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EAN : 9782746739550
180 pages
Autrement (27/08/2014)
3.74/5   38 notes
Résumé :
Pourquoi Sade qui fut, au dire même de ses hagiographes, coupable de séquestrations, de viols en réunion, de menaces de mort, de traitements inhumains et dégradants, de tortures, de tentatives d’empoisonnement, fut-il porté aux nues par l’intelligentsia française pendant tout le XXe siècle ? De Breton à Bataille, de Barthes à Lacan, de Deleuze à Sollers, tous ont vu en lui un philosophe visionnaire, défenseur des libertés, un féministe victime de tous les régimes ? ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Pourquoi et comment Sade a-t-il été encensé par l'intelligentsia française pendant quasiment tout le XXème siècle?
C'est la tâche que se donne le philosophe Michel Onfray dans ce livre: nous montrer à quel point le "mythe Sade" a eu la vie dure et combien il a marqué en quelque sorte notre "inconscient collectif".
C'est donc un gigantesque travail de démystification auquel se livre Onfray.
Le talent du romancier Sade n'est pas mis en cause mais c'est la philosophie matérialiste et nihiliste qui sous-tend les oeuvres de Sade qui est ici en question.
Des écrivains et philosophes de grand renom comme Breton, Bataille, Barthes, Sollers et d'autres encore n'ont pas voulu juger la vie privée du "divin" marquis, se contentant d'évoquer la puissance de "fantasmes" contenue dans les écrits de Sade.
Oui mais cela ne convient pas à Onfray qui montre que les images évoquées dans les oeuvres ont un fond de négation de l'humain qui pourrait donner lieu à des idéologies dangereuses ou totalitaires.
La vie privée de Sade au lieu d'être soigneusement gommée, comme cela a été le cas jusqu'ici, doit au contraire être soigneusement évoquée: Sade a commis des délits graves: viols, séquestrations, intimidations, menaces, coups, blessures..
Il s'est comporté comme un féodal violent et misogyne, selon Onfray, il faut le dire pour "relativiser " et stopper cette image de défenseur de la liberté qu'a eue Sade pendant des années.
D'ailleurs Michel Foucault lui-même avait entrepris de s'attaquer au mythe Sade mais la maladie et une mort prématurée l'en ont empêché.
C'est une très belle analyse qui est fait ici.
En un livre court mais ô combien efficace Michel Onfroy nous montre comment on peut construire des mythes à partir de l'oeuvre d'un écrivain et quelles répercussions cette mystification peut avoir.
Un livre utile et d'une grande clarté.
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Onfray connait bien Sade, il l'avait déjà provoqué en duel dans son livre « le souci des plaisirs, construction d'une érotique solaire », dans son dernier opus : « la passion de la méchanceté » c'est avec une fougue et une énergie communicative qu'il empoigne le mythe du Divin Marquis et en deux cents pages lui fait mordre la poussière.

Bon professeur Onfray interpelle Guillaume Apollinaire responsable de la construction du mythe et déconstruit méthodiquement la légende d'un Sade libertaire, féministe, précurseur, surréaliste, victime vertueuse incomprise. Il monte donc sur le ring, boxe donc contreApollinaire, mais aussicontre André Breton, Georges Bataille, Roland Barthes, Jacques Lacan, Gilles Deleuze, Philippe Sollers ou Jean Paulhan, demande l'aide de Camus, Queneau, Hanna Arendt, Nietzsche ou Pasolini et après un beau combat, nous livre, comme à son habitude un formidable petit livre passionnant et passionné qui nous rend plus intelligent.

On se souvient de la phrase culte de « L'homme qui tua Liberty Valence » le film de John Ford : « Si la légende est plus belle que la vérité, alors imprimons la légende ». Dans sa contre-histoire de la littérature consacrée à Donatien Alphonse François de Sade, Michel Onfray, philosophe justicier, choisi, lui, comme toujours d'imprimer la vérité.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Passer du bonhomme, vu à la télé, à ses textes n'est pas décevant. Il écrit comme il ferait un cours. La lecture est fluide et simple. Quelques termes philosophiques obscurs pour la lectrice lambda se glissent çà et là, des « ontologique », « algolagnie », « synallagmatique », vite neutralisés par un coup de dictionnaire.

