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Jean-Jacques Rosat (Éditeur scientifique)Bernard Hoepffner (Traducteur)
EAN : 9782748900842
401 pages
Agone (16/09/2009)
4.1/5   15 notes
Résumé :

De son premier article, publié dans la revue politico-littéraire d'Henri Barbusse, à ses ultimes déclarations sur la signification de 1984, les textes de George Orwell ici réunis sont tous inédits en français. Ils avaient été écartés de l'édition de ses Essais, articles et lettres choisis par sa veuve, Sonia, qui « n'appréciait pas son positionnement politique » (Bernard Crick... >Voir plus
Que lire après Ecrits politiques (1928-1949) - Sur le socialisme, les intellectuels et la démocratieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
LES SOCIALISTES PEUVENT-ILS ETRE HEUREUX ? (1943 )

A cette interrogation , Orwell apporte dans ses écrits politique , deux réponses subtiles .
le véritable objectif du socialisme n'est pas le bonheur .
Si les hommes s'épuisent dans des luttes politiques déchirantes , se font tuer dans les guerres civiles ou torturer dans les prisons secrètes de la Gestapo , ce n'est pas à fin de mettre en place un paradis avec chauffage central , air conditionné et éclairage à giorno , mais parce qu'ils veulent un monde fraternel .
Où ils iront ensuite est bien moins certain ....Par ailleurs , il nous dit que presque tous les créateurs d'utopies ressemblent à l'homme qui a mal aux dents et qui pense donc que le bonheur est de ne pas avoir mal aux dents .
Ils veulent produire une société parfaite en proposant quelque chose d'infini qui n'a de valeur que parce qu'il est temporaire .
La solution sage ? dire qu'il y a des voies le long desquelles l'humanité doit avancer , la stratégie d'ensemble a été décidée , mais que les prophéties détaillées ne sont pas de notre ressort .
Imaginer la perfection ne fait que révéler sa propre vacuité , prenant l'exemple de Swift qui sait si bien éreinter un évêque ou un homme politique , mais qui , lorsqu'il tente de créer un surhomme , nous laisse avec l'impression que les " Yahoos " ( Voyages de Gulliver ) , des êtres abrutis et répugnants qui ressemblent aux hommes , ont davantage de possibilités de développement que les " Houyhnhnms ( .... .. Gulliver ) , qui sont des chevaux raisonnables , vivants dans une société régie par la raison , la vérité et l'exactitude .

