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EAN : 9782070290475
480 pages
Gallimard (07/06/1974)
3.97/5   322 notes
Résumé :
En hommage à la mémoire de son grand-père, symbole de la tradition, contraint de s'éloigner à jamais de la terre de ses ancêtres, le cadet d'une vieille famille française enfermée dans l'image du passé raconte ce qui a été et qui achève de s'effondrer. Le berceau de la tribu, le château de Plessis-lez-Vaudreuil, est au centre de cette longue chronique qui embrasse, depuis les croisades jusqu'à nos jours, l'histoire du monde, du pays, du clan de tout ce que la lignée... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
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sur 322 notes
A la mort de l'auteur, j'ai réalisé que je n'avais lu aucun de ses ouvrages. "Au plaisir de Dieu" est donc le premier mais probablement pas le dernier.
Une écriture à la fois complexe et alerte, pour conter, avec un détachement certain, l'histoire d'une famille, aristocratie en déclin, à la fois coupée des évolutions de la société, et en même temps traversée par elles.
Ce n'est pas facile à lire ; il faut y mettre du temps et y chercher du plaisir... Mais on ne le regrette pas.
Deux choses assez extraordinaires :
- en lisant le texte de Jean d'Ormesson, je l'entendais dans les émissions de
Bernard Pivot, à la télé des années 80. Il écrivait un peu comme il parlait, avec grâce.
- une grande modernité : à la fin du roman, les aventures d'Alain, écrites au début des années 1970, nous rappellent celle des enfants perdus de l'islamisme du début des années 2000... Eternel recommencement ?
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Au plaisir de Dieu/Jean d'Ormesson de l'Académie Française
Cette chronique de la vie d'une vieille famille aristocratique française nous est conté par le cadet des petits enfants de Sosthène, le grand-père donc, né en 1856 et mort en 1951.
Ce grand-père, symbole de la tradition, est en fait le personnage central, celui autour de qui tout gravite, celui qui est de tout temps le chef, le centre de la famille et qui à travers les orages et les séductions, a tenu bon, comme un de ces vieux chênes parmi lesquels il aura vécu foudroyé et indestructible pendant près de cent ans. (1856-1951)
Dans un style magnifique digne De Chateaubriand , son idole à qui il fait penser, Jean d'Ormesson écrit des lignes riches d'un souffle, d'un rythme et d'une amplitude rares.
« Aussi loin que je regarde en arrière, mon enfance m'apparaît calme, heureuse, limpide, protégée, tout encombrée de ce que les miens y déposaient, jour après jour, de souvenirs toujours vivants et d'inquiétudes encore lointaines …Plessis-lez-Vaudreuil, avec sa table de pierre, m'apparaît dans le souvenir comme un havre, comme une île, comme un rocher de délices qu'auraient battu les flots, non de la mer, mais du temps. La vie dans le monde moderne était venue à bout, peu à peu, de la cohérence de la famille. »
Bien formaté par des siècles de domination et de mépris du peuple, le narrateur, au nom de sa famille, nous livre ses réflexions sur ce qui fut et ce qui est.
Les idées nouvelles font leur chemin parmi les hommes et ce cheminement suspect où des philosophes socialistes voient avec satisfaction un progrès de la conscience, au contraire angoisse les grandes familles qui devinent comme un forage souterrain, un lent travail de sape et de mines sous les cathédrales menacées de leur caste.
