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EAN : 9782207254615
448 pages
Denoël (06/05/2004)
3.89/5   59 notes
Résumé :
France 1904, le temps s'affole et régurgite sans aucune logique apparente un soldat de l'armée d'Attila, un cyborg, un extraterrestre et bien d'autres personnages improbables dont les agissements risquent de déclencher la Première Guerre mondiale. A moins qu'un groupe de hardis aventuriers ne trouve la clef du mystère et réussisse à rétablir l'équilibre des paradoxes.

Michel Pagel a reçu le prix Rosny Aîné 2000 et le prix Julia Verlanger 2000 p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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De Michel Pagel, je n'avais jusqu'à présent lu que des romans relevant de la fantasy (« Le roi d'août », « Les flammes de la nuit » ; « Les immortels »), sans jamais oser me pencher sur le volet SF (pourtant le plus conséquent) de sa bibliographie. C'est désormais chose faite avec « L'équilibre des paradoxes », un roman publié pour la première fois en 1999 et récompensé l'année suivante par deux prix prestigieux : le Rosny aîné et le Julia Verlanger. Réédité depuis par Denoël avec, en complément, une nouvelle d'une quarantaine de pages servant à introduire les principaux personnages (« L'étranger »), l'ouvrage mérite sans aucun doute tous les éloges qu'il a pu recevoir lors de sa sortie. L'action prend place en France, en 1904, où plusieurs faits divers bien étranges viennent secouer la Bretagne. Il y a d'abord ce fou furieux rendu coupable d'un véritable massacre à la sortie de la messe et qui semble tout droit sorti de l'armée d'Attila. Il y a aussi cet homme vêtu à la mode musulmane du XIIe siècle et qui assurera, après son arrestation par les gendarmes, être au service de Saladin. Et puis il y a cette femme dotée d'un bras jetant des éclairs, cet homme au physique repoussant qui attaque sauvagement tous ceux qui croisent son chemin, ou encore cette jeune femme qui se revendique comme une princesse appartenant à la cour de Catherine II de Russie. « Des affabulateurs ! », se moquent la plupart. Seulement un petit groupe d'individus composé d'un journaliste, d'un colonel de l'armée française et de son épouse, ne tarde pas à avoir la preuve qu'il n'en est rien. Ni une, ni deux, les voilà tentant désespérément de réunir tous ces déracinés du temps afin de leur venir en aide et, si possible, les renvoyer d'où ils viennent. Se forme peu à peu une équipe de choc constituée, entre autre, d'une jeune ado rebelle venue tout droit des années 60, d'une guerrière cyborg particulièrement belliqueuse, d'un scientifique de génie venu du futur, d'une authentique princesse russe ou encore d'un extraterrestre pacifiste. Un mélange détonnant qui promet de sacrés aventures !

Au programme : des voyages temporels, évidemment, mais aussi des mondes parallèles, un voyage semé d'embûches pour l'Afrique du nord, une attaque de pirates, un attentat à déjoué... Bref, on ne s'ennuie pas une seconde ! le roman est en effet foisonnant, Michel Pagel nous offrant un vrai roman d'aventure comme on les aime, plein de dangers, de rebondissements inattendus, de fausses pistes, d'amour contrarié, et, bien sûr, d'action. L'ouvrage a l'avantage de reposer sur une narration particulièrement efficace qui participe bien sûr à rendre le récit aussi dynamique. Ainsi, si l'auteur opte pour un découpage traditionnel en chapitres, eux-mêmes se trouvent divisés en une multitude de sous-parties constituées des extraits des journaux ou des enregistrements de plusieurs protagonistes de cette histoire. On suit donc les péripéties du groupe en passant du point de vue du journaliste Raoul, puis à celui du colonel Armand Schiermer, puis de son épouse Amélie, puis de la jeune et rebelle Sophie... le procédé permet à l'auteur de rythmer son roman de manière beaucoup plus énergique mais aussi de varier les styles en fonction des narrateurs. Si les personnages issus du début du XXe siècle s'expriment ainsi dans un français impeccable et usent d'un vocabulaire soutenu, c'est loin d'être le cas de notre ado de 1969 qui s'exprime pour sa part de manière très « cash » et ne s'embarrasse pas d'effets de style. le contraste donne un effet sympathique et permet d'accentuer les différences de points de vue entre personnages issus d'époques différentes. Et c'est justement là que réside l'une des plus grandes réussites de ce roman : l'humour. Sans aller jusqu'aux éclats de rire, certaines scènes sont tout de même franchement cocasses et ne manqueront pas de faire travailler les zygomatiques du lecteur. Je me suis pour ma part beaucoup amusée à voir Sophie initier ces prudes et guindées dames du début du XXe au roulage de joints, ou encore à constater les réactions outrées de ces messieurs devant les postures et le langage jugé tout à fait inconvenant de la jeune fille (qui, en bonne petite rebelle, ne résiste pas à l'envie d'en rajouter une couche dès qu'elle en a l'occasion).

