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Carine Chichereau (Traducteur)
EAN : 9782072993244
176 pages
Gallimard (01/09/2022)
  Existe en édition audio
3.73/5   3093 notes
Résumé :
L'écriture de Julie Otsuka est puissante, poétique, incantatoire. Les voix sont nombreuses et passionnées. La musique sublime, entêtante et douloureuse. Les visages, les voix, les images, les vies que l'auteur décrit sont ceux de ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du XXe siècle pour épouser aux Etats-Unis un homme qu'elles n'ont pas choisi.
C'est après une éprouvante traversée de l'océan Pacifique qu'elles recontrent pour la première fois à San ... >Voir plus
Que lire après Certaines n'avaient jamais vu la merVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (738) Voir plus Ajouter une critique
3,73

sur 3093 notes
Je ne vais pas résumer une fois de plus ce livre déjà abondamment commenté.
Je ne vais pas nier que j'ignorais tout de cet épisode de l'histoire du Japon, dont une certaine partie de la population a été victime du mirage du « rêve américain ».
Je ne reviendrai pas sur l'originalité de la technique de narration, dont le désormais fameux « nous » a l'avantage de rendre à merveille la solidarité et la persévérance de ces femmes trompées, avilies puis oubliées, mais a l'inconvénient de créer une certaine distance et d'empêcher une empathie plus profonde entre elles et nous.
Je ne commenterai pas en détails la litanie de litanies que constitue ce roman, dont il ne faut cependant pas penser qu'il n'est qu'une longue plainte de 140 pages sur certains thèmes (le voyage, la rencontre des maris, le travail, les Blancs, les enfants,…), mais dont il faut au contraire saluer le parti pris d'une écriture précise, humble et sans pathos qui fait d'autant plus émerger les émotions du lecteur.
Mais j'insisterai sur le fait l'auteur fait preuve d'un certain don pour nous donner un cours d'Histoire sans avoir l'air d'y toucher, et rien que cela justifie l'existence de ce livre.
Je rajouterai qu'il faut un talent certain pour dépeindre l'abnégation et « l'optimisme du désespoir » de ces femmes au long d'une énumération de jolies phrases toutes simples, qui rappellent le flux et le reflux sans fin des vagues de cette mer que certaines n'avaient jamais vue.
Et je conclurai par une pirouette que certains trouveront facile : certains ne liront jamais ce roman, et c'est dommage pour eux…

Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Certaines n'avaient jamais vu la mer...
Certaines regardaient la photo de leur futur mari, choisi chez une marieuse.
Certaines étaient entassées dans un bateau en direction de l'Amérique, de leur rêve américain.
Certaines avaient quitté leur Japon natal et leur famille dans l'espoir d'une vie meilleure.
Certaines n'avaient même pas quatorze ans et étaient encore vierges.
Certaines allaient se retrouver dans les champs, à travailler durement, ou travailler en tant que femme de ménage, au service des Blancs.
Certaines allaient devoir s'abandonner à leur mari, voire leur patron au prix de leur silence.
Certaines allaient céder au désespoir.
Certaines allaient voir grandir leurs enfants, désolées de les voir si peu enclins à la culture Japonaise.
Certaines allaient devoir affronter les horreurs de la guerre.
Certaines racontaient leurs vies d'exilées et leurs désillusions dans un pays si étranger au leur.

Certaines vous diront que ce livre est véritablement sublime.
Certaines vous diront qu'il est poétique, transcendant, magnifique, tragique, incisif, poignant voire évocateur.
Certaines vous diront que c'est une belle leçon d'histoire.

Certaines n'avaient jamais vu la mer, et n'auraient pas dû...