Au rythme des saisons comme à Combourg, le temps s'écoule et « nous entrions dans l'été comme dans une saison sans rivages, sans début et sans fin. Nous nous réfugiions coupés du monde, au sein de la famille. Nous quittions le temps qui passe et nous nous installions dans le temps qui dure…Le temps apportait avec lui tout ce qui nous détruisait et que nous redoutions : l'usure, l'avachissement, le changement, le déclin et l'oubli. Nous n'avions plus assez de force pour nous mettre à construire. Alors nous nous étions établis conservateurs de ce qu'avaient édifié jadis ceux dont nous gardions le souvenir à travers l'hostilité des révolutions et des siècles. »
Le goût et la passion de la lecture vont être inoculés à notre narrateur adolescent par un jeune précepteur merveilleusement cultivé :
« Un poison était entré dans nos veines. Nous avions besoin de notre drogue. Chaque ouvrage, chaque écrivain nous renvoyait à d'autres ouvrages et à d'autres écrivains. Un monde imaginaire s'édifiait autour de nous : une espèce de puzzle géant qui n'existait que sur papier et dont, par un paradoxe de bonheur ou de malheur, nous manquaient, au fur et à mesure que nous avancions dans le jeu, des pièces toujours plus nombreuses. »
Devenu adulte, il ne peut que constater l'évolution et les dégâts, et il est à présent convaincu que « la culture, un jour, exigera d'être sourd et l'intelligence de cesser de lire. »
Et curieusement il s'interroge sur l'avenir et le jugement des hommes à venir :
« Personne ne saura jamais si les gens étaient plus ou moins heureux sans voitures et sans télé, sans nouvelles, sans argent, sans besoins et sans ambitions, sans grandes espérances, mais sans illusions, sous le regard d'un Dieu qui leur disait de se taire, au sein d'un ordre immuable, dans l'absence du changement. »
Autour de lui, le bonheur se confond avec le progrès. Son avis comme celui d'un certain nombre de penseurs va à l'encontre de ce point de vue ; en effet « même ceux qui ne contestent pas les triomphes du progrès doutent maintenant avec violence de ses liens avec le bonheur. le bonheur de nos jours consiste pour beaucoup à fuir d'abord le progrès, et à le condamner. »
L'espoir était né mais fut vite déçu :
« le rôle formidable du socialisme a été de donner à la masse des hommes une espérance du bonheur. Que les fruits du socialisme, du communisme, du stalinisme, aient tenu la promesse des rêves, des espérances et des fleurs, c'est une autre question et dont la réponse est douteuse. Je me demande si les hommes n'ont pas été dans la situation de ces fiancés fous d'amour qui rêvent de leur avenir avec la femme qu'ils aiment. Jamais le mariage n'est aussi beau que les fiançailles. le socialisme aura constitué, pendant un siècle, les fiançailles de l'humanité avec le bonheur…L'extrême gauche, qui arrivait au pouvoir dans la Russie des Soviets, renonçait à la liberté puisqu'elle aspirait à la dictature au nom de valeurs tout aussi totalitaires et exclusives que l'étaient jadis les nôtres. Et nous, vaincus, réduits à la défensive, freinant de toutes nos forces la montée des croyances nouvelles, nous nous instaurions les défenseurs de la liberté individuelle qui devenait notre seul salut. Telles étaient les contradictions du monde moderne, et les nôtres. »
Il y avait l'ordre établi par une aristocratie dédaignant ceux sans particule et méprisant la République, et puis vint le changement avec l'amour du soleil, de la vitesse, de la nudité et la naissance du tourisme de masse.
Et c'est là que les grandes familles vont voir leurs liens séculaires se distendre au risque de se déchirer et se rompre. Les cousins du narrateur en sont l'exemple type : en cette période d'avant guerre où l'Europe se trouve divisée en fascistes et antifascistes, Philippe va adhérer aux idées les plus à droite et Claude à celles du parti communiste. Tous deux idéalistes convaincus vont se retrouver volontaires chacun dans son camp au cours de la guerre d'Espagne, sans se haïr pour autant.
Nous arrivons aux années précédant la guerre et pendant que le Front Populaire propose le bonheur et les loisirs aux Français, Hitler offre aux Allemands les bombardements en piqué et la percée des chars !
Plus tard, à la fin des hostilités, vont s'opposer par un destin cruel Pétain et De Gaulle.
