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Critique de Soleney


Eragon est la pierre d'angle de mon imaginaire. C'est un des premiers livres de fantasy que j'ai lu et c'est celui qui m'a fait aimer la SFFF. Quand je l'ai découvert, je me suis prise de passion pour les personnages, l'histoire, ainsi que l'univers. J'étais tellement saisie que j'avais l'impression d'explorer la Crête avec Eragon, de voler sur le dos de Saphira, d'affronter les ennemis avec eux…
J'ai lu dans un article que l'auteur avait écrit ce roman parce qu'il aurait voulu en être le lecteur. Je suis d'accord avec lui : à l'époque, c'était également la saga qui complétait parfaitement mon imagination.

C'est la première fois que je le lis adulte. J'avoue que j'avais un peu d'appréhension : pas sûr que ça me plaise encore. Je ne m'identifierai plus aux personnages comme avant, je ne vivrai plus l'histoire comme avant, et j'en retirerai certainement un mauvais souvenir.

Mon nouveau regard sur le premier tome de cette série est effectivement différent, mais pas tant que je le croyais. J'ai un tel souvenir de l'univers et du personnage principal que je ne peux qu'être influencée par mes impressions précédentes.
Eragon restera toujours pour moi un jeune garçon indécis qui a à coeur de bien faire, mais qui fait des erreurs et qui est bien souvent obligé de se reposer sur les autres. Ce n'est pas un héros au sens propre du terme, et il est très proche de l'adolescent lambda. D'ailleurs, il vit une passion à sens unique pour la belle Arya, mais manquant d'expérience, il est bien souvent embarrassé par ses sentiments, qui l'entrainent dans des situations gênantes.
J'apprécie toujours Arya pour son mystère : ses émotions et pensées restent le plus souvent indéchiffrables – au grand dam de notre protagoniste. C'est une elfe, et par conséquent, elle ne réfléchit pas comme nous. le fossé culturel entre elle et Eragon semble parfois sans fond – l'écart de maturité aussi.
Et c'est avec plaisir que j'ai retrouvé Brom pour cette énième relecture. Ayant déjà lu les quatre volumes, je sais déjà qu'il cache une somme astronomique de secrets lors de ce premier tome. le savoir dès maintenant me fait sourire.

Alors soyons clairs : qu'est-ce qui a changé pour moi ?
Tout d'abord, les descriptions. Alors qu'autrefois, elles se contentaient de vaguement ralentir ma lecture, là elles m'ont carrément gênée. Il y en avait trop, Christopher Paolini aurait pu alléger son texte sans que ça nuise à l'histoire. En réalité, plus que trop nombreuses, je crois qu'elles sont mal dosées. Désormais, l'heroic fantasy est un domaine que je connais bien, et les univers, personnages et descriptions sont très souvent inspirés les uns des autres. Toutefois, il faut se rappeler que l'auteur était âgé de quinze ans lorsqu'il a écrit ce premier livre.
Ensuite, j'ai trouvé le scénario très – très ! – bateau. Un garçon tout ce qu'il y a de plus banal est choisi par la dernière dragonne pour devenir un puissant Dragonnier, capable de manier l'épée et la magie, afin de sauver le monde de la tyrannie du vil Galbatorix ? C'est plus que déjà-vu.
Et puis, bien sûr, je me suis moins reconnue dans le personnage principal et ses atermoiements. Je dois certainement avoir mûri. Les quelques fois où il désobéi à Brom m'ont hérissé le poil parce qu'on sait pertinemment que ça va mal finir. Par ailleurs, il ne lui faut que deux ou trois mois pour devenir un épéiste hors pair qui n'a presque pas d'égal dans tout l'Alagaësia – ce n'est pas rien ! Christopher Paolini n'a aucune pitié pour ceux qui s'entrainent depuis des années s'il suffit de quelques semaines pour les supplanter !
En fait, chacun a un rôle très marqué dans le genre de la fantasy : Eragon est le Héros (Frodon), Brom est le Maître (Gandalf), Arya est l'Amante (Arwen), Galbatorix est le Tyran (Sauron), etc.
Quand j'étais plus jeune, je me suis souvent demandée pourquoi ce cycle n'avait jamais reçu de prix littéraire. Maintenant je comprends pourquoi : le manque d'originalité est flagrant, une fois qu'on a lu d'autres livres. Même le scénario est classique : c'est une histoire de vengeance qui prend des proportions trop importantes et implique le protagoniste dans la lutte contre un empire tout-puissant et machiavélique.

Pour terminer, j'ai aussi repéré quelques failles au niveau de l'univers, et notamment de son étendue. Au-delà du désert du Hadarac, ce ne sont que des terres inconnues, mais ce n'est pas logique. La société d'Alagaësia est comparable à notre Moyen Âge. Comment se fait-il qu'il n'y ait eu aucun conquérant pour tenter de passer outre le désert et explorer ces nouvelles contrées ? Ils n'ont pas eu d'Alexandre le Grand ou d'Attila le Hun ? Par le Nord ou le Sud, le chemin ne semble pourtant pas si ardu. Mais non, il a fallu attendre la création des Dragonniers pour que les races intelligentes étendent leur empire. Mais aussitôt leur ordre révolu, on a perdu ces connaissances et personne n'a cherché à les déterrer. Comment est-ce possible que personne ne se soit demandé : 1. pourquoi on ne le sait pas ; 2. qui a caché les informations et pour quelle raison ?
Galbatorix a-t-il dû falsifier ou détruire de nombreux documents pour enfouir la vérité ? Quelle réalité serait suffisamment compromettante pour exiger tant d'énergie pour l'occulter ?

Mais au-delà de ces défauts, Eragon a un goût d'enfance et de réminiscence inégalable. Ça a été un plaisir pour moi que de redécouvrir ce classique de ma jeunesse. Mon jugement est clairement subjectif, mais tant pis pour ma crédibilité. J'assume.
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