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Sophie Benech (Traducteur)
EAN : 9782070359486
256 pages
Gallimard (30/10/2008)
3.59/5   70 notes
Résumé :
"Peut-on comparer le bon gros mensonge masculin stratégique, architecturé, aussi ancien que la réponse de Caïn, avec ces charmants petits mensonges de femmes dans lesquels on ne décèle aucune bon ou mauvaise intention, ni même aucun espoir de profit ?
Que de charme, que de talent, que de candeur et d'insolence, que d'inspiration créatrice et de panache ! Il n'y a là ni calcul, ni espoir, ni profit, ni machinations....
Chez les femmes, le mensonge est u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Pourquoi mentons nous ?
Pour attendrir, pour faire plaisir, pour se mettre en valeur, pour « être dans le moule ».
Il y a bien des façons et des raisons de mentir et c'est le propos de Ludmila Outlitskaïa à travers 6 récits.
Nous découvrons tour à tour Irène qui s'invente 4 enfants, tous morts ainsi que son mari dans un accident de voiture. Seulement voilà, Irène n'a jamais été mariée !
Nadia lasse d'être une enfant unique rêve si fort d'un grand frère qu'il prend corps dans sa vie et dans ses histoires.
Une intellectuelle se prétend auteur de poèmes alors qu'elle a seulement acheté un recueil de poésie.
Génia est le personnage central de ce livre, nous la retrouvons dans chaque chapitre dans le rôle de confidente de toute ces menteuses.
Je ne connaissais pas Ludmila Oulitskaïa et j'ai découvert avec beaucoup de plaisir ces textes à la fois drôles et touchants mais également miroir d'un mal être qui nous fait espérer à travers nos mensonges une vie différente à défaut d'être meilleure.

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J'ai beaucoup aimé ce livre composé d'un avant-propos malicieux sur le mensonge au féminin puis de six récits. Ils sont reliés par un personnage central, Genia, témoin-confidente des cinq premières histoires puis héroïne de la dernière. Chaque récit met en scène une ou plusieurs femmes, d'âges et de conditions variés, qui mentent. Une flamboyante affabulatrice, une captivante fillette, une vénérable professeure de littérature, de vulnérables prostituées exerçant à Zurich, une adolescente séductrice. Elles fuient la monotonie, la grisaille , la laideur, le sordide. Elles se réfugient dans l'imaginaire, s'inventent une vie pour attirer la compassion ou l'admiration, captiver un auditoire, embellir leur vie. Elles sont drôles, touchantes, tragiques. Mais la dernière histoire est aussi pleine d'amour et d'espoir.
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Encore un roman de Ludmila Outlitskaïa que je lis d'une traite ! Quelle formidable auteure, un style plein de finesse et de sensibilité, cachée sous une ironie un peu féroce quelquefois! qu'ils sont beaux, ces personnages féminins, dans lesquels je retrouve cette "russitude" - comme dirait l'autre ! ;) - que j'affectionne tant, ce mélange de poésie, humour noir, réalisme fatalisme un peu déroutant sans doute pour les non-amateurs de ce genre d'écriture.
Ce n'est pas les rebondissements, le suspens d'un thriller que l'on aime chez Mme Oulitskaïa, c'est la bonhomie un peu moqueuse qui se dégage pour ses caractères de femmes dans lesquels on ne peut s'empêcher de se voir un peu.
Ah, messieurs, vous vous ennuieriez certainement sans nous autres dames, certes enquiquinantes, mais inimitables dans nos petits travers typiquement féminins !
Un livre peut-être plus destiné aux femmes, profond tout en légèreté, léger tout en profondeur !
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Il s'agit d'un ensemble de récits, à première vue de sortes de nouvelles, dans lesquelles à un moment ou un autre apparaît Génia, fil rouge de l'ensemble. Mais les premiers récits sont centrés sur d'autres femmes, ou filles, Diana, Nadia, Lialia. le fil rouge est énoncé d'emblée, ce sont les mensonges que ces femmes ou ces filles s'inventent pour rendre le quotidien supportable. Mais l'essentiel ce sont elles, et leurs inventions ont pour fonction de révéler leurs rêves, aspirations, manques, finalement la part essentielle d'elle-mêmes. Et vers la fin du livre, Génia prend de plus en plus d'importance, elle n'est plus seulement le réceptacle des confidences des autres mais se découvre à nous. Et le dernier, et le plus long chapitre qui lui est consacré m'a dérouté, j'ai cherché le mensonge du titre, mais les choses sont plus compliquées, et ce dernier n'est pas donné d'emblée à nous. J'ai en fin de compte mon hypothèse, mais je ne vous la livrerai pas, à chacun de trouver sa réponse.

