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EAN : 9782746716124
168 pages
Autrement (20/04/2011)
3.49/5   61 notes
Résumé :
Le Manifeste hédoniste de Michel Onfray inaugure une nouvelle collection qui comprendra deux à trois titres par an : la collection "Manifeste".
L'idée ? Une personnalité défend une valeur, un engagement dans un texte court ou lors d’un long entretien puis réunit
autour d’elle les contributions écrites ou illustrées des auteurs, artistes, hommes de lettres et hommes d’action qu’elle admire, qui ont nourri son oeuvre et qui, par leur
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Le Manifeste Hédoniste de Michel Onfray est une invitation au partage : partage d'une philosophie, dont l'auteur se propose de résumer les grands principes dans le cadre d'une nouvelle collection des éditions Autrement, la « Collection Manifeste ».
Deux grandes parties composent ce texte :
1 – Un abrégé Hédoniste, dans laquelle le philosophe nous expose ses idées au travers de plusieurs thématiques,
2 – Les invités, dans laquelle plusieurs personnalités (artistes, professeurs) racontent leur expérience de vie et d'oeuvre faisant écho à la philosophie hédoniste, le tout agrémenté d'agréables illustrations.

Je connais un peu l'oeuvre de M. Onfray et j'ai retrouvé dans ce manifeste les valeurs défendues par celui-ci. Mettre le plaisir au centre de sa vie, dans le respect de soi-même et de l'autre, dans une exigence éthique rigoureuse, au moyen d'une connaissance toujours approfondie de ce qui fait notre monde intérieur et le monde qui nous entoure. Aussi, l'abrégé Hédoniste rends compte de cette exigence dans les différents domaines que sont la psychologie, l'éthique, l'esthétique, l'érotique, la bioéthique et la politique.

Si le préambule demande un peu d'érudition, la suite des chapitres est facilement accessible. Les propositions qui nous sont faites incitent à la réflexion, à la mise en perspective des problèmes majeurs auxquels nous sommes confrontés. Ce qui est intéressant ici, entre autres, c'est que loin d'être assommés par une vérité sentencieuse, nous sommes invités à nous interroger sur ce qui fait le centre de nos propres vies, quelles valeurs nous plaçons au centre de celles-ci, et, finalement, sur notre définition de notre propre bonheur. Nous nous interrogeons également sur le poids du passé qui entrave souvent nos propensions à mener nos vies dans le plaisir, passé historique, culturel ou philosophique... pour employer une métaphore musicale, nous sommes enjoints à jouer notre propre partition dans un monde où la cacophonie règne et où le temps nous est compté. « Chacun définit le centre du monde et construit le réel à partir de lui. Y compris, et surtout, le réel éthique, l'intersubjectivité. Sur le mode des cercles concentriques, dans une logique aristocratique donc, l'élection et l'éviction décident d'une situation dans le dispositif : élu celui ou celle qui consent à une relation hédoniste dans laquelle se construit, à deux, une intersubjectivité dans laquelle triomphe la pulsion de vie ; évincé celui ou celle qui, dans cette relation, fait primer la pulsion de mort, la négativité, la destruction, la perversion, le déplaisir. » (page 26).

La deuxième partie, consacrée aux invités, est tout aussi passionnante : on y rencontre entre autres Gérard Garouste, Titouan Lamazou, peintres , la chanteuse Juliette, Guy Bedos, mais aussi un professeur de l'Université Populaire de Caen, la photographe Bettina Rheims... A travers leurs portraits ou leurs interviews, nous découvrons leur parcours de vie et leur quête du plaisir qui passe soit par la transmission d'un savoir ou la création artistique, voire les deux (et n'est-ce pas la même chose ?), leur combat pour être soi-même au sein d'un environnement oppressif, et leur plaisir à donner aux autres leur propre représentation du monde. A travers leurs portraits, se dessine celui de l'auteur du « Manifeste hédoniste », et plus particulièrement dans celui, troublant, décrit par Jean-Paul Enthoven, portrait en creux par celui que M. Onfray appelle « mon antipode » qui diffuse une lumière contrastée, toute en nuances, d'un auteur dont l'image peut sembler parfois un peu monolithique et qui se découvre ainsi dans ses ombrageuses clartés, ouvrant un peu plus le champs de nos explorations.

