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EAN : 9782221132869
228 pages
Robert Laffont (23/08/2012)
3.71/5   239 notes
Résumé :
Quand les hommes se transforment en zombies, et qu'un jeune écrivain se trouve seul confronté à cette violente apocalypse, il n'est finalement pas si surpris. Depuis longtemps l'homme a fait preuve de sa décadence et de sa cruauté. Aujourd'hui, un pas de plus dans l'abomination a été franchi : il est devenu un monstre anthropophage.
Face à cette nuit de cauchemar, tel Robinson sur son île, le jeune survivant s'organise. Il vit reclus dans un appartement et se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (75) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 239 notes
Amoureux des Zombies vous allez être déçus… le livre de Martin Page ne va pas dans le sens voulu par tous les amoureux du genre : pas de masses zombiesques sanguinolentes, pas de survivants qui défendent durement leur peau, pas de tueries… Mais plutôt un roman contemplatif et introspectif sur un survivant, un simple monsieur tout le monde qui se retrouve à son corps défendant être le dernier représentant de l'espèce humaine dans un Paris livré un beau matin aux zombies.

« Vous êtes sur un balcon et vous vous rendez compte que vous assistez à un film d'horreur. Mais réel cette fois. Tous les films que vous avez vus vous reviennent en mémoire et vous comprenez que ce n'est pas un rêve et que la terreur est enfin au grand jour : des zombies sont en bas de chez vous. Des zombies. Il n'y avait pas à tergiverser. Dès ces premières secondes, j'ai su que ce n'étaient pas des psychopathes ou des terroristes, mais des créatures d'une tout autre nature. Comment appelle-t-on des êtres qui ne s'arrêtent pas après avoir pris une dizaine de balles dans le corps et qui confondent les gens avec des sandwiches ? La réponse est évidente. Je ne suis pas du genre à me voiler la face. J'ai une devise depuis l'enfance : quand on pense au pire, on a souvent raison. »

Antoine Verney, le héros du roman, n'est pas le Will Smith du film « Je suis une légende » mais un écrivain parisien de romans à l'eau de rose pour mémés permanentées. Sa femme l'a quitté et il collectionne les échecs sentimentaux depuis 3 ans. C'est un vrai looser qui va profiter de l'immeuble qu'il occupe pour se constituer un petit paradis au coeur même de Paris qui est désormais aux mains des mort-vivants. Même plus notre anti-héros va profiter de cette situation de dernier homme pour devenir enfin ce quelqu'un d'important qu'il a voulu toujours désirer être.

« Bientôt je n'ai plus vu ni hélicoptères, ni avions dans le ciel. Ce n'était pas être pessimiste que de le dire : nous avions perdu la guerre. Je retrouve pied après des journées de prostration et de dépression. Je ne pèse plus que les deux tiers de mon poids habituel. L'appartement sent le renfermé et la sueur. Il y a des boîtes de conserve vides et des paquets de gâteaux dispersés sur le sol. Je vis dans une porcherie. Il est temps que je me reprenne. Un nouveau monde commence. Une nouvelle Amérique est née, et nous en sommes les Indiens. »

C'est à partir de là que le roman de Romain Page prend toute son importance. A partir de sa solitude et de son absence d'espoir, Antoine Verney va reprendre sa vie en main. Après un moment de détresse, Il va vite s'apercevoir que ce nouveau monde n'a pas que des mauvais côtés. Plus besoin de travailler, plus de pollution, plus de relations sociales à supporter, de la nourriture à profusion grâce aux appartements qui composent son immeuble, et surtout des livres pour ne pas devenir fou.

« Je passe les heures suivantes à renforcer la porte et les fenêtres de l'immeuble, clouant des planches et entassant des meubles. Je ne ressortirai plus. Je suis Robinson, les zombies sont mon océan. »

De cette robinsonnade en milieu hostile, ce huis-clos va prendre tout son sens. Bien vite, on va s'apercevoir que le danger ne vient pas seulement des zombies mais qu'il est aussi dans l'âme humaine. Nous avons en nous toutes les armes nécessaires pour nous détruire. Nos pensées sont suffisamment pernicieuses pour nous tuer. C'est toute l'originalité dégagée par ce livre court de 200 pages. Il est porté aussi par un style et une écriture fine qui nous tient en haleine du début à la fin. Un livre que l'on lit en une seule traite, en une seule inspiration. Des zombies en bas sur le boulevard ou de l'être humain sur son balcon, qui est le plus dangereux. Fascinant et inquiétant à la fois, Martin Page nous invite à nous interroger sur notre société. de la peur du mort à la crainte du vivant, un petit tiret nous sépare de la réponse définitive que le roman veut nous donner.