C'est cet humour sous-jacent, ainsi que la naïveté dont font preuve les personnages issus du passé face à certaines coutumes ou technologies futuristes, qui permettent de rendre tout ce petit groupe aussi attachant. Malgré le nombre élevé de protagonistes, tous sont en effet suffisamment développés pour éveiller notre sympathie. La complicité qui ne tarde pas à s'installer au sein de cette équipe de choc (pourtant composée de personnalités très hétéroclite) se révèle d'ailleurs très agréable pour le lecteur qui prend dès lors beaucoup de plaisir à suivre leurs aventures. Aventures qui, malgré la légèreté du ton adopté par la plupart des narrateurs, risquent fort de se terminer de manière dramatique si nos voyageurs temporels venaient à échouer. Michel Pagel développe ici toute une théorie concernant les mondes parallèles et les voyages temporels qui, dans un premier temps, pourrait déplaire à un lectorat peu intéressé par ces considérations d'ordre scientifique (dont j'avoue faire partie...). Or, si l'auteur prend le temps de nous détailler cette fameuse théorie (qui sera d'ailleurs amenée à évoluer au cours du roman), il a heureusement l'ingéniosité de l'exposer par le biais de ses personnages de 1904 qui, évidemment, n'y comprennent pas grand chose et sont donc forcés de simplifier au maximum. Difficile d'en dire plus sans gâcher la surprise, mais sachez que tous ces personnages, en plus de venir d'une époque différente, ne semblent pas non plus venir du même futur. Ainsi, si Franz et Sophie arrivent de la même année, l'adolescente a grandi dans un monde qui ressemble au notre, tandis que le jeune homme est né au sein du grand Empire germanique qui est parvenuà asservir toute l'Europe au début du XXe siècle. Quelle réalité est la bonne ? Auxquelles de ces deux réalités l'année 1904 dans laquelle ils se trouvent appartient-elle ? Peuvent-ils, par leurs actions, orienter l'histoire vers l'un ou l'autre de ces futurs ? Autant de questions que notre équipe de choc va devoir résoudre avant de pouvoir tenter de repartir.

Le charme du roman vient aussi et surtout de la reconstitution de la France du début du XXe siècle que nous propose ici l'auteur. le choix des protagonistes de 1904 y est évidement pour beaucoup et chacun y va de sa petite référence ou de son argumentaire concernant la politique ou le modèle social de l'époque. C'est d'autant plus flagrant dans le texte qui précède le roman (« L'étranger »), une nouvelle divertissante mettant en scène un extraterrestre s'amusant à jouer les Arsène Lupin, qui aborde aussi un certain nombre de thématiques propres à l'actualité de ce début de siècle. Un dîner mondain nous donne par exemple l'occasion de constater l'essor des idées antisémites dans une partie de la classe politique française, tandis que plusieurs passages des mémoires du sympathique colonel Schiermer témoignent de l'esprit revanchards des Alsaciens à l'égard de l'Allemagne suite à l'annexion de leur territoire. le fait que Raoul Corvin soit journaliste à l'Humanité nous permet également de nous familiariser avec les idées de la gauche de l'époque (et de croiser, au détour des couloirs du journal, un certain Jaurès...). L'aspect auquel j'ai pour ma part été le plus sensible, et que j'ai trouvé traité avec beaucoup d'intelligence par l'auteur, concerne toutefois la place des femmes dans la société. A travers le journal d'Amélie, la femme du colonel, qui se démarque par son ouverture d'esprit, le lecteur se familiarise avec la condition féminine de la classe bourgeoise du siècle dernier : le port du corset, la soumission au père ou au mari, le poids des convenances visant à étouffer dans l'oeuf toute volonté d'émancipation, la diabolisation de tout ce qui touche au corps, et, plus spécifiquement, au sexe... Quand bien même Amélie est une femme plutôt en avance sur son temps, on ne peut s'empêcher de tiquer devant certaines de ses remarques ou celles de son amie Gilberte sur la bienséance, le viol, ou la place de la femme en générale. Heureusement il y a Sophie, la petite rebelle de 1969, qui va rudement secouer la mentalité encore très étriquée de ces dames, et ce pour le plus grand bonheur du lecteur !