En conclusion, je dirais que ce « Manifeste Hédoniste » peut, au moins, nous permettre de faire un peu le point sur notre propre relation au monde et notre construction de soi, une pause salutaire dans notre course effrénée aux plaisirs immédiats, au plus nous donner envie de continuer cette exploration dans le reste de l'oeuvre de M. Onfray, passionnante et passionnée.

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Comme il y eut "Le Jardin d'Epicure", il y a "Le jardin d'Onfray".
Le philosophe propose dans ce manifeste en condensé toutes ses valeurs qui fonctionnent parallèlement avec son combat athéologique.
La morale postchrétienne fait un pied de nez à la morale chrétienne empoisonnante et restrictive. L'auteur se déclare athée athée et non athée chrétien...
Avec cette recherche fondamentale du plaisir porté par l'ataraxie, il nous prône le concept de "trouver sa place dans ce monde" avec modération, en recherchant l'absence de trouble et de douleur.
Cette pensée matérialiste est proposée dans six chapitres allant de la psychologie à la politique en passant par l'éthique, l'esthétique, l'érotique et la bioéthique.
Ceux-ci sont précédés par un préambule où l'auteur dévoile son lignage et son ontologie.
"La sculpture de soi", comment penser en artiste..., les convictions philosophiques, politiques et existentielles de l'auteur se déploient à travers ce manifeste.
La deuxième partie du livre donne la parole à des invités qui partagent la même "raison".
Des artistes, écrivains, comédiens, chanteurs ainsi que des "chevilles ouvrières" de l'Université Populaire de Caen si chère à Michel Onfray exposent leur vision de l'hédonisme et leur amitié pour l'auteur.
Parmi eux, je retiendrai particulièrement le témoignage de Michel Onfray sur l'honnêteté de Titouan Lamazou, le poème en prose vibrant de Jean Lambert-Wild, l'action "pédagogique" lucide et bienveillante de Gérard Garouste, le magnifique et respectueux texte de Jean-Paul Enthoven et enfin les sautillants et lucides mots de Guy Bedos dont je ferai mienne cette phrase pour terminer ce court avis :
"Libertaire, hédoniste, épicurien aussi, bien avant de le connaître, mais c'est sous son influence que j'ai mis des mots sur ce dont j'étais porteur depuis toujours".
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Constitué de deux parties, cet ouvrage donne en premier lieu la parole à l'auteur, Michel Onfray, chantre de l'hédonisme, doctrine philosophique que fait de la recherche du plaisir le but ultime de la vie. L'auteur redéfinit donc les grandes notions classiques de la philosophie : éthique, esthétique, érotique, bioéthique, politique, à la lumière de la philosophie hédoniste et de la volonté libertaire.
Comme à l'accoutumée l'écriture est aisée à comprendre, à la portée des non spécialistes,et jubilatoire. Il est vrai qu'il ne peut pas être désagréable de découvrir d'aussi belles formules qui de plus mettent de façon claire en mots ce que l'on ressent profondément mais que l'on ne saurait exprimer faute du talent nécessaire à cet exercice de style

Michel Onfray donne ensuite la parole, après une courte présentation, à une palette d'invités, amis et co-religionnaires (très mauvais terme pour cependant pour des athéistes convaincus que sont la plupart des personnes concernées) ayant comme point commun de rejeter le conformisme ambiant et d'adhérer dans leur domaine au principe hédoniste. Il en est ainsi Titouan Lamazou, navigateur et artiste, de Jean-Lambert Wild, directeur du Centre Dramatique national de Normandie, de Gérard Garouste, créateur de la Source, sorte de resto du coeur pour l'expression artistique, de la chanteuse Juliette, ou de Guy Bedos. Deux chapitres sont consacrés à l'université populaire de Caen et à l'université populaire du goût qu'une équipe de bénévoles anime, permettant à un large public de bénéficier de conférences de qualité, que ce soit dans le domaine de la philosophie, ou devrais-je dire de la contre-philosophie, ou de la gastronomie, dans une visée bien entendu hédoniste. Hommage mutuel des invités à l'auteur aux invités, la force des liens qui les unit est réconfortante, tant les critiques parfois extrêmement délétères ont pu donner l'impression d'un isolement proche du bannissement pour le philosophe qui ose attaquer les fondements de notre société


