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André-François Ruaud (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782915793123
477 pages
Les Moutons Electriques (11/01/2006)
3.78/5   9 notes
Résumé :
Longtemps, les quatre planètes furent séparées par le temps : un phénomène nommé achronie leur avait conféré un écoulement chronologique différent, empêchant les colons de l'une de se rendre sur une autre. Pourtant, de mystérieuses portes se sont maintenant ouvertes, qui permettent de relier aléatoirement chaque monde sans être victime des décalages temporels. Depuis, des affrontements ethniques et religieux ne cessent de diviser les quatre planètes... Jusqu'à l'Acc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique



Vous ne connaissez pas encore Michel PAGEL ?
Voilà une lacune qu'il va falloir combler au plus vite.
Vous connaissez ces titres fantastiques, mais pas sa production de SF ?
Procurez-vous au plus vite, le casino perdu chez les moutons électriques, en plus vous aurez droit à Orages en terre de France.
Vous avez déjà ces deux titres dans la collection Fleuve Noir ?
Si les illustrations ne vous font pas horreur dès que vous sortez amoureusement vos livres de la bibliothèque, alors il n'y a plus rien à faire pour vous. Dans le cas contraire, vous avez toujours la possibilité d'acheter cette réédition qui comblera vos yeux et votre coté collectionneur.

Les Moutons Electriques se lancent dans la réédition avec ces deux romans de Michel PAGEL. On ne va pas s'en plaindre, les deux titres - le Casino Perdu et Orages en terre de France – étaient épuisés depuis déjà bien longtemps. Et il aurait été dommage de passer à coté de ces deux petites perles pleines de défauts [paradoxal, mais j'y reviendrais]. de plus l'éditeur y a ajouté deux petits textes de l'auteur. L'un expliquant les difficultés d'écrire un roman sur des bases historiques [il fait bien sur référence à son roman « le roi d'août »], l'autre traitant du piège des étiquettes que l'on colle si facilement aux livres. L'ouvrage se termine par une postface de André-François RUAUD qui retrace le parcours de Michel PAGEL.

Le casino perdu

Quatre planètes d'un système solaire perdu dans un recoin de l'univers - Chelterre, Céleste Plommée et Barbarie. Les trois premières ont été colonisées par des vagues successives de colons venus de Terre. La dernière par une race extraterrestre que les humains surnomment ironiquement pious-pious. Chaque planète cultive sa différence, reflet des croyances initiales développées dans les vaisseaux colonisateurs. C'est ainsi que Chelterre est un pastiche de démocratie flirtant avec une dictature policière. Céleste un état religieux, cultivant le fanatisme de ses ouailles. Plommée, un monde militarisé à l'extrême. Quant à Barbarie, c'est le théâtre des prouesses sexuelles des pious-pious qui ne pensent décidément qu'à cela.

Mais tout ceci ne constitue pas la caractéristique majeure de ce système solaire. Non, sa particularité prend, ici, le nom d'achronie. Une absence de temps qu'aucun scientifique n'a été en mesure d'expliquer. Mais l'arrivée des colons a quelque peu changé la donne. le temps a repris son cours sur la surface de chaque planète au moment même ou les colons se sont posés – donc à plusieurs dizaines d'années d'écart. Mais le phénomène n'a pas pour autant disparu. Les colons sont à présent piégés sur leurs planètes respectives, impossible de retourner dans l'espace. Toutes tentatives se soldent par la désintégration du vaisseau, comme si l'appareil et ses occupants avaient vieillis de millions d'années en l'espace d'un clin d'oeil.

La vie aurait donc pu être sinon paisible du moins sans conflit majeur, puisque le phénomène d'achronie empêchait toute interaction entre les quatre planètes. Mais c'était sans compter sur l'apparition miraculeuse des portes qui de façon aléatoire peuvent transporter le passant sur l'un des trois autres mondes. La guerre est devenue possible et chaque communauté veut donc prendre le contrôle du système solaire. Mais la guerre s'éternise sans faire ressortir la domination d'une planète sur les autres. Afin de mettre un terme a cette guerre interminable, les quatre communautés décident d'un commun accord de designer un champion. Ceux-ci devront s'affronter jusqu'à la mort et le survivant reportera la victoire pour son camp.

C'est à ce moment que débute le récit, l'auteur nous faisant passer d'un champion à l'autre afin de donner du poids dans la description de son monde et de sa communauté. La course poursuite des champions peut commencer à travers les portes qui rajeunissent ou vieillissent son utilisateur suivant son point de départ et son point d'arrivé.

