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EAN : 9782710372219
216 pages
La Table ronde (05/05/2014)
3.6/5   5 notes
Résumé :
Le 31 juillet 1914, Jean Jaurès est tué à bout portant au café du Croissant. Arrêté dans les minutes qui suivent, Raoul Villain ne nie pas son crime. Au contraire, il le revendique ; il a voulu, dit-il, "abattre le traître", le leader socialiste qui s'opposait à la guerre. Le 29 mars 1919, la cour d'assises de la Seine acquitte Raoul Villain et condamne aux dépens la veuve de Jean Jaurès ! Qui était Raoul Villain ? Comment un tel verdict a-t-il été possible ? Telles... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Ils ont acquitté Villain », ce jugement est inepte, mais qui se souvient du nom de celui qui a assassiné Jaurès et du sort qui lui a été réservé ? Dominique Paganelli revient sur cette affaire qui reste ancrée dans la mémoire collective.

Décrit comme un velléitaire au caractère autoritaire dont les études n'ont mené à aucune carrière, Raoul Villain a souffert d'un manque d'affection de la part d'une mère absente internée pour maladie mentale, et d'un père peu apte aux épanchements. Fervent catholique, qualifié des mots même de ses anciens camarades de « cire molle » et chez qui, les médecins-experts diagnostiqueront « une insuffisance constitutionnelle de l'énergie et de la volonté », Villain est aussi capable de violence et de bouffées de haine. Mais sa personnalité suffit-elle à expliquer son crime ?

Pacifiste, Jaurès est contre la loi qui allonge le service national à trois ans et veut enrayer le processus de la guerre en organisant une grève générale des ouvriers français et allemands. Sa position provoque la haine de ceux qui voient en lui un défaitiste proche des Allemands, prêt à brader la France. le 31 juillet 1914, Villain tue Jaurès. Trois jours après, la guerre est déclarée, et les opposants politiques français d'hier se regroupent dans un gouvernement d'union sacrée. Désormais l'entrée en guerre de la France prévaut, même si tous, de droite comme de gauche, condamnent le geste du meurtrier. Villain, arrêté le jour même de l'assassinat qu'il avoue, ne sera jugé qu'à la fin des hostilités.

Quand le procès s'ouvre enfin, le 24 mars 1919, la guerre a fait neuf millions de victimes et la mort de Jaurès fait partie du passé ; le Petit Journal écrit : « Trop d'hommes sont morts pour qu'on s'intéresse à la vue d'un seul ». Les dissensions qui agitent le Parti socialiste qui s'est porté partie civile jouent en faveur de Villain. Face aux nombreux témoins qui font le panégyrique de Jaurès, les avocats de la défense plaident le crime passionnel, car ceux qui ont poussé Villain, patriote convaincu, ce sont les auteurs des articles calomniateurs et injurieux à l'encontre de Jaurès. Les jurés vont entendre ces arguments et voter l'acquittement.

Dominique Paganelli, avec ce livre, nous donne à voir la personnalité perturbée de Raoul Villain et les circonstances dans lesquelles il a perpétré son crime. Avec une écriture précise et fluide, il livre une vision claire du procès qui a conduit à son acquittement et de l'environnement social et politique de l'époque à laquelle se sont déroulés les faits.

Merci aux Éditions de la Table Ronde et à Masse critique de m'avoir fait découvrir ce livre et cet auteur.
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Il a tué Jaurès - Dominique Paganelli

Bon livre où l'auteur journaliste et chroniqueur judiciaire évoque le procès de Raoul Villain, l'assassin de Jean Jaurès.

Au fil des chapitres, se déroule le parcours de Raoul Villain, l'assassinat de Jaurès, l'arrestation, les interrogatoires, la prison, le procès, le verdict et la fin de l'assassin. L'auteur dresse un portrait détaillé de cet individu, son caractère instable et immature, il parle aussi de "quelques zones d'ombre" et "d'incertitudes" qui n'ont pas été élucidées au cours de l'enquête. le procès est bien détaillé autant les plaidoiries des défenseurs, des parties civiles que l'attitude de l'accusé. Vient ensuite le verdict et ce que devient l'assassin après son acquittement. le livre est ponctué de quelques photos et reproduction de lettres.

