Brocéliande sur Marne

Chronique d'une petite bourgade où, tout comme aux galeries Lafayette, il se passe toujours quelque chose.
Dossier du jour, un futur complexe porté par les p'tits bras musclés de deux empaffés de promoteurs en cheville avec un maire qu'a dû oublier de prendre ses pilules anti-malversation du matin. Du midi et du soir itou, ce qui démontre déjà une admirable constance. Une ville de banlieue, ça respire, ça gronde, puis parfois, ça pète.
Brocéliande sur Marne est à deux doigts de plagier Misou-Mizou, d'exploser dans un nuage de soufre aux relents quelque peu incommodants.

Oppel et son phrasé au charme inimitable nous conte ici une fable moderne.
De celles si communes dans nos communes, tiens, je contrepéte, qu'elles en deviennent presque risibles.
Le pot de terre vs le pot de vin.

Les opposants sont tous admirablement croqués.
Un petit microcosme qui se croise régulièrement et se connait donc par coeur.
Si les uns possèdent l'ADN d'une hyène, et là où y a de la hyène, y a..., il est à souligner que les autres, les gentils dans l'histoire, ne demandent finalement qu'à apprendre pour conserver la tête hors de l'eau.

Pas manichéen pour un euro, Brocéliande sur Marne sublime l'humain dans ce qu'il a de plus vil et c'est peut-être bien pour ça qu'on aime...

Quand on habite les bords de Marne, le titre de ce roman vous "alpague".
On a envie de découvrir, de voir comment on peut traiter ce thème. On connait bien sûr le côté promenades au calme, la villégiature parisienne, le canoë, l'aviron, les guinguettes, l'accordéon et les canotiers. Mais aussi le passé ouvrier de ce coin d'île de France, l'appétit des promoteurs et l'urbanisation à outrance.
Il fallait l'imagination de Jean-Hugues Oppel pur positionner son roman dans ce milieu et nous rendre un livre moderne, étonnant qui fait sourire, et qui dérange tout en étant pas si loin que cela d'une certaine réalité. Bien sûr, il peut y avoir négation de l'existence de ce genre de personnages aujourd'hui. Pourtant, tout un tas de mondes co-existent dans ces environnements qui peuvent être à la fois enchanteurs, inquiétants, désolants.
Il faut lire ce polar au delà de l'histoire, et intégrer, sans prétention une dimension sociologique et descriptive au texte.
C'est un tout petit bouquin, qui semble écrit "à la truelle" et qui est pourtant bien plus ciselé qu'on ne l'imagine au départ.
A savourer.

Un roman noir dans l'esprit de Didier Daeninckx ou de la série du Poulpe, qui se tient assez honorablement. le style d'écriture est typé - semi argot, dialogues un tout petit peu trop écrits (à mon goût), jeux de mots à gogo - mais néanmoins fluide.
Les personnages sont bien dessinés et tiennent bien leur rôle dans cette intrigue sur fonds de corruption généralisée dans une opération immobilière. Un fil rouge tout au long de l'histoire est le groupe de rock et la passion musicale de l'un des protagonistes, qui l'amène à prendre un rôle inattendu dans tout cela.
Le style d'écriture m'aurait lassée dans un roman plus épais, mais ça allait pour 180 pages ;-) et le twist (si j'ose ... ? c'est un peu rock'n roll ...) majeur de l'intrigue était bien amené.
L'auteur nous laisse en suspens, soit pour une suite (je ne pense pas qu'elle ait vu le jour) soit par simple réalisme ... les happy ends complètes n'existent pas, en vrai !

Un polar qui se lit bien vite et qui est loin d'être un pillier de la littérature noire.
J'ai retrouvé l'ambiance des romans policiers du fleuve noir édités dans les années 80.
100% Français