Quoi ma gueule ? Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ?
Pour commencer, elle est ouverte et puis elle est toute noire. Va donc te laver avant de déguster ton rata de flotte parfumé aux pelures de pomme de terre. Oui, aujourd'hui, c'est fête.
Issu d'une looongue lignée de mineurs, Marcel refuse de reprendre le flambeau. En idéaliste convaincu et fin observateur de l'état de dégradation de son paternel, il se refuse à tout affranchissement avilissant au profit des puissants .
Monter à Paname, ça c'est un projet qui a de l'épaisseur.
Réaliser ses rêves de grandeur épaulé par sa douce, Suzanne, c'est autre chose que de se flinguer la santé pour un boulot qu'on exécre.
De prime abord, le trait surprend, on va pas se mentir.
Noir, charbonneux -donc raccord avec le sujet initial-, tout en hachures, on se dit, comme ça, tout de go, que le bestiau à l'épaisseur conséquente risque de nous rester sur l'estomac tout en piquant légèrement les mirettes.
Puis, le propos aidant et la vue se familiarisant rapidement, l'on se laisse porter par la trajectoire atypique de ce révolutionnaire amateur appelé à faire son trou en un Paris de début de siècle particulièrement bien crayonné.
Ça grouille, ça picole, ça esclavagise, ça terrorise.
Antoine Ozanam nous revisite la traversée de Paris par le prisme du parcours initiatique et laborieux d'un jeune provincial qui aura rêvé trop grand pour lui.
Beau et pas con à la fois !
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Je m'attendais à un récit sur les mines du Nord... là où il fait très très froid. Je ne m'attendais pas à croiser Galabru, mais des tronches. Des caractères.
Au lieu de cela, j'ai eu Marcel, un jeune qui ne veut plus être esclave à la mine. Alors, il devient esclave à Paris. Il troque le noir pour le soleil. Mais le boulot est éreintant, tout pareil. Il bamboche, perd son emploi, retrouve un ancien de la mine. Ils font les 400 coups, sorte de malfrats révolutionnaires, mais Marcel n'est pas de la race des seigneurs... alors tant qu'à être esclave, autant qu'il le redevienne dans son village natal. Boucle bouclée, rideau sur la mine et Marcel.
J'ai du mal avec le récit. Pas l'histoire, assez banale, en tant que telle, mais dans le traitement de celle-ci. On effleure beaucoup, mais on ne creuse pas. On cause un peu politique, mais en superficie. Marcel participe à un enlèvement, mais les auteurs ne prolongent pas le propos, car Marcel ne se reconnaît pas dans l'action révolutionnaire. En fait, j'en arrive à me dire que le problème de cette BD, c'est Marcel... Il n'a pas assez de corps, de consistance, de personnalité pour faire tourner une histoire autour de lui.
Reste alors le portrait d'une jeunesse, d'une époque, de la mine... mais cela manque de cohérence et de contenu, par rappor à d'autres BD.
Que dire du dessin? Il peut alterner le meilleur et le franchement pire. Ce crayonné incessant, à la limite du crobar, à la limite du supportable en ce qui me concerne. Cela donne plus ou moins bien dans la mine, alors je l'admettais. Et je me disais que cela cesserait (un peu) quand Marcel irait à Paris... eh bien non. Là, il y a parfois un effort. Quelques cases sont plus nettes que d'autres, avec force détails et une minutie travaillée. Mais c'est rare. Et cela m'a lassé.
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Nord de la France, début du siècle. Marcel, encore un enfant n'a d'autre choix que de descendre dans la mine : c'est la dure réalité qui frappe tous les jeunes garçons valides; mais Marcel ne veut pas de ce type de vie, il veut partir, il veut découvrir Paris.
Un coup de grisou et la mort de son père va déclencher son départ. Très vite, d'esclave de l'ombre il deviendra esclave à la lumière du jour : Paris et ses petits boulots, voilà la face du monde qui attend Marcel.
Il va tenter de se révolter, prendre sa part dans la lutte des classes, mais Paname sera sans pitié.
Le trait noir, anguleux, charbonneux contribue à assombrir le scenario. Les personnages, plus esquissés que dessinés, selon qu'ils apparaissent en portrait ou pas, ont des visages ingrats.
L'histoire n'est pas d'une force extrême. Nous assistons plus à une forme de reportage sur les jeunes adultes au début du XXème siècle.
Pas un coup de coeur mais intéressant pour celles et ceux attiré par cette période de notre histoire.
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Mi-fable initiatique, mi-brûlot sur fond social, Gueule noire impressionne, particulièrement grâce aux saisissantes compositions de Lelis.
Lire la critique sur le site : BDGest
Récit sombre, bien mené, bien servi par un dessin noir et blanc pluvieux.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Zola à Maupassant en passant par Balzac,ont trouvé de dignes successeurs.
Lire la critique sur le site : Bedeo
Au travers de la vie de ce jeune mineur désappointé, voici une belle fresque du début de l'ère industrielle à découvrir instamment.