« Les zombies arrivent au moment juste. C'était leur tour d'entrer sur scène. Ils viennent terminer la destruction de l'humanité que nous avions commencée avec les guerres, la déforestation, la pollution, les génocides. Ils réalisent notre plus profond désir. Notre propre destruction est le cadeau que nous demandons au Père Noël depuis la naissance de la civilisation. Nous avons enfin été exaucés. »
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Yeah, un livre sur l'Apocalypse zombie dévastant le genre humain ! Depuis que j'ai découvert la série BD Walking Dead de Robert Kirkman ( et accessoirement la version télé qui est en tirée ), je me suis attachée à ses créatures moches et crétines. Mais là, ça ne part pas du tout dans la direction attendue et c'est ça qui est bon  : pas de grosses bastons pour défoncer des meutes de zombies dégingandés dans le seul but de ne pas se faire réduite en charpie, pas d'humains survivants plus dangereux que les susdites créatures. Ok y a bien quelques scènes truculentes d'explosion de crânes zombiesques en mode ball-trap du haut d'un immeuble, mais c'est bien tout.
On a là un roman étonnamment contemplatif et introspectif sur les pas d'un rare survivant ( le seul ? ) . Et oui, le survivant en question n'est pas un gros bourrin qui n'a que ses muscles pour faire face. Dans la vie d'avant, c'était un loser, un écrivain limite miséreux qui vivotait à coup de romans à l'eau de rose lus par des mémés aux cheveux bleus, trop sensible pour ne pas rester amoureux de celle qui l'a quitté il y a des années, trop sentimental pour refaire sa vie. Alors il l'a saisi, sa putain de chance de sa vie : être un winner dans un nouveau monde, tant pis s'il est tout seul !
Par le prisme de cet anti-héros qui se révèle, l'auteur nous livre une réflexion très juste sur notre époque, il en fait même une satire très pertinente. En quoi ce monde sans homme serait-il moins bien que la société si détestable  ? Plus besoin de travailler, de se fader des gens qui vous dégoutent et vous oppriment, plus de pollution, plus de plein de choses pénibles.
Ce n'est pas un hasard si c'est la culture, les livres, la réflexion intellectuelle qui sauvent le héros, lui permettent de conserver son humanité et l'empêche de sombrer dans la folie, bref tout ce qui aujourd'hui semble ployer sous les coups des facebook et autres réseaux sociaux débilitants.
«  Je peux flinguer les ombres de la jeunesse dépensière et égoïste, la bourgeoisie branchée, faussement préoccupée des pauvres, prédatrice et qui parle fort », nous dit le héros lorsqu'il cible très précisément des zombies à éclater en fonction de ce qu'il devine qu'ils étaient. Tout est dit.
Un roman original, souvent drôle et intelligent, et quel beau titre !
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La Nuit a dévoré le monde, j'ai dévoré ce texte avec gourmandise.
Je ne pensais pas qu'une histoire avec des zombies m'enchanterait autant. Mais revenons à la genèse de ce récit. Un jeune écrivain en mal de succès, Antoine Verney, se retrouve à une soirée dans l'appartement parisien d'une amie, Stella, dont il est amoureux. Tout le monde boit beaucoup, lui aussi.
Le lendemain matin, c'est plus qu'une gueule de bois qui le sidère. Sortant de la chambre où il avait dormi, il découvre un carnage, le cadavre d'un homme décapité… Les autres personnes de la soirée semblent s'être volatisées. Il y a du sang partout, sur le sol, sur les murs…
C'est en jetant un coup d'oeil depuis le balcon de l'appartement, au quatrième étage, qu'il découvre l'horreur de la situation. Des silhouettes déambulent telles des zombies, mais non ! Pas telles des zombies, ce sont des zombies ! Il assiste alors, médusé, impuissant, à des scènes d'horreur dignes d'un film d'épouvante.
Le jeune homme décide de rester pour l'instant dans l'appartement qui lui sert de forteresse, de protection, de camp de retranchement.
Le reste de l'histoire est un récit délectable, que j'ai dévoré d'une traite…
Amateurs de récits gores, vous en serez ici pour vos frais, le propos est ailleurs, même si de temps en temps nous vivons de près quelques scènes de frayeur où il ne fait pas bon fréquenter la nouvelle population du voisinage qui se multiplie comme des cellules malignes…