J'ai découvert Barthes et Bataille, en passant, comme en promenade. J'ai pataugé avec Foucault, je me suis engluée avec Kant, mais pour repartir de plus belle. Car, si c'est de Sade qu'il s'agit, l'enjeu est bien plus large. Michel Onfray a un esprit piquant, exigeant, qui ne laisse rien passer. Il incite à la vivacité d'esprit, à la lucidité éclairée, à ne pas nous laisser hypnotiser par les mots, les démonstrations, les idées. Il nous dit que les grands penseurs peuvent écrire d'énormes bêtises. Essayer de ne pas être un sujet « en quête de soumission » est un enjeu de taille par les temps qui courent, le « déni du réel » nous attendant à chaque coin de rue – qu'elle soit familiale, politique, sociales, professionnelle ou culturelle – avec ses petites crochets, comme une tique prête à nous agripper.

Une pensée rafraîchissante et énergique face à la déshumanisation rampante dont le marquis était fervent. Rendez-vous est pris pour les autres volumes à venir…
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Fascinée par Sade, il me semblait intéressant de confronter "sa légende" à l'histoire. Ainsi, mon premier Michel Onfray ne m'a pas déçu ! J'aime beaucoup sa façon d'écrire, de rapporter les choses, d'expliquer. Ici, il démonte, à coups de faits historiques et concrets, toute la légende Sade : Sade le révolutionnaire, le féministe, la victime, le vertueux ... Cette lecture fut riche et passionnante !
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Tous les philosophes de la nécessité affirment que le libre arbitre n'existe pas parce qu'une force fait la loi : cette force prend des noms différents au cours de l'histoire des idées , logos stoïcien , conatus spinoziste , nisus holbachien , vouloir schopenhaurien , volonté de puissance nietzschéenne.

Pour Sade , cette énergie noire coïncide avec une libido mauvaise.

Aux antipodes de la vulgate qui dit que Sade ne fut pas sadique ni sadien , tout juste un grand écrivain fantasmant ce qu'il n'a pas fait , Michel Onfray démontre que celui-ci fut incontestablement un philosophe féodal , monarchiste , misogyne , phallocrate , antisémite , dont l'existence fut celle d'un délinquant sexuel multirécidiviste ayant à son actif nombre des faits avérés et répréhensibles.

La bonne réputation de Sade constitue indéniablement une monstruosité intellectuelle.






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critiques presse (3)
LePoint
22 octobre 2014
Après Freud, Sartre, Heidegger, Debord et tant d'autres, voilà qu'Onfray passe à la broyeuse l'une des idoles de l'intelligentsia du XXe siècle.
Lire la critique sur le site : LePoint
Lexpress
20 octobre 2014
Onfray fait feu sur le quartier général structuraliste. Réjouissant.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Chro
17 septembre 2014
Il y a parfois quelque chose de marrant à voir Onfray défourailler contre les laudateurs de Sade [...]. Hélas, cette drôlerie est la seule qualité de ce pamphlet bâclé, rempli des travers habituels de l’auteur : généralisations, outrance, mauvaise foi, insinuations, approximation, anachronismes, manichéisme, style nul [...].
Lire la critique sur le site : Chro
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Mais alors: que faire de la vie de Sade qui fut le contraire d'une fiction et qui coïncide exactement avec la définition du sadisme: le plaisir pris à la souffrance infligée à autrui ? Ou bien encore:pourquoi jeter l'anathème sur la littérature d'un Brasillach ou les pamphlets antisémites de Céline, interdits de réédition, et porter au pinacle des éditions Gallimard les œuvres du marquis. Si la littérature n' a rien avoir avec la vie, alors pourquoi Bagatelles pour un massacre ne se trouve pas édité en Pléiade? Ni L'école des cadavres ? Danger de la littérature antisémite de Céline, mais innocuité de la littérature de Sade? Je tiens pour ma part d'une même dangerosité des livres qui jouissent du mal et y invitent.p.25
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Comment, en effet, le marquis de Sade qui fut incontestablement un philosophe féodal, monarchiste, misogyne, phallocrate, antisémite, dont l’existence fut celle d’un délinquant sexuel multirécidiviste ayant à son actif nombre de faits avérés et répréhensibles, a pu, et peut encore, passer pour l’emblème du libertin libertaire et féministe, émancipateur et républicain, un philosophe des lumières en même temps qu’un penseur d’avant-garde.
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Acéphale, une société secrète bien particulière:

Et puis, le plus célèbre, mais aussi le plus celé, un rite d'un genre sadien, sinon sadique: aller séparément de la gare Saint-Lazare à celle de Saint-Nom-la-Bretèche, en pleine forêt, seul, en silence, de nuit, pour se retrouver au pied d'un chêne foudroyé.On brûle du soufre. Avec Bataille, Lacan assiste aux réunions de cette société secrète.Jusqu'ici, tout semble clair. L'obscurité entoure un projet de sacrifice humain sur lequel personne n'a parlé, mais on en connaît assez pour savoir ceci: un texte de Bataille intitulé Le sacrifice du gibbon renseigne sur ce qui fut, peut-être, le projet acéphalique...Une femelle gibbon, ficelée, attachée, se trouve placée dans une fosse la tête en bas; elle offre son anus à la contemplation des participants au rite, nus et passablement" détraqués par l'avidité du plaisir"( dit le texte...); au signal donné par l'officiant, le singe est enterré vivant; les spasmes de la mort par étouffement se manifestent par les contractions anales de l'animal torturé; matières fécales de l'animal, bave et sueur des participants...Bataille, dit-on, aurait voulu le même sacrifice, mais avec un humain. Colette Peignot, la maîtresse de Bataille, aurait accepté - l'un et l'autre se rendaient régulièrement à La Malmaison, sur l'anti-tombe du marquis de Sade. On demanda à Caillois d'effectuer ce geste fatal - il refusa. Ce rite devait fonder une religion - que je dirai sadienne."
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(...) Charles Fourier, l'auteur d'un magnifique Nouvel Ordre amoureux, un anti Cent Vingt Journées de Sodome radical. Fourier légitime toute sexualité, y compris sadique ou masochiste, pourvue qu'elle soit voulue, consentie, contractuelle. Avec Fourier, on sort enfin vraiment du christianisme en matière de sexualité. Normal qu'on ait si peu entendu cette belle voix singulière. Normal également qu'on l'entende encore si peu aujourd'hui alors que l'écho des cris de Sade persiste et s'éternise... Normal que Sade, dernier avatar judéo-chrétien de cette civilisation, ait connu cette heure de gloire au XXe siècle. Mais le temps est venu d'en finir avec la religion des corps maltraités.
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Hannah Arendt écrit dans "Les origines du titalitarisme" (1951) que les écrivains fascistes de l'après-guerre ne lisent pas les théories raciales et racistes de Gobineau ou de Chamberlain, ni même les pages de Darwin sur la lutte pour la vie, mais... Sade.
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Videos de Michel Onfray (159) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Onfray
*INTRODUCTION* : _« […] Je veux seulement, Monsieur, vous faire part d'une chose que j'ai lue dans Montaigne, et qui marque son bon goût. Il souhaitait devenir assez savant pour faire un recueil des morts les plus éclatantes dont l'Histoire nous parle. Vous qui êtes son partisan, vous approuverez ce dessein que j'exécute en partie. En effet, le véritable point de vue où je placerais une personne qui veut bien juger du ridicule qui règne dans le monde, est le lit de mort. C'est là qu'on se détrompe nécessairement des chimères et des sottises qui font l'occupation des hommes. Nous sommes tous fous ; la folie des uns est plus bouillante, et celle des autres plus tranquille. »_ *André-François Boureau-Deslandes* [1690-1757], _À Monsieur de la Ch…_