Lire la critique sur le site : Auracan
Quand la nuit devient sombre
On voit sous les ponts de Paris
Se glisser comme une ombre
Les pauvres gueux, les sans-abri
Enveloppés dans leurs guenilles
Ils étouffent leurs sanglots
Ils s'en vont, les sans-famille,
S'endormir au bord des flots
Et sur la croix de pierre
Grelottant de fièvre et de faim
S'endorment les Jean Misère
Les parias du genre humain
Quand, tout à coup, un grand bruit
Les pauvres hères poussent ce cri :
"La rafle ! La rafle !"
C'est la chasse qui commence
Sauve-toi, pauvre gibier !
Sans égard pour la souffrance
Le chasseur est sans pitié
"La rafle ! La rafle !"
Voilà les policiers
Non, ce n'est pas la misère
C'est quelque chose de plus affreux
C'est le carnage, c'est la guerre
Où s'entretuent des malheureux
On se massacre sans s' connaître
On s' tue sans savoir pourquoi
C'est pour l'opinion d'un maître
Ou sauver le trône d'un roi
Et grisé par la poudre
Le soldat chante comme un fou
Se moquant de la foudre
Il s'endort sur un caillou
Quand tout à coup, sans grand bruit
La camarde pousse ce cri :
"La rafle ! La rafle !"
C'est la chasse qui commence
Chair humaine devient gibier
Sans égard pour la souffrance
La mitraille est sans pitié
Elle rafle, elle rafle
Tous nos petits troupiers
- Monthéhus -
- Alors ? Tu te plais ici ?
- Génial ! J'ai quitté un enfer sous terre pour un autre à ciel ouvert.
- Tu exagères. D'accord, le boulot est rude mais...
- Mais rien du tout. Nous ne sommes ni plus ni moins que des forçats. Dis-moi de quoi nous sommes capables de bon après une journée de travail ? A nous écrouler sur notre lit, en espérant que notre corps meurtri tienne le plus longtemps possible ? Et après quoi ? Il faudrait se trouver une gentille petite femme pour fonder une famille. Faire des mômes qui deviendront eux aussi des bêtes de somme !
- Attention, gamin, tes paroles sont dangereuses...
- Dangereuses pour qui ? Ceux qui nous avilissent ?
- Voilà bien le genre de phrases qui pourrait t'en coûter. Fais attention devant qui tu les prononces...
Au Nord, c'était les corons.
La terre, c'était le charbon.
Le ciel, c'était l'horizon.
les hommes, des mineurs de fond.
Moi, je ne veux pas aller à la mine. Je m'en fous d'être fier si c'est pour vivre dans la misère et respirer comme le père. Mais comment pourrais-je le dire au père? (p.10)
Il a toujours préféré la beauté de son histoire à la véracité des faits.
*Rediffusion du live du 26 janvier 2024 sur la chaîne Twitch de Glénat et de Ultia*
Du mercredi 24 au samedi 27 janvier 2024, Ultia vous fait vivre le Festival International de la BD d'Angoulême en direct sur Twitch. Présentation du stand, interview d'auteurs.ices et de dessinateurs.rices, visites d'expositions, tutos dessins...
Au programme de cette vidéo :
Rencontre avec Antoine Ozanam pour la BD Mauvaise réputation.
Découvre Mauvaise réputation : https://www.glenat.com/bd/series/mauvaise-reputation
1908. Oklahoma. Emmett Dalton n'est plus un criminel depuis longtemps. Il a payé sa dette à la société, il se contente d'une existence discrète et tente même parfois de visiter l'église pour prier – sans trop de succès pour cette dernière activité. Aussi lorsqu'un producteur de cinéma lui propose de participer à l'écriture d'un film consacré aux méfaits de sa légendaire fratrie, il se méfie, refuse, puis réalise finalement qu'une chance lui est offerte : évacuer le mythe, rétablir un semblant de vérité et sauver la réputation de sa famille. Les quatre frères Dalton ne sont pas nés hors-la-loi. Au contraire ! Ils ont tous endossé le rôle de Marshal à l'aube de leurs carrières, et c'est n'est pas de plein gré qu'ils ont plus tard embrassé des vies de fugitifs... Qui d'autre qu'Emmett, seul survivant, pour déterrer ces douloureux souvenirs et conter sans hypocrisie la véritable histoire des Dalton.Récit ancré dans une Amérique qui regarde le Far West comme une époque quasi révolue, Mauvaise Réputation renoue avec les habitudes d'un Western réaliste, dur et mélancolique. Il dépeint un Ouest américain démythifié où la violence et le chaos, bien qu'inévitables, ne sont jamais exagérés ou glorifiés. Magnifiquement porté par le dessin d'Emmanuel Bazin – quelque part entre Edward Hopper et Mathieu Bonhomme – Antoine Ozanam creuse en profondeur la psychologie de ses personnages et livre un récit subtil et touchant.
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