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EAN : 9782267029741
416 pages
Christian Bourgois Editeur (25/08/2016)
3.69/5   73 notes
Résumé :

Le jeune capitaine britannique Tom Barnes est envoyé en mission dans une zone de conflit. Au retour d’une patrouille nocturne, il marche sur un engin explosif improvisé et est immédiatement rapatrié en Angleterre.

Débute alors un autre combat tant psychologique que physique durant lequel le héros va parvenir à surmonter « ce à quoi l’on ne pouvait survivre » grâce à l’aide non seulement des médecins, mais aussi de sa famille ainsi que de l’êt... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Pour raconter l'histoire du capitaine Tom Barnes, tragiquement ordinaire pour un soldat au front, le romancier anglais et ex soldat prend un angle profondément original en se focalisant sur les différents objets qui ont assisté ou même participé à sa mutilation:, la scie chirurgicale utilisée pour l'amputation, le sac à main de sa mère au moment où on lui a appris la nouvelle, ses prothèses, le garrot ayant servi à stopper la première hémorragie, le rasoir que son père utilise pendant que le soldat est plongé dans le coma ( au cours de ce qui est la séquence sans doute la plus poignante du roman), la pile ayant provoqué l'explosion...

En tout ce sont plus de 40 objets qui vont donner matière à la souffrance et à l'espoir de ce soldat qui a tant perdu au combat, totalement meurtri dans sa chair, et qui va livrer un combat très dur au prix d'une force morale incroyable

Ces objets parviennent à donner corps aux souffrances, aux émotions, aux deuils et aux espoirs d'une humanité fragile et précieuse, et finalement se révelent plein d'empathie comme la prothèse " quelques jours après nous être unis pour la première fois" ou même l'infection qui s'installe dans le corps du soldat : " j'allais survivre et toi, non. Mais je n'avais pas le choix, sinon l'oubli."

L'auteur, Harry Parker qui a sauté sur une mine en Afghanistan en 2009, connait donc bien son sujet et tient jusqu'au bout cet angle qui permet de rester sur l'intransigeance des faits, qui paradoxalement va conférer pas mal d'humanité à ce récit au départ centré sur le matériel tout en évitant du coup le glauque et le pathos.

Une lecture forcément difficile et éprouvante, mais paradoxalement plein de vie et d'humanité à travers le combat de ce jeune homme, ainsi qu'à travers l'histoire de son ennemi.

Harry Parker reconstitue avec un réalisme saisissant, cette lutte particulièrement apre que ce jeune capitaine anglais va donner une lutte finalement plein de vie par ce récit pas forcément accessible mais d'une belle profondeur et d'une grande sincérité qui un peu comme le très beau Yellow Bird arrive à exprimer l'indicible des guerres.. et nous expliquer que la violence guerrière peut-être vaincue par l'humain...

Que ce message soit affirmé par des objets rend le tour de force d''Harry Parker - et non pas Harry Potter- totalement incroyable et original...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un soldat (sans doute britannique), combattant sur un terrain d'opérations extérieures (sans doute Afghanistan) est grièvement blessé par une mine.
Voici planté le décor...

La déflagration va brouiller violemment la narration. Il va falloir reconstituer le puzzle, en trouver les pièces qui s'accordent entre elles, redessiner une chronologie.

Comment exprimer l'indicible: la violence, la souffrance, la peur de la mort omniprésente, la concentration et l'adrénaline des combats? Comment partager avec ses proches ou les en protéger? Et mutilé, comment gérer l'entourage quand il faut se reconstruire?

Ce sont les objets qui nous entourent qui racontent les évènements, nous montrant le décor et les individus tels qu'ils nous voient, avec cette distanciation glaçante du factuel sans sentiment.
Cohabitent indifféremment dans le processus dramatique les possessions matérielles du militaire réduit à un matricule, le matériel médical, les composantes de la préparation de l'attentat, jusqu'aux bactéries qui envahissent le corps mutilé. Ces témoins neutres, jamais nommés, deviennent les observateurs muets et pourtant bienveillants de ce qui se joue dans l'humain. Et ce procédé narratif exacerbe le ressenti du lecteur, mis en demeure de vivre l'événement, de souffrir comme un damné, de se battre en rééducation. Jusqu'à la nécessaire compréhension de l'acte perpétré par l'autre "camp".