Ce qui aurait pu être un nième roman sympathique mais sans saveur - essentiellement constitué de planète exotique, de course poursuite et d'extra terrestre bizarres - va progressivement prendre de la valeur. On découvrira petit à petit les créateurs de ces mystérieuses portes, leurs ambitions et le lien qu'ils ont avec le phénomène d'achronie. Alors, certes le récit n'est pas exempt de défauts. On retiendra parmi ceux ci, le caractère caricatural de chaque communauté et l'aspect trop tranché de chaque monde – Là, la planète ou il fait chaud. Ici, la planète où il fait froid. Un peu plus loin la planète au climat tempéré et finalement la planète à l'atmosphère irrespirable pour les humains. Au final on se retrouve bluffé par un roman qui comporte tous les ingrédients des meilleurs romans populaires [au sens noble du terme], mais avec une pointe d'intelligence en plus. Qui s'en plaindra ?

Orages en terre de France

Exit l'achronie, place à l'uchronie.
1991, la guerre de cent ans n'a jamais pris fin et le conflit s'enlise dans les Provinces de l'Ouest depuis presque un millénaire. Au-delà des revendications territoriales initiales, ce sont les divergences religieuses entre les deux nations qui à présent animent les deux nations.
Michel PAGEL, à travers quatre saynètes, nous dresse, le portrait d'hommes et de femmes qui ne cherchent qu'à survivre dans ce contexte. Il y a d'abord Ader, un universitaire à la retraite qui tente de faire aboutir son prototype d'aéroplane dans le secret. Cette invention révolutionnaire risque fort de lui attirer les foudres de l'église, puisque si Dieu avait voulu que l'homme vole, Il lui aurait donné des ailes. Viens ensuite, Bonsoir maman, où un jeune homme profite d'une permission pour dire un dernier au revoir à sa mère sur le point de mourir. le Templier retrace les agissements de l'église pour discréditer le télé-évangéliste le plus célèbre du pays. Et finalement, L'inondation se penchera sur le destin croisé de trois jeunes gens.

Le seul point négatif de ce court roman est le manque de justification historique à ce conflit millénaire. On ne trouvera nulle part un indice qui permettra de comprendre pourquoi il s'étale sur une si longue période de temps. Nulle trace, non plus, de réaction géopolitique sur le reste du globe. Une guerre de cette ampleur à, pourtant, forcement un impact direct sur les pays limitrophes et indirect sur les autres.

Mais une fois ce point mis de coté, on se plonge avec régal dans cette galerie de portraits.
Précipités dans une guerre qu'ils ne peuvent plus comprendre, les personnages de ce récit vont devoir se remettre en question. Certains se rebelleront face à un pouvoir religieux inflexible, d'autres feront des compromis, par rapport à leurs convictions, afin de survivre. A chaque fois Michel PAGEL trouve les mots justes pour décrire ses hommes et ses femmes victimes des traditions, mais vivant dans l'espoir de jours meilleurs.

Deux titres bien différents dans le traitement et le style, mais qui a n'en pas douter vous feront passer un agréable moment. Et quand vous aurez terminé ces deux là, vous pourrez toujours taper dans la petite quarantaine de romans qui compose la bibliographie de l'auteur.
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« Au commencement était l'Achronie. »
Sur Barbarie, Céleste, Chelterre et Plommée (les quatre planètes d'un lointain système solaire), des colons venus étendre leurs territoires se sont faits emprisonner par un paradoxe temporel. C'est tout juste si les quatre mondes peuvent communiquer entre eux. La guerre couve, chacun rend les autres responsables du piège. Mais voilà que douze portes (trois par planètes) apparaissent comme par magie, permettant à chaque être vivant de se rendre sur les autres mondes… Mais sans savoir ni ou ni quand !
Impossible de se battre selon les règles de l'art. La solution : élire quatre champions, les vouer à s'entretuer et le survivant déclare sa planète grande gagnante.
Oui, mais voilà : c'est Chris qui a été choisi pour représenter Chelterre… Et Chris n'a rien, absolument rien d'un héros – ni même d'un combattant.

C'est le principe, novateur et audacieux, qui m'a attirée en premier lieu. Quelle est la source du paradoxe temporel ? Qui a créé les portes ? Comment sont-elles apparues ? Si entité supérieure il y a, quel est son but ? Pour ce foisonnement de questions, j'ai lu le Casino Perdu en seulement deux jours.
Michel Pagel a fait preuve de beaucoup d'imagination en montant cette histoire. C'est d'autant plus vrai que les révélations sont surprenantes et pour le moins… Inhabituelles. En arrivant au bout du roman, j'ai eu un moment de flottement. le genre de sentiment qui prouve qu'on a bien accroché et que le livre a eu l'effet escompté.