Antoine Verney organise le siège, avec ce qu'il a à proximité pour tenir, survivre, de l'eau, du vin, des conserves, des munitions…
Alors, bien sûr, dans le ton empli d'humour et d'ironie, il est impossible de ne pas y voir une satire de notre monde actuelle. Martin Page s'en donne ici à coeur joie.
« Ils n'ont pas besoin d'être intelligents pour représenter un danger : leur nombre est leur intelligence. »
Antoine Verney devient une sorte de Robinson Crusoé, reclu dans cet appartement désert. Alors il cogite forcément et c'est jubilatoire lorsqu'on compare le monde d'avant à celui du monde d'après. On se met à relativiser beaucoup de choses. N'avons-nous pas été tenté de le faire naguère, il y a deux ans et peut-être encore maintenant…?
Antoine Verney se sentait comme un looser, un perdant dans le monde d'avant, côté travail, côté sentimental. le voici brusquement confronté à un monde singulier auquel enfin il a presque prise, il peut agir, même si le danger alentour est terrible, terrifiant.
Oui il peut agir enfin avec sa carabine depuis le balcon en dézinguant de temps en temps l'ennemi, des zombies, visant leurs têtes. Viser l'ennemi, avoir la main sur leur destin, tandis que dans sa vie il n'a jamais pu agir sur les prédateurs qui dictaient son existence.
Et puis il arrive qu'il communique avec eux d'une façon insolite, s'attache même de loin, depuis son balcon, à certains d'entre eux, leur attribuant des prénoms, les saluant d'un geste touchant…
Mais dans le monde d'avant, confronté à un univers de requins, il n'avait pas la moindre prise sur son existence.
« Ce ne sont des prédateurs, mais des êtres ridicules et vains, des appétits sur pattes. Pas très différents des gens que j'ai connus avant et leurs appétits d'argent, de sexe, de pouvoir. »
Alors…
Survivre, continuer, mais d'une toute autre manière qu'auparavant…
Mais l'essentiel de ce texte est ailleurs…
C'est un merveilleux pas de côté engagé sur nos quotidiens parfois dérisoires, où la perte de sens résonne comme un caillou dans la chaussure.
Ce sont les variations douces-amères du regard désabusé d'un citoyen du monde sur ses contemporains...
" Les zombies arrivent au moment juste. C'était leur tour d'entrer sur scène. Ils viennent terminer la destruction de l'humanité que nous avions commencée avec les guerres, la déforestation, la pollution, les génocides. Ils réalisent notre plus profond désir. Notre propre destruction est le cadeau que nous demandons au Père Noël depuis la naissance de la civilisation. Nous avons enfin été exaucés. "
J'ai adoré le cynisme qui tient le texte et qui en dit long sur l'humanité et ses dérives.
« L'absence d'intelligence ne vous empêchera pas de conquérir le monde, en revanche vous n'arriverez pas à attraper le pot de confiture posé en haut de l'armoire. Putain d'ironie. »
Les zombies qui traversent les rues de Paris et le reste du monde sont-ils des êtres si imaginaires que cela ? Ne les avons-nous pas mérités ? Ne leur ressemblons-nous pas au fond ?
J'ai aimé arpenter les toits de Paris avec le narrateur, m'enivrer d'azur, de battements d'ailes, appréhendant cette solitude presque mystique tandis que des oiseaux s'approprient l'espace d'une autre manière et qu'enfin nous les regardons, prenons conscience qu'ils existent.
Alors, le bonheur d'une rencontre, l'amour qui peut naître, même éphémère, peuvent transformer l'aventure solitaire en ce monde en un véritable guide de survie…
Parfois, au fil des pages, je me demandé avec effroi et ironie : " Et si Antoine Verney me ressemblait ? "
J'ai été, contre toute attente, emporté dans ce roman à l'écriture inspirante, soutenue, addictive...
La fin de ce récit est juste belle.
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Je ne pensais pas un jour lire un roman d'horreur avec des zombies, mais c'est sans compter mes ami.es de Babelio qui m'ont convaincue de lire le petit roman de Martin Page.
Avec « La nuit a dévoré le monde », je suis sortie de ma zone de confort, et même si ce n'est pas un roman coup de coeur, j'ai passé un très agréable moment. Merci à eux.