CULTURE ET DÉMOCRATIE

" Dénigrer la démocratie est un des passe-temps les plus faciles du monde ... la démocratie ( bourgeoise ) a été attaquée à la fois par les fascistes et par les communistes ( pour les mêmes raisons ) mais l'assertion de base de tous les apologues du totalitarisme est que la démocratie est une escroquerie , il y a davantage à dire en faveur de cet argument que contre lui " .
" On fait toujours valoir que la démocratie ( bourgeoise ) est réfutée par l'inégalité économique ..... à quoi sert la liberté politique quand un homme travaille 12 heures par jour pour un salaire juste suffisant ? Une fois tous les cinq ans , on lui permet de voter pour le parti qu'il préfère mais sa vie politique lui est dictée ....Le citoyen d'un pays démocratique est ' conditionné ' dès la naissance ' " .
" Il n'existe aucune certitude que la domination d'une classe privilégiée pourra être abattue par les seuls moyens démocratiques , ces moyens démocratiques ne pouvant être mis en oeuvre que lorsqu'il y a une base d'entente entre tous les partis politiques " .
" Les pays dits démocratiques , sont en général des pays prospères mais tout gouvernement ( démocratique ou totalitaire ) se fonde en fin de compte sur la force " .
" Ce qui est faux dans le dénigrement classique de la démocratie est qu'il est incapable de donner une explication complète des faits .... Il est tout à fait vrai , par exemple , que les pays démocratiques ne sont pas exempts de persécution politique . Encore faut-il la qualifier " .
" On peut remarquer que fascistes et communistes ont pu soutenir des idées en faveur d'Hitler .... ils admettent , sans le dire , que les libertés démocratiques ne sont pas un mensonge complet ( entre 1929 et 1934 les communistes professaient que le socialisme était le réel ennemi des travailleurs et que la démocratie capitaliste n'était nullement meilleure que le fascisme . Quand Hitler prit le pouvoir , les communistes allemands , dans leur ensemble se sont pourtant enfuis vers des cieux plus cléments .... Leurs actions ont démenti leurs paroles ; ils ont ' voté avec leurs pieds ' selon l'expression de Lénine " .
" La démocratie capitaliste ne se suffit pas à elle-même et , surtout , elle ne peut être sauvée que si elle se transforme en autre chose . Un état capitaliste à l'ancienne mode ....où des idiots incompétents ont droit à de hautes fonctions du fait de leur appartenance à ' l'élite ' ne peut rivaliser avec ses propres aberrations . La critique de Goebbels qui dit que l'Angleterre est une ploutocratie égoïste qui se bat pour conserver le statut quo n'est pas totalement fausse " .
" Lorsqu'un VRAI mouvement socialiste apparaîtra , il traversera toutes les divisions existante entre les partis , il acceptera également les différences culturelles , que les traditions et les sentiments nationaux doivent être respectés , il comprendra que la démocratie n'est pas un mensonge complet , n'est pas simplement ' une superstructure ' ..... La démocratie ' bourgeoise ' ne suffit pas , mais elle vaut mieux que le fascisme et s'opposer à elle est comme scier la branche sur laquelle nous sommes assis . Les gens ordinaires le savent , même si les intellectuels l'ignorent . Ils s'accrocheront à ' l'illusion ' de la démocratie et à la conception occidentale de l’honnêteté et de la décence commune . Il est inutile de chercher à les séduire avec le ' réalisme ' et la politique du pouvoir , en prêchant les doctrines de Machiavel avec le jargon de Lawrence & Wishart .

La RÉVOLTE INTELLECTUELLE

Ce que l'époque n'admet pas , c'est que l'on puisse être à la fois un ennemi de l'oppression totalitaire , un homme qui veut changer la vie sans faire du passé table rase et que l'on soit par dessus tout un allié des travailleurs et des humbles . Réduire la pensée d'Orwell à la seule critique du totalitarisme en taisant la révolte qui l'anime face à l'injustice sociale est une falsification . mais ne confondons pas cette révolte avec le conformisme idéologique et le goût du pouvoir qui firent de nombreux intellectuels les chiens de garde de systèmes inhumains . Les pensées d'Orwell prennent racine sur le combat des ouvriers de Wigan , la guerre civile espagnole ( découverte que jouent encore dans le quotidien des hommes ordinaires , les vertus de solidarité , d’honnêteté et de camaraderie ' Common decency ' .....
Bernard Crick ( à propos de la guerre d'Espagne ) :" En fait , Orwell croyait au socialisme auparavant , comme le prouve ' Le quai de Wigan ' et des critiques écrites à cette époque . mais il n'y croyait pas ' vraiment ' ; c'était une affaire intellectuelle et de la compassion morale pour la souffrance d'autrui . En Catalogne , il en fit lui-même l'expérience . IL avait cessé d'être condescendant , il avait plongé dans la camaraderie " .

