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Ouf ! Que c'est sombre et déprimant. Pourtant, c'est bien écrit, voire poétique par moments.
Le début, voire un bon tiers de livre m'a semblé pesant.
Cette histoire d'un traumatisme d'enfance qu'on découvre petit à petit par la bouche de quatre personnages est vraiment lourde et noire.
La première narratrice est l'épouse d'un exploitant viticole exigeant. Elle est oisive, fascinée par sa femme de ménage, plutôt étrange à vrai dire.
La seconde est la grand-mère d'une enfant de CM2. elle a bien connu la femme de ménage quand celle-ci était jeune et s'en veut de ne pas être intervenue à l'époque. Mais de quoi ? Mystère !
La troisième est l'ancienne institutrice de la femme de ménage. Centenaire, sourde, elle vit en maison de retraite.
La quatrième est la petite fille de la seconde.
Vous vous y retrouvez ? Moi j'ai eu du mal.
On ne connait le nom d'aucune.
Toute cette histoire baigne dans un fond de vignes, de châtaigniers et de vers à soie, mais aussi de problèmes d'oreilles, de règles et de sexes, de cicatrices et de traumatismes.
Il s'agit de femmes, de non-dits et de remords
Mieux vaut être bien dans sa tête pour s'atteler à cette lecture.
Et qu'avait donc l'auteur dans la sienne pour être aussi déprimante ?
A voir si ses autres romans sont sur le même ton ou non.

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Roman de la douleur et de la féminité, "Les Mains gamines" est écrit avec la même recherche, la même précision que les "Adolescents troglodytes". Et cette précision dans le choix des mots, cette netteté des images, servent tout autant la poésie que la mise au jour de la souffrance.
Souffrance évoquée à quatre voix, celles des quatres femmes qui disent "je", dans chacune des quatre parties du livre. Quatre femmes qui disent "je" pour elles-mêmes, parce que personne ne les écoute. Quatre femme qui témoignent de quatre époques de la vie : la première narratrice (par ordre "d'entrée en scène") est âgée de quarante ans ou à peu près ; la seconde en a vingt de plus ; la troisième, quatre-vingt-dix et la dernière, dix. Il existe différents liens entre ces quatre femmes, mais leur lien principal est une cinquième femme, âgée d'environ quarante ans, comme la première narratrice. Cette cinquième femme est le centre réel de ce roman.
Elle, elle ne dit pas "je". de toute façon, elle n'a pas voix au chapitre. Elle a essayé de dire "non", il y a trente ans, quand elle n'était qu'une gamine et qu'autour d'elle, dans un recoin de la cour de récré, sous un escalier, se pressaient tous les gamins de sa classe (tous, sauf un). Des gamins violeurs, qui lui ont interdit le "non", et, sans doute, par la suite, le "je". Alors, elle ne s'exprime qu'au travers du regard des autres. Et en écrivant, en exprimant sa douleur dans la violence des mots dont elle noircit des petits carnets.
C'est un roman dur, au style direct, sans périphrase, sans atténuation des vérités, mais également sans voyeurisme, sans excès inutile de violence. Tous les détails sont utiles. Car la violence et la souffrance sont réelles. Emmanuelle Pagano ne fait que les décrire dans toute la cruauté de leur réalité. Et si elle sait choisir ses mots, comme je l'ai dit, il faut aussi reconnaître que parfois, elle n'a pas le choix : un viol, c'est un viol. Pas la peine de chercher d'autre mot.