Michel Pagel signe avec « L'équilibre des paradoxes » un roman follement distrayant, à base de voyages temporels, de futurs alternatifs et, surtout, d'aventures rocambolesques. Si vous voulez passer un bon moment de détente aux côtés de personnages hauts-en-couleur, vous devriez sans mal trouver votre bonheur ici !
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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Je me souvenais vouloir lire ce livre quand je fréquentais encore une médiathèque. Ce n'est seulement que hier soir que je me suis aperçue que je l'avais lu en retrouvant mes listes de lectures que je tenais entre 1997 et 2007 (500 romans lus pendant cette période sans compter les BD et mangas). Ces listes se sont étoffées au fil des ans pour contenir des minis résumés et critiques de chaque livre.

J'ai donc lu ce livre en 2005 et si j'en ai gardé aussi peu de souvenirs, c'est qu'il m'a moins marqué que je ne l'aurais pensé au moment de la lecture.

En voici donc mon avis, mi-résumé mi-critique.

L'histoire se déroule en 1904-1905. Celle-ci comprend une dizaine de personnages issus de différents univers et surtout de différentes périodes historiques. Certains viennent de 1904, d'autres du passé et certains du futur, comme 1969 et 2232. Mais il ne s'agit pas forcément du futur que l'on connaît pour 1969, à savoir le IIIème Reich n'a pas réussi à s'établir. Nous avons également un extra-terrestre comme personnage.

L'un des personnages, un professeur, est venu dans le passé pour essayer de le comprendre et de réparer ses erreurs en matière de ligne temporelle (2 passés coexistants à une même date). Tous ces personnages vont néanmoins retourner dans le passé pour empêcher que l'irréparable ne se produise, à savoir l'assassinat d'un roi important pour éviter que la Première Guerre Mondiale ne se produise plus tôt que « prévu »... et ne devienne le monde connu par 2 des personnages, venant d'une ligne temporelle.

Une bonne partie de ces dérèglements du temps sont dûs aux doubles du professeur et de l'extra-terrestre, qui se sont un peu baladés dans tous les sens dans L Histoire.

Niveau écriture, ce roman est écrit de façon très original car il est fait comme un journal intime. 4 des personnages tiennent un journal intime dont un oral, un autre écrit ses mémoires. L'auteur les a donc intervertit tous pour former son roman.

L'histoire semble très intéressante même s'il m'en reste malheureusement aucun souvenir. Je vais néanmoins pouvoir me rattraper sous peu car j'ai récemment fait l'acquisition d'une intégrale de Michel Pagel, je pourrais ainsi de nouveau juger le travail de cet auteur français. A en croire les listes liées à ce livre, il appartiendrait au style steampunk. Malheureusement, je ne peux dire si j'ai apprécié ce style ou non. Si je le retrouve, je le relirais peut-être pour lui donner une critique digne de ce nom ^^

