AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782752909336
160 pages
Libretto (07/02/2013)
3.84/5   19 notes
Résumé :
Il y a l'amour à la plage et l'amour au jardin. Le visible et le discret. Ce que l'on sait des plaisirs humains et que l'on ignore totalement des habitants minuscules, pourtant si proches, qui réinventent l'ardeur et le désir à l'ombre de nos fleurs.
Comparé à Giono, Jean-Pierre Otte se fait, à l'échelle d'un jardin, l'interprète d'un monde caché, violemment érotique, où chaque végétal, chaque insecte fragile est le héros d'une aventure où le plus habile, le... >Voir plus
Que lire après L'amour au jardinVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Il a fallu que je lise l'amour au jardin pour découvrir que l'expression « il lui pousse des ailes » avait bien un sens propre. Il existe, en effet, dans les jardins, des tas de petits insectes mâles qui se voient pousser des ailes juste avant la période de la reproduction. Passionné de biologie et sans doute aussi de sexualité Jean Pierre Otte excelle dans la description de la reproduction des petits êtres... sans sexualité ou presque. Mais ne pensez pas que vous allez vous retrouver devant un ouvrage de biologie, tout dans l'écriture de Otte est poésie, imagination, vibration des phrases. Les descriptions sont si précises que l'on garde le souvenir d'images et non pas de mots. On peut déplorer trop d'anthropomorphismes ; des sentiments, des passions, des stratégies très humaines sont prêtés aux fleurs, aux insectes, aux gastéropodes ou aux batraciens. Si cela facilite parfois l'intérêt romanesque cela brouille aussi un peu le message : l'équilibre entre la partie littéraire et scientifique crée une frustration pour l'une ou l'autre de ces dimensions. Cela reste néanmoins excellent. J'ai adoré cette orchidée qui possède un pistil et une odeur identiques à une abeille, ainsi les faux-bourdons piégés vont-ils de fleurs en fleurs sans jamais arriver à déposer leur semence car il n'y a aucun réceptacle possible, en revanche, en se barbouillant de pollen, ils fécondent la fleur. L'arum lui va former une prison pour les mouches, lesquelles en cherchant la sortie vont mettre en contact les organes mâles et femelles de la fleur, une fois sa reproduction assurée la fleur flétrie presque instantanément libérant ainsi les insectes. Et les figues avec leurs milliers de fleurs minuscules à l'intérieur de la poche, sans oublier la femelle luciole qui s'illumine pour attirer le mâle à qui justement il vient de pousser des ailes pour voleter jusque vers sa dulcinée ! même les crapauds et les limaces saurons vous séduire. L'amour est partout et ça c'est toujours une bonne nouvelle.
Commenter  J’apprécie          122
Voici Jean-Pierre, Otte rempli de son jardin. Il observe et imagine la vie amoureuse des fleurs à travers des chapitres courts, avec une écriture chantournée, des phrases déliées. L'orchidée abeille leurre le faux bourdon qui : « la grimpe, l'agrippe, la frotte au flanc, s'enfonce dans la fourrure douce et brune… il tente l'accouplement en procédant par mouvements brefs, saccadés… Au gré de ses ébats, il ne réussit qu'à se barbouiller toujours davantage de pollen… Il s'en repart, effarouché, frustré et encore excité. » Ensuite viennent les amours de la violette : « Dans le secret du bouton, dans l'étreinte de soi, la violette opère délicatement la fusion féconde de ses parts opposées » ; ceux de la primevère, du muscari, de la passiflore, de l'iris, de l'arum… Puis, dans la seconde partie, les insectes prennent la relève avec la cigale, l'iule, le carabe doré, le ver luisant, l'araignée, le phasme. Enfin, les gastéropodes (escargot, limace) et l'orvet constituent le sujet principal en brève présentation. Tout un menu peuple, totalement invisible ou seulement entrevu en temps ordinaire, défile en prenant son temps sous la plume stylée de l'écrivain. Il était logique que Jacques Lacarrière, l'homme souche qui imaginait « le Pays sous l'écorce », rédige la préface. Dans sa lente hâte, il s'embrouille un peu les crayons et confond la voyance et la vision. Pour un poète, ce n'est pas bien vu. Chez les citadins pressés, ce livre risque d'avoir l'effet d'une tisane, avec somnolence à la clé ; chez les lecteurs de la Hulotte, « L'amour au jardin » est un complément idéal qui tend une passerelle entre l'observation naturaliste et la rêverie poétique grâce au pouvoir évocateur de mots très imagés.
Commenter  J’apprécie          60
Rien d'exotique dans ce petit recueil, juste des plantes et bestioles observables sous nos climats, mais que c'est chaud parfois! La timide violette et la rustique primevère cachent bien leur jeu! C'est que l'affaire est d'importance : avant de mourir il faut se reproduire! Quand on ne peut bouger, que faire? Attirer les insectes qui se chargeront de la besogne, tiens! Et elles savent y faire, les coquines, pour arriver à leurs fins.