Courte ( vrai ) synthèse de différents articles glanés sur le net .
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Après la première guerre mondiale, la Grande-Bretagne se retrouve avec un outil industriel obsolète. Elle s'est laissée distancer par les Etats-Unis et se retrouve soudain avec deux à trois millions de chômeurs, souvent d'anciens militaires à qui on avait promis un avenir radieux, une fois la paix revenue ! Ces gens bénéficient d'abord d'une indemnité chômage de misère qui ne dure que pendant 26 semaines, mais que certains leur reprochent. le terme échu, il ne reste à ces malheureux que la perspective de la mendicité (d'ailleurs interdite), le vagabondage et l'asile de nuit où ils ne peuvent séjourner qu'une seule nuit sur trois mois, ce qui explique l'obligation de l'errance. le lecteur remarquera par cette description que déjà dans les années trente, le capitalisme triomphant causait des dégâts sociaux énormes en mettant en compétition les économies. Ce chômeur en fin de droit devient par la force des choses un « tramp », un vagabond, un clochard, un SDF. Il n'a ni emploi, ni famille, ni domicile, il ne possède rien que les pauvres loques qui couvre mal sa carcasse. Il se nourrit de pain et de thé, fume des mégots et ne peut même pas s'offrir une bière s'il a soif. À l'époque, aucun mondialiste à la Klaus Schwab n'aurait osé prétendre « qu'il ne possédait rien, mais qu'il était heureux » !
« Ecrits politiques » est un recueil de 44 textes écrits entre 1928 et 1949 et publiés pour les premiers sous le véritable patronyme de leur auteur, Eric Blair. le lecteur y trouvera de la correspondance, des recensions d'ouvrages divers et variés, des articles plus politiques voire plus philosophiques, des analyses de partis et même des prédictions style almanach pour l'année 1946. le tout complété par un glossaire, en fait un index avec biographie de tous les personnages évoqués, des ouvrages, journaux et partis politiques anglais et autres. Les principaux thèmes abordés sont : 1/ la guerre d'Espagne à laquelle Orwell participa dans les rangs du POUM (Parti ouvrier d'unification marxiste). Il y fut blessé à deux reprises et ne dut sa survie qu'à la fuite quand les communistes bolcheviques commencèrent à liquider ses compagnons de combat. Textes particulièrement intéressants du point de vue historique.
2/ la misère ouvrière, les problèmes sociaux et leurs éventuelles solutions.
3/ la défense de la liberté d'expression. Il précise bien que « 1984 » est une parodie, une satire, imaginée volontairement en Angleterre, car il visait tous les totalitarismes sans exception et surtout pas uniquement le communisme.
4/ le rejet et la condamnation sans appel du colonialisme. Là encore, il fut un témoin fort bien placé, ayant été fonctionnaire territorial en Inde avant l'indépendance.
5/ les rapports entre littérature et politique.
Même si certains textes sont datés, même si certains personnages évoqués sont pratiquement oubliés, même si l'on n'est pas toujours d'accord avec toutes les prises de position, ce genre d'ouvrage garde encore un intérêt à la fois historique, sociologique et politique, sans parler du style limpide et de la puissance de la pensée. Pour les fans du maître.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
En résumé, si les Anglais rendent incidemment quelques services à la Birmanie, ils les lui font payer très cher. Jusqu'à présent, ils n'ont pas trop brimé les indigènes, parce que le besoin ne s'en pas encore fait sentir. Les Birmans sont encore au début d'une période de transition qui, de paysans agriculteurs, fera d'eux des employés au service de la grande industrie. Leur situation peut se comparer à celle de n'importe quel peuple d'Europe au XVIIIe siècle, avec cette différence toutefois que les capitaux, le matériel d'exploitation, le savoir et la puissance nécessaires à leur commerce et à leurs industries appartiennent exclusivement à des étrangers. Ils se trouvent aussi placés sous la protection d'un despotisme qui les défend pour s'en servir, mais qui les abandonnerait sans scrupules s'ils cessaient de lui être utiles.

Leurs rapports avec l'Empire britannique sont ceux d'un esclave avec son maître. Le maître est-il bon, est-il mauvais ? Là n'est pas la question ; constatons seulement que son autorité est despotique et, disons le mot, intéressée. Si jusqu'ici les Birmans n'ont pas eu trop à se plaindre, un jour viendra où les richesses de leur pays ne subviendront plus que difficilement aux besoins d'une population sans cesse croissante. C'est alors qu'ils pourront apprécier la reconnaissance du capitalisme envers ceux dont il a besoin pour subsister.