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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"S'il y a une chose qu'un écrivain redoute, c'est bien qu'on lui donne des idées. Il en trouve suffisamment tout seul, merci, et n'a nul besoin de celles des autres."
Cette citation de l'auteur qui ouvre le présent recueil résume parfaitement le foisonnement romanesque qui est offert au lecteur par un Michel Pagel au mieux de sa forme.
Il est bien difficile de raconter cette histoire extraordinaire de voyage dans le temps racontée à tour de rôle par quatre courageux aventuriers qui, par le biais de leur journal intime, font progresser l'intrigue pour notre plus grand plaisir.
Au début du 20ème siècle en Bretagne, surgissent de nulle part des personnages étranges qui ne manquent pas de se faire remarquer : une brute sanguinaire à la face patibulaire, une cyborgue venant du futur, une authentique princesse russe, une rebelle soixante-huitarde.
Tous ont eu la malchance d'être involontairement arrachés à leur monde familier pour être projetés dans une autre époque parce qu'ils ont croisé la route du Professeur le Goellec inventeur d'une machine qui a pour objet de briser les cadres de la temporalité .
Un journaliste audacieux Raoul Corvin , son ami le vaillant commandant Armand Schiermer et l'épouse de ce dernier la courageuse Amélie, viennent au secours de leur amie Gilberte malmenée sévèrement par un voyageur du temps.
Quand ils constatent que l'avenir peut être modifié de façon substantielle et que la liberté du monde est en péril, ils n'hésitent pas à lutter pour que le pire soit évité.
Et les voici tous partis dans des aventures échevelées, dignes des feuilletonistes du 19ème siècle, bataillant contre les doubles d'eux-mêmes issus d'une ligne temporelle différente.
Embuscades et castagne, voyages dangereux interrompus par des pirates, missions d'infiltration en milieu hostile chères aux romans d'espionnage, on s'amuse beaucoup et on frémit même pour ces personnages auxquels on ne peut que s'attacher tant leurs personnalités sont finement ciselées par la plume de l'auteur qui adopte aussi bien le mode d'expression châtié en usage à la Belle Epoque que la langue plus colorée d'une jeune délurée adepte des trips à l'acide et du flower power.
Cette lecture est absolument délicieuse et même si le côté technique des inventions du Professeur le Goellec plonge quelque fois le lecteur dans la perplexité, cela ne nuit absolument pas à la fluidité du récit.
Je découvre un auteur plein d'imagination ,d'humour, doté d'une plume élégante aussi ce livre fait partie de mes plus chaudes recommandations pour une lecture estivale de détente.
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Bretagne 1904, des personnages étranges venant du futur, du passé ou même d'ailleurs surgissent de nulle part, arrachés de façon inopinée, à leur environnement familier suite à une expérience scientifique incontrôlée. A l'issue d'événements déconcertants dont ils sont indirectement victimes, Armand, un militaire d'origine alsacienne attaché au ministère de la Guerre, Amélie son épouse et Raoul, journaliste à l'Humanité, vont enquêter et s'efforcer d'aider ces voyageurs temporels involontaires à réintégrer leur époque et se retrouver, malgré eux, engagés dans une lutte héroïque pour préserver le cours de l'Histoire telle qu'ils la connaissent et rétablir l'équilibre des paradoxes.
Michel Pagel propose avec son roman un subtil exercice de style en élaborant un récit, supposé se passer au début du XXème siècle. Sous forme d'extraits de journaux intimes, d'articles de presse ou à travers les notes des divers protagonistes, il donne à son roman un côté anachronique engageant et on s'imagine aisément plongé dans les aventures du professeur Challenger ou un feuilleton de Pierre Pevel. Michel Pagel jongle avec ses personnages et dépeint avec humour et pertinence ce choc de cultures temporelles, confrontant les acteurs de 1905 à un avenir qui les dépasse, que soit face à une technologie inconcevable ou des moeurs contestables et les visiteurs du futur à une bourgeoisie stricte, rigoureuse et empêtré dans une fâcheuse partialité. La conjugaison des différents points de vue des narrateurs, leurs états d'âme antinomiques et leur approche spécifique des différents aspects de l'intrigue permettent de concilier à la Science-Fiction, une étude sociologique mais aussi du romantisme.
Dans l'ensemble, c'est bien réalisé, l'atmosphère de la belle époque brillamment rendue avec des personnages en adéquation parfaite avec le sujet. L'auteur en profite pour se livrer à de pertinents questionnements sur l'évolution des mentalités et des progrès sociétaux dans leur ensemble. En jouant sur l'élasticité de l'Histoire, le récit présente à la fois des paradoxes temporels et des évolutions historiques divergentes mais les problèmes inhérents aux voyages dans le temps et aux mondes parallèles sont exposés de manière confuse, très tortueuse et parfois même simplement illogique.
Dans sa seconde moitié, le roman fait la part belle à l'aventure avec des pirates esclavagistes, de l'espionnage, des machinations diaboliques mais, pour autant, l'action traine en longueur, l'auteur étoffant artificiellement son histoire en multipliant à l'excès les mésaventures de ses héros.
La conclusion reste plutôt classique et singulièrement succincte, respectant la logique et la rationalité. Un roman sympathique et divertissant affichant une démarche originale mais, en complexifiant inutilement son propos, l'auteur en ternit l'intérêt sans véritablement susciter un bouleversement dans le genre.
Une courte nouvelle qui sert accessoirement de prologue, présente certains des personnages que l'on retrouve dans le roman. Ils poursuivent un mystérieux voleur à l'identité surprenante se faisant appeler l'étranger. Une histoire confuse, peu captivante et pour tout dire, négligeable.
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Amatrice de paradoxes, c'est le titre qui m'a attirée vers mon premier roman de Michel Pagel. Voilà une excellente surprise car j'ai eu beaucoup de mal à faire des pauses dans ce récit haletant, imaginatif et original. Les paradoxes temporels ne sont pas les plus tordus qu'on puisse imaginer mais, ce qui est plutôt rare dans ce genre de littérature, les héros tentent d'y remédier en réduisant progressivement l'importance des paradoxes qu'ils créent. Autre idée intéressante est une forme de viscosité du temps qui minimise l'influence d'un événement particulier sur la trame générale de l'Histoire. Tout comme l'effet papillon qui n'a de sens que dans un système chaotique, les perturbations créées par le voyage dans le temps n'ont pas tant d'effets si elles restent mineures. Le dernier point qui m'a beaucoup plu est d'avoir réuni des personnages de différentes époques dans une seule plutôt que le contraire. Cependant, j'ai été un peu déçue que l'auteur ne joue pas plus sur les différences de cultures et de mentalités entre les personnages d'époques différentes.
L'histoire est contée à travers des mémoires, notes ou journaux intimes de quatre des héros et il est en un sens dommage de ne pas avoir l'avis des autres. D'autant que certains personnages sont, je trouve, sous-utilisés comme Nadia, l'aristocrate russe, Adriana, la cyborgue, ou Franz, le soldat. Peut-être que cela aurait conduit à un roman fleuve et à une dilution de l'intrigue. C'est dire en tout cas que tous les personnages sont attachants et de se laisse pas quitter facilement.
Vous avez compris que j'ai adoré ce roman de science-fiction sis à la Belle époque et pourtant dès le premier paragraphe de la nouvelle introductive, il y a un énorme anachronisme : on est en 1902 et on lit "... le bal qu'elle donnait en son hôtel particulier de l'avenue Foch.". Est-ce un clin d'oeil de Michel Pagel de parler d'une avenue qui ne sera rebaptisée ainsi qu'en 1929 ou une vraie bourde ? Votre avis m'intéresse ! Heureusement, le reste du roman est réglé au millimètre ou à la milliseconde plutôt et c'est un vrai grand plaisir de lecture.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
-Mais lâche-moi, putain de merde ! criait cette personne au moment où nous arrivâmes. Tu vas me lâcher, dis, connard ?
Je prie le lecteur de pardonner ces grossièretés, d'autant qu'il devra en supporter d'autres dans le courant du récit, le langage de certains de ses protagonistes manquant singulièrement de distinction, mais mon souci d'exactitude me contraint à rapporter sans fard les propos que j'entendis. Ah, peste ! J'oublie que ceci n'est qu'une œuvre de fiction. Lecteur, ne m'excuse pas : je suis trivial à dessein, pour te choquer, c'est évident.
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Avec l’équilibre des paradoxes, Michel Pagel nous offre un récit de haut vol et emprunte à deux registres tels que la science fiction bien sûr, mais aussi au roman populaire. On ne peut pas s’empêcher de penser à Fantomas et à L’injustement oublié Gustave Lerouge. La narration de ce récit échevelé est menée de mains de maître et parvient à rendre impossible à lâcher ce roman épistolaire. Genre difficile s’il en fût.
Alors que de nombreux auteurs utilisent le processus de narration à points de vue multiples comme une recette addictive tirée des séries TV, lui arrive à enrichir son récit grâce à des personnages fort bien construits. Les registres et les niveaux de langages se succèdent en donnant un sentiment de réalisme bluffant doublé d'un saisissant talent littéraire. On sent, à le lire, que le chantier de ce livre fût jubilatoire, tant les sujets abordés s’entrechoquent sans pour autant alourdir le propos.
Il s’agit d’une mécanique finement ciselée où rien n’est à jeter. Les différences singulières entre les personnages sont au service d’un joyeux bordel orchestré de main d’expert. Les histoires de paradoxes temporels souvent se ressemblent et se suivent mais ici, l'érudition est époustouflante.
On apprend sur la page des remerciements que l’auteur fût conseillé pour une partie du récit par le très regretté Roland C. Wagner. Ce n’est guère surprenant et qui le connaît verra un clin d’œil vers lui avec le personnage de Sophie Périsset.
Au milieu de tous ces romans steampunk produit à la chaîne comme s’il s’agissait d’une franchise, monsieur Pagel réussit là une œuvre originale qui n’a rien à envier aux anglo-saxons, Jusqu’alors rois de ce type de SF. Un livre très français de par son tissu culturel, une déclaration flamboyante au genre suranné qu’est le roman populaire dans ce qu’il a de plus beau. Il y aurait là matière à réaliser un scénario passionnant loin des productions dépourvues d’originalité. Vous l’aurez compris, j’ai adoré ce livre. Une fois tournée la dernière page on se surprend à vouloir relire les grands anciens du récit d’anticipation du début du vingtième siècle.
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Article paru dans L’Aurore du 5 décembre 1902 .
Qui est « l’Étranger » ?