Commenter  J’apprécie          20016
Je la vois venir de loin, la horde sauvage, ça y est le Carré tourne pas rond encore une fois (spécial clin d'oeil pour Hugo), un livre encensé par le plus grand nombre, il va encore trouver à y redire. C'est à tâtons donc que je mettrai un bémol à l'emballement général. Et je jure que le livre de Julia Otsuka avait tout pour me plaire, une histoire vraie pas connue (en tout cas de moi) qui traite du déracinement, des illusions perdues, de la bêtise des hommes (envers les femmes toujours), et puis ces satanées guerres qui broient des destins génération après génération. Je m'attendais à être cueillit des les premières lignes vu l'engouement quasi général et la minceur du livre. Et bien non, que nenni, j'ai lu cela sans déplaisir mais mon coeur est resté de marbre. L'idée de choisir de raconter l'histoire en employant le « nous » m'a déstabilisé, m'a empêché d'être touché. La souffrance est là palpable, les traumatismes irréversibles devant mes yeux mais pourtant l'émotion est toujours restée en lisière. J'ai besoin de personnages identifiables pour être en empathie, pour avoir l'envie de les suivre tout du long. Julia Otsuka a choisit une forme de narration qui ne me convient pas tout simplement, je crois que ma frilosité vient de là. J'ai du stopper ma lecture plusieurs fois tant j'avais l'impression d'égrener une liste, un chapelet, une longue litanie à n 'en plus finir. C'est sûrement un grand livre, j'en attendais beaucoup, je suis en parti passé à côté. 2.5/5
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Je suis toujours très longue à la détente pour lire un roman ayant obtenu un prix. Je me méfie car, en général, je suis déçue. Donc, comme à mon habitude, ce livre ayant obtenu le prix Femina 2012, je ne le lis que maintenant.

Je n'ai pas été déçue cependant. On apprend un épisode de l'Histoire peu connu : l'envoi de jeunes filles japonaises aux Etats-Unis. Comme souvent, on leur a promis la lune. L'Amérique leur offrira tout. Elles partent avec, pour seul bagage, leur kimono. Une photo du futur époux - un japonais ayant émigré depuis plus longtemps - leur permettra de le reconnaître. Mais bien évidemment, la réalité est tout autre.

Julie Otsuka fait en sorte que l'on entre dans le texte aisément. le procédé narratif peut déplaire : à travers le récit d'une migrante, l'on peut entendre des voix multiples s'élevant pour faire entendre leur témoignage. J'ai été conquise par cette pudeur, cette simplicité que l'on retrouve très souvent chez les asiatiques. C'est un très beau roman de l'exil qui m'a fait penser, dans un autre registre, à celui de Philippe Claudel, La Petite fille de Monsieur Linh.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Suite aux bonnes appréciations des " babéliophiles", j'ai eu très envie de lire "Certaines n'avaient jamais vu la mer" et je l'ai trouvé superbe!!
Ce livre est écrit par Julie Otsuka d'une manière très belle.
Les répétitions de la narratrice et cette manière de parler pour toutes les femmes , en racontant la vie de ces japonaises du début du XXème siècles, venues épouser aux Etats-Unis , des hommes qu'elles ne connaissaient pas, sont très puissantes et originales. Une manière extraordinaire de raconter tant de choses sur cette Histoire dont je n'avais jamais entendue parler.
Ce livre fait désormais partie de ceux que je garde précieusement!
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critiques presse (10)
Lhumanite
12 novembre 2012
Un sujet d’une rare intensité dramatique, une écriture puissante, une traduction magistrale.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Actualitte
09 novembre 2012
De la condition de la femme japonaise jusqu'à l'intemporelle xénophobie crasse, [Julie Otsuka] parsème ce petit chef d'œuvre de simplicité de toutes les questions philosophiques fondamentales : que fait l'Homme de sa vie et de celle de l'Autre ?
Lire la critique sur le site : Actualitte
Bibliobs
06 novembre 2012
Inspiré par la vie d'immigrantes japonaises, l'éblouissant récit de Julie Otsuka redonne voix et chair à ces victimes du rêve américain.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Lexpress
15 octobre 2012
Leur calvaire, Julie Otsuka le retrace avec une voix durassienne, un lamento parfois résigné, parfois courroucé, au bout duquel ces filles sacrifiées devront subir de nouvelles offenses, lorsque les Japonais d'Amérique passeront pour des traîtres, à la veille de la guerre...
