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EAN : 9782715235342
272 pages
Le Mercure de France (21/08/2014)
3.41/5   16 notes
Résumé :
Au retour de Rome, quand j’ai aperçu la silhouette d’Augusto dans l’immense hall de la gare Victoria où il était venu m’accueillir, j’ai eu honte.

Le train nous avait ramenés. Je ne peux le dire qu’ainsi. Au sens propre. Ce n’était plus nous qui nous emportions. Qui nous lancions vers l’avant comme à l’aller, les cheveux au vent, penchés par la fenêtre, la poussière me battant le visage, venue, on aurait dit, du sol de l’Éden.

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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Vera est fille d'immigrés italiens. Elle est arrivée en Angleterre avec ses parents alors qu'elle était toute petite. Ses parents étaient venus là à la recherche d'un travail pour assurer une vie meilleure à leur fille. Ils s'installent dans le quartier de Little Italy à Londres. Un quartier qui comme son nom l'indique est habité à majorité par des immigrés italiens. Augusto, le père, personnage insignifiant, est docker dans un port de la Tamise. Ada, elle, gère tant bien que mal une sorte d'épicerie bazar. L'essentiel pour eux est de ne pas se faire remarquer, de se fondre dans la masse. A la maison on ne parle pas italien, pas celui des livres en tout cas, les deux parents parlent deux patois différents, et leur fille communique avec eux dans ces deux langues et en anglais.


Vera est approchée par Nunzia Chiegi, femme proche de l'Ambassade italienne, qui va la persuader de suivre des cours du soir d'italien. Mais cette école où elle se rend quelques soirs par semaine prodigue des cours à la gloire du régime fasciste de Mussolini. Vera va succomber aux sirènes de cette Italie forte, rassurante pour elle qui ne sait pas qui elle est. Elle n'est pas anglaise, son passeport et son apparence sont italiens, mais elle ne sent pas italienne non plus. Elle n'a jamais vécu dans son pays d'origine. Petit à petit elle va gravir les échelons dans ces jeunesses italiennes, jusqu'à ce voyage de groupe en Italie où elle aura l'insigne honneur de remettre un bouquet au Duce lui-même de la part de la communauté anglaise. Ce voyage va amplifier son détachement de ses parents, elle va les considérer comme des étrangers.


Churchill ayant décrété au début de la guerre que tous les ressortissants des pays étrangers ayant déclaré la guerre au Royaume Uni étaient des dangers potentiels, de grandes rafles furent organisées. Augusto fut arrêté puis conduit par bateau vers une destination inconnue. Augusto ne revint jamais, le bateau ayant été coulé par un sous-marin allemand. Jamais la famille ne récupèrera le corps. Nous retrouvons Vera à Soho où elle va travailler dans un restaurant "français", elle va se lier d'amitié avec une juif apatride amoureux de la culture française qui va l'initier à la langue et à la culture françaises par le dialogue et par les livres. Sa quête d'identité déçue par le fascisme mussolinien va se tourner vers la France par la découverte de sa langue.

Vera est un premier roman magistral. Poignant, il nous parle d'un fait méconnu de la deuxième guerre mondiale, ces rafles d'immigrants ordonnées par Churchill. Ce roman pose le problème de l'identité, de l'appartenance, des racines. Les deux personnages principaux Vera et Ada sont particulièrement saisissants. Vera est en quête d'elle-même, de qui elle est vraiment. Est-elle définie par son pays d'origine dont elle n'a aucun souvenir et qu'elle fantasme au début du roman au travers du prisme de l'idéologie fasciste? Est-elle définie par un pays d'accueil qui la méprise du fait de son physique typé? Va-t-elle réussir à se trouver grâce à son goût pour la langue française et pour sa culture? Ada, elle, réagit différemment, elle va peu à peu se murer dans le silence. Elle regrette d'avoir quitté son pays et surtout ses enfants morts. Elle va errer dans les cimetières, communiquer avec les morts qui tous appartiennent au genre humain pour se rapprocher de ses chers disparus. Dans ce roman Jean-Piere Orban nous montre l'importance de la langue comme vecteur d'identité. Dans la famille de Vera personne ne parle réellement la même langue on se comprend, mais il n'y a pas une langue commune. Les membres de la famille vivent les uns à côté des autres, ils ne sont pas unis par le langage.


