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Jean-Pierre Deloux (Préfacier, etc.)
EAN : 9782869305687
373 pages
Payot et Rivages (01/06/1992)
3.06/5   34 notes
Résumé :
" A partir d'un argument conventionnel, la relation d'une enquête policière sur le meurtre d'un ponte, Hugues Pagan renoue, sur un mode typiquement français et selon une vision bien personnelle, avec certains des grands archetypes du roman noir américain. Par-delà la description exemplaire de fla machinerie policière, il raconte l'histoire d'une vengeance et dresse le portrait d'une homme perdu, l'inspecteur principal Schneider, dont da vie est devenue un long suici... >Voir plus
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Pagan Hugues (1947-) – "La mort dans une voiture solitaire " – Payot/Rivages-noir, 2016 (ISBN absent, EAN 9782743641337)
– première édition en 1982
– préface "Le chevalier, la mort et le diable" signée par Jean-Pierre Deloux probablement datée de 1992 (cf première phrase du texte)

La préface indique que ce roman fut tout d'abord publié en 1982, certes dans la collection "engrenage" (qui fut une référence dans le domaine du polar) mais dans une version tronquée : la présente édition restitue le texte original complet.
Cette précision est utile pour comprendre le récit : ordinateurs, web, internet, réseaux dits sociaux sont bien évidemment absents, c'était l'époque d'avant le grand désastre, marquée en France par le septennat du "grand déplumé", le Giscard (qui se disait) d'Estaing, celui-là même qui fit entrer massivement les technocrates et énarques dans l'appareil d'État d'où ils et elles s'appliquent consciencieusement à ruiner le pays à grands coups d'idées géniales.
Autre précision d'importance : l'auteur Hugues Pagan est né en 1947, en Algérie dans l'ancienne Orléansville ; sa famille est "rentrée" en France en 1962 pour s'installer à Vesoul. Comble de l'étonnement : après avoir vécu les années post-mai-68 en exerçant divers petits boulots, il entre dans la police en 1973, et y exerce pendant vingt-trois ans en tant qu'inspecteur.

Pour un premier roman (?), on ne peut qu'être surpris par la complexité de l'intrigue, encore renforcée par le côté allusif des certaines phrases à interpréter (il convient de s'accrocher : lecture active impérative). Ce n'est pas bien grave, car l'intérêt réside surtout dans la qualité littéraire ainsi que dans les "à-côtés" : pas de peinture sociale ni de moeurs, l'intrigue se limite aux relations entre police et personnel politique plutôt local dont il était alors à la mode de décrire la collusion (dès la page 35-36).
Pagan était inspecteur de police, on peut admettre qu'il décrit des choses vécues. C'est là toutefois une thématique directement empruntée aux romans états-uniens dont l'auteur assume et revendique la transposition dans le cadre français. Collusion il y eut très certainement dans notre doulce France. Ayant moi-même vécu cette époque, et bien que la jugeant sans indulgence aucune, je reste tout de même dubitatif sur l'adaptation que l'auteur en fait en transposant le thème dans un cadre franchouillard. Autant que je sache, les élus hexagonaux de tout bord se spécialisèrent surtout dans l'exploitation des failles de l'inénarrable et pléthorique code des marchés publics (un monument du génie bureaucratique le plus kafkaïen ou ubuesque), puis du recours aux juteuses "sociétés de conseil" et encore, le plus souvent pour financer leur parti plutôt que pour s'enrichir personnellement, alors que, dans ce roman, ils sont sensés tenter de prendre le contrôle de boîtes de nuit et trafics divers (prostitution, drogue etc).

Mais bon, les mérites du récit sont ailleurs, par exemple dans la façon dont l'auteur évoque tout un contexte par des allusions furtives.
Nostalgie, nostalgie : page 45 défilent le SGEN-CFDT, la LCR de Krivine, le "bahut", le CHR se télescopant avec l'OAS, rejoignant ceux "qui se sont goinfrés sous l'Occupation" (p. 244). C'est l'époque de "la cantine des PTT" (p. 79), des cabines téléphoniques (p. 96-97), du "prof de l'IUT, un gommeux" (p. 133), des "cheveux à l'afro" (p. 139), du "style TéléPoche" (p. 146), du "CAP de mécanique générale" de la domiciliation "cité Mozart bâtiment F16 troisième étage" (p. 160), et des films de Polanski (p. 364).
S'ajoute l'évocation des modèles de voitures (entre autres, la 4L p. 145, la R16 p. 218), des VRP, sténo-dac et bigoudis (p. 261), du "langage administratif – neutralité teintée d'hexagonal énarchique édulcoré" (p. 319) et – déjà, hélas – des dégâts causés par le trafic de drogue, "Il y avait de plus en plus de rebut et de rebut jeune. Et la came montait comme une eau noire..." (p. 184).