Ad nauseam, tout est minutieusement explicité, dans un réalisme non édulcoré.
Si ce cours d'anatomie a été une épreuve de lecture, il n'en restera pas moins un livre marquant par son originalité littéraire.
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Je suis tombée sur ce livre à la bibliothèque près de chez moi. Le sac rouge a attiré mon regard et puis en lisant la 4ème de couverture j'ai pensé : pourquoi pas?

Dès les premières pages j'ai été emportée par cette narration vraiment originale : pas moins de 45 narrateurs pour raconter l'histoire de Tom mais aussi un peu celle de Latif et de Faridun. Des narrateurs inattendus : les objets du quotidien ou en transit autour des personnages.

Cela étant dit, après plusieurs chapitres... on s'en lasse un peu. Par exemple, en racontant l'histoire les objets s'adressent à Tom en lui donnant du "tu". On pourra dire que cela change du "je" et du "il" mais voilà... c'est un peu déstabilisant (ou agaçant? je n'ai toujours pas décidé).

J'ai trouvé très émouvante la partie avec les parents de Tom. Par contre j'ai trouvé que le personnage de Tom n'était pas assez profond. Ce qui peut s'expliquer par le fait que tout est relaté de l'extérieur... peut-être une façon pour l'auteur de prendre ses distances par rapport à ce qu'il a vécu?

Certaines scènes sont revisitées plusieurs fois en fonction de l'objet concerné et forcément sous différents angles. C'est vraiment particulier, je n'ai jamais rien lu de comparable. Je dois reconnaître que c'est plutôt innovant : cela m'a sortie de ma zone de confort.

Un bon premier roman.

Challenge multi-défis 2017 (22)

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L'originalité de cette histoire est qu'elle est racontée par des objets : un sac à main, un garrot, une paire de baskets, un téléphone, etc. Pas facile de deviner de quel objet il s'agit. On est loin d'une lecture détente. L'horreur du corps mutilé, les opérations, la souffrance. Je m'arrête au tiers. Pas trop envie de lire ces choses-là en ce moment. En 2009, l'auteur a perdu ses deux jambes en Afghanistan. Je pense que ce texte lui a servi de thérapie, j'espère que cela l'a aidé. Trop pénible pour moi.
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Le capitaine Tom Barnes a posé le pied sur une mine au cours d'une mission. Il a perdu une jambe au moment de l'explosion et on a dû l'amputer de la seconde après un début de gangrène. de retour en Grande Bretagne, il doit apprendre à vivre avec son corps mutilé. de la douleur atroce à la résignation, du début de la rééducation aux premiers pas avec ses prothèses, c'est un nouveau parcours du combattant semé d'embuches qu'il affronte avec dignité et lucidité, entouré par les siens et par des équipes médicales aussi bienveillantes qu'efficaces.


L'auteur, Harry Parker, a lui-même sauté sur une mine en Afghanistan en 2009. Il connait donc son sujet et aurait pu faire de ce premier roman une autofiction dégoulinante de pathos, s'apitoyant sur son sort à chaque page. Il ne l'a pas fait et c'est tant mieux. Car l'histoire n'est pas ici racontée par le soldat Tom Barnes mais par des objets : le garrot ayant servi à stopper la première hémorragie, la pile ayant provoqué l'explosion, la scie chirurgicale utilisée pour l'amputation, le sac à main de sa mère au moment où on lui a appris la nouvelle, ses prothèses, etc. Quarante-cinq objets prenant tour à tour la parole, avant, pendant et après le drame. du coté britannique mais aussi du coté des insurgés. Quarante cinq chapitres sans véritable continuité temporelle, éclatés comme une bombe, mélangeant passé, présent et désir d'avenir.


J'ai craint un texte purement descriptif, froid et désincarné. Les objets n'ont pas de sentiments, ils n'ont pas le moindre affect, ils se contentent de décrire les événements, point barre. A la longue le procédé, relevant de l'astuce narrative, serait forcément tombé à plat. Mais Harry Parker a su donner de la consistance et une véritable profondeur à son roman grâce aux dialogues. Car les objets restituent ce qu'ils entendent. Et à travers leurs échanges, les personnages disent la peur, la douleur, la colère, l'angoisse, la honte, l'espoir. Ils expriment leurs différences, leurs divergences, leur compassion et leur incompréhension.