Livre est très instructif il fait revivre l'atmosphère de la France juste avant et après la première guerre mondiale. On y ressent l'hostilité envers Jaurès et ses amis juste avant l'assassinat et l'envie d'oublier et de reprendre une vie normale au moment du procès qui se déroule juste après la fin de la guerre. L'auteur ne prend pas parti, il décrit les faits, les explique et les commente.

J'ai apprécié ce livre et ai été révoltée d'apprendre que cet assassin avait été acquitté, alors qu'une tentative d'assassinat raté contre Clemenceau s'était soldée par une condamnation à mort et ce qui est aussi injuste dans l'affaire c'est que Mme Jaurès a été condamnée à payer les frais de justice (il n'est pas dit si elle les a effectivement payés), Son mari a été assassiné, son fils est mort pendant les derniers combats de la guerre et pour un peu c'est elle qu'on traiterait comme une coupable. de quoi avoir quelques doute sur la justice.

Enfin de compte il s'en tire bien, il a assassiné un Grand Homme, il a passé toute la guerre à l'abri dans une prison pendant que des millions d'hommes se faisait massacré et il a terminé sa vie sur l'ile d'Ibiza, même si il a été tué à son tour en 1936

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Le commun des mortels a retenu que Jean Jaurès, partisan de la paix, a été tué en 1914 dans un café parisien quelques jours avant que la France décrète la mobilisation générale. Peu savent que le meurtrier s'appelait Raoul VILLAIN et qu'il sera acquitté de son acte par la justice en mars 1919, alors qu'aucun doute sur sa culpabilité n'était possible (Villain revendiqua son crime). Talent de ses avocats, ou conséquence d'un procès d'Assises tenu après l'armistice de 1918 ?
Cet ouvrage ré-ouvre l'enquête qui a aboutit à un tel jugement.

Ce petit livre à la couverture rouge sang se lit facilement, en dépit des exposés sur la situation politique (déjà des dissensions au sein du parti socialiste qui feront une autoroute aux avocats de Villain) qui semble bien loin de nous, mais qui sont nécessaires, car la personnalité perturbée de Raoul Villain n'explique pas tout.

Cette histoire semble en définitive hors du commun par de multiples aspects : une détention préventive record de cinq années, une défense basée en partie sur la théorie du crime passionnel, l'acquittement (et la mise à la charge de la veuve de Jaurès des frais judiciaires), et enfin la mort de Villain tué en Espagne par des anarchistes en 1936.

Des reproductions de documents illustrent les développements de l'auteur ; pour la petite anecdote, je me suis arrêtée sur une lettre de Villain rédigée sur un papier pré-rempli de l'administration pénitencière, reproduisant dans la marge les « consignes » des échanges avec l'extérieur : « les secours en nature ne peuvent consister qu'en menus objets de corps, comme gilets de flanelle, tricots et chaussettes, et à conditions que ces objets soient de couleur blanche, cachou ou gris clair. »

Merci à Masse Critique et aux éditions de la table ronde : c'est la première fois que dans le cadre de cette opération je reçois le livre accompagné d'un petit mot, de marques pages, de la note presse et de deux catalogues de l'éditeur.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Par sa décision, le jury ne dit pas qu'il manque d'éléments pour confondre l'assassin de Jaurès. Les douze hommes tranquilles savent que Villain est celui qui a tiré avec son Smith & Wesson sur Jaurès, l'atteignant mortellement à la tête. Ils ne nient pas l'évidence. Ils veulent marquer leur rejet de la politique socialiste d'avant-guerre. Ce n'est pas le code pénal qui guide leur décision, mais leur intime sentiment politique. Ils n'ont pas jugé le crime. Ils ont apprécié le geste. Pour eux, Villain n'a pas commis de faute en assassinant Jaurès. Il n'est donc pas coupable.
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