Lire la critique sur le site : Lexpress
LaLibreBelgique
03 octobre 2012
Au silence de la guerre et de l’oubli, Julie Otsuka oppose une œuvre intense, sincère. Remarquable.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeFigaro
27 septembre 2012
La romancière américaine d'origine japonaise boucle son majestueux livre en disant tout d'un sujet demeuré tabou. Ses voix ont libéré une parole longtemps muselée.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Telerama
26 septembre 2012
L'auteure, l'Américaine Julie Otsuka, incarne cette histoire dans une voix qui témoigne sans effets de langage de cette vie ordinaire. A travers elle, le quotidien reste net et brutal. Et cette voix semble porter toutes les autres tant elle est ample et forte.
Lire la critique sur le site : Telerama
Culturebox
20 septembre 2012
Avec un ton juste et émouvant, Julie Otsuka revient sur une histoire largement occultée, et sa puissance d’évocation fait de cet ouvrage, non seulement un remarquable travail de mémoire, mais un pur chef d’œuvre.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Lexpress
13 septembre 2012
Des phrases courtes, des mots simples et forts, une scansion fascinante, pas de pathos : un livre inoubliable.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LesEchos
06 septembre 2012
Déjà couronné du prestigieux PEN-Faulkner Award for Fiction, Julie Otsuka mériterait d'être distinguée en France lors des prix littéraires, pour ce roman historique, sensible et majestueux.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (294) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Certains ont acquis un excellent vocabulaire et sont devenus premiers de la classe. Ils ont gagné des prix pour leurs dissertations sur les fleurs sauvages de Californie. Ont reçu les plus hautes distinctions en sciences. Accumulé davantage de bons points qu'aucun autre élève. Certains prenaient chaque année du retard pendant la saison des moissons et devaient redoubler. L'une est tombée enceinte à quatorze ans et on l'a envoyée vivre chez ses grands-parents qui avaient un élevage de vers à soie dans une zone reculée de l'ouest du Japon. Chaque semaine, elle m'écrit pour me demander quand elle pourra rentrer. Une autre s'est suicidée. Plusieurs ont abandonné leurs études. Quelques uns ont mal tourné. Formé leurs propres bandes. Avec leurs propres règles. Pas de couteaux. Pas de filles. Chinois interdits. Ils sortaient tard le soir pour chercher la bagarre. Si on allait casser la gueule aux Philippins ? Et quand ils n'avaient pas le courage de quitter le quartier, ils restaient chez eux et se battaient entre eux. Espèce de sale Jap ! D'autres courbaient la tête en essayant de ne pas se faire remarquer. Ils n'assistaient pas aux fêtes (ils n'étaient pas invités). Ne jouaient d'aucun instrument (ils n'en possédaient pas). Ne recevaient pas de cartes de voeux (ils n'en envoyaient jamais). N'aimaient pas danser (ils n'avaient pas les bonnes chaussures). Ils erraient tels des fantômes, par les couloirs, les yeux dans le vague, leurs livres serrés contre leur poitrine, comme perdus dans leurs rêves. Quand on les hélait au passage, ils n'entendaient pas. Quand on se plantait devant eux en les traitant de noms d'oiseaux, ils se contentaient de hocher la tête et de poursuivre leur chemin. Quand on leur attribuait les plus vieux livres de maths, en classe, ils haussaient les épaules avec indifférence. De toute façon je n'ai jamais tellement aimé l'algèbre. Quand leur photo apparaissait en dernier, dans l'album de la classe, ils feignaient de s'en moquer. C'est comme ça, se disaient-ils. Et puis : Et après ? Et puis : Quelle importance ? Car ils savaient bien que, quoi qu'ils fassent, jamais ils ne seraient tout à fait acceptés. On n'est rien qu'un tas de têtes de bouddhas. ... [...]