Oui, qui est-il, ce mystérieux individu qui, depuis quelques semaines, cambriole les riches bourgeois de la capitale et ridiculise notre police ? Nul n’a oublié son spectaculaire premier forfait, lorsqu’il déroba en octobre dernier les bijoux de la baronne de Saint-Arnoul — et jusqu’à ceux qu’elle portait sur sa personne — durant le bal qu’elle donnait en son hôtel particulier de l’avenue Foch. On se souvient des trois cartes de visite qu’elle retrouva comme autant de railleries à son endroit : la première dans son coffre-fort, la seconde dans son sac à main, et la troisième, comble de l’audace et de l’inconvenance, au sein même de son décolleté. Trois cartes qui ne portaient que ce simple nom : « l’Étranger ». Depuis, pas une semaine ne s’est écoulée sans que l’étrange personnage fasse à nouveau parler de lui : pierreries, titres, or, bank-notes, tout lui est bon. L’homme agit de nuit, souvent au cours de réceptions mondaines, et ne commet jamais d’effraction : les coffres-forts réputés les plus inviolables semblent en effet lui livrer sans effort le secret de leur combinaison — au point que les compagnies d’assurances ont soupçonné leurs clients d’indélicatesse, soupçons s’étant révélés sans fondement. Qui est « l’Étranger » ? Pourquoi ce titre incongru ? Une certaine presse affirme qu’il s’agit d’un agent de l’Allemagne dépêché à Paris pour miner notre économie en ruinant nos gros investisseurs. La correction nous empêche d’écrire ce que nous pensons de cette thèse. Pour notre part, nous estimons infiniment plus probable d’avoir affaire à un anarchiste, un « étranger à la société », décidé à frapper dans ce qui leur est le plus cher ces bourgeois qu’il déteste. S’il ne conservait par-devers lui le produit de ses larcins mais le redistribuait aux pauvres, on ne pourrait s’empêcher de lui vouer quelque admiration. Toutefois, foin de spéculations : avec l’efficacité qu’on lui connaît, notre police, n’en doutons pas, fera prochainement toute la lumière sur cette affaire. Elle s’exposerait sinon à être une fois de plus la risée du pays.