Le seul bémol du Casino perdu, c'est le personnage principal.
En fait je ne suis pas honnête : Chris est à la fois un bémol et un point positif. Je ne sais pas vraiment comment je me positionne par rapport à lui. D'un côté c'est un protagoniste auquel on peut s'identifier (il ne sait pas se battre, il n'a pas le profil héroïque, quand des jeunes filles se font agresser dans le fouiss il fait comme s'il ne voyait rien, s'empresse de descendre et se vomit de n'être pas intervenu), un humain lambda qui nous ressemble. de l'autre, c'est un être vraiment misérable qui m'a fait pitié – mais dans le mauvais sens du terme. Il vit dans des locaux insalubres, gagne sa vie en dealant et dépense son fric pour s'acheter de la drogue… C'est typiquement le genre de personne que j'ai envie de prendre par les épaules et de secouer.
À côté de ça, il y a Agneta, ma chère Agneta. Une femme fatale, évidemment, mais au moins c'est elle qui porte la culotte. Sans elle, aucune histoire n'aurait pu être possible. Sans elle, Chris serait mort le premier jour. Agneta, c'est la femme qui ne s'en laisse conter par personne, qui s'adapte à toutes les situations, qui ne perd jamais son sang-froid. Une sur-femme dont la démesure équilibre le duo qu'elle forme avec cet empoté de Chris.
Mais heureusement ça ne s'arrête pas là – sinon ce binôme aurait été un peu cliché. Évidemment, ils auront une aventure, MAIS… Ils sont tous deux terriblement conscients de n'être pas adaptés l'un à l'autre, et ce n'est pas grave. Ce n'est qu'un flirt, après tout – une relation des temps modernes, sans prise de tête.
C'est amusant, mais leur relation a beau être le véritable pivot de l'histoire, ce n'est pas cette passion absolue et exclusive que dépeignent les romans d'amour. Ce n'est pas un amour pur et fort. C'est juste une relation charnelle accompagnée d'une bonne dose de complicité.
Et j'ai aimé ça, et je suis heureuse qu'ils ne vivent qu'une amourette sans relief parce que ça désacralise le mythe de l'amour absolu. Non, la passion ne dépasse pas toutes les frontières, non elle n'abat pas tous les obstacles (ou pas longtemps : quelques années de mariage en viennent souvent à bout), mais oui, elle est devenu un fantasme malsain tellement elle conditionne notre vision du couple.
Bref : enfin du neuf !

Un autre point intéressant dans ce roman est les caractéristiques de chacune des quatre sociétés.
Céleste (pour prendre l'exemple le plus extrême) est dévouée à son dieu, Kristallah. Souvent en retard sur le plan technologique, cette société est composée de fanatiques plus pieux les uns que les autres. Leur but, évidemment, est de répandre la lumière divine jusque dans le coeur des hérétiques. Qui se doivent de l'accepter sous peine de mort – on ne rigole pas avec un cadeau divin. Et cela a quelque chose de cocasse, puisque leur religion (qui, comme toutes les autres, jure de transmettre la Vérité Unique) est fondée sur un étrange mélange d'islam et de christianisme. Les pratiquants ne semblent même pas le savoir : il semblerait que les deux croyances aient « mutées » au fil des millénaires. C'est ainsi qu'ils se retrouvent à faire le signe De La Croix et du glaive, à vénérer le Christ Guerrier (dont le nom est Mammet) qui aurait ressuscité en trois heures et détruit ses ennemis. C'est ainsi que les officiants ont le droit de se marier – et plutôt deux fois qu'une !
Bref, la description de Céleste a un charmant goût de cynisme et de manipulation.
Les autres planètes ont moins marqué mon attention : il y a Plommée, sur laquelle il n'y a ni hommes ni femmes, que des soldats. Tous vivent par et pour l'armée et le grade est ce qui importe le plus. Une société hiérarchisée, ordonnée au possible et qui s'estime au-dessus des autres grâce à cela.
Et puis il y a Chelterre : laïcité, démocratie, politiciens véreux, inégalité sociale officieuse… Une société tout comme la nôtre, avec ses qualités et ses défauts.
Et enfin, Barbarie, qui échappe à toutes les catégories puisque c'est une planète colonisée par des extraterrestres (aussi appelés E.N.H.P. : Entités Non-Humaines Polymorphes, ou piou-piou).

Bref, un univers riche, bien construit, une narration agréable et des personnages qui sonnent vrai. J'ai passé un bon moment avec le Casino perdu.
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Vidéo de Michel Pagel
Le plus grand cycle de littérature d'horreur moderne qui ait jamais été envisagé en France, plus réédité depuis onze ans, que nous proposons en un tirage limité de luxe, en huit volumes de toute beauté.
Harcelé par ses vieux démons, Michel Pagel a entièrement révisé ses manuscrits, nuits et jours, poursuivi par une idée fixe, comme un envoûtement : faire de cette somme un sommet, l'édition ultime et définitive de ce chef-d??uvre du fantastique français. Dans un dernier effort, il y a ajouté une préface et une nouvelle, avant de s'écrouler d'épuisement. Deux textes sur lesquels aucun mortel n'a encore jamais posé les yeux.
On murmure que l'auteur vit maintenant en ermite, reclus dans un village anonyme du sud, refusant toute société?.
Ouvrage en souscription début janvier 2016 ( Bande son trouvée sur http://www.freesound.org/people/klankbeeld/)
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