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Avec ce livre j'avais deux objectifs. Tout d'abord découvrir la philosophie de Michel Onfray et ensuite réfléchir à la notion d'hédonisme : dois-je céder à tous les plaisirs ou essayer d'y résister ?
Le premier objectif est rempli haut la main. Ce manifeste hédoniste est en effet issue d'une collection qui rassemble divers auteurs, artistes, ou philosophes autour d'une personnalité. le premier texte est donc signé Onfray. Intitulé « abrégé hédoniste », il s'agit d'un court texte d'une cinquantaine de pages réparti en divers chapitres correspondant à différents domaines (psychologie, éthique, esthétique, érotique, bioéthique et politique) et ne faisant que quelques pages chacun. La maquette est aérée, illustrée et il y a des passages qui sont mis en exergue (en gros et rouge) : parfait pour les amateurs de citations comme moi ! Cette forme légère est donc idéale pour une introduction en douceur à la pensée de Michel Onfray. C'est appréciable car dans le fond, c'est du lourd ! Vous aurez droit à tout un jargon et même à du débat philosophico-philosophique. Il y a beaucoup de mots compliqués, surtout au début. Accrochez-vous car les meilleurs chapitres sont à la fin.


Onfray est souvent présenté comme un philosophe hédoniste (pas épicurien, hein) et c'est vrai que ce principe peut être appliqué à divers sujets. Ce principe c'est tout bêtement le principe des plaisirs et des souffrances, selon lequel il faudrait chercher le plaisir et fuir la souffrance. Ca rappelle aussi le calcul des coûts et des bénéfices, chère aux économistes, ou à la quantité de plaisir et de peine de Jeremy Bentham. Bref, ça fait plus utilitariste qu'hédoniste. Etonnant pour quelqu'un qui critique sans arrêt le libéralisme... D'autant qu'il va jusqu'à proposer une comptabilité des plaisirs : « élection et éviction en relation avec la production de plaisir ou de déplaisir ». En fait ce qui le différencie des libéraux et fait de lui un libertaire, c'est cet utopisme niais qui lui fait croire que les gens vont gentillement troquer du plaisir de façon équitable et respectueuse. Avec un crédo là encore très simple mais totalement irréaliste : « jouir et faire jouir ». C'est oublier qu'on peut très bien jouir au dépend de l'autre ou sans l'autre. Faire du plaisir une vertu me semble être une grave erreur. Pour moi il s'agit juste de la carotte mise en place par mère nature pour nous faire avancer dans le bon sens, celui de la vie.


Pour un texte sur l'hédonisme je n'ai pas senti beaucoup l'amour de la vie. Michel Onfray semble plus doué pour critiquer. La religion, Freud, les « artistocrates », les comités de bio-éthiques... tout le monde en prend pour son grade. Alors je vais vous le dire clairement : je ne trouve pas cet auteur très sympathique et je ne lirais probablement pas de sitôt d'autres de ses bouquins. Ceci dit il y a des choses intéressantes. le chapitre sur la bio-éthique en particulier m'a beaucoup intéressé.
Lien : http://brazen8457.blogspot.fr/
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Objet littéraire non identifié, le manifeste hédoniste de M. Onfray est un livre de philo, un ouvrage militant, un grand format illustré (on y trouve même des photos de nu) un recueil collectif et plus encore. Les habités du fondateur de l'Université populaire de Caen et des diffusions estivales de France Culture retrouveront ses thèmes de prédilection. En quelques pages lumineuses quoique parfois un rien péremptoires, l'auteur propose une contre-histoire de la philosophie qui constitue « un lignage majeur agnostique (..) ou athée, matérialiste, sensualiste et hédoniste » Il précise sa méthode de travail : la philosophie procède du corps du philosophe, et aboutit à une définition de l'hédonisme qui propose « un discours sur la nature des choses afin que chacun puisse trouver sa place dans la nature dans la perspective d'une vie réussie ».
Après avoir décliné ce concept selon 7 axes dans les 50 premières pages, l'auteur passe le témoin à 13 invités qui complètent et illustrent au propre et au figuré le propos.
On peut être dérouté par la forme inhabituelle de ce livre. Il tente « manifestement » d'échapper à l'austérité formelle des manuels de philosophie pour toucher un public plus large. de ce point de vue c'est une réussite : la lecture est agréable et les illustrations éclairent le discours. Ceux qui connaissent et apprécient l'auteur auront plaisir à relire ses avis souvent tranchés et dérangeants, qui font toujours réfléchir. Les autres auront l'occasion de découvrir un esprit controversé mais original et de se faire leur propre opinion.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Les hommes ignorent leur place dans l’univers. S’ils la connaissaient, ils prendraient mesure de la démesure du cosmos et de l’insignifiance de leur existence. Nous faisons un événement considérable de notre vie qui importe aussi peu que l’être d’une feuille dans un arbre. Les glissements de l’éphémère sur le miroir d’une mare d’eau croupie résument le destin de chacun qui se croit monde à lui tout seul
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La philosophie hédoniste est une proposition psychologique, psychagogique, éthique, érotique, esthétique, bioéthique, politique… Elle propose de la même façon qu’Epicure et les épicuriens, mais également et surtout de Lucrèce, un discours sur la nature des choses afin que tout un chacun puisse trouver sa place dans une nature, un monde, un cosmos dans la perspective d’une vie réussie – la vie réussie se définissant comme celle qu’on aimerait revivre s’il nous était possible d’en vivre une à nouveau. Sachant cela, voulons ici et maintenant ce que nous voudrions voir se répéter dans l’hypothèse d’un éternel retour.

