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EAN : 9791032900093
160 pages
Éditions de l'Observatoire (15/03/2017)
3.61/5   33 notes
Résumé :
Tous les candidats aux présidentielles de 2017 sont Jacobins, tous. Or le centralisme qui fait de Paris la tête qui commande et des provinces un corps qui obéit a montré son inaptitude à incarner la démocratie qui reste formelle en ne produisant qu'une aristocratie d'élus insoucieux du peuple. De Philippe Le Bel à Charles de Gaulle en passant par Robespierre ou Napoléon, le modèle jacobin a failli. Je propose une révolution pacifique inspirée des Girondins de la Rév... >Voir plus
Que lire après Décoloniser les provinces : Contribution aux présidentiellesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ah, ça y est...Jocelyn Canonne est amoureux de Michel Onfray ; il va encore nous refaire une chronique sur l'un de ses bouquins, et puis il ne prend même pas le dernier. Hé oui. de une, je fais ce que je veux. Et de deux, je fais ce que je veux. Au moins, c'est clair (même si l'on peut concevoir une certaine redondance dans l'argumentation).

Il est vrai que dernièrement je ne trouve plus vraiment mon bonheur chez les indépendants, alors je me tourne sur du “mainstream”. Question d'époque, mais aussi question de réflexion personnelle.
Jocelyn Canonne qui réfléchit… On aura tout vu. Décidément, si lui commence à réfléchir, le monde est mal barré. Mais, c'est peut-être déjà le cas. Et vous ne vous en rendez même pas compte.

De toute façon, avec Michel Onfray, on pourrait simplement le citer, fermer la parenthèse et faire marcher se méninges. Je pourrais le faire avec ce passage d'ailleurs : “Les architectes et les urbanistes (ici, les politiciens politisés, note du chroniqueur) qui ont pendant des années bétonné les âmes, cimenté les consciences, asphalté les coeurs, goudronné les intelligences, bitumé les pensées, macadamamisé les entendements, ne sont pas pour rien dans la décomposition de notre société. Ils se prenaient pour Le Corbusier, dont ils ignoraient qu'il avait été fasciste, sans savoir qu'ainsi ils construisaient la génération dont le cerveau est en ciment et le coeur en béton”.

Oui, c'est clair qu'avec un tel phrasé, on se sent tout de suite plus instruit. Ou, excusez de la grossièreté, on se sent un peu moins con. Ces quelques phrases ne constituent que l'un que des merveilleux passages que l'on retrouve dans “Décoloniser les Provinces”, l'oeuvre dont il sera question ici.
Tout le monde ou presque connait Michel Onfray, philosophe de gauche, dont les pensées sont proches de Pierre-Jopseh Proudhon. Un philosophe, sans langue de bois, dont je parlais dans une chronique antérieure avec un brin de fascination. Si vous ne le connaissez pas, je vous invite à regarder cette petite vidéo qui le place face à notre cher Jacques Attali (lequel se dit anti-libéral...oui, vous pouvez rire).

Le livre “Décoloniser les Provinces” fait partie d'une trilogie, à côté de “Zéro de Conduite” (déjà chroniqué par votre serviteur) et de “La cour des Miracles”. Il s'agit du premier tome, un tantinet moins épais que les suivants. le philosophe nous expose ses pensées et de nombreuses doléances envers ceux qui allaient se présenter à la présidence de la République. Pour autant, après avoir brossé un portrait au vitriol et déplorer l'immobilisme politique basé sur un système tout aussi immobile depuis plusieurs décennies, il nous montre qu'il n'est pas dupe. de là à croire que cet ouvrage est vain ? Heureusement non.

Sa pensée libertaire se décompose en plusieurs parties où il expose autant son amour pour Proudhon que son aversion pour la pensée et la perception jacobine du pouvoir. Hé oui, il fallait s'en douter. Avec une argumentation claire, précise, comme d'ordinaire, il démontre que la centralisation du pouvoir en France via Paris n'est que la résultante immédiate des restes de la révolution française au sens large (passage de la Commune y compris) où les actions jacobines ont pris le dessus sur les actions girondines souvent avec brutalité.