Vera est un roman fort, riche, merveilleusement écrit, un roman poignant, sur l'identité, la difficulté à s'intégrer. Un roman qui a reçu en 2014 le prix du premier roman. Un livre marquant.
Lien : http://leslecturesduhibou.bl..
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Si je dois être tout à fait honnête, quand j'ai lu la 4ème de couverture du livre je me suis dis « tiens, un énième livre sur la seconde guerre mondiale ». Je saturais un peu des lectures sur cette période et c'est avec des à priori que je l'ai entamé car je pensais, naïvement que tout avait été dit sur cette période sombre de l'histoire. Mais, finalement j'ai bien aimé ce livre qui nous en donne une version différente et originale. de plus, l'histoire est servie par une écriture fluide et poétique qui a réussi à me tenir en haleine et à m'émouvoir. J'ai aimé les thèmes de l'identité et de l'enracinement qui sont traités ici avec subtilité et sensibilité. le personnage principal est très complexe tout comme l'est l'Histoire.
Véra, immigrée italienne vivant en Angleterre avec ses parents, se cherche. Elle est déracinée et désire appartenir à une communauté, cela va la conduire à s'enrôler dans une organisation fasciste. Elle est dans un premier temps éduquée chez les soeurs, elle va petit à petit se perdre dans le fascisme et elle ne se rend pas compte que ses gestes et ses décisions sont très lourds de conséquences. J'ai aimé le fait que des faits historiques soient relatés. Les descriptions sont précises, les personnages bien campés et on a envie de prendre Vera sous notre aile et lui expliquer qu'elle ne prends pas le bon chemin, qu'elle se fait manipuler qu'elle n'obtiendra pas la revanche sociale tant espérée.
Un beau roman historique qui tient toutes ses promesses, une découverte fort sympathique. Les aficionados d'histoire devraient être totalement pris dans cette intrigue.

VERDICT

Pour les fous de romans sur la seconde guerre mondiale, pour les passionnés d'histoire et les autres … Je le conseille vivement
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Bonjour,une critique difficile pour moi car je n'aime pas dire du mal d'un roman .Je suis certaine que l'auteur y a mis beaucoup de lui-même ,mais malheureusement je n'ai pas du tout accroché a l'histoire.
Nous suivons Vera,qui nous raconte sa vie de sa jeunesse pendant la seconde guerre mondiale et son amour pour sa mère et son fils.
Certains passages m'ont plu mais je ne trouve pas l'ensemble cohérent,l'auteur a voulu mettre trop de choses dans son récit. Selon moi ,il aurait du se concentrer sur la période de la guerre ,l'ambivalence des sentiments de cette adolescente qui est attirée par le fascisme. Mais il a voulu que cette femme nous raconte son histoire en « améliorant » son récit , il nous raconte l'histoire de son point de vue comme si c'était elle qui nous contait sa vie,avec des incohérences ,des retours en arrière et en enjolivant certaines choses et oubliant certains détails.
Selon moi ,l'histoire de son fils n'est pas suffisamment creusée,on ne fait que l'effleurer.
Mais pour en venir aux points forts de ce roman,j'y ai appris certaines choses sur la seconde guerre mondiale,le point de vue d'une immigrée italienne en Angleterre est original selon moi. Et l'on se pose quelques questions ,comme a partie de quand est-on intégrer à une nation ? Une génération ,deux... ? Doit-on renier ses racines ?


Bref, même si ce livre ne m'a pas convaincue ,j'espère qu'il trouvera son public,et pouvoir lire un autre livre de cet auteur prometteur.
Lien : http://lemondedeparaty62.ekl..
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930. Vera, fille d'immigrés italiens à Londres, se laisse séduire par le fascisme et l'idée d'une Italie conquérante incarnée par Mussolini. Mais ses espoirs sont balayés lorsque la guerre éclate. Tiraillée entre sa culture d'origine et son pays d'accueil, Vera va devoir aller à la rencontre d'elle-même...

