AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Parthenia


C'est avec beaucoup d'enthousiasme que j'avais entamé ce livre dont j'ai trouvé le procédé narratif très original et brillant... L'auteur alterne les points de vue d'une vingtaine de personnages et le premier à intervenir est... un cadavre ! Qui connaît l'identité de son meurtrier (sans nous la révéler bien sûr) ainsi que ses motivations...
La galerie des narrateurs est très éclectique puisqu'à côté des personnages en chair et en os s'expriment des allégories ou des animaux comme la Mort, un chien, un cheval, une pièce et même la couleur qui donne le titre à l'ouvrage...

L'intrigue tourne autour du grand atelier de peinture dirigée par maître Osman dont les quatre plus talentueux miniaturistes participent en secret à l'élaboration d'un manuscrit enluminé, commandité par le sultan sous la direction de l'Oncle. Or, ce livre mystérieux suscite bien des convoitises et des rumeurs selon lesquelles sa composition même, s'inspirant de l'art occidental, le rendrait blasphématoire et sacrilège. En effet, à cette époque, l'art à l'italienne, qui maîtrise la perspective et l'art du portrait, s'oppose diamétralement à l'art oriental qui ne doit représenter les choses qu'à travers la vision de Dieu ! Nous assistons donc à la confrontation de deux traditions artistiques dans un climat de peur et de violences, attisé par le fanatisme religieux...

Le Noir, après avoir été employé comme secrétaire de divers pachas, est chargé d'enquêter sur le meurtre de l'un des miniaturistes. Il revient de 12 années d'exil, provoquées en partie par l'amour interdit qu'il vouait à Shékuré, sa cousine et fille de l'Oncle. Évidemment, quand il la revoit, ses sentiments rejaillissent plus forts que jamais. Mais pour espérer voir sa demande en mariage agréée, il doit au préalable retrouver l'assassin.

L'enquête se double donc d'une quête amoureuse. Et nous voyons défiler entremetteuse, rivaux, lettres secrètes, rendez-vous clandestins...

Pamuk met en scène une civilisation complexe, pleine d'interdits et de tabous, aborde le statut de la femme, la place de la religion, l'aspiration à la liberté artistique menacée par l'obscurantisme.
C'est un livre très érudit, où les protagonistes font appel aux contes et légendes pour étayer leurs propos sur l'art de la miniature.

Si dans la 1ère partie du livre, ce procédé fut extrêmement attrayant et intéressant, je dois avouer qu'il devint ensuite répétitif, entraînant une certaine lassitude chez moi, si bien qu'à la fin je sautai plusieurs passages explicatifs....

Surtout que, parallèlement, l'histoire d'amour, bien que touchante, a du mal à soutenir totalement notre intérêt : le Noir est un personnage attachant, mais Shékuré devient agaçante avec ses incertitudes et sa manie de jouer sur plusieurs tableaux. Elle semble beaucoup plus opportuniste et moins sincère que son soupirant , mais peut-être que son statut de veuve menacée par un remariage non souhaité et le désir de trouver un père aimant à ses deux fils la rendent excessivement prudente et pragmatique !

Pour conclure, une lecture en demi-teinte, ce roman choral ayant les défauts de ses qualités : l'enthousiasme éprouvé au début par les trouvailles narratives et la richesse des situations s'est ensuite effacé pour les mêmes raisons : une surabondance de détails et d'explications qui finit par noyer l'intérêt du lecteur, rendant l'intrigue un peu pesante... Dommage car certains passages sont vraiment poétiques...
Lien : http://parthenia01.eklablog...
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}