*
Antoine Verney, un jeune écrivain de romans à l'eau de rose, se rend à une soirée privée organisée par une amie. Mais ne connaissant personne, il finit par s'éloigner de la fête et s'isole dans la bibliothèque. Là, au milieu des livres, abruti par l'alcool, il s'endort pendant que la fête continue.

A son réveil, il découvre l'appartement vide (hormis un cadavre décapité), saccagé, maculé de traces sanguinolentes. En jetant un coup d'oeil dans la rue par la fenêtre, il découvre que tous les humains se sont transformés en morts-vivants et se livrent à des actes d'anthropophagie, traquant les derniers survivants affolés qui tentent de s'échapper.

Le jeune homme décide alors de s'organiser en se retranchant dans l'appartement de son amie.

« J'ai toujours su que les gens étaient des monstres. Alors qu'ils soient aujourd'hui des zombies, ça n'est qu'une confirmation. La métaphore s'est incarnée. Et je suis bien décidé à vendre cher ma peau. »

Comment ne pas devenir fou ? La peur, la mort qui rode, violente, sournoise, la solitude, la claustration, sont autant de raisons de perdre la raison.
Mais vivre reclus se prête à son caractère solitaire et asocial. Il pense être à l'abri, mais chaque jour qui passe l'amène à s'interroger sur son propre salut, celui de sa famille, de son ancienne compagne, des survivants.

« le plus dur, c'est de ne pas savoir ce que sont devenus ceux que j'aime. Ils ne sont pas nombreux : mon coeur est un désert. »

*
Antoine n'est pas un héros au sens où on l'entend. Au contraire, c'est un homme plutôt atypique pour un tel roman, pragmatique, timide, peu sociable, indifférent aux autres et même narcissique.
L'auteur analyse très finement l'impact qu'a cette situation émotionnelle extrême sur son état de stress et ses réactions. Elles évoluent au fil des jours, commençant par un sentiment de terreur, puis l'affolement laisse la place à d'autres émotions, d'autres sentiments : la confusion, la détresse, le désespoir,

« Il m'a fallu un mois pour comprendre que les zombies ne sont pas le vrai danger. Je suis mon pire ennemi. Les zombies ne peuvent franchir les trois étages, ils ne peuvent défoncer la porte. Par contre, ils courent dans ma conscience comme s'ils en avaient toutes les clés. Ils sont à l'intérieur de moi et il n'y a rien de plus effrayant.
À quoi bon vivre dans un tel monde ? À quoi bon vivre si on est seul ? Ceux que j'aimais sont morts. À certains moments, je pense me laisser contaminer : devenir l'un d'eux, céder au conformisme. Il suffirait d'une morsure.
Ils m'attirent comme le vide attire celui qui souffre du vertige. Je me sens aimanté, j'ai envie de me jeter dans leurs griffes et qu'ils me mettent en charpie, qu'ils me réduisent à l'état de masse informe et sanglante. Et me fassent disparaître. Ce ne sont pas seulement des démons. Ce sont mes démons, et ils m'obsèdent. Je suis terrifié par la place qu'ils prennent dans ma tête. »

La fin réserve de belles surprises.