Certes, les objets tiennent le plus souvent le lecteur à distance, ils restent neutres, ils ne sont pas dans le jugement. Ils exposent les faits, décrivent des comportements, rien de plus. Mais parfois les descriptions prennent un tournant inattendu et offrent de purs moments d'émotion, comme cette scène où le père rase avec application son fils tout juste sorti du coma. L'équilibre entre description et émotion donne une force phénoménale à ce texte qui ne dénonce pas la guerre, qui ne donne pas non plus ou dans la glorification des soldats blessés et qui n'exige pas réparation.


Un premier roman lumineux, ambitieux et parfaitement maîtrisé, qui cherche la reconstruction après l'éclatement, la réappropriation d'un corps disloqué par un homme à jamais traumatisé.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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critiques presse (1)
Lexpress
19 septembre 2016
Cet ancien soldat victime d'une mine signe un roman puissant et explosif.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Ce soir là, on t'a préparé pour le transport.Des infirmières et des médecins sont venus et ont parlé en détailde tes blessures. Ils t'ont dit à l'équipe aérienne tout ce qu'ils pouvaient, chaque point ajoutant à ta fragilité et au risque que représentait ton rapatriement.Ils t'ont pris en charge avec une effacité éprouvée."
Commenter  J’apprécie          210
J’ai existé une fraction de seconde. J’ai été créée par une réaction explosive née d’un engin qui a fonctionné dans le but de me provoquer. J’ai traversé la pierre, traversé la boue, traversé la poussière, traversé l’air, traversé la semelle d’une chaussure.
Traversé un homme.
Je les ai tous traversés d’un coup, je les ai fait plier en deux sous le choc et la pression, et je les ai entraînés dans les airs avec moi.
Je suis aussi du bruit. Essayez bang, essayez boum, essayez un son terne lourd-sourd, essayez clac-vlan, essayez le ding perçant toujours à pénétrer tympan perforé.
Je l’ai écrasé contre la pesanteur.
Il ne pouvait pas rester entier et j’ai désagrégé son pied en passant violemment à travers et en le faisant éclater : pied et chaussure se sont fragmentés dans mon sillage. Je les ai forcés à s’élever avec la terre que je soulevais. À s’élever dans mon expansion supersonique, en déchirant directement sa peau. (Chapitre 42)
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Ils ne pouvaient pas résister à la tentation de nous observer et ils se demandaient comment nous faisions. Nous étions de la science-fiction, toi et moi, et ils ne voyaient pas la douleur dans ton moignon, ni la sueur qui s'accumulaient dans tes doublures, ni les efforts que tu déployais pour me faire osciller au rayon du pain. Tout ce qu'ils voyaient, c'était la magie que je recélais et un homme jeune, bien droit, qui avait surmonté ce à quoi l'on ne pouvait survivre.
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Tout ce que tu pouvais ressentir c'était toi-même. Pas de passé, pas d'avenir, rien que la solitude.
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Cet après-midi là, les hommes se sont étendus à l’ombre et ont fait signe de la main à tout un groupe de nomades et à leurs chameaux. Ils ont pris une taxe de quinze dollars à un chauffeur de camion et bavardé avec un groupe d’hommes qui s’en revenaient des champs et rentraient chez eux. Pour finir, tandis que le crépuscule aiguisait l’horizon, deux d’entre eux sont partis sur la moto. Les autres ont transporté la perche et les barils d’essence à l’intérieur de l’enclos, ils ont dit qu’ils se retrouveraient après les prières et se sont dispersés.
Le dernier m’a soulevé et calé sur son épaule. Il a suivi un chemin proche d’un ruban d’eau argenté, jusqu’à ce que nous parvenions à une zone sombre faite de broussailles dans un labyrinthe de murs en ruine. Il a ouvert une porte en bois, il m’a posé par terre et il a refermé la porte derrière lui.
Je suis un sac d’engrais. Je contiens du NH4NO3 et j’ai attendu dans cette pièce sombre qu’on m’ouvre et qu’on m’utilise. (Chapitre 2)
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