« D'un côté, la terre natale, le sol, le bon sens paysan, le regard et les yeux, le réalisme, le passé, l'immédiat, l'obéissance et le oui : le maréchal, à Vichy. de l'autre, la mer, l'exil, l'aventure, la voix et l'oreille, la rêverie foudroyante, le futur, le pari, la révolte et le non : le général, à Londres. Une page extraordinaire s'ouvrait dans l'histoire de la France. Les deux principes élémentaires, où la mémoire obscure des hommes, dans quelques millénaires, verra la lutte mythique d'une épopée de légende dont les protagonistes, aux yeux des esprits forts, n'auront jamais existé, se combattaient à mort, se déchiraient, s'excommuniaient, se condamnaient mutuellement à la peine capitale, entrainant derrière eux des milliers et des milliers de partisans fanatiques qui avaient confié leur existence et leur honneur à l'un ou l'autre des deux chefs de guerre. »
Des lignes tout à fait magnifiques de ce récit qui se poursuit durant des pages sur ce thème tragique et dramatique du sens de la patrie et de la gloire ressenti de façon différente par deux hommes que des liens profonds unissaient cependant au sein de la caste militaire.
Le grand père du narrateur tout empreint d'une sagesse privilège de l'âge et d'un bon sens attaché au terroir, s'exprime sans détour pour dire qu'en cette période d'après guerre où tous les comptes se règlent, la justice ne se contente pas seulement d'être bafouée quand elle est faible, mais qu'elle cesse d'être juste quand elle devient forte.
Tout au long de ces belles pages que nous offre l'immense talent de Jean d'Ormesson, dont on ne peut que déguster la saveur des mots, est déroulée une chronique du temps qui passe avec un sentiment de fin d'un monde. Pour dramatiques que s'annoncent les jours à venir, l'humour et la tendresse ne désertent pas ces pages sublimes et nostalgiques.
Et plus grave :
« L'idée de destin, qui hante les hommes sous mille formes, j'imagine qu'elle provient de cette étrange coalition des forces de la destruction, de cette impossibilité d'arrêter ce qui roule sur les pentes de l'abîme… Il n'y a rien à faire contre l'usure, il n'y a rien à faire contre le temps. Nous nous étions appuyés sur lui pour édifier notre puissance : il se retournait contre nous en nous rejetant dans ce passé que nous avions tant aimé. Il reconstruisait ailleurs des théories nouvelles, des visions fulgurantes, des espérances admirables…Nous ne retrouverions plus jamais la saveur délicieuse mais perdue - délicieuse et perdue, délicieuse parce que perdue - des poires de Plessis – lez – Vaudreuil. »
Et puis le style, oui le style encore sous cette plume magique de poésie et de sensibilité :
« Je regardais les vieux arbres, la pièce d'eau au loin, les tilleuls, la table de pierre, tout ce paysage si familier et si calme qui s'étendait sous nos yeux depuis des siècles et des siècles. C'était l'heure où se faisait un grand silence, où les oiseaux se taisaient. On les voyait passer, sans un bruit, assez haut dans le ciel d'où les nuages s'écartaient. Nous étions liés à ces lignes si douces, à ces couleurs un peu fondues, à cette odeur incomparable qui montait jusqu'à moi. »
600 pages d'histoire familiale, contée avec humour, émotion et nostalgie par le narrateur, simple observateur qui dépeint la lutte de ce qui s'obstine à rester stable contre les fluctuations de la mode, du progrès et du temps, et le triomphe du temps sur l'éternité de sa caste. Tel une espèce de vigie qui regarde ce qui se passe et juge les personnages avec une tendresse de tous les instants et une grande humanité sachant bien que toutes les créations humaines sont de toutes façons éphémères.


À noter que le château de Plessis - lez - Vaudreuil existe vraiment. Construit en 980, son vrai nom est Château de Saint - Fargeau, situé dans l'Yonne. Il appartint aux Boisgelin, ancêtres maternels monarchistes et réactionnaires de Jean d'Ormesson. C'est là que Jean d'Ormesson passait les étés avec ses parents et il s'en inspira pour écrire ce récit.