Ensuite voici les étreintes des carabes, des mantes et des araignées qui se terminent très très mal pour le mâle, dévoré après usage. Et chez les escargots et limaces, ça se passe comment, hein? Loin, très loin au dessus des Harlequin collection passion, c'est d'un érotisme torride!


"Voilà que, roulant chacun de son côté, ils se sont soudés par la sole. Ils se resserrent en bordure, s'enroulent, se déroulent dans une bave plus abondante, et reviennent s'accoler, s'épouser encore plus étroitement par succion. A chaque fois qu'ils se rétractent puis s'étirent, l'écume s'exprime, en réponse à d'autres stimuli. Ils se découvrent l'un pour l'autre voluptueusement visqueux, volubiles et souples dans l'euphorie musculaire qui s'empare d'eux jusqu'à l'absolu ravissement."


"Pour plaire en ce monde, la mante a d'abord pour elle une coloration d'un vert tendre, clair, uni, un peu pomme; quelque chose de translucide, qui ne perd cependant jamais son opacité. C'est une merveille d'esthétique, un mystère confiant et fier, qui se dresse d'évidence à la lumière."

Pour décrire ces amours campagnardes, Jean-Pierre Otte use d'un style absolument somptueux; ses récits sont précis, documentés, très (trop parfois quand il s'agit de penser comme eux) imaginatifs aussi quand il s'agit de décrire les pensées de ces êtres, mais le résultat est une petite merveille!

Vous ne regarderez plus votre jardin du même oeil.
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
Commenter  J’apprécie          81

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Mauvaises herbes, mauvaises pensées : elles ravagent obscurément, elles apparaissent périlleuses, d'une insidieuse stérilité. Entendez par là : indésirables, inconvenantes, subversives, contraires à l'ordre établi, à la culture autorisée. De mauvaise graine, elles ne conduisent qu'à nous marginaliser. Pourtant, dans l'impasse où nous sommes, dans l'étiage même de l'existence et la stagnation du temps, ne conviendrait-il pas d'avoir recours à ces "mauvaises herbes" et à ces "mauvaises pensées" ? Ne faut il pas marcher vers ces marges que la culture n'a pas atteintes et corrompues, nous aventurer dans la broussaille, la friche, la flache, l'îlot sauvage, le jardin à l'abandon, et nous retourner vers les sources que nous avons bannies, emmurées, exclues, proscrites (p. 74-75).

Commenter  J’apprécie          110
Il est à remarquer au passage que l'on éprouve naturellement - et cela, peut-être entièrement à tort - plus de facilité à se glisser dans la peau d'un papillon ou sous la carapace dorée d'un cétoine, que dans le corps d'un cachalot ou d'un éléphant de brousse par exemple. Nous avons plus d'aisance à nous réduire. La grandeur nous fait souvent éprouver des gouffres impossibles à combler. De la même manière, à la plupart d'entre nous, l'infini d'une fourmilière semble plus à notre portée, et à la mesure de notre compréhension, que l'infini des galaxies (p. 52).
Commenter  J’apprécie          80
Voilà que, roulant chacun de son côté, ils se sont soudés par la sole. Ils se resserrent en bordure, s'enroulent, se déroulent dans une bave plus abondante, et reviennent s'accoler, s'épouser encore plus étroitement par succion. A chaque fois qu'ils se rétractent puis s'étirent, l'écume s'exprime, en réponse à d'autres stimuli. Ils se découvrent l'un pour l'autre voluptueusement visqueux, volubiles et souples dans l'euphorie musculaire qui s'empare d'eux jusqu'à l'absolu ravissement."

"Pour plaire en ce monde, la mante a d'abord pour elle une coloration d'un vert tendre, clair, uni, un peu pomme; quelque chose de translucide, qui ne perd cependant jamais son opacité. C'est une merveille d'esthétique, un mystère confiant et fier, qui se dresse d'évidence à la lumière."
Commenter  J’apprécie          30
«Je me méfie de tous les paradis que l'on ne porte pas d'abord en soi-même.»
Commenter  J’apprécie          180

Video de Jean-Pierre Otte (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Pierre Otte
Jean-Pierre Otte, "Ah! noms de dieux", une heure d'entretien en toute ivre liberté et pour le plaisir d'exister.
autres livres classés : miscellanéesVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (52) Voir plus



Quiz Voir plus

Français ou Belge ?

Georges Simenon

Francais
Belge

10 questions
430 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , littérature française , littérature belgeCréer un quiz sur ce livre

{* *}