Décidément ce Bouteloup, tout le monde veut qu'il crève.
Voilà maintenant qu'on l'envoie nettoyer les tranchées avec une bande de corps-francs (intéressante, cette bande, d'ailleurs, mais on se demande bien ce qu'un médecin vient faire dans cette galère), mais comme il ne se décide toujours pas à crever, on l'attribue aux Américains, d'abord pour les former, passage intéressant également.
Mais c'est sans compter sur le talent inné de Bouteloup à se retrouver sous les ordres des pires ordures que la terre ait engendrées, et l'officier de Marines américain qui le commande est un champion du monde dans ce domaine, au même titre que ses anciens chefs français. Aussi sec, il l'envoie encadrer une bande de Cheyennes armés d'arcs et de flèches (!), avec un fusil pour quatre, dans une opération suicide sur les Vosges qui n'a d'autre ambition que de se débarrasser d'eux. Comme ça ne va pas assez vite, les doughboys vont même les bombarder.
Bien sûr, inutile de dire que cette foutaise n'a aucun fondement historique, j'ai vérifié. Certes, il y a eu des soldats Peaux-Rouges qui se sont battus dans l'armée US au cours de la première guerre mondiale, au coude à coude avec leurs collègues blancs, mais ils étaient armés de la même manière et n'ont pas été volontairement surexposés (pour ce qui est des noirs c'était encore différent... La plupart d'entre eux ne furent même pas engagés sur le front car on ne leur faisait pas confiance).
Alors on commence à comprendre le message :
- Les officiers sont tous des pourris, des incompétents et des racistes.
- Dès qu'ils le peuvent, ils envoient se faire tuer tous ces sous-hommes de bicots, de sénégalais, de turcos et de peaux-rouges.
Outre que ce message commence vraiment à être redondant et que la série ferait pas mal de se diversifier un peu (
Tardi avait été très loin dans ce domaine, mais il a su rester malgré tout un peu plus mesuré), le problème est plus profond. Ça commence vraiment à ressembler à une uchronie, et à la rigueur, pourquoi pas... le problème, c'est qu'à force de faire croiser au lecteur les vrais personnages, les vrais lieux et les vrais évènements, que les auteurs veulent à tout prix placer, plaquer même, de façon parfois un peu artificielle, celui-ci peut légitimement croire que cette BD est vraiment historique et qu'elle s'appuie sur des fondements documentaires sérieux. Elle a fait illusion dans ce domaine durant les 2-3 premiers tomes, mais là ça devient vraiment n'importe quoi, en dépit d'une qualité narrative et de dessin toujours présente.