Il n'est pas douteux que certains traits du récit sont autobiographiques avec certes un décalage dans les dates, l'auteur n'étant pas né la même année (1904) que le narrateur.
La bonne idée aussi est d'avoir précédé le récit d'un indispensable arbre généalogique qui permet de situer les nombreux personnages.
Enfin reconnaissons à Jean d'Ormesson un immense talent de conteur en plus d'être un homme de grande culture classique. Un livre à lire et relire, même en ouvrant les pages au hasard.
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Jean d'Ormesson prend la plume d'un narrateur afin de nous faire vivre les grandes heures de l'Histoire à travers une famille bourgeoise française.
Le grand père, clé de voûte de ce roman, fidèle au Passé, réfractaire au Progrès et aux changements vit dans son château de Plessiz Les Vaudreuil.
Cette chronique familiale est tantôt gaie, tantôt amère, souvent réaliste. Les références à la table en pierre du jardin, où bon nombre de conciliabules, de discussions, de disputes ont vu le jour sont nombreuses.
Ce roman nous décrit la déchéance d'une famille qui n'a pas su suivre l'évolution de la Société.

Dans un style magnifique digne De Chateaubriand, son idole à qui il fait penser, Jean D'Ormesson écrit des lignes riches, d'un souffle, d'un rythme et d'une amplitude rare.
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Quel plaisir de lecture!Et dire que certains pensent que ce livre est une saga familiale type feuilleton d'été,ce qu'il a d'ailleurs été aussi.Mais avant il me faut dire un mot de Papy Jean d'Ormesson.Nous sommes très liés,je l'appelle Papy,il aime pas ça,ce séducteur patenté très tenté.A la télé on voit beaucoup de cabotins.Certains pensent que Jean d'Ormesson en est un exemple.Et ils ont raison.Seulement voilà,il arrive que les cabotins aient un grand talent et c'est bien son cas.Les yeux qui pétillent,sur un plateau on voit qu'il "attend son tour".Il a même fait récemment ses débuts au cinéma dans le rôle d'un autre cabotin notoire,non sans talent non plus.Jean d'O.,c'est avant tout un homme d'une culture étonnante,assez classique mais il y a longtemps que la culture classique est par sa rareté même devenue avant-gardesque.Ce débat nous entraînerait trop loin et il me faut revenir à ce remarquable roman qu'est Au plaisir de Dieu que Valentyne a partagé avec moi.A l'heure où j'écris je n'ai encore aucune idée de sa réaction.

Formidable conteur,et d'un humour assez caustique qui a l'élégance de s'exercer en premier lieu aux dépens de sa propre famille,Jean d'Ormesson fait précéder son roman,du moins dans l'édition que j'ai lue,d'un arbre génalogique,très utile,car la lignée est touffue,mais aussi fantasque,arrogante,émouvante,et surtout tout aussi querelleuse que dans d'autres milieux.L'aristocratie m'a toujours passionné,surtout celle qui,tout en ayant l'air de s'isoler dans ses bastides,en l'occurence son château sarthois de Plessis-lez-Vaudreuil,lutte,enrage et participe à la vie d'un pays,la France.La France est aussi l'héroïne d'Au plaisir de Dieu et tous les membres de cette famille en ont une conception parfois très différente.Ancêtres bourbonophiles ou bonapartistes,dreyfusards ou antisémites,pétainistes ou résistants,parfois cela dépendait de la semaine.

Courant jusqu'aux barricades de mai l'histoire de cette famille somme toute comme les autres est toujours emballante. L'humour d'Ormesson n'exclut nullement l'émotion,parfois picaresque, parfois un peu artificielle et gonflée.Les rapports entre maîtres et serviteurs sont particulièrement fins.On se prend à aimer Plessis-lez-Vaudreuil,nef invraisemblable,trouée et battue des quatre vents. Dame, c'est que,très souvent,les châtelains ne roulent pas sur l'or,et que fortune est volatile.Enfin de son grand talent le malicieux écrivain nous dépeint une telle galerie du genre humain,dans le sillage de la figure centrale,le grand-père Sosthène, charnière du récit.Presque prêtre gaulliste,héros de la Grande Guerre, presque star de Hollywood,partisan de Vichy et de l'O.A.S., etc...On les aime tous,y compris Dieu,qui semble guetter ça de toute son insolence.Ils font tellement partie de notre histoire,contée par un narrateur qui ressemble tant à un académicien précieux d'un vert bien peu académique...
