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Jacqueline Malherbe-Galy (Traducteur)Jean-Luc Nardone (Traducteur)
EAN : 9791027904112
288 pages
Anacharsis (04/02/2021)
3.32/5   19 notes
Résumé :
Jeune homme fantasque issu d’une antique famille vénitienne, Cipriano Parodi a grandi au milieu des décors des palais exubérants et fatigués de la Sérénissime, balloté entre deux tantes nanties de prénoms singuliers et antinomiques, Cattolica et Pagana. Ce sont sans doute ces auspices à la fois romanesques et contradictoires qui poussent son imagination surchauffée à élaborer sans cesse des mensonges et des fictions, peuplant son monde de créatures évadées des plus ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
J-1, comme dirait une de mes amies chroniqueuse patentée et lectrice boulimique, pour cette masse critique de janvier. Je remplis ma mission quelles qu'adverses en fussent les conditions, et pourtant.


Rien ne pèse aussi lourd qu'un secret ;
Le porter loin est difficile aux Dames :
Et je sais même sur ce fait
Bon nombre d'hommes qui sont femmes.
Jean de la Fontaine, Les femmes et le secret (VIII, 6)


Quels sont les fondements d'un secret ? J'en vois deux : un gain escompté à ne pas partager, ou alors la honte. le secret de Caspar Jacobi restera encore un temps bien gardé. Ne comptez pas sur moi pour... Mais je peux vous dire comment il tombera, je l'espère bientôt, dans mes mains... C'est toute une histoire. Commençons par révéler le choix de cette sélection, ce qui vous permettra d'appréhender mon excitation à vouloir m'en emparer car rien n'est plus excitant que la promesse de découvrir un secret, convenons-en. Qui pourrait se targuer ne pas vouloir prendre connaissance de ce qui a suffisamment d'importance pour d'aucuns vouloir le garder à leur seul intérêt ? Pas moi en tout cas. Or donc, dans cette fameuse masse critique de janvier apparaissait ce titre : le secret de Caspar Jacobi. Aussitôt à l'aguet, j'effectuai quelques recherches. Deux critiques seulement sur le titre dont celle de Fantine attira toute mon attention : "roman labyrinthique dont les sujets principaux sont la création et la manipulation littéraire". Ah ! Ah ! Un défi à relever. Je creusai de suite sur l'auteur : cet inconnu Alberto Ongaro né à Venise, ami d'Hugo Pratt. Il y a pire comme accointance, non ? Sur une des critiques d'un de ses 9 livres, je découvris la mention magique : romans à tiroir. (A remarquer la rigueur du processus de sélection pour éviter trop de déconvenues)


Au nom de la rose à moi de découvrir le poteau ! me dis-je aussitôt. Songeant à cet Umberto en écho et son Numéro zéro* qui fut paradoxalement son dernier roman, mêlant le vrai et le faux, et de jouissive lecture, comme un signe que m'adressait le renommé sémioticien ou plutôt sémiologue dans ce cas précis. Comme une piste à explorer, m'entraînant à jouer et me jouer des difficultés de l'entreprise. Ah ces jeux d'esprit où nous entraînent les spécialistes des romans multi-niveaux comme Arturo Pérez-Reverte dont je vous ai décrypté la mécanique dans le tableau du maître flamand* et l'inversion temporelle qu'il fournit au lecteur malicieux et attentif dans Deux hommes de bien*. Ou encore ce John le Carré spécialiste, lui, de l'information-désinformation, autre forme de manipulation. Moi qui aime entrer dans le jeu des écrivains de ce style, quelle joie je me faisais d'avance à piocher dans le secret de Caspar Jacobi. Et ensuite partager avec vous, à mots cachés, quelques pistes pour vos propres investigations. Mission accomplie me serais-je congratulé à vous amener à la découverte d'une pépite.