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En général, nos maris n’avaient rien à faire avec eux. Jamais ils ne changeaient une couche. Jamais ils ne lavaient la vaisselle sale. Jamais ils ne touchaient un balai. Le soir, nous avions beau être épuisées, quand ils rentraient des champs, ils s’asseyaient pour lire le journal tandis que nous préparions le dîner pour les enfants, faisions la vaisselle et raccommodions des piles de vêtements tard dans la soirée. Jamais ils ne nous laissaient dormir avant eux. Jamais ils ne nous laissaient nous lever après le soleil. Tu donnerais le mauvais exemple aux enfants. Jamais ils ne nous accordaient ne serait-ce que cinq minutes de répit. C’étaient des hommes taciturnes, usés, qui entraient et sortaient de la maison dans leur bleu de travail boueux en marmonnant des choses au sujet des drageons, du prix des haricots verts, du nombre de caisses de céleri qu’ils espéraient récolter cette année-là. Ils s’adressaient rarement à leurs enfants, ni même ne semblaient se rappeler leurs noms. Dis au troisième garçon de se tenir droit quand il marche. Et quand l’ambiance à table devenait trop bruyante, ils frappaient dans leurs mains et s’écriaient : « Ça suffit ! » Leurs enfants, en retour, préféraient ne pas leur parler du tout. Lorsqu’ils avaient quelque chose à leur dire, ils passaient toujours par notre intermédiaire. Dis au père que j’ai besoin de cinq cents. Dis au père qu’il y a un problème avec un des chevaux. Dis au père qu’il a raté un coin en se rasant. Demande au père pourquoi il est si vieux.
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« Sur le bateau nous étions presque toutes vierges » : « nous », ces femmes japonaises – « certaines n’avaient que quatorze ans et c’étaient encore des petites filles » – qui traversent le Pacifique vers la Californie où les attendent leurs « fiancés », des hommes qu’elles n’ont jamais rencontrés. On est au tout début du XXe siècle. Masayo, Mitsuyo, Nobuye, Kiyono (et tant d'autres rassemblées dans ce « nous ») rêvent de vies nouvelles, d’amour, les photos envoyées au Japon ont fait naître l’espoir.
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Dans le quartier japonais nous vivions à huit ou neuf dans une pièce derrière notre salon de coiffure, nos bains-douches, dans de minuscules appartements aux murs bruts, si sombres que nous devions laisser les lumières allumées toute la journée. Ils éminçaient des carottes dans nos restaurants. Empilaient des pommes sur nos étals de fruits. Grimpaient sur leurs bicyclettes et allaient livrer leurs courses aux clients en passant par la porte de service. Ils séparaient le blanc et les couleurs dans nos blanchisseries en sous-sol et apprenaient vite à faire la différence entre le sang et le vin.
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Nous les reconnaissions à peine. Ils étaient plus grands que nous, plus massifs. Bruyants au-delà de toute mesure. "Je me sens comme une cane qui a couvé les œufs d'une oie". Ils préféraient leur propre compagnie à la nôtre et feignaient de ne pas comprendre un traître mot de ce que nous disions. Nos filles marchaient à grand pas, à l'américaine, elles se déplaçaient avec une hâte dépourvue de dignité. Elles portaient leurs vêtements trop lâches. Roulaient des hanches comme des juments. Jacassaient comme des coolies dès qu'elles rentraient de l'école en disant tout ce qui leur passait par la tête. "Mr Demsey a l'oreille pliée". Nos fils devenaient énormes. Ils insistaient pour manger des œufs au bacon tous les matins au petit déjeuner à la place de la soupe à la pâte de haricot. Ils refusaient d'utiliser des baguettes. Buvaient des litres et des litres de lait. Inondaient leur riz de ketchup. Ils parlaient un anglais parfait, comme à la radio, et chaque fois qu'ils nous voyaient nous incliner devant le dieu de la cuisine en frappant dans nos mains, ils roulaient des yeux et nous lançaient :" Maman, pitié !"
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