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Au plaisir de Dieu, c'est le récit d'une famille et le récit de sa mort, mais aussi le récit du dernier siècle qui par ses transformations a accéléré cette fin. Au plaisir de Dieu, c'est aussi très difficile à résumer tant il s'agit d'une oeuvre riche que j'ai trouvé passionnante. Il y a de l'ironie, de la grandeur et de la petitesse, de la douleur et de l'orgueil. Il y a une certaine forme de tragédie aussi. L'avouerai-je? A trois reprises, j'ai pleuré, mais je ne vous dirais pas où!
La famille du narrateur a participé à l'épopée de la France bien avant que celle-ci trouve sa forme moderne. Ils mourraient pour Dieu et le Roi, ils étaient grands parfois, terribles souvent, ils étaient catholiques ou de la Réforme, ils s'étaient réinventés dans des branches aux quatre coins de l'Europe, ils étaient plein de panache souvent, mais bien rarement de génie. Mais surtout ils étaient une famille et leur nom était leur bien le plus précieux. Leur nom, et puis Plessis Les Vaudreuil, le domaine familial où on revenait mourir, ou plutôt s'endormir dans le giron de la sainte mère Église.
Seulement le monde a changé et il n'est plus question de nos jours de mourir pour le Roi et pour Dieu. le Roi de toute façon....Un Orléans, pouah!!
Quant à Dieu, il semble bien décidé après avoir été leur devise pendant des siècles, à les abandonner. Au sein même de la famille, les dissensions commencent, tandis que la politique et l'histoire les rattrapent. Et si avant on mourrait pour la France par habitude, même la France Républicaine, voici que les fils de la famille se retrouvent dans des camps opposés dans la guerre d'Espagne...

Arrêtons nous là pour le récit: on ne résume de toute façon pas une telle oeuvre. Pour un homme qui aime tant les digressions, D Ormesson a un étonnant talent à ne pas dire trop. Jamais ses personnages ne sont décrits et pourtant ils prennent vie et on les aime. Pour leur aveuglement, leur douleur, pour cette lente agonie de ce monde qui n'en finit plus de mourir.La partie où peu à peu, ils vendent, vendent, vendent, dans l'espoir fou de sauver au moins la maison....
Le Roi est mort et ses fidèles ont commis l'erreur de lui survivre : rattrapés par le siècle, ils se cherchent un destin. Ceux qui tombent en Ardenne sont finalement les plus heureux: rien de plus terrible que ce pauvre grand-père qui survit à son monde. Que reste-il quand tout ce qui constituait votre être a disparu, et pire; se trouve brocardé?
Ce roman est aussi celui de l'histoire moderne de France, tout du moins du siècle dernier: à se chercher, les membres de la famille en viennent à aimer tous les partis, les uns ou les autres, ou les uns après les autres, et c'est une promenade historique par le petit bout de la lorgnette, parfois finalement les promenades les plus instructives.
Un grand roman.