J'ai aimé ce livre, drôle, en apparence, léger, centré sur le quotidien, et ses petites souffrances et insatisfactions, comme l'univers de la plupart des femmes, mais en réalité plein d'humanité, et beaucoup plus subtil qu'il n'y paraît à première vue.
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Avec drôlerie et indulgence, Ludmila Oulitskaïa explore l'univers du mensonge.
Pas le mensonge prosaïque qui a pour objectif d'induire en erreur l'entourage (le plus souvent épouse et enfants) afin de se soustraire à des obligations ennuyeuses et de se ménager un jardin secret dans lequel on pourra inviter à sa guise une maîtresse ; courir les champs de course ; fréquenter des copains peu présentables ; se livrer à la pêche à la mouche, au poker clandestin, ou, en douce, à une addiction pour les bars à strip-tease et pour les prostituées. Tel est en général le mensonge masculin utilitariste et cachottier.
Il existe un autre type de mensonge plus typiquement féminin : le mensonge qui remodèle avec art tous les évènements d'une vie afin de lui conférer une allure pleine de charme, comme si le dieu de la tragédie veillait personnellement sur le sort de certaines élues ; enfance malheureuse auprès de parents prestigieux, mariages romantiques se terminant dans la tragédie, enfants morts de maladies rares, accidents spectaculaires, trahisons, dons artistiques contrariés : pas de doute, de telles vies ont été certes ravagées, mais elles font quand même envie, tant elles échappent à la fadeur qui est le lot commun. Celles qui les vivent ont une aura à part, elles ont été choisies.
Que recherchent ces menteuses ? se réparent-elles ainsi par le récit d'un autre possible qui en aurait fait des personnes différentes et plus intéressantes si leur monde avait été moins contraint ? Pourquoi ne comprennent-elles pas la violence que représente envers autrui une telle falsification lorsqu'elle est découverte (elle l'est presque toujours) ? L'héroïne de ces nouvelles, serviable et compatissante, souffre du parasitage que représente l'invasion de son mental et de ses affects par ces représentations mystificatrices et finit par ressentir un ternissement de sa propre image : n'est-elle pour autrui qu'un miroir ? A-t-elle l'air si crédule ? Si sotte ? Et pourquoi ne s'inquiète-t-on jamais d'elle, même après qu'elle ait été victime d'un véritable accident de la circulation extrêmement invalidant ?
Ludmila Oulitskaïa développe ici une réflexion bien utile à celles et ceux qui furent un jour les dupes de pareilles mystificatrices (et mystificateurs, ils existent aussi au masculin, comme existe au féminin le mensonge de commodité)
Et si l'on se révélait autant, voire davantage dans ses mensonges que dans sa quotidienne vérité ? et qu'est-ce que la vérité ? Après tout, n'habitons-nous pas deux vies parallèles ?
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
"Les hommes, c'est très bien, mais pourquoi en avoir chez soi?" demandait perfidement Anna Véniaminovna.
Et l'autre lui répondait du tac au tac :
"Anna Véniaminovna ! Je ne vais pas emprunter à ma voisine son fer à repasser, son moulin à café ou son mixeur, j'ai les miens. Pourquoi irais-je emprunter un homme ?
- Comment pouvez-vous comparer un homme à un fer à repasser, ma petite Genia ? Un fer à repasser caresse quand on en a besoin, tandis qu'un homme caresse quand il en a besoin, lui !" rispostait Anna Véniaminovna.
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"Ma mère était une beauté - Dina Doubrine tout craché, si ça te dit quelque chose. Et elle a toujours été idiote. Enfin, pas idiote, mais un peu retardée. Je l'aime beaucoup. Seulement, elle a toujours eu de la bouillie dans la tête : d'un côté, elle est communiste, de l'autre, elle est luthérienne, et du troisième, c'est une admirattrice du marquis de Sade."
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Elle chaussa ses lunettes, s’arma d’un crayon à pointe fine pour mettre des points d’interrogation dans les marges, et s’endormit sur-le-champ, bercée par cette merveilleuse musique à multiples voix qui remplit une maison de campagne pendant la pluie : le crépitement des gouttes sur les feuilles, les coups cognés contre la vitre, de mélodieuses vagues sonores à la moindre saute de vent, le clapotis des gouttes à la surface de l’eau noire du tonneau, le carillon bien distinct des trombes d’eau dévalant la gouttière… Et le bruit le plus dangereux – celui, d’abord éclatant puis mat, des gouttes tombant au fond de la cuvette posée dans le grenier sous le toit qui fuit.
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(Nous sommes en Russie) :

Au tout début des années quatre-vingt-dix du siècle dernier, dont la fin fut célébrée avec une pompe inconvenante et difficilement explicable, beaucoup de gens du milieu intellectuel traversaient de grandes difficultés liées à l'écroulement de trois dinosaures ou baleines, ou trois "sources", trois "composantes" d'une vie plus ou moins bien organisée. Le dogmatisme connut une telle fêlure que même la Sainte Trinité en fut ébranlée.
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Le petit jardin de Dora Sourénovna se remplit d'enfants d'âges divers, et ses voisines de gauche comme de droite regardaient à travers les clôtures, elles étaient jalouses : comment faisait-elle pour commencer la saison un mois avant les autres et la terminer deux mois après tout le monde ? Et c'était comme ça depuis des années. Elles ne devinaient pas que son secret tenait à Irène : où qu'elle aille, il se formait aussitôt autour d'elle une foule, un kolkhoze – c'était un feu d'artifice, un défilé de premier mai de soutien-gorges débordant de glandes mammaires et de bikinis découvrant des nombrils et des paires de fesses qui exaspéraient les voisines de Crimée à un point tel qu'elles auraient bien voulu refuser de loger chez elles toutes ces putains sans vergogne, mais l'appât du gain les en empêchait.
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Videos de Ludmila Oulitskaïa (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ludmila Oulitskaïa
Eurasieexpress Réflexion à haute voix : "La Lecture est un exploit", aux Journées du Livre russe à la Mairie du Vème arrondissement de Paris le 9 février 2020. Cette réflexion constitue une partie du prochain livre d'Oulitskaia, à paraître cette année.
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