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EAN : 9782953813050
142 pages
Philo Editions (15/01/2015)
4.17/5   6 notes
Résumé :
"Qu'en pleine lumière, au vu et au su de tous ceux qui auraient voulu savoir, la patrie de Kant et de Nietzsche, de Hegel et de Husserl, ait pu bâtir la machine de mort nazie n'est sans doute plus un mystère pour les historiens mais pose encore des questions philosophiques qui n'ont pas trouvé toutes leurs réponses. Quelles sont les sources intellectuelles du nazisme ? Qu'ont écrit et publié les philosophes contemporains de l'ascension et de la chute du Reich ? En... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le nazisme a opéré comme une espèce de trou noir à l'égard de la philosophie.
Les lumières jetées par les philosophes, quelque-soit l'objet visé, ont été systématiquement déviées voire aspirées. La philosophie de Heidegger est, elle, littéralement tombée dans le trou comme finissent de le montrer ses Cahiers Noirs (publiés en 2014).

C'est dire la densité incroyable du phénomène, du genre déroutant lorsqu'on essaie de le découper en morceaux : un ressentiment face à des facteurs socio-économiques, le débordement d'un instinct agressif et grégaire, une aspiration mystique. Mais globalement on peut quand même l'identifier au fascisme et donc s'attendre à le rencontrer à tout moment dans l'univers des hommes.

Contre ce genre de phénomène on aurait besoin de lanceurs d'alerte mais le panorama proposé par le présent ouvrage ne place pas vraiment les philosophes dans cette catégorie. C'est en réalité chaque individu qui est mis face à ses responsabilités et la question de l'engagement reste largement ouverte alors que le fascisme est là : Trump aux US, l'islamo-fascisme, l'extrême droite en Europe et bien sûr en France.

Peut-on comme l'historien Raymond Arond en 1933 laisser encore une chance au dictateur ? : « Hitler a promis de donner à tous du travail et du pain. le vrai problème est là, et le régime l'aborde à peine »

Les dictateurs au pouvoir n'ont pas la vocation de le rendre une fois obtenu. Ils modifieront la constitution, dresseront les gens les uns contre les autres. N'est-ce pas l'enseignement de l'histoire ? Une saine démocratie est bien la seule manière de trouver comment « donner à tous du travail et du pain ».

On sait aussi qu'une fois l'oppression installée, les engagements clairs et fermes deviennent plus difficiles à prendre. Ce qui rend admirable l'action des résistants et notamment du philosophe Jean Cavaillès. Mais encore une fois, cette clarté fait figure d'exception dans notre panorama des philosophes.

Soyons clair, le bulletin de vote permet déjà de se prémunir du fascisme, mais le véritable engagement se prend plus tôt, il est spirituel ou éthique. Jean Cavaillès l'a trouvé en pensant avec Spinoza, donc à rebours du courant philosophique Kant, Hegel, Husserl.

Ce courant ouvre un vaste terrain à la critique. Luc Ferry évoque ici l'anti judaïsme en germe chez Hegel. Mais il aurait fallu aussi exposer un nationalisme qui ne cessera de se creuser. Leo Strauss souligne le goût du mépris dans la bouche de Nietzsche. Kant et Husserl ne sont pas exposés ici, et c'est dommage, car c'est toute une manière de disséquer la conscience comme un système donné qui est questionnable. Dans cette critique j'ajouterais C.G Jung et sa psychanalyse particulière. Comment ont-ils pu être à ce point inconscient de toutes les tendances se creusant jusqu'au nazisme ? C'est qu'il doit y avoir quelque chose de biaisé et foncièrement opposé à la vie dans ce courant de pensée.