Pour être plus clair, deux pensées s'opposaient. Les Jacobins souhaitaient un pouvoir parisien qui se diluait ensuite dans les provinces de manière peu fiable. Les Girondins, en revanche, désiraient que le pouvoir et les décisions se fassent de manière équivalente entre Paris et la Province afin de préserver l'équilibre de l'Etat. Vous avez déjà deviné laquelle de ces visions l'a emporté. le pouvoir reste à Paris. Et Michel Onfray déplore cet état de fait (jeu de mot inside).

En effet, avec les différences présidences et gouvernements qui se sont succédés depuis 1981(avec un petit rappel rapide sur le fait que François Mitterrand a vendu la souveraineté de la France au profit de celle de l'Europe rendant l'ensemble territorial davantage précaire et qu'il a permis sinon a tout fait pour que l'immonde Front National émerge et s'installe), la Province semble avoir totalement disparu des priorités durant la campagne et durant l'exercice du pouvoir. Un pouvoir qui demeure exclusivement parisien tant sur le fond que sur la forme.

Michel Onfray craint d'ailleurs — une peur justifiée — que les candidats oublient cette province qui n'oublie pas de les élire. On le sait maintenant et on l'aurait deviné : aucun mot n'a été prononcé en ce sens. On parle “politique”, “économie”, on parle “Paris”, mais aucunement on parle des électeurs, de ce qu'ils vivent au quotidien (finalement, le mouvement des gilets jaunes est là pour le rappeler, que l'on soit d'accord ou non avec ledit mouvement). Il n'oublie pas non plus de les égratigner au passage (seul Lionel Jospin semble trouver une réelle dignité à ses yeux) ; c'est bien légitime vu leurs “qualités” respectives. Des “qualités” sur lesquelles je ne reviendrai pas. J'aurais tellement à en dire de mon côté et là n'est pas le propos de cette chronique.

On oublie le peuple mais on le sollicite à chaque fois, juste pour pouvoir obtenir une légitimité représentative qui n'a plus que de représentative que le nom puisque coupée de tout.
Ecrit d'une main de maître (il suffit de relire le passage cité pour en être convaincu), Michel Onfray étonne une nouvelle fois. En bon penseur et en bon meneur d'âmes, il nous indique avec clairvoyance les erreurs du passé et les erreurs à venir. L'oeuvre se lit facilement, et nous en ressortons une nouvelle fois illuminée par des pensées que l'on n'aurait pas eues, des pensées que les médias ont de plus en plus tendance à occulter. Bien moins grivois et voltairien que “Zéro de Conduite” et sans doute moins drôle, l'écrit se veut tranchant (le passage sur notre cher Benoit Duhamel a de quoi faire naître le sourire) et va droit à l'essentiel tout en continuant à nous instruire. Et à nous faire réfléchir.

Michel Onfray n'aborde que peu le point économique lié à cette centralisation des pouvoirs. Et c'est là peut-être un point que j'aurais voulu être approfondi. C'est bien la preuve que l'ouvrage est réussi. Il m'a poussé moi-même à réfléchir et à repenser à mes anciens cours de géographie et de géopolitique. D'où une pensée toute personnelle que je ne puis m'empêcher de partager avec vous. En effet, les volontés tardives de décentralisation émises par nos anciens dirigeants n'ont abouti qu'à une véritable catastrophe. Il ne s'agissait pas tant de redonner du pouvoir au territoire, mais de redistribuer les déficits étatiques au sein des régions, des départements et des communes sans penser un instant à leurs pouvoirs décisionnels. Il en résulte des fragmentations territoriales et des difficultés majeures pour les subdivisons citées à boucler leur budget. Plus personne ne veut devenir maire. Les postes sont désertés. Et pour cause ! Comment gérer le quotidien de ses administrés locaux en ayant des ardoises de plus en plus importantes ? Même les regroupements de commune sont dans l'incapacité de trouver les fonds nécessaires à leur bon exercice. Aller quémander l'argent plus haut ? Oui, ce serait possible si les départements ou les régions bénéficiaient de fonds acceptables. L'état se désengage et il n'est pas prêt de se désengager financièrement.
Il ne reste plus, finalement, et c'est là que je rejoints Michel Onfray, que les actions politiques locales (car, oui, dès que l'on se bouge pour donner de la culture et d'ouvrir des centres d'hébergement, il s'agit bien d'actions politiques) pour espérer non pas un lendemain qui chante, mais un espoir aussi fin qu'une feuille de papier. Feuille de papier avec laquelle nos dirigeants décident, tout ce qui est bon pour vous, de leur tour dorée qu'est Paris.