« Je ne me fais pas de soucis, l'espèce humaine survivra. Nous sommes les véritables cafards du monde : increvables. Mais la Terre ne nous appartient plus, nous en avons rendu les clés. »

*
Ce qui m'a surprise dans ce récit, c'est cette atmosphère relativement calme par rapport au contexte extrêmement violent.
Les scènes présentes dans le roman ne sont pas tournées vers le gore, même s'il y a des attaques répétées des zombies. Je pensais qu'il faudrait avoir le coeur bien accroché à la lecture de certains passages, mais ce n'est pas du tout le cas. L'auteur a créé véritablement deux espaces dans ce roman : l'appartement et l'extérieur de l'immeuble, peuplé de zombies en quête de nourriture.
C'est donc un roman plutôt introspectif. Antoine analyse sa vie passée, les causes de ses déboires, les raisons et les conditions de sa survie.

« Savoir que l'on est comestible, ça rend vivant. »

Le récit, rédigé à la première personne du singulier de l'indicatif présent, permet de partager la vision, la perception des faits et les émotions du narrateur dans un monde devenu hostile. En s'identifiant à lui, il nous donne l'impression de vivre avec lui ces événements.

*
Que s'est-il passé pendant cette nuit de beuverie ?
L'auteur laisse planer le doute sur les raisons de la transformation des hommes en zombies, ce qui lui permet de se concentrer davantage sur des réflexions philosophiques intéressantes en lien avec notre humanité, la différence, la solitude, les souvenirs, la mort, le deuil.

« D'ou viennent-ils ? Sont-ils le fruit d'expériences de l'armée américaine ? Une mutation naturelle de l'espèce ? Un virus ? Je ne suis pas biologiste, je ne compte pas faire de prélèvements. Ne pas savoir est une chance : la vérité est soit trop laide, soit trop banale. Il vaut mieux imaginer les mille explications possibles. C'est comme le big bang : on ne sait pas, et c'est tant mieux. »

Ce huis-clos, sous la forme d'un journal intime, prend aussi une forme engagée par ses idées sur notre société en déclin, la violence des rapports humains, la relation de l'homme avec son milieu naturel et notre impact sur l'environnement et la nature.

« C'est la fin du monde, ou plutôt du monde tel que nous le connaissions, tel que nous l'avions domestiqué et vaincu.

*
Pour conclure, avec des chapitres courts et rythmés, cette lecture plaisante et rapide échappe au cliché un peu trop redondant des romans de zombies.
Ce roman est à découvrir, il peut plaire non seulement à tous les amateurs de romans de zombies, mais à tous ceux et celles qui aiment les huis-clos et les romans psychologiques.
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« Savoir que l'on est comestible, ça rend vivant. Je vous le garantis. »

Belle petite surprise de dernière minute ! Merci beaucoup à Patlancien pour cette sympathique découverte, sans qui je n'aurais sans doute jamais entendu parler de ce roman.

Voilà une histoire de zombies surprenante, qui ne ressemble pas à ce que j'ai déjà lu auparavant. Je l'ai trouvée fort rafraîchissante, toutefois ! Rien de trop « gore » mais un brin angoissant, quand même. Une atmosphère haute-tension. En peu de pages, Antoine (notre personnage principal) décrit bien les conséquences de la catastrophe qui ravage non seulement Paris mais, selon ce qui est diffusé à la radio, à bien plus large échelle. Les villes tombent les unes après les autres. C'est par un coup de chance si lui est épargné au début des événements.

« Je pense aux raisons qui font que je m'en suis sorti. Pourquoi moi ? Sans doute mon asocialité a été déterminante, je n'avais personne à sauver, je ne tenais même pas assez à ma vie pour tenter de m'enfuir. (...) Je n'avais rien à perdre, contrairement à tous ceux qui avaient un métier, un appartement, des choses, une femme, une famille, qui réussissaient mieux que moi en dépit de l'atrophie de leur coeur et de leur morale, et souvent de leur talent. (...) Plus profondément, je crois que j'ai survécu parce que j'étais à part. »

Il n'est pas chez lui mais dans l'appartement d'une amie, à Montmartre, celle-ci ayant fait une fête chez elle la veille au soir. À son réveil le 1er mars, le monde a basculé. Bien vite, sa gueule de bois passera; il sera dans l'obligation de se barricader sur place, son balcon étant son seul contact avec l'extérieur. du troisième étage, Antoine est témoin de ce qui se déroule plus bas dans les rues, il a compris que sortir était bien plus dangereux.