Mission impossible ? Non que je n'aie pas joué à cette masse critique marquée de sinistre mémoire par l'infamie de l'ostracisation de nous petits belges pourtant si prompts à promouvoir la bonne littérature, fût elle difficile d'accès. Faute, non de la covid comme le discours officiel de nos dirigeants aux genoux des lobbyistes nous suggère de croire relayés par une presse servile et mercantile, mais bien par les mesures liberticides et arbitraires entravants nos droits à nous mouvoir et à respirer, je n'ai pas encore pu prendre possession du bouquin qui normalement m'attend toujours dans La Loire à l'adresse d'un ami, en une certaine rue Mauvillains, ce qui ne s'invente pas. Voilà donc votre chance de pouvoir découvrir ce secret avant moi, et comme beaucoup ici sont fervent.e.s adeptes des longs résumés en guise de critiques, je pourrai par cette entremise en prendre connaissance au cas où la poste française, tout comme la poste belge en est accusée, n'aurait pas dûment délivré l'envoi dont par avance je remercie l'éditeur. le cas échéant, je viendrai en catimini étoffer ce billet nonobstant déjà bien complet.


"- Oh pour la fausse Impression, je ne dirai rien dans Le Figaro, d'ailleurs ma critique est déjà faite. Je rédige toujours avant de venir aux vernissages. Comme ça je ne suis pas influencé par les oeuvres. C'est un métier vous savez..."**


* cf. mes critiques d'après lecture
** cf. citation Intrigues à Givergny
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Cipriano Parodi est un jeune homme vénitien fortuné appartenant à une grande lignée qui fréquente les cercles mondains de la Sérénissime en écrivant des romans !
Il vient de publier " L'entrepôt des Turcs " et aussitôt il reçoit une lettre de New York d'un célébrissime écrivain : Caspar Jacobi qui l'invite à venir à ses frais pour lui faire une offre !
Parodi arrive aux US et est accueilli par Stella , une " escort girl " envoyée par Jacobi...
Une rencontre est organisée entre les 2 écrivains et, le maître propose au vénitien d'intégrer son atelier d'écriture en remplacement du français Régis Daniel. Caspar Jacobi se prend pour Alexandre Dumas et veut s'entourer de "nègres " pour lui donner des idées, des trames de romans et il se réserve ainsi le droit d'écrire lui même et de publier avec sa maison d'éditions le travail de ses " ghost writers ". Cipriano aura la possibilité de mener à bien ses oeuvres personnelles, mais peu à peu il constate que le maître s'empare de tout, surveille et préempte même ses trames jusqu'à lui voler ses personnages et son livre ! Furieux le jeune vénitien décide de mettre son patron en échec et commence à enquêter sur l'identité de Jacobi et sur son secret jalousement gardé !
Parodi cohabite avec les personnages de ses livres ( le baron Samedi, le commandant du Bounty ) et en cours de récit Alberto Ongaro nous fait vivre l'imaginaire de son héros et la réalité de ses hypothèses au sujet de la vie de Caspar Jacobi !
Jacobi est il un imposteur ou a t'il réellement une existence établie ? Qui est cette mulatresse aux yeux bleus qui est sur la photo de son bureau ? Qu'est il arrivé à Régis Daniel ? un accident ou un meurtre après l'escroquerie de Jacobi à son égard ? le vénitien découvre la duplicité du maître et le marché de dupes qui lui a été proposé !
Alberto Ongaro est un maître de l'illusion, et avec un style parfait : il brouille les pistes, les personnages, les histoires pour nous faire découvrir un secret qui n'existe peut être pas ! ! ! Car, après tout " le lecteur est peut être le personnage le + important de tout le livre " et "il n'y a rien de vrai " dans cette histoire ! le clown de la 1 ° de couverture semble confirmer la mystification.
Avec mes remerciements à Babelio, aux éditions Anacharsis pour ce voyage dans l'intemporel et dans l'imaginaire.
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Le narrateur du roman, Cipriano Parodi, est un jeune vénitien, qui dès son enfance a inventé des histoires, des récits, a imaginé des vies de personnages. Il finit par écrire un roman, qui lui vaut d'être contacté par un écrivain célèbre, faiseur de best-sellers. Invité à New-York, Cipriano se voit proposer une collaboration avec Caspar Jacobi, qui comme Alexandre Dumas, utilise un certain nombre d'assistants, pas tant pour écrire, que pour imaginer. le salaire est intéressant, et Jacobi promet au jeune homme qu'il pourra toujours écrire pour son compte personnel. Grand admirateur de Jacobi, Cipriano se laisse convaincre. Mais très vite, il commence à se poser des questions. Qui est vraiment le mystérieux Caspar Jacopi, que personne, à part une exception, ne voit en dehors du travail ? Qui est la femme à l'extraordinaire beauté dont la photo trône sur le bureau de Jacobi ? Qu'est-il vraiment arrivé au prédécesseur de Cipriano, mort dans des circonstances troubles ? Et enfin, comment Jacopi arrive à savoir ce que Cipriano imagine, avant même qu'il le lui raconte ? Une lutte qui ne dit pas son nom s'installe entre Jacobi et Cipriano, qui a la sensation d'y jouer sa vie, et même plus, son âme.

