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EAN : 9782879293677
144 pages
Editions de l'Olivier (14/02/2003)
4.08/5   13 notes
Résumé :

"Les paroles, elles peuvent te claquer à la gueule, là, comme ça, n’importe où, devant n’importe qui, en plein jour comme en pleine marée noire, pas même besoin de lumière pour les distinguer, elles t’éclatent à la figure et peuvent t’assommer, te pulvériser…

" Sensitive, ce sont les 20 lettres qu’une petite Mauricienne de dix ans adresse au Bon Dieu. Mais ces lettres, les écrit-elle vraiment ? Ou se contente-t-elle de les penser ? Peu imp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
La sensitive, c'est une plante. le mimosa pudica. Effet calmant, anti-dépresseur, elle se referme sur elle-même quand on la touche.

Comme Fi, alias Anita. Elle a 11, 12 ans. Quelque chose comme ça. Sa mère, Mam, est maquée avec Lui. C'est peut-être son père, mais on a l'impression que non. Ce qui importe, c'est qu'il glande pendant que Mam bosse dur à la filature. Et qu'il abuse de Fi, et lui cogne dessus. A tel point qu'à l'école, on s'en émeut et on envoie les services d'aide.

Autour de Fi, c'est la misère. La mort. La dèche. Ce sont les bidonvilles de Port-Louis, Île Maurice.

Shenaz Patel raconte tout cela avec les yeux de Fi. Mélange