A ce moment précis, j'ai plaisir à citer Wilhelm Reich (1897-1957), à propos de toutes les formes de fascisme « Au fond de tout cela, on entend toujours la même chanson monotone : "Je ne suis pas un animal". ». Et dans le même genre voici une citation d'un certain Grossman reprise par Elisabeth de Fontenay dans le présent ouvrage :

« Des millénaires durant, les bergers ont regardé les moutons. Les moutons ont regardé les bergers. Ils sont devenus semblables. Les yeux d'un mouton regardent l'homme d'une manière bien particulière – ils sont aliénés, vitreux(…). C'est probablement avec des yeux pareillement dégoûtés et aliénés que les habitants du ghetto auraient considéré leurs geôliers gestapistes si le ghetto avait existé cinq mille années durant et que, tous les jours de ces millénaires, des gestapistes étaient venus chercher des vieilles femmes et des enfants pour les anéantir dans les chambres à gaz. Mon dieu, combien de temps l'homme devra-t-il affronter le mouton pour qu'il lui pardonne, pour qu'il ne le considère pas de cet oeil-là ! quel doux et fier mépris dans ce regard vitreux, quelle divine supériorité que celle de l'herbivore innocent sur les meurtriers auteurs de livres et créateurs d'ordinateur. »
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération Masse critique. Je remercie Babelio et l'éditeur pour cet envoi.

Beaucoup de livres d'histoire ont été écrits sur le nazisme et la machine de mort mise en place par Hitler et ses séides. Celui-ci est à caractère philosophique. Car les actes perpétrés par les nazis posent de nombreuses questions philosophiques. L'ambition de ce livre est d'apporter un certain nombre de réponses et d'examiner comment les philosophes se sont comportés ou ont analysé le nazisme avant pendant et après.

Le livre se compose d'entretiens, d'articles, de documents. Il est articulé en 3 parties : les racismes du nazisme; ce qu'ils ont écrit, ce qu'ils ont fait, chronologie de 1924 à 1945; philosopher après Auschwitz. Il est d'une lecture agréable et abordable par le commun des mortels.

Un certain nombres d'idées reçues sont remises en cause. Ainsi Nietzsche n'a pas inspiré le nazisme mais a été récupéré par les nazis.
Comme le précise Frédéric Worms dans l'entretien qui lui ait consacré "la philosophie ne préserve de rien". Ainsi la haine contre les juifs, bien avant le nazisme, a également touché les grands penseurs comme Kant : "Maintenant, ils (les juifs) sont les vampires de la société" ; Hegel; Proudhon et bien d'autres.

Enfin un dossier spécial, très réussi, a été consacré au cas Heidegger qui continue à diviser la communauté des philosophes.

Un livre à lire, à reprendre. Une belle invitation à la réflexion.
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Ce livre reçu dans le cadre d'un Masse Critique permet d'appréhender les liens entre la philosophie et le nazisme. Car le nazisme est une défaite de la pensée occidentale qui a mené à la barbarie. Comment l'Europe, et plus particulièrement l'Allemagne, ont pu en arriver là ? Les philosophes occidentaux, à la veille de la victoire du nazisme, étaient prépondérants. Mais certains ont adhéré au nazisme, peu s'y sont opposés, d'autres se sont tus.
Cet ouvrage est bien venu dans le contexte actuel, où il faut de la réflexion pour ne pas tomber dans des amalgames et pouvoir réagir de manière raisonnée.
Seul point qui me laisse perplexe c'est que ce livre est est adapté d'un hors-série du magazine Philosophie. Je ne comprends pas bien l'intérêt de faire une telle adaptation si ce n'est du point de vue commercial.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Au sortir de la première guerre mondiale, Paul Valéry résumait d'un mot célèbre la "Crise de l'esprit" qui venait de secouer l'Europe : "Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles". Un quart de siècle plus tard, nous autres civilisations saurons aussi que nous ne sommes pas civilisées. Nous saurons surtout que notre raison a enfanté des monstres, mais, à la différence du tableau de Goya, cela ne s'est pas produit durant notre sommeil.
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En décembre 1933, le Völkischer Beobachter (organe officiel du parti nazi) annonçait que 'Mein Kampf' devait devenir "la Bible du peuple allemand", destinée, selon les termes de Hitler, à le "fortifier" dans sa "mission rédemptrice". D'abord confidentiel, l'ouvrage se vend à 1,5 million d'exemplaires jusqu'en 1935. Dès 1936, il devient le cadeau de mariage de l’État aux couples allemands.
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