Oeuvre sur l'identité et les racines, "Vera" est le récit d'une initiation ainsi qu'un hommage à la langue, aux langues. Jean-Pierre Orban, né d'un père belge et d'une mère italienne, signe là un beau premier roman tourmenté.
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Merci pour vos extraits qui m'ont interpellée. j'ai donc lu et j'ai personnellement trouvé ce roman fort, bouleversant par moments. Pour moi et c'est vrai que c'est personnel, le thème de l'identité, de l'appartenance sont ancrés dans notre présent, celui des langues aussi, de la quête de soi, de la famille, des racines. L'incipit est sans doute un peu difficile mais on est emporté, les mots sont pesés, choisis, ressentis; j'ai adoré Vera.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Oui,j'ai aimé ces livres.Et c'est par eux,par l'image et la typographie que je suis tombée ,comme dans un pot de miel,dans le fascisme. Plus encore,c'est à travers ces pages que je ne comprenais pas parfaitement au début,mais que j'ai maîtrisées les années suivantes jusqu'à m'en souvenir encore aujourd'hui ,que j'ai découvert le plaisir de la lecture. Un plaisir qui ne m'ouvrait pas que sur les mots eux-mêmes, comme en anglais, mais sur des horizons d'autant plus radieux que je ne les connaîtrais peut-être jamais.Que je pouvais imaginer à perte de vue.
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Sans doute était-ce là le meilleur moyen de s'assimiler aux autochtones. Moi ,étranger, étrangère,je te donne chaque jour,à toi qui m'accueilles sur ton territoire, ce qui constitue et reconstitue ton corps. Ton être .Ta vie. Selon tes propres désirs. Ce doit être pour cela,non? que les nouveaux arrivants ouvrent d'abord des épiceries, des magasins du coin à tout faire. Les pakis, les chiquenodes, les ritals, j'entends les wops. Wop pour without papers, un sans-papirs. Ou alors, à la suite d'une déformation de guappo ,une gouape, un voyou, pire,un maquereau.
D'abord l'épicerie, avant le restaurant. Avant de te donner à manger autre chose que ce que tu es. D'abord toi. D'abord vous. Dans un espace exigu mais suffisant pour prouver ma bonne volonté. Un reflet primaire, grossier pour t'attirer à moi.
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On pourrait croire que Vera est l’héroïne de ce premier roman de Jean-Pierre Orban mais ce serait réducteur.
Vera et Augustin sont les âmes de ce roman et restent en moi telles ces personnes chères (mé)connues puis perdues.

Le déracinement de l'exil ,l'espoir, la volonté de se fondre tout en ne se reniant pas,les actes manqués d"une vie, le poids qu'une génération transmet aux suivantes.

La petite histoire du monde de Vera est passionnante, fondue dans la Grande Histoire à travers un Londres que nous arpentons avec plusieurs des personnages.
Le point de vue sur cette époque à travers ces Italiens de Londres (ou ces Londoniens d'Italie) est original et intéressant.

On ne sort pas indemne de ce roman.
J'aimerai retrouver Vera, Ben et les générations suivantes.
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Acciuffateli tutti.
Est-ce que Churchill parlait italien? Connaissait-il un seul mot de cette langue? Et aurait-il lancé son ordre s'il l'avait fait dans la langue d'Augusto? Ose-t-on ,quand on a fait l'effort de traduire sa pensée dans les mots de l'autre ,le condamner à l'exil? Et l'envoyer à la mort.
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Augusto a été arrêté au matin du 13 juin.Un jeudi,Ada disait que l'histoire s'était trompée de jour ,que le 13 aurait dû être un vendredi. Ou alors le jeudi n'aurait pas dû être un 13. Que les malheurs ne tombent que les vendredis 13. Les vrais malheurs. Rien qu'à ça,Churchill aurait dû se rendre compte que quelque chose clochait au départ et que toute l'histoire devait tourner mal. Mais Winston,né debout, lèvres lippues, au palais de Blenheim, ne pouvait s'embarrasser de superstitions. Seuls ceux qui naissent couchés et celles qui leur donnent ainsi naissance cherchent les signe là où ils ne sont pas.
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Videos de Jean-Pierre Orban (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Pierre Orban
Rêver (même) en temps de guerre (rencontre issue d'un entretien avec Ngg Wa Thiong'o) - avec Jean-Pierre Orban - Modération par Gladys Marivat - samedi 1er octobre 2022, 12h00-13h00 - Château du Val Fleury, Gif-sur-Yvette (Paris-Saclay). Festival Vo-Vf, traduire le monde (les traducteurs à l'honneur)
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