Nous sommes un matériau brut qui doit être informé. Ce que nous sommes, nous le devenons. Si nous ne devenons rien, nous ne serons rien, sinon un fragment aveugle de la nécessité du cosmos. L’éthique est une affaire de sculpture de soi.
L’impératif catégorique de l’éthique hédoniste a été justement formulé par Chamfort dans un aphorisme définitif : « Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi ni à personne, voilà toute morale ».

Portrait de Michel Onfray par son ami Jean-Paul ENTHOVEN :
« Mon antipode »

6- Michel me fait penser à un étang inscrit depuis toujours dans son paysage. Me voit-il comme un estuaire où convergent des fleuves sans mémoire ? Je change souvent d’opinion. Les siennes sont immuables. Ces deux énergies, une fois mises en présence, auraient pu provoquer des courts-circuits. On aurait même pu trouver, dans leur antagonisme esthétique ou moral, la matrice d’innombrables combats mortels. Mais rien n’advint entre nous. Serait-ce parce que chacun, en la circonstance, eut toujours la nostalgie de ce qui constituait l’autre ?

8- Le plus singulier : cet hédoniste vit comme un moine. Cet athée a le goût de l’absolu. Ce matérialiste argumenté croit à l’idéal. Ce non-freudien est souvent dupé par ses propres actes manqués. Ce nietzschéen est compatissant. Cet anti-platonicien chérit sa caverne. Ce théoricien de l’érotique libertine voue un véritable culte à la fidélité amoureuse. Ce gastrosophe est janséniste. A croire que, chez Michel, chaque certitude se ménage une réserve de certitudes inverses. Cette disposition mentale a-t-elle facilité, entre lui et moi, l’alliance de ce que nous sommes ? Tout l’indique.

10- Ce que je redoute chez lui : son intransigeance ; sa raideur quand il est malheureux ; son obstination à douter de l’amour qu’on lui porte ; son affinité avec la solitude ; son antipathie pour les romans ; le peu d’égards qu’il témoigne à sa santé ; son refus, trop fréquent, de faire la part des choses et des petitesses humaines.

11- Ce que j’aime en lui : sa sensibilité de fleur-bleue ; son étonnement quand il s’avise qu’on l’admire ; sa volonté de vérité ; sa puissance de travail ; son talent d’écrivain ; sa gratitude sans faille pour qui, ne fût-ce qu’une seule fois, l’a aidé à traverser une épreuve.

12- Michel écrit beaucoup. Sans cesse. Un seul long distance flight lui suffit pour bâtir un manuscrit solide. Il peut concevoir une histoire de l’Antiquité en un week-end ; Rédiger douze articles et trois conférences dans le Paris-Argentan. Cette frénésie, toujours renouvelée, m’intrigue et m’inquiète : devrais-je l’indexer sur le pressentiment d’une malédiction ? Sur cet infarctus qui, lui rendant une visite trop précoce, l’a convaincu qu’il n’y avait pas de temps à perdre ? Serait-ce, une fois encore, le syndrome Mozart-Radiguet – tout accomplir, sans tarder, puisque la mort guette – qui hante mon ami ? Je rêve d’un jour où ce forçat n’entreprendra rien. Où il se contentera de flâner au fil d’heures vides. Où il apprendra à regarder le monde tel qu’il est, imparfait et beau, en négligeant la forge dans laquelle il veut l’améliorer. Ce jour-là, Michel sera réconcilié avec lui-même. Avec sa mère. Avec Paris. Avec la vie. Mais sera-t-il encore celui qu’il est ?


Ingrid ASTIER (spécialiste de Cioran) : « Jamais sans mon corps. Eloge de l’appétit »

La lecture de Michel Onfray m’a toujours confortée dans cette assise du corps. Je crois au corps, à son langage franc, par le biais du désir et des pulsions. Le sensualisme a sa rectitude.
Face aux sables mouvants de la vérité, à la statuaire pompeuse des illusions, le corps veut, le corps réclame, le corps exige. Il décrète le souverain bon. Bien souvent, le corps précède le langage et sa formulation. Que l’on songe aux joues empourprées qui annoncent l’aveu ou au tombé des paupières – rien de plus franc que le sommeil. Toutefois, il importe de distinguer plaisir et bonheur : l’art de vivre ne rejoint pas toujours celui d’être heureux. Ils peuvent se confondre par accident, non par essence.

Sans culture des sens, sans esthétisation du plaisir, nul hédonisme. Notre époque n’est pas sans spectre : l’hédonisme combat le rachitisme des sentiments, l’avarice des gestes et l’étiolement des appétits. Encouragée par la peur, rôde la tendance des plaisirs minuscules. Contre le rationnement du plaisir et le désir pusillanime, l’hédonisme encourage l’expansion, le baroque, l’exigence et l’audace. Dans cette écoute de soi, des autres et du monde, on est loin de l’élitisme. Et si l’hédonisme tournait autour de cet axe majeur, familier de l’éthique : le respect ? Car il y a urgence à faire usage de son corps. L’hédonisme serait caduc sans la conception que sur cette terre, seule la mort est certaine.
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L'autorisation est très importante. J'ai commencé à prendre du plaisir au piano quand je me suis donné l'autorisation de créer. Je dois à mes parents de considérer que dans la vie, en général, "j'ai le droit". J'ai un sens moral très développé, je sais ce qui est bien et qui est mal et, à condition que ce ne soit pas d'aller casser la gueule à mon voisin, je me sens autorisée à faire ce que je veux. Alors, quand j'arrive devant ma prof de piano, pose ma partition et lui dis "voilà ce que j'ai écrit cette semaine", elle ne me dit pas que je n'en ai pas le droit - ce qu'aurait peut-être fait la vieille demoiselle qui a été ma première prof. J'ai le droit d'écrire du faux Chopin et, comme c'est un droit que je prends, je n'en tire que du bénéfice. Et j'ai en face de moi quelqu'un qui ne me dit pas non. De ce point de vue, je suis moi-même assez pousse-au-crime. Chaque fois que l'on me demande mon avis, après les concerts ou au hasard des rencontres, je dis toujours la même chose : allez-y, écrivez, faites de la musique, personne ne peut vous en empêcher ! On ne devrait pas enseigner l'art à l'école, mais pousser les enfants vers la pratique : voici des pinceaux, voici un piano, voici des crayons, voici du papier, essaye !"
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Avec un socialisme libertaire actionné selon la mécanique des résistances concrètes, on voit alors le féminisme sur le papier, l'antiraciste sous les calicots, l'écologistes des banderoles, l'antifasciste au mégaphone, le révolutionnaire au slogan, tenus d'être féministes dans leurs relations amoureuses, antiracistes au quotidien, écologistes dans leurs habitudes, leurs comportements, leurs faits et gestes, antifascistes dans leurs relations intersubjectives - avec leurs enfants, leurs proches, leurs familles, leurs voisins de table, de transport en commun, leurs congénères dans la rue et toute autre situation concrète.

Michel Onfray Manifeste hédoniste (Edit. J'ai lu ; p63)
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Si les églises se sont vidées, les esprits restent pleins de l'enseignement chrétien : dépréciation des corps, des sensations, des émotions, de la chair, des passions, des pulsions, des femmes, du plaisir, de la jubilation, surestimation de l'ascétisme, du dolorisme, du renoncement, d'où misogynie et phallocratie...
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Videos de Michel Onfray (159) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Onfray
*INTRODUCTION* : _« […] Je veux seulement, Monsieur, vous faire part d'une chose que j'ai lue dans Montaigne, et qui marque son bon goût. Il souhaitait devenir assez savant pour faire un recueil des morts les plus éclatantes dont l'Histoire nous parle. Vous qui êtes son partisan, vous approuverez ce dessein que j'exécute en partie. En effet, le véritable point de vue où je placerais une personne qui veut bien juger du ridicule qui règne dans le monde, est le lit de mort. C'est là qu'on se détrompe nécessairement des chimères et des sottises qui font l'occupation des hommes. Nous sommes tous fous ; la folie des uns est plus bouillante, et celle des autres plus tranquille. »_ *André-François Boureau-Deslandes* [1690-1757], _À Monsieur de la Ch…_
_« Rien ne doit plus nous frapper dans l'histoire des grands hommes, que la manière dont ils soutiennent les approches du trépas. Je crois que ces derniers moments sont les seuls, où l'on ne puisse emprunter un visage étranger. Nous nous déguisons pendant la vie, mais le masque tombe à la vue de la mort, et l'Homme se voit, pour ainsi dire, dans son déshabillé. Quelle doit être alors la surprise ! Tout l'occupe sans le toucher : tout sert à faire évanouir ce dehors pompeux qui le cachait à lui-même. Il se trouve seul et sans idées flatteuses, par ce qu'il ne peut plus se prêter aux objets extérieurs. Cette vue a cela d'utile en flattant notre curiosité, qu'elle nous instruit. Il n'est rien de quoi, disait Montaigne, je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, quelle parole, quel visage, quelle contenance ils y ont eus ; mille endroits des histoires que je remarque si attentivement. Il y paraît, à la farcissure de mes exemples, et que j'ai en particulière affection cette matière*._ _Je suis persuadé que la dernière heure de notre vie est celle qui décide de toutes les autres. »_ *(Chapitre III : Idée générale d'une mort plaisante.)*
* _« Et il n'est rien dont je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, de quelle parole, quel visage, quelle contenante ils y ont eus, non plus qu'il n'est d'endroit dans les histoires que je remarque avec autant d'attention. Il apparaît à la farcissure de mes exemples que j'ai cette matière en particulière affection. Si j'étais faiseur de livres, je ferais un registre commenté des morts diverses. Qui apprendrait aux hommes à mourir leur apprendrait à vivre. »_ (« Chapitre XIX : Que philosopher c'est apprendre à mourir » _in Montaigne, Les essais,_ nouvelle édition établie par Bernard Combeaud, préface de Michel Onfray, Paris, Robert Laffont|Mollat, 2019, p. 160, « Bouquins ».)
*CHAPITRES* : _Traduction d'un morceau considérable de Suétone_ : 0:02 — *Extrait*
0:24 — _Introduction_
_De quelques femmes qui sont mortes en plaisantant_ : 0:49 — *1er extrait* ; 2:08 — *2e*
_Additions à ce qui a été dit dans le IX et dans le XI chapitre_ : 3:15
_Remarque sur les dernières paroles d'Henri VIII, roi d'Angleterre, du Comte de Gramont, etc._ : 6:09 — *1er extrait* ; 6:36 — *2e*
_De la mort de Gassendi et du célèbre Hobbes_ : 7:45
_Remarques sur ceux qui ont composé des vers au lit de la mort_ : 10:47
_Examen de quelques inscriptions assez curieuses_ : 13:52
_Des grands hommes qui n'ont rien perdu de leur gaieté, lorsqu'on les menait au supplice_ : 14:33
_Extrait de quelques pensées de Montaigne_ : 15:31
_S'il y a de la bravoure à se donner la mort_ : 17:37 — *1er extrait* ; 18:57 — *2e*
_De quelques particularités qui concernent ce sujet_ : 19:14
19:28 — _Générique_
*RÉFÉ. BIBLIOGRAPHIQUE* : André-François Boureau-Deslandes, _Réflexions sur les grands hommes qui sont morts en plaisantant,_ nouvelle édition, Amsterdam, Westeing, 1732, 300 p.
*IMAGE D'ILLUSTRATION* : https://www.pinterest.com/pin/518547344600153627/
*BANDE SONORE* : Steven O'Brien — Piano Sonata No. 1 in F minor Piano Sonata N0. 1 in F minor is licensed under a Creative Commons CC-BY-ND 4.0 license. https://www.chosic.com/download-audio/46423/ https://www.steven-obrien.net/
*LIVRES DU VEILLEUR DES LIVRES* :
_CE MONDE SIMIEN_ : https://youtu.be/REZ802zpqow
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/B0C6NCL9YH *VERSION NUMÉRIQUE* _(.pdf)_ : https://payhip.com/b/VNA9W
_VOYAGE À PLOUTOPIE_ : https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/
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