George Orwell, « Comment on exploite un peuple : l'Empire britannique en Birmanie », in. Écrits politiques (1928-1949), Agone, Collection Banc d'essais, 2009, pp. 47-48 (traduit de l'anglais par Raoul Nicole)
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La meilleure manifestation du point de vue pessimiste, sans doute – en tout cas en anglais et au cours de ces dernières années –, est le livre de F.A. Voigt, Rendez à César, publié vers 1938. Ce livre extrêmement documenté est surtout une analyse du communisme et du nazisme, et sa thèse principale est que les sociétés qui cherchent à établir un « paradis sur terre » finissent toujours dans la tyrannie. Tout au long de l'ouvrage, Voigt assume l'idée que le communisme russe et le fascisme allemand sont pratiquement identiques et poursuivent le même objectif. Il s'agit évidemment d'une simplification abusive, incapable d'expliquer tous les faits connus. Néanmoins, Voigt présente de bons arguments en faveur d'une réduction de l'emprise de la politique et contre les espoirs excessifs qui sont mis dans l'action politique. Son argument de base est fort simple : s'il a pour but la société parfaite et pense savoir comment l'atteindre, un homme d'État ne se laissera arrêter par rien pour forcer les autres à suivre le même chemin, et ses idéaux politiques seront inextricablement liés à son désir de rester au pouvoir. En pratique, on ne parvient jamais à la société parfaite, et le terrorisme employé dans ce but n'engendre rien d'autre qu'un besoin de terrorisme sans cesse renouvelé. En conséquence, la tentative d'établir la liberté et l'égalité aboutit toujours à un État policier ; si, à l'inverse, partant de l'idée que la nature humaine est mauvaise, on se fixe des buts plus limités, on parviendra peut-être à une société relativement décente.

George Orwell, « La révolte intellectuelle », in. Écrits politiques (1928-1949), Agone, Collection Banc d'essais, 2009, pp. 247-248 (traduit de l'anglais par Bernard Hoepffner)
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Plusieurs critiques ont suggéré que l'auteur de 1984 a dans l'idée que celui-ci, ou quelque chose qui y ressemble, se réalisera au cours des quarante prochaines années dans le monde occidental. C'est inexact. Je pense que, compte tenu du fait que ce livre est somme toute une parodie, quelque chose qui ressemble à 1984 pourrait arriver. C'est la direction dans laquelle va le monde à notre époque, et cette tendance s'enracine dans les fondations politiques, sociales et économiques de la situation mondiale contemporaine.

Le danger réside tout particulièrement dans la structure qu'imposent aux communautés socialistes et libérales capitalistes la nécessité de se préparer à une guerre totale avec l’URSS et l’existence de nouvelles armes – dont la bombe atomique bien sûr est la plus puissante et la plus connue du public. Mais le danger réside aussi dans l’acceptation d’une manière de voir totalitaire par les intellectuels de toutes les couleurs.

La morale à tirer de ce dangereux cauchemar est simple : « Ne permettez pas qu’il se réalise. Cela dépend de vous. »

George Orwell, Deux déclarations sur 1984 », in. Écrits politiques (1928-1949), Agone, Collection Banc d'essais, 2009, p. 356 (traduit de l'anglais par Jean-Jacques Rosat)
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Le 3 mai 1937 , les forces de répression ( garde d'assaut ) contrôlées et appuyées par le parti communiste et ses alliés tentent de prendre le contrôle du central téléphonique de Barcelone , aux mains de la CNT depuis juillet , et affrontent , dans la plus extrême confusion , la base des syndicats anarchistes qui se défend les armes à la main .
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Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traitres n'est pas victime ! Il est complice .
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