Un titre et une couverture qui font sourire. Pourtant, les nouvelles de
Sergi Pàmies ne sont pas marrantes. Un citron, c'est acide, ça pique.
Dans ce petit recueil, il raconte vingt histoires d'inégales longueurs. Brèves ou un peu plus denses, elles n'ont de lien commun que les maux de notre époque. Pris dans un étau, les personnages survivent et expriment leurs anxiétés et leurs désamours. Poétiques ou très concrètes mais proches de la démesure, donnant une vision abstraites et fantasmée, les histoires s'implantent dans les familles et effilochent les liens.
Il y a cet homme qui abandonne sa vie en se suicidant et qui contemple sa famille de son « autre vie ». le constat est amer car après les larmes de circonstance, tous paraissent plus libres, plus joyeux. Étrangement, il en éprouve du bonheur pour eux. Il n'y a aucune rancoeur dans cette nouvelle.
Il y a cet écrivain qui mêle à sa fiction de carnages, des affaires personnelles. Des écrits plein de digressions ; il intègre son père dans « Notre guerre ».
Puis les gouttes d'eau… un joint mal mis, érodé, un robinet qui fuit… symbolique d'une famille ou du temps qui passe.
Le monospace. le regard des voisins, l'envie, le jugement, l'amour propre et l'absurde. Lorsque les relations humaines passent par la représentation, le matériel.
…
Chaque nouvelle distille ses métaphores, au lecteur de les reconnaître et de les chercher dans sa propre vie. Certaines font mouche, d'autres sont plus languissantes… Il est dit sur la quatrième de couverture que ce livre regroupe les nouvelles les plus noires du registre de l'auteur. Les « héros » sont désabusés, la « vanité » est égratignée.
Sergi Pàmies est journaliste à El Pais, écrivain et traducteur. Pour ce huitième livre écrit en catalan, il a reçu le prix Premi Setenil en 2007. Sur mon chevet j'ai également « le dernier livre », un recueil de nouvelles plus drôles mais toutes aussi cruelles…
A suivre !