Tout aussi furtives mais vraiment bien vues sont les allusions à certaines références culturelles : le personnage de Blondain est très original, sa brévissime allusion à l'Ecole de Nancy (p. 72) est magistralement intégrée dans le fil de l'intrigue sans le rompre, c'est du grand art... dans la discrétion et la subtilité. Zeus est malicieusement convoqué quelques lignes plus loin (p. 73) ; l'apparition dudit Blondain au commissariat (pp. 261-265) est un grand morceau d'humour, celle de l'interne en médecins porteur d'une "barbiche frémissante à la Léon Trotski" (p. 362) est tout aussi grand-guignolesque, quant à l'invention de Maurice Chevalier...

Thème omniprésent dans les romans de Pagan : le portrait au vitriol des commissaires de police (surnommés "les tauliers" comme ici Jack Courtot et Morgantini) uniquement préoccupés de leur carrière et avancement (pp. 45, 82, jusqu'à la fin, pp. 358 et 366-367) face aux "petites mains" de la base (les inspecteurs) qui "sortent les affaires" et passent leur temps dans la rue pour y "droper le djebel" (p. 82)

Le héros principal de ce roman est l'inspecteur Schneider (que Pagan remet en scène plus tard dans d'autres romans), doté des traits archétypaux du polar états-unien : il est désespéré (il est vrai qu'il a "fait" et vécu les horreurs de la guerre d'Algérie), il boit comme un trou (du whisky, évidemment – cf entre autres p. 115) et ne dort quasiment jamais, sans que ça l'empêche ensuite de flanquer une rouste magistrale au bandit de service ni de tomber certaines nanas (elles sont toutes en pâmoison devant lui) choisies pour accentuer le drame (elles meurent assassinées ou elles le trahissent, c'est selon).

Rien de bien original, encore que...
D'une part, le héros s'y connaît en matière de musique de jazz, et son auteur-créateur sait présenter quasi techniquement un thème et sa construction sans barber son lecteur (rien à voir avec les médiocres standards "musicaux" cités à la queue leu leu par certains).
D'autre part, il est entouré d'une équipe, typiquement franchouillarde, composée de personnages soigneusement typés : là, le lecteur perçoit l'expérience que Pagan a acquise en vingt-cinq ans de métier et de terrain.

Sans oublier que l'auteur est suffisamment équipé littérairement pour connaître le vieux ressort du doublet (le maître et son valet, personnages incontournables depuis des siècles) : le personnage de Charles Catala dynamise habilement le récit, ainsi que les beaux paragraphes poétiques de description des paysages.

Dernière touche : l'apparition de "Cherokee" (pp. 116, 378) : elle sera le personnage central du "profil perdu".

Un roman qui tient la route, puisqu'il résiste à la re-re-lecture.
Un roman qui incite à rechercher et lire les suivants du même auteur...

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J'ai eu la chance de rencontrer Hugues Pagan en mai 2022 ( Châteauroux – L'Envolée des Livres ). C'est « le carré des indigents » qui m'intéressait. Mais l'auteur m'a habilement emmené quarante ans en arrière, aux origines de son héros récurent, l'inspecteur principal Claude Schneider. J'ai quitté Châteauroux avec quatre bouquins à lire, impatient de faire connaissance avec Schneider et curieux de découvrir le style de l'auteur et ses évolutions.

La série Schneider compte ( à ce jour ... ) quatre titres :

La mort dans une voiture solitaire ( première parution en 1982 )
Vaines recherches ( première parution en 1984 )
Profil perdu ( parution en 2017 )
Le carré des indigents ( parution 2022 )
« La mort dans une voiture solitaire » est en premier publié dans la collection Engrenage ( n° 40, Éditions Fleuve noir, ISBN 978-2-265-01937-9 ). Réédition par les Éditions Rivages en 1992, ISBN 978-2-86930-568-7. C'est cette édition que j'ai lu. La préface de Jean-Pierre Deloux indique que cette seconde édition rétablit « le texte original dans son intégrité et son intégralité ». La version Engrenage avait été amputée de quelque quarante pages.