« Certains résistent encore. Mais tous font la même erreur : ils finissent par vouloir s'échapper, ils sortent de leur planque, de leur immeuble. Ils ne vont pas loin. »

Antoine ignore tout de ce qui s'est passé. Comment et pourquoi ?

« D'où viennent-ils ? Sont-ils le fruit d'expériences de l'armée américaine ? Une mutation naturelle de l'espèce ? Un virus ? Je ne suis pas biologiste, je ne compte pas faire de prélèvements. Ne pas savoir est une chance : la vérité est soit trop laide, soit trop banale. »

Il doit maintenant se débrouiller avec les conséquences affreuses d'une invasion qui grossit de jour en jour. Heureusement, Antoine a de la chance d'être tombé sur un immeuble chic et bien garni. L'appartememnt de son amie Stella est vaste, luxueux, confortable, décoré avec goût et surtout, bien approvisionné en produits alimentaires non seulement en quantité mais de choix ! Bouteilles de vin et de champagne au menu à volonté ! Parfait pour durer un bon moment...Tout en organisant sa survie dans l'immeuble de sept étages (chacun comptant quatre appartements) et bien qu'étant assez bien équipé au début en ressources en tout genre, il doit vivre avec la peur constante de se faire dévorer.

« Je les observe, j'espère ainsi m'habituer à leur apparence, comme ces arachnophobes à qui on apprend à côtoyer des araignées. Je n'ai pas le choix. Je dois dompter ma peur. Ils sont ma réalité maintenant. Ils sont la Nature. »

Et plus le temps passe, plus son confinement devient difficile psychologiquement. Antoine tente du mieux qu'il le peut d'instaurer une routine dans ses journées, pour ne pas perdre le fil...ni l'esprit. Chaque jour est un combat. le temps ne compte plus mais chaque jour reste pourtant une course contre la montre. Les morts n'ont rien d'autre à faire que de pourchasser sans fin les vivants. Peu à peu, le nombre de proies diminue tandis que celui des chasseurs augmente exponentiellement. C'est comme si on vivait pour attendre la fin...

« La mort est face à moi. Je sens sa présence physique. Je suis sur son territoire. Je ne m'en sortirai pas. À certains moments, je suis tellement tétanisé que j'oublie de respirer. »

On avance à tâtons, sans jamais se douter de ce qui se passera demain, dans deux minutes. C'est angoissant, on ressent bien toute la pression qu'Antoine subit. En même temps, c'est un personnage courageux et bien organisé. Il a peur mais ne se laisse pas abattre. Il parvient à trouver une lueur d'espoir dans sa vie malgré le foutoir dans lequel il est. Il réussit à tirer du bon de chaque journée et à se payer des petits plaisirs quand même. Dans le monde tel qu'il est devenu, Antoine profite de la vie du mieux qu'il peut. On vit au jour le jour sans rien pouvoir prévoir, sans savoir à quoi s'attendre. Pas beaucoup de retours dans le passé, pas le temps pour cela, il y a trop important à s'occuper. Revivre les souvenirs apporte un peu de réconfort mais provoque du désespoir, aussi. Vaut mieux ne pas trop s'y attarder. On vit le moment présent à cent pour cent.

« L'espérance dans un monde dévasté est une saloperie. le passé est un piège, le futur aussi. Il ne reste que l'instant présent. Une seconde est une forteresse indestructible. »

L'histoire est écrite de façon à ce que deux à cinq pages environ résument une journée, parfois sur plusieurs jours de suite, parfois on saute quelques jours entre les dates. Ça se lit vite et bien.

Une courte histoire qui va droit au but, efficace, sans flafla, bien écrite, inquiétante et qui sait capter notre curiosité. On embarque tout de suite, le cauchemar débute dès la quatrième page. Et le pire, c'est que bien que cela reste de la fiction, on le ressent comme si cela se pouvait. Je l'ai dévorée en deux soirs.

