaire dans la série The Boys de Garth Ennis, et la chasse à courre dans les rues de Londres fait penser à une scène similaire dans la série The Invisibles de Grant Morrison. le lecteur repère facilement les références aux Sex Pistols, ou à Gary Glitter ou encore à The Who, avec la batterie éventrée dédicacée à Keith Moon. le scénariste pense régulièrement ses hommages de manière visuelle, comme par exemple la page pop-art à la manière d'Andy Warhol, qui est composée par le dessinateur, avec une mise en couleurs idoine réalisée par Giulia Brusco. Il peut aussi glisser des références qu'il explicite, comme celle relative à Braquage à l'italienne (1969). Il intègre quelques slogans en français dans le texte, comme La beauté est dans la rue, ou La lutte continue, ou encore À bas le capitalisme.

Toutes ces références parsèment le récit mais sans jamais prendre le pas sur l'intrigue qui ne devient donc pas un prétexte à aligner des gags plus ou moins fins, plus ou moins drôles. En fait Simon Oliver a bel et bien conçu une histoire qui s'avère ambitieuse, même si elle est racontée sur le ton de la plaisanterie. Dans un premier temps, il rend donc hommage à l'esprit de rébellion britannique, contestataire et moqueur, plus que révolutionnaire (après tout il subsiste toujours une monarchie au Royaume Uni). Joey, Billy et Alex font montre d'un don artistique pour désacraliser les idoles du pouvoir. le scénariste ajoute une forme de réflexion sur l'art contestataire et sa nécessité d'inventer sans cesse de nouvelles formes pour ne pas recycler du déjà-vu, de sans cesse se renouveler pour ne pas être récupéré par l'establishment et faire du commercial.

Sous la houlette d'Ava, Joey, Billy et Alex doivent preuve d'inventivité pour créer de nouvelles formes de protestation. Par la force des choses, leur talent s'exprime mieux au travers d'actes délictueux, ce qui les met en indélicatesse vis-à-vis des représentants de la loi, et fournit matière à des séquences d'action burlesques. Mais le lecteur constate que leurs actions relèvent du spectacle plus que de l'action politique engagée, une forme de dénonciation des privilèges de la classe dominante, sans pour autant remettre en question ladite position dominante. Dans un premier temps, les séquences en 2018 montrent que Joey, Billy, Alex et Ava ont finalement trouvé des avantages à ce système et ont pu profiter financièrement de l'expression artistique de leur révolte. Mais 2018 recèle une surprise qui vient ouvrir le scénario sur une dernière action aux retombées politiques concrètes. le scénariste ne s'est donc pas contenté de critiquer avec le sourire ; il propose un aboutissement plus militant.

En découvrant cette histoire, le lecteur peut éprouver l'impression de revenir dans les années 1970, en plongeant dans un comics underground contestataire. Il constate que les dessins portent une dimension humoristique plus aboutie que leurs équivalents des années 1970, et que l'intrigue prend de l'ampleur au fur et à mesure des épisodes. Simon Oliver & Rufus Dayglo ne se contentent pas de mettre en scène des rebelles sans cause et sans cervelle, ils tiennent un propos politique moins naïf et moins primaire qu'il n'y paraît.
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