Pour conclure, j'apporterai juste une petite réserve. Bien sûr, le roman m'a touché : il est bouleversant dans le fond et admirable dans la forme. Mais le "témoignage" de la plus jeune des quatre narratrices m'a gêné. Sa douleur à elle, c'est celle de ses premières règles (qui, d'après ce que lui annonce sa mère, sont toujours très douloureuses dans la famille ; en gros : "C'est comme ça et puis c'est tout, ma fille !"). En présentant cette douleur "naturelle" à la suite d'autres souffrances qui, elles, ne le sont pas (puisqu'elles ont pour origine la perversité d'autres personnes : des gamins agressifs, une sage-femme sadique, un mari méprisant...), il me semble que le message du roman risque de se trouver altéré. Car on pourrait être tenté d'en tirer la conclusion que, quoiqu'il arrive, quelle que soit l'origine de la douleur : "C'est comme ça et puis c'est tout, ma fille !". Ou pour le dire autrement : "Tu dois souffrir ma fille parce que tu es une fille, et tu dois te taire, pour la même raison." Si c'est là le message qu'a voulu faire passer Emmanuelle Pagano, ça fait froid dans le dos ! J'ose espérer que je me suis trompé.
Ensuite, il y a dans ce même chapitre où "je" est la plus jeune narratrice, une confusion entre, d'une part, ses rêves, les fables qu'elle s'invente (ou les souvenirs de fables qu'elle a gardés de sa petite enfance) et, d'autre part, la réalite de sa douleur. La encore, cette confusion fait un peu peur : le message semble alors être : "Les filles ont tellement d'imagination ! Ce qu'elles pensent avoir vécu s'est-il réellement passé ?"
Faut-il alors penser que la gamine qui a souffert il y a trente ans a elle aussi inventé ce que les gamins lui ont fait ? Non, non, bien sûr, ce qu'elle a vécu était bien réel. Il faut revenir en arrière, repenser aux chapitres précédents pour s'en convaincre, pour effacer la confusion : il y a eu des témoins. Alors, c'est sûr, elle n'a pas inventé. Même si ces témoins se sont tus, à l'époque. Et même s'ils continuent de se taire. Et de porter la honte que leur silence nourrit. La honte, comme une autre forme de douleur.
Et l'autre raison de se dire que rien n'est inventé, c'est peut-être le prénom qui apparaît à la page 117. Un prénom en quatre lettres. Un diminutif, peut-être ?
Lien : http://sebastienfritsch.cana..
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es mains gamines d'Emmanuelle Pagano Les enfants qui hantent son roman ont sur les mains les pires souillures. Leurs doigts criminels ont tracé les cicatrices que porte cette enfant devenue femme. L'auteur donne à chacune des femmes de son roman un rôle clé, un regard sur le drame. Les bourreaux et ceux qui ont su, mais qui se sont tus. La souffrance de l'enfant incomprise, Les mots sont forts sur cette province grisâtre qui étouffe les pires infamies. Les mains gamines, assassines, frôlent de leurs doigts sales les pages de ce roman violent et tortueux. Et le silence, coupable, renvoie la victime à son ultime solitude. Un petit livre (168p) mais qui laisse une marque inoubliable.l Nena
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quatre récits pour cinq femmes, leurs sexes et leurs oreilles, avec au centre la cinquième et ce qui sourt de son enfance, de son intelligence, sa volonté et des viols par les mains enfantines des garçons de la classe.
Et cela fait construit, thèse, sauf que c'est tout sauf ça, parce que c'est avant tout charnel et comme toujours la chair ne vit, ne se sent, n'existe que parce qu'elle est baignée, frottée, entourée de la terre qui règne sur ces histoires, le beau domaine viticole, les chataigneraies et la magnanerie. Avec toujours ce qui est le plus classiquement beau et ce qui est le plus trivial (catégories qui n"ont pas lieu d'être) intimement liés, comme deux expressions de ce terroir et de la vie.
Et en prime un joli mot, régional je pense, que j'ignorais : les pègues - et les livres de l'ancienne institutrice, et les contes de la grand-mère, les lectures de la petite fille, et au centre ce carnet dans la poche arrière du jean (omniprésents eux aussi les jeans et leur contact) où la femme de ménage note les noms, la trace de cette blessure d'enfant, l'exprime en poèmes qui parlent de sexe cousu, de fils de vers à soie, de bogues
Lien : http://brigetoun.blogspot.co..
