AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de DameOdessa


J'ai découvert Prince Captif par le biais de posts sur tumblr et pour tout dire le synopsis de départ autant que les couvertures épurées m'ont suffisamment interpelée pour que j'attende finalement sa sortie en France et que je commence à découvrir cet ouvrage.
Premier constat : alors que j'escomptais une aventure fantasy teintée d'érotisme à la Nightrunners de Lynn Flewelling, j'ai eu la surprise de découvrir que Prince Captif était catalogué comme littérature érotique (teintée de fantasy donc) chez mon libraire. Pourquoi pas après tout… quoique ce genre m'incite a priori à la méfiance, maintenant popularisé par Cinquantes Nuance de Grey (dont on se demande toujours comment il a pu devenir un best seller mais passons le sujet n'est pas là.)
Les premiers chapitres nous plongent directement dans le coeur de l'action. Trop vite peut-être. La base scénaristique semble être des plus intéressantes mais l'environnement n'est pas encore suffisamment bien décrit et explicité pour que l'on comprenne tous les enjeux des événements qui se déroulent, se mettent en place.
Ce ne sont pas les chapitres suivants qui aideront plus à la compréhension, sinon aux turpitudes et à la culture bien particulière de Vere où le sexe sous toutes ses formes, la torture, la violence et la perversité tiennent une place prépondérante. Au lieu d'amener le sujet par touches subtiles, progressives, l'auteur a pris le parti d'introduire (sans mauvais jeu de mots !) la notion phare de son ouvrage assez brutalement, sans fioritures, avec des descriptions plus que détaillées et un jeu de scènes qui frise l'obscénité.
A première vue, c'est inutile, du « fanservice » de base pour faire vendre, il faut que les lecteurs en aient pour leur argent. A première vue… Je ne dirais pas que Prince Captif est de la grande littérature, je ne sais pas s'il y a cette effet du lecteur qui doit se mettre au niveau de l'auteur et comprendre sa démarche ou si c'est réellement l'écrivain qui a été maladroite dans sa mise en scène des aventures de Laurent et Damen, mais au bout d'un moment, ces scènes qui semblent gratuites, revêtent un sens. Il faut attendre presque la fin du premier tome pour comprendre les tenants et les aboutissants pour se rendre compte qu'il y avait une réelle progression.
Et c'est bien ce que je trouve dommage ; car si l'on occulte les scènes de sexe (qui auraient mérité sans doute d'être travaillées d'une toute autre manière, avec une approche moins brute, plus de subtilité et de suggestion) on se rend compte que Prince Captif révèle une véritable intrigue politique fort bien menée, captivante, soutenue par des personnages à l'esprit retors et pervers. le jeu d'influences, les manipulations psychologiques, les intrigues de cour, les traitres et les conspirateurs, l'auteur tenait là un terreau fertile pour un ouvrage aux multiples rebondissements.
Quid des personnages d'ailleurs? Là encore une très belle brochette de caractères affirmés, de personnalités disparates... et de sentiments hésitants du lecteur vis-à-vis de chaque personnage qui peut se révéler être la pire des ordures. Les apparences sont trompeuses, on se laisse d'ailleurs prendre au piège plus d'une fois. A l'exception de Damen qui reste un héros équilibré, droit et honnête à ses idéaux, ceux qui gravitent autour de lui sont bien plus ambigus. A commencer par Laurent... que l'on déteste cordialement dès sa première apparition. L'auteur a fait fort pour présenter le personnage sous son jour le plus antipathique. Et pourtant, il y a quelque chose chez lui de fascinant, son intelligence perverse, sa beauté d'ange... Il reste un être complexe qui ne tombe pas dans les stéréotypes. Il en va de même pour le régent qui parait, a priori, être un homme à même de représenter un soutien inespéré pour le captif sur ce territoire ennemi et pourtant... Cette dualité des deux seigneurs de Vere fait partie intégrante de l'intrigue et sert ce jeu politique qui tient lieu de fil conducteur durant le roman. D'autres personnages tels Erasmus, Nicaise ou Jord; ils ne font pas qu'habiller le récit, ils permettent de bien mieux saisir le véritable caractère de chacun et les enjeux de cette lutte, tendance qui se confirmera rapidement dès le tome 2.
D'où une certaine déception que l'aspect érotique ait été privilégié, mais cela reste une affaire de goût. Il n'en demeure pas moins que le roman se lit facilement, l'écriture est fluide, relativement recherchée et ne se borne pas à une rédaction de fanfiction dépourvue de la moindre recherche en terme de vocabulaire…
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}