La mort dans une voiture solitaire ( auteur Hugues PAGAN ) :
Mayer s'est fait rectifier, des balles de gros calibre. La machine policière se met en route. C'est le groupe de l'inspecteur principal Schneider qui récupère l'enquête, avec lui trois inspecteurs dont le jeune Charles Catala, sans doute le plus proche de son chef. En plus le renfort du peu expérimenté Viale, mal considéré par sa hiérarchie. Nous sommes à la fin des années 1970, les années Giscard, on parle encore de Pompidou et déjà de Chirac. Pas d'ordi, pas de téléphone portable, pas d'ADN pour aider les enquêteurs. Les voitures ? Des 4L, des 104, des Simca 1100. Schneider conduit une vieille R16. L'enquête repose entièrement sur les flics. Schneider sait s'y prendre et sait mener son équipe qui le respecte. Les dépositions, les perquisitions, les interrogatoires, les gardes-à-vue, les indics, les filatures, les planques. Toutes les procédures sont là, fils conducteurs solides mais il y a bien plus, l'humain par exemple, mais aussi une atmosphère pesante et des dialogues bruts.

Il y a la ville, une ville non nommée que le lecteur découvre durant un automne où il semble pleuvoir presque tout le temps. C'est une grande ville de province, 250 000 âmes, son hosto, une université, des zones industrielles, la came, des putes, des valises de fric, des élus qui trichent, certains de mèche avec Mayer qui voulait tout contrôler et ceux qui ne voulaient pas. Il y a aussi des policiers et leur boulot de routine, « du boulot gris et sans relief » des rapports et des déclarations à taper à la machine, inlassablement et une hiérarchie qui jauge les élus et lorgne vers les cabinets. Schneider a tout vécu dans cette ville avant de sombrer dans une lassitude morbide. « ça fait quand même un sacré bout de temps que tu roules sur les jantes » l'alerte un collègue. Il y a eu une femme dans sa vie, Cheroquee, mais elle est partie laissant un vide infini. Schneider est désormais seul avec son boulot de flic et ses cigarettes. Qu'est-ce que les gens fument dans ce roman, toutes les marques y passent !

Schneider est un flic efficace, il connaît bien le contexte et les gens de cette ville. Mais le lecteur sent bien qu'il y a une implication pas seulement professionnelle lorsqu'il veut utiliser la mort de Mayer pour faire tomber Gallien. Les assassins de Mayer ? Des petites frappes locales, ce n'est pas ce qui intéresse Schneider. Il mène un autre combat. On peut parler de combat, surtout à la fin lorsque vêtu d'une veste de treillis, de rangers de peau et puissamment armé, il part à l'assaut. le lecteur sent que ça va mal finir. Ça finit mal.

Ce roman vaut aussi pour ses portraits approfondis. le lecteur voit les personnages. Les descriptions sont parlantes grâce à des mots bien choisis et il y a toujours un trait grossi qui fait encore plus vrai. Par contre je me suis un peu perdu dans les surnoms, jusqu'à ce que je prenne des notes. Question flingues et balistique, l'auteur a des connaissances de pro. Ce roman est érudit avec de multiples références au jazz ( mais étant ignare en la matière, je n'ai pu les apprécier ). Et puis il y a une atmosphère sombre comme les journées pluvieuses qui jalonnent continuellement le récit, mystérieuse comme le passé de Schneider, suspicieuse tellement la ville abrite de pourris, étourdissante tellement il y a d'alcool et de tabac.
Lien : http://romans-policiers-des-..
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Hugues Pagan est notre Ellroy à la française par certains aspects : son style amerloque, pur et dur. Ses personnages sont en revanche hiératiques, mais peut être parce que ses policiers et ses malfrats sont comme des chevaliers de la quête du Graal. Un bon polar. Un travail sérieux, manquant sûrement de légèreté ou d'humour de temps à autre. Même s'il est trop plaqué aux conventions du genre, il vaut trois étoiles.
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Le choix de Jérôme pour Collectif Polar.
Parce qu'il n'y a rien à jeter chez Pagan, il faut tout lire ! le premier de ses romans est déjà un petit bijou. Un grand roman. Celui d'un auteur malade de ce monde dans lequel nous vivons et où l'humanité semble s'être perdue.
L'inspecteur principal Schneider est nommé pour enquêter sur la mort de Mayer, un malfrat local. Se plonger dans son travail est pour lui le meilleur moyen d'oublier des choses difficiles.
"La mort dans une voiture solitaire" c'est aussi la relation d'une enquête policière sur le meurtre d'un ponte, selon un mode typiquement français avec certains des grands archétypes du roman noir américain.
Il nous donne à voir, à travers les yeux de Schneider, flic désabusé, revenu de tout, un pan de notre société d'une grande noirceur. Un reflet de l'âme humaine peu attirant. C'est un roman désespéré, comme tous ceux du romancier mais avec une telle qualité d'écriture, un univers si personnel qu'il ne faut pas passer à côté, on ne peut passer d'un grand romancier quand on en croise un.
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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Au début - et ce début pour moi a été très long: les premières 300 pages - je ne voyais pas du tout l'intérêt de ce bouquin. Mais j'ai tenu bon, un peu comme au cinéma où après avoir payé sa place, on reste jusqu'au bout, en espérant que le film s'améliore enfin.