_« Rien ne doit plus nous frapper dans l'histoire des grands hommes, que la manière dont ils soutiennent les approches du trépas. Je crois que ces derniers moments sont les seuls, où l'on ne puisse emprunter un visage étranger. Nous nous déguisons pendant la vie, mais le masque tombe à la vue de la mort, et l'Homme se voit, pour ainsi dire, dans son déshabillé. Quelle doit être alors la surprise ! Tout l'occupe sans le toucher : tout sert à faire évanouir ce dehors pompeux qui le cachait à lui-même. Il se trouve seul et sans idées flatteuses, par ce qu'il ne peut plus se prêter aux objets extérieurs. Cette vue a cela d'utile en flattant notre curiosité, qu'elle nous instruit. Il n'est rien de quoi, disait Montaigne, je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, quelle parole, quel visage, quelle contenance ils y ont eus ; mille endroits des histoires que je remarque si attentivement. Il y paraît, à la farcissure de mes exemples, et que j'ai en particulière affection cette matière*._ _Je suis persuadé que la dernière heure de notre vie est celle qui décide de toutes les autres. »_ *(Chapitre III : Idée générale d'une mort plaisante.)*
* _« Et il n'est rien dont je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, de quelle parole, quel visage, quelle contenante ils y ont eus, non plus qu'il n'est d'endroit dans les histoires que je remarque avec autant d'attention. Il apparaît à la farcissure de mes exemples que j'ai cette matière en particulière affection. Si j'étais faiseur de livres, je ferais un registre commenté des morts diverses. Qui apprendrait aux hommes à mourir leur apprendrait à vivre. »_ (« Chapitre XIX : Que philosopher c'est apprendre à mourir » _in Montaigne, Les essais,_ nouvelle édition établie par Bernard Combeaud, préface de Michel Onfray, Paris, Robert Laffont|Mollat, 2019, p. 160, « Bouquins ».)
*CHAPITRES* : _Traduction d'un morceau considérable de Suétone_ : 0:02 — *Extrait*
0:24 — _Introduction_
_De quelques femmes qui sont mortes en plaisantant_ : 0:49 — *1er extrait* ; 2:08 — *2e*
_Additions à ce qui a été dit dans le IX et dans le XI chapitre_ : 3:15
_Remarque sur les dernières paroles d'Henri VIII, roi d'Angleterre, du Comte de Gramont, etc._ : 6:09 — *1er extrait* ; 6:36 — *2e*
_De la mort de Gassendi et du célèbre Hobbes_ : 7:45
_Remarques sur ceux qui ont composé des vers au lit de la mort_ : 10:47
_Examen de quelques inscriptions assez curieuses_ : 13:52
_Des grands hommes qui n'ont rien perdu de leur gaieté, lorsqu'on les menait au supplice_ : 14:33
_Extrait de quelques pensées de Montaigne_ : 15:31
_S'il y a de la bravoure à se donner la mort_ : 17:37 — *1er extrait* ; 18:57 — *2e*
_De quelques particularités qui concernent ce sujet_ : 19:14
19:28 — _Générique_
*RÉFÉ. BIBLIOGRAPHIQUE* : André-François Boureau-Deslandes, _Réflexions sur les grands hommes qui sont morts en plaisantant,_ nouvelle édition, Amsterdam, Westeing, 1732, 300 p.
*IMAGE D'ILLUSTRATION* : https://www.pinterest.com/pin/518547344600153627/
*BANDE SONORE* : Steven O'Brien — Piano Sonata No. 1 in F minor Piano Sonata N0. 1 in F minor is licensed under a Creative Commons CC-BY-ND 4.0 license. https://www.chosic.com/download-audio/46423/ https://www.steven-obrien.net/
*LIVRES DU VEILLEUR DES LIVRES* :
_CE MONDE SIMIEN_ : https://youtu.be/REZ802zpqow
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/B0C6NCL9YH *VERSION NUMÉRIQUE* _(.pdf)_ : https://payhip.com/b/VNA9W
_VOYAGE À PLOUTOPIE_ : https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/
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