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Comme SebastienFritsch, moi aussi j'ai été choquée par la fin du livre comparant une douleur naturelle, les règles, à la douleur du viol.Prends sur toi, essaie de ne pas t'écouter. On s'habitue.Et de mettre sur le même plan ,un cauchemar et la réalité. Pourquoi? Peut-être est-ce juste pour rappeler que tous ces petits violeurs impunis resteront impunis toute leur vie et sans remords puisque rien n'a été dit.
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Pendant une année scolaire, une jeune fille a été quotidiennement violée pour tous les garçons de sa classe de CM2, tous sauf un. Aujourd'hui femme de ménage de l'un de ses bourreaux, elle s'occupe aussi de son ancienne institutrice échouée dans une maison de retraite, et croise souvent la mère de 2 de ces anciens camarades : un qui a abusé d'elle et l'autre qui ne l'a jamais fait et que toute cette violence a profondément marqué.

La jeune femme ressasse son passé dans un petit carnet, un carnet lu par la femme de son employeur qui souffre violemment à cause de l'intrusion d'un insecte dans son oreille. Puis c'est au tour de la mère de famille de nous raconter un autre pan de l'histoire, celui d'une femme qui savait, qui avait honte d'un de ses fils, peur de l'autre, sûrement homosexuel sinon pire, pour n'avoir pas participé. Une femme qui savait mais qui n'a rien dit. Pourtant elle aussi est en souffrance depuis son accouchement, elle aussi a été brutalisée par autrui sans avoir son mot à dire. L'institutrice quant à elle se demande pourquoi son ancienne élève l'aide, pourquoi elle ne profite pas de la situation pour se venger. Car l'institutrice n'a rien fait pour empêcher le drame, mais elle était si près de la retraite, à quoi bon se compliquer la vie ?

Un beau texte, aussi dur qu'entêtant, que l'on a du mal à lâcher tout en ayant envie que cela cesse. Difficile de le donner à lire et pourtant...
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Ce roman se divise en quatre partie, chacune avec son narrateur, chacune avec son bourreau. Ils parlent, tous ne sont pas directement coupable mais tous savait, alors peu à peu au fil des pages ressurgit la honte collective. La victime est là aussi, omniprésente, à peine voilé.
J'ai aimé la manière dont les personnages (coupables et victime) sont traités avec pudeur et retenu, au fil de ce roman le temps se suspend. Jamais Emmanuelle Pagano n'accuse, elle essaie juste de raconter, simplement, avec délicatesse l'innommable. En multipliant les voix c'est la parole des hommes qui est mis en cause, imperceptiblement elle met l'accent sur les mensonges, l'innocence et la trahison. Elle tait ce qui ne doit pas être dit, mais c'est ce silence même qui devient parlant ...
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De Pagano, j'avais adoré le livre "Nouons-nous".
Je suis donc entré dans cette lecture en confiance et... n'ai pas aimé.
Je ne me sens pas de descendre ce roman qui m'a beaucoup échappé. L'écriture est le point fort de l'auteur et son style est très joli mais en l'occurrence cela dessert l'histoire. Trop de style, pas assez de lien, d'explicite. Je ne demande pas a ce qu'on me mâche le travail de lecteur, mais devoir sans cesse reconstituer les événements, les relations entre perso, la place des narrateurs, fait qu'on ne peut pas se laisser porter par la beauté du style justement. Néanmoins, cela permet d'éviter de céder à certain voyeurisme, et d'esquiver le côté racoleur de ce type de sujet . J'ai trouvé ça plutôt intéressant. Mais pas épidermique justement. Un peu dommage je crois, pour un livre qui veut tant coudre les mots au corps.

Mais c'est peut-être très subjectif. J'ai peut-être simplement manqué "Les mains gamines" comme on manque une marche.
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Ce que l'on aime, chez Emmanuelle Pagano, c'est ce rapport au corps, direct, cette sensualité à la fois brute et problématique, qui vient nourrir l'écriture. le style Pagano, c'est ça : pudeur et poésie, violence et sang, délicatesse et fables intimes.
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