Une lecture à recommander !
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critiques presse (1)
Bibliobs
04 décembre 2012
Malgré son horrible titre, cette merveille d'humour et d'ironie, écrite par un certain Pit Agarmen, […] raconte l'invasion zombie dans la belle langue pessimiste de notre tradition littéraire.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (86) Voir plus Ajouter une citation
Ce soir, le soleil se couche en bavant une peinture orange dans le ciel. Sara et moi prenons un verre de vin sur le balcon. Une vingtaine de zombies grognent en bas. Plus loin sur le boulevard, des dizaines d’autres marchent au ralenti. Je pensais qu’ils étaient nos ennemis. Sara a une autre vision des choses :
— Ce sont nos prédateurs.
En effet, nous sommes du bétail pour eux, pas des adversaires. Nous ne sommes pas à égalité. Cela invite à l’humilité.
Difficile d’imaginer que deux êtres chétifs et scotchés à leur ordinateur toute la journée avaient la capacité de s’en sortir. Et pourtant nous sommes là, vivants, alors que les autres sont morts.
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Sirènes, klaxons, hurlements, coups de feu. Et des cris de terreur qui déchiraient l’air.
Je suis allé sur le balcon avec précaution. Des gens couraient. Le boulevard Clichy était plein de voitures accidentées. Entre ces voitures, des hommes mangeaient d’autres hommes. Ils leur arrachaient des bouts de chair avec les dents, ils les démembraient et plongeaient leurs doigts dans leurs entrailles. Ils les dévoraient.
C’était une douce et ensoleillée aube d’un hiver finissant, j’avais une gueule de bois et des gens se massacraient sous mes yeux. Beaucoup de gens. Des hélicoptères passaient dans le ciel, comme si nous étions en état de guerre. Une voiture de police s’était garée en dérapant, des flics en étaient descendus et avaient tiré sur les agresseurs. Mais leurs balles ne les avaient pas arrêtés. L’odeur de la poudre montait jusqu’à moi et me piquait le nez comme du poivre.
Je distinguais ceux qui voulaient fuir et ceux qui voulaient les attraper. Il y avait deux camps distincts.
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Les arrogantes certitudes de notre espèce ont permis à un ennemi inattendu de nous renvoyer à la préhistoire. Il n’y a pas eu de lente catastrophe, de délitement, de pourrissement. Notre monde est tombé sous la coupe des zombies en un clignement de paupière.
La nature a mis du temps avant de nous concocter un adversaire à notre mesure. Les tigres à dents de sabre, la peste, la grippe, le sida n’avaient pas réussi à nous anéantir. Finalement, la nature nous a éliminés à l’aide de versions monstrueuses de nous-mêmes. J’ai toujours su que les hommes disparaîtraient sous un ciel ironique. Et puis, il faut le dire : les morts-vivants sont plus civilisés que nous. L’air est moins pollué, les animaux respectés.
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C’était un autre monde que le mien. Des quintaux de types et de filles élégants, capables de rire un verre de vin à la main en se faisant croire qu’ils sont du côté du peuple. Ils avaient l’air de bonne compagnie, mais je savais ce qu’il en était : c’étaient des tueurs, des arrivistes socio-démocrates, des bulldozers sentimentaux tout en haut de la chaîne alimentaire. En comparaison, j’étais un doux naïf. Mais je m’en moquais. Mon énergie passait dans l’écriture, dans ces vingt-quatre livres qui ont pris la poussière sur les rayonnages des arrière-boutiques des librairies d’occasion – mais qui sont chéris par des femmes de tous âges, inquiètes et perdues, qui croient encore que le vrai amour existe.
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Quand je repose le trombone, il n'y a pas un bruit, pas de radio, pas d'éclats de voix.
Le silence a été une découverte, comme la découverte d'un continent. Il est apparu le matin où la dernière radio locale (près de Colmar) s'est éteinte. Pendant trois jours, mes oreilles ont bourdonné. J'ai cru devenir fou. Mon cerveau avait besoin de remplacer le bruit extérieur, de combler le silence. La nuit du troisième jour, le bourdonnement a disparu. Et je suis resté avec le silence. Je l'ai trouvé plein, épais, gras, écoeurant. (P.108)
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