Au final, on comprend que l'histoire policière n'a d'autre but que de servir de toile de fond aux personnages. Il faut dire que l'intrigue est compliquée, on n'y comprend pas grand chose, et la manie de donner des noms différents à plusieurs des intervenants n'arrange pas les choses. le vocabulaire essaie d'imiter le parler des années 70, et cela tourne parfois à l'affecté.

La description des 'tauliers' et de leur comportement peut se comprendre venant de l'auteur, ex-policier, mais elle manque de profondeur politique et se retrouve au final, assez convenue (tous pourris). Certains détails cependant sonnent juste, comme les planques et les arrestations.

Mais le personnage du flic meurtri - encore une histoire de femme - prend de l'ampleur dans les dernières pages. Une BD en noir et blanc parfaite, qui se transforme en une sorte de Mayerling... Hugues Pagan ne m'a pas converti au paganisme, mais j'essaierai volontiers un autre de ses polars.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Le branle-bas, dans une affaire criminelle, est un phénomène qui se produit plus ou moins à l’improviste et qui laisse parfois des traces à peu près indélébiles, mais pendant un bon moment, ça a tout l’air d’être le boxon avec tout un tas de flics qui galopent dans tous les sens, c’est la chasse aux clés de bagnole, des grandes glissades dans le hall d’accueil .
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Les yeux morts du policier étaient fixés sur la longue silhouette sinueuse de la femme, dont les hanches ondulaient au rythme du blues – sans rien de trop. Ils se rappelaient une autre silhouette, plus lourde, moins svelte, celle d’une femme plus grande, qui se caressait les cheveux de la main et lui riait au visage en se jetant dans ses bras. Ils voyaient un hall de gare – la dernière déchirure.
Les yeux demeurèrent inexpressifs. Pokerface Schneider avait trop de métier, il avait essuyé trop de coups tordus, éventé trop de combines foireuses, il avait vu trop de choses en toc, trop de clinquant et de misère, on lui avait sorti trop de boniments – et il était bien trop tard – pour qu’il n’en restât pas quelque chose.
Il se borna à retirer la cigarette qu’il avait aux lèvres et à replier les jambes, juste assez pour que la femme pût s’asseoir en face de lui. Elle remua les lèvres sans bruit et sa bouche esquissa une grimace amère.
– Bonsoir, Schneider, dit-elle d’une voix sourde et lasse.
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Nous avons vu des tas de médecins, les plus grands spécialistes, ou, du moins, les plus réputés, à Paris, à Londres, à Lausanne… Des mages, des guérisseurs. Ils nous ont tous dit la même chose, ou peu s’en faut : c’est comme si un ressort s’était cassé en elle, voyez-vous. Le ressort qui commande la vie, le rire…
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Il y a des millions de raisons pour buter un type, des millions et des millions, mais elles se ressemblent presque toutes. Toujours le même genre de ressorts pour mettre en mouvement un homme.
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Elle avait de très beaux seins, pas énormes, mais lourds et pleins, duveteux comme des fruits un peu trop mûrs, avec de larges aréoles sombres, presque trop somptueux pour son torse maigre.
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Vidéo de Hugues Pagan
Extrait du livre audio « le Carré des indigents » de Hugues Pagan lu par Cyril Romoli. Parution CD et numérique le 15 mars 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/le-carre-des-indigents-9791035410988/
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