Un opus très réussi à d'Ongaro à mon sens. Comme toujours chez l'auteur, il ne faut pas s'attendre à avoir à la fin la réponse à toutes les questions. Il ne s'agit surtout pas d'une intrigue avec une action conclue de manière univoque. Ongaro ne fait qu'entrouvrir des portes, de lancer des pistes, et laisse le lecteur imaginer. Nous suivons ainsi des bouts de récits, d'histoires, imaginés par Cipriano, qui vont rarement jusqu'à leur conclusion, car elle ne peut qu'être décevante, elle doit forcément choisir entre tous les possibles un seul. C'est ce que découvre le baron Samedi, le personnage auquel Cipriano s'attache le plus, avec une forte identification. Mais tous les personnages imaginés, ne sont au final que le reflet, la projection d'un auteur, des avatars, des substituts fantasmagoriques. La question centrale, vitale, devient donc qui est l'auteur du livre que nous lisons. Est-ce Cipriano, qui imagine Jacobi ? Ou Jacobi qui imagine Cipriano ? Ou enfin Ongaro qui imagine les deux ? Ongaro, à son habitude joue avec les codes de différents genres littéraires : policier, fantastique, roman d'initiation, roman historique, roman d'aventures…. Peut-être jamais, comme dans ce roman, il n'a joué sur autant de tableaux à la fois, tout en second degré, ironie, élégance.

A chacun de choisir sa version. Au final, l'auteur c'est peut-être le lecteur.
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Il le savait, Cipriano Parodi... la tante Zobenigo, cette originale un peu médium à ses heures, l'avait prévenu : "une bête", un ennemi, devait à un moment ou un autre faire irruption dans sa vie. Il n'a d'ailleurs jamais oublié cette prédiction, qui lui revient instantanément à l'esprit, une décennie plus tard, lorsqu'il reçoit une lettre du célèbre écrivain Caspar Jacobi. Ce dernier, ayant lu le premier roman de Cipriano, est persuadé que "d'obscurs liens les unissent", et l'invite à New York.
Notre héros quitte ainsi sa Venise natale, et accepte quelques jours plus tard la proposition du "maître" Jacobi (cet auteur très prolifique est considéré comme le nouvel Alexandre Dumas) d'intégrer son "atelier". Il s'agit de rejoindre une équipe chargée de fournir à Caspar le matériau nécessaire à l'élaboration de ses romans, les uns fournissant des trames d'histoires, les autres brossant le portraits de personnages divers...

Alberto Ongaro emmène le lecteur au coeur des mécanismes de la création littéraire, dont il explore la part obscure, lorsqu'elle devient obsession, compulsion, lorsque certains sont prêts à tout, quitte à compromettre leur âme, pour satisfaire ses exigences. Car c'est comme une entité indépendante, un trésor difficilement atteignable que ce roman semble évoquer la littérature, Caspar Jacobi étant l'un des pirates les plus obstinés dans la quête de ce trésor... Charmeur, éloquent, il révèle peu à peu une facette inquiétante. Détenteur sur ses "artisans littéraires" d'un pouvoir presque surnaturel, il semble deviner leurs pensées, vampirisant sans vergogne leur inspiration.
C'est du moins ainsi que le perçoit dans un premier temps Cipriano, auquel nous sommes obligés de nous fier puisqu'il est le narrateur. Mais il est parfois difficile de démêler le vrai du faux, lorsque le dit narrateur se pense entouré de personnages de fiction issus de son imagination, qu'il interprète événements et comportement d'autrui à travers le prisme de ses fantasmes romanesques, nourries d'influences littéraires et cinématographiques diverses, inventant ainsi des alternatives à la réalité, la parant d'interprétations fantaisistes. Il considère en effet que l'importance ne réside pas dans la fidélité à une vérité de toutes façons relative, mais dans l'intérêt que le récit suscite chez celui qui le lit ou l'écoute...
Voilà qui confère à l'écrivain un pouvoir immense, celui de donner vie au néant, de rendre perceptible le monde issu de son imagination, puisque raconté, il devient palpable, concret.