Réflexion personnelle mise à part (avec toute la modestie avec laquelle elle a été rédigée), et comme toujours avec Michel Onfray, nous sommes plongés dans une réalité un tantinet sombre. Une réalité à laquelle il est bon d'être confrontée à moins de vouloir à tout prix porter des oeillères.
C'est pour cette dernière raison que je conseille ce livre. Court, à la disposition de tous (éloigné de l'exigent mais recommandable “Traité d'Athélogie” du même auteur), et vrai, “Décoloniser les Provinces” est plus qu'un simple essai. C'est un appel à une raison raisonnable.
Lien : https://www.facebook.com/not..
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Le bel Onfray sort son millième livre en moins de 5 ans. Gloire à notre Aristote moderne.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La solution passe pour un changement radical de logiciel, par l'abandon de ce qui échoue depuis si longtemps et auquel contribue la totalité du personnel politique arc-bouté sur ses prébendes depuis des années. Tous les pantins de cette future comédie des présidentielles ont joué un rôle dans la politique et les gouvernements successifs qui nous ont conduit au bord du gouffre.
Le peuple qui fait les frais de cette oligarchie depuis tant d'années doit pouvoir reprendre en mains et activer la phrase de La Boétie qui disait : "Soyez résolus de ne plus servir, et vous voilà libres". Il n'est pas de sauveur suprême et la solution se trouve clairement entre les mains de ceux que la politique concerne.
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Pendant que certains font carrière en pachas de la politique politicienne, protégés du monde par les notes de frais et les voitures avec chauffeur, couverts de femmes et de cadeaux, nageant dans le strass politicard et les paillettes ministérielles, le peuple, lui, fait toujours les frais de ce cynisme de la classe politique. le satrape, c'est toujours l'élu ; le cocu, c'est continûment le peuple. Des grands mots pendant la campagne, la séduction, puis, après l'élection, la trahison. Eternel retour de ces choses-là...
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Du roi au dictateur en passant par le tyran, le commissaire du peuple, le duce, le führer, le caudillo, le conducator, le guide, le grand timonier, le petit père du peuple, chaque fois il s'agit de la même variation qui suppose un peuple infantile et infantilisé ayant besoin d'être conduit par quelqu'un qui saurait ce qui est bon pour lui.
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toutes les révoltes ne se font pas avec du duvet de canard...
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Si chacun agissait en faveur de ce à quoi il croit, ce serait déjà un bon commencement...
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Videos de Michel Onfray (159) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Onfray
*INTRODUCTION* : _« […] Je veux seulement, Monsieur, vous faire part d'une chose que j'ai lue dans Montaigne, et qui marque son bon goût. Il souhaitait devenir assez savant pour faire un recueil des morts les plus éclatantes dont l'Histoire nous parle. Vous qui êtes son partisan, vous approuverez ce dessein que j'exécute en partie. En effet, le véritable point de vue où je placerais une personne qui veut bien juger du ridicule qui règne dans le monde, est le lit de mort. C'est là qu'on se détrompe nécessairement des chimères et des sottises qui font l'occupation des hommes. Nous sommes tous fous ; la folie des uns est plus bouillante, et celle des autres plus tranquille. »_ *André-François Boureau-Deslandes* [1690-1757], _À Monsieur de la Ch…_