Raoul Lachance
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Je sais que certains d’entre vous ont eu du mal à admettre la théorie des univers parallèles, et il semble bien qu’ils aient eu raison. Si le temps commence à devenir instable, c’est très paradoxalement qu’il y a paradoxe, et s’il y a paradoxe, il n’y a pas d’univers parallèles. Vous comprenez ?
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Vidéo de Michel Pagel
Le plus grand cycle de littérature d'horreur moderne qui ait jamais été envisagé en France, plus réédité depuis onze ans, que nous proposons en un tirage limité de luxe, en huit volumes de toute beauté.
Harcelé par ses vieux démons, Michel Pagel a entièrement révisé ses manuscrits, nuits et jours, poursuivi par une idée fixe, comme un envoûtement : faire de cette somme un sommet, l'édition ultime et définitive de ce chef-d??uvre du fantastique français. Dans un dernier effort, il y a ajouté une préface et une nouvelle, avant de s'écrouler d'épuisement. Deux textes sur lesquels aucun mortel n'a encore jamais posé les yeux.
On murmure que l'auteur vit maintenant en ermite, reclus dans un village anonyme du sud, refusant toute société?.
Ouvrage en souscription début janvier 2016 ( Bande son trouvée sur http://www.freesound.org/people/klankbeeld/)
+ Lire la suite
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