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Citations et extraits (122) Voir plus Ajouter une citation
Je me souviens d'une réfléxion dans ce livre de ce grand-père parlant du progrès a venir , déclarant ! Vos tracteurs et engins modernes c'est bien mais que donneront- nous a faire aux hommes , qui les fera vivre . Aujourd'hui nous vivons dans un monde ultra moderne avec des fermes immenses où l'homme est seul noyé sous le travail et sous les emprunts à rembourser , produisant des produits de mauvaise qualité en quantité considérable , ce qui provoque la baisse des prix et en mets plein les poches aux intermédiaires et autres avant d'arriver au consommateur . Est-ce que la vie était plus facile à l'époque du chatelain ou du fermier , je ne sais pas, cela dépendait souvent du chatelain et de la manière dont il traitait son personnel , quant au fermier , j'ai connu des petites exploitations qui s'en sortaient bien et ceux-ci n'étaient pas obsédés par les remboursements a venir , et surtout il y avait une vie familiale . De les voir aujourd'hui se battrent contre des moulins car l'Europe est en train des les étouffer est- que c'est ça le progrès ? . En moyenne dans les fermes des années passées il y avait entre cinq et huit personnes qui étaient employées, beaucoup plus dans les châteaux , la terre donnait du travail aus petits artisans et autres petits métiers qui eux-mêmes avaient des ouvriers e.t.c. Que reste-il aujourd'hui ? trois millions et plus de chomeurs . Jules VERNES était un visionnaire à sa manière et ce Grand-père aussi .
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Après Dieu, le roi, le nom de notre famille, il y avait un autre personnage, souvent vaguement échevelé, qui hantait un peu le château: c'était la France. Nos relations avec elle étaient assez ambiguës. La France était naturellement moins vieille que le nom que nous portions. Elle était moins vieille que le roi qui l'avait créée de toutes pièces. Elle était aussi moins vieille que Dieu. Mais, dès avant les grandes tueries du début de ce siècle, un de mes oncles et deux cousins étaient morts pour elle dans des rizières en Asie ou dans les sables d'Afrique. Ce n'étaient pas de justes noces qui nous unissaient à la France. Nous avions épousé la monarchie et l’Église. La France des temps modernes était comme une vieille maîtresse à qui on finissait par s'attacher à coups de fureur et de sacrifices. Puisque le roi n'était plus là, il fallait bien s'entendre avec elle. [...] Nous disions de la France tout le mal que nous pouvions, mais il était de bon ton d'aller se faire tuer à son service. Mourir pour ce qui remplaçait le roi était plutôt, à nous yeux, une coutume et un métier qu'une marque d'amour ou un devoir.
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Rien n'est plus difficile que de contraindre les mots à traduire les événements, les idées, les passions, les sentiments. Toute expression est trahison. Nous avons trop souvent vu Saint Louis travesti en brigand, Jeanne d'Arc en hystérique et Staline en père des peuples, la tolérance en violence et la violence en liberté, pour ne pas nous méfier des pouvoirs trompeurs du langage et de l'écriture.
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Qu'est-ce que nous pouvions faire d'autre que d'accepter l'histoire? Une histoire insidieuse, un peu basse, un peu lâche. Nous nous étions préparés à des morts héroïques, au crucifix sur l'échafaud, à la foi confessée. Nous n'avions pas beaucoup d'armes contre la dévaluation, contre la hausse du prix de la vie, contre l'évolution économique et sociale, contre la justice, peut-être, et l'avenir,et l'intelligence, contre tous les sables mouvants où, sous l'oeil triomphant de Karl Marx, de lord Keynes, du Docteur Freud, d'Einstein et de Picasso - ah! comme nous avions raison de nous méfier du génie! -s'enfonçait notre maison.
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Rien de plus fragile que l'honneur. Il est à la merci du moindre manquement. C'est une terrible illusion que de croire à un équilibre entre le bien et le mal. Le bien est détruit par le mal, mais le mal n'est pas détruit par le bien : il demeure à jamais dans le temps comme une tache ineffaçable. C'est pourquoi il est si important de sauver l'honneur de toutes les atteintes qui le menacent.
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"Une petite merveille ! le seul conte écrit par Jean d'Ormesson et qui ressemble tellement à ses yeux bleus et pétillants ! de 8 à 120 ans !" - Gérard Collard.
Il était une fois, quelque part dans une vallée entourée de montagnes, un petit garçon comme tous les autres...
À retrouver à La Griffe Noire et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/l-enfant-qui-attendait-un-train.html
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