_« Rien ne doit plus nous frapper dans l'histoire des grands hommes, que la manière dont ils soutiennent les approches du trépas. Je crois que ces derniers moments sont les seuls, où l'on ne puisse emprunter un visage étranger. Nous nous déguisons pendant la vie, mais le masque tombe à la vue de la mort, et l'Homme se voit, pour ainsi dire, dans son déshabillé. Quelle doit être alors la surprise ! Tout l'occupe sans le toucher : tout sert à faire évanouir ce dehors pompeux qui le cachait à lui-même. Il se trouve seul et sans idées flatteuses, par ce qu'il ne peut plus se prêter aux objets extérieurs. Cette vue a cela d'utile en flattant notre curiosité, qu'elle nous instruit. Il n'est rien de quoi, disait Montaigne, je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, quelle parole, quel visage, quelle contenance ils y ont eus ; mille endroits des histoires que je remarque si attentivement. Il y paraît, à la farcissure de mes exemples, et que j'ai en particulière affection cette matière*._ _Je suis persuadé que la dernière heure de notre vie est celle qui décide de toutes les autres. »_ *(Chapitre III : Idée générale d'une mort plaisante.)*
* _« Et il n'est rien dont je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, de quelle parole, quel visage, quelle contenante ils y ont eus, non plus qu'il n'est d'endroit dans les histoires que je remarque avec autant d'attention. Il apparaît à la farcissure de mes exemples que j'ai cette matière en particulière affection. Si j'étais faiseur de livres, je ferais un registre commenté des morts diverses. Qui apprendrait aux hommes à mourir leur apprendrait à vivre. »_ (« Chapitre XIX : Que philosopher c'est apprendre à mourir » _in Montaigne, Les essais,_ nouvelle édition établie par Bernard Combeaud, préface de Michel Onfray, Paris, Robert Laffont|Mollat, 2019, p. 160, « Bouquins ».)
*CHAPITRES* : _Traduction d'un morceau considérable de Suétone_ : 0:02 — *Extrait*
0:24 — _Introduction_
_De quelques femmes qui sont mortes en plaisantant_ : 0:49 — *1er extrait* ; 2:08 — *2e*
_Additions à ce qui a été dit dans le IX et dans le XI chapitre_ : 3:15
_Remarque sur les dernières paroles d'Henri VIII, roi d'Angleterre, du Comte de Gramont, etc._ : 6:09 — *1er extrait* ; 6:36 — *2e*
_De la mort de Gassendi et du célèbre Hobbes_ : 7:45
_Remarques sur ceux qui ont composé des vers au lit de la mort_ : 10:47
_Examen de quelques inscriptions assez curieuses_ : 13:52
_Des grands hommes qui n'ont rien perdu de leur gaieté, lorsqu'on les menait au supplice_ : 14:33
_Extrait de quelques pensées de Montaigne_ : 15:31
_S'il y a de la bravoure à se donner la mort_ : 17:37 — *1er extrait* ; 18:57 — *2e*
_De quelques particularités qui concernent ce sujet_ : 19:14
19:28 — _Générique_
*RÉFÉ. BIBLIOGRAPHIQUE* : André-François Boureau-Deslandes, _Réflexions sur les grands hommes qui sont morts en plaisantant,_ nouvelle édition, Amsterdam, Westeing, 1732, 300 p.
*IMAGE D'ILLUSTRATION* : https://www.pinterest.com/pin/518547344600153627/
*BANDE SONORE* : Steven O'Brien — Piano Sonata No. 1 in F minor Piano Sonata N0. 1 in F minor is licensed under a Creative Commons CC-BY-ND 4.0 license. https://www.chosic.com/download-audio/46423/ https://www.steven-obrien.net/
*LIVRES DU VEILLEUR DES LIVRES* :
_CE MONDE SIMIEN_ : https://youtu.be/REZ802zpqow
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/B0C6NCL9YH *VERSION NUMÉRIQUE* _(.pdf)_ : https://payhip.com/b/VNA9W
_VOYAGE À PLOUTOPIE_ : https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/
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