Dans un second temps, la perception de Cipriano vis-à-vis de l'imposant Caspar Jacobi évolue. Il donne alors le sentiment de se mettre lui-même en scène : délaissant son statut d'instrument, d'écrivain de l'ombre manipulé, il se pose à son tour comme maître du jeu, ou tout au moins comme un participant volontaire et satisfait de ce jeu.
Avec humour et recul, puisqu'il se pose en observateur de son propre travail d'écriture, il met en évidence les procédés littéraires qu'il utilise pour rédiger le roman que nous sommes en train de lire, puisque c'est aussi de cela qu'il s'agit, d'une habile mise en abîme, une oeuvre s'imbriquant dans l'autre, Alberto Ongaro écrivant le récit qu'écrit Parodi...

C'est comme si le roman de Cipriano se construisait de manière fortuite, irréfléchie : le lecteur assiste à l'enfantement de l'oeuvre sans toutefois avoir l'impression qu'elle se fasse dans la douleur... L'auteur nous donne l'illusion (car en réalité, tout est parfaitement maîtrisé) que son héros l'élabore au fil de ses interrogations, de ses tâtonnements, et qu'il découvre ainsi peu à peu que la littérature ne doit être que plaisir et fantaisie.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Livre lu dans le cadre de l'opération « Masse critique » (Merci à Babelio et aux éditions Anacharsis .) . Tout commence à Venise (inévitablement) : Cipriano Parodi , un trentenaire à la généalogie pittoresque et aux amours romanesques en diable , vient de publier son premier roman quand il reçoit une étrange missive. Caspar Jacobi l'écrivain populaire « le plus lu au monde » , une sorte d'Alexandre Dumas réincarné ,l'invite à venir auprès de lui à New York ,concluant sa lettre par cette phrase énigmatique « D'obscurs liens nous unissent. » Cipriano accepte , s'embarque avec ses rêves, ses projets de roman (dont un personnage le hante) et se voit proposer un contrat juteux pour entrer à titre de « ghost writer » (« nègre » est interdit) dans son entreprise d'écriture . A partir de ce pacte (plus ou moins faustien) le voilà (et le lecteur avec lui) dans un tourbillon de péripéties, de rencontres avec des personnages fascinants . Et sur tout cela s'impose peu à peu une question lancinante : « Qui est vraiment Caspar Jacobi ? ». Je suis resté en haleine jusqu'aux dernières pages de cet ouvrage qui est un hymne au romanesque , à l'imagination . Ungaro ne fut pas pour rien l'ami d'Ugo Pratt , on comprend très bien ce qui les rapprocha.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
A mes yeux ce n'était pourtant pas le destin ou le hasard qui m'avait conduit chez Chao Lee mais quelque chose de plus subtil et de plus intime, quelque chose dont on ne peut parler explicitement sans s'exposer à de gros risques mais que moi, je ne peux définir avec un autre mot que celui qui lui revient légitimement, je veux dire le romanesque dont je respirais depuis toujours l'air fébrile et qui trouvais ici sa température la plus élevée.
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Certes, si j’avais dû gagner ma vie j’aurais été contraint d’occuper mon temps de bien d’autres façons, mais ma famille était alors, et j’ai des raisons de croire qu’elle continue à l’être, même si je n’ai pas de nouvelles récentes d’elle, plutôt aisée, suffisamment en somme pour permettre à chacun de ses membres de vivre dans cette sphère dont l’accès est refusé aux indigents, où parmi tant de gens il est donné de s’écouter surtout soi-même.
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Quand arriva la lettre de Caspar Jacobi j’avais sinon oublié du moins laissé en suspens et archivé la prédiction de cette grasse gitane de Feltre connue sous le nom de comtesse Zobenigo qui, en examinant ma vie future, y avait remarqué quelque chose d’obscur, une sorte de guet-apens dressé par quelqu’un qui m’attendait, un ennemi ou une bête féroce prête à bondir sur moi quand je passerais près d’elle.
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Parce qu'on a beau se démener pour vivre intensément ,pour faire ceci et cela ,pour en voir de toutes les couleurs,eh bien, tant que les autres ne le savent pas, tant que l'on n'est pas raconté par quelqu'un ,tant que l'on ne se raconte pas ,on continue à n'être rien , personne.
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J’avais l’impression qu’elle parlait un peu à tort et à travers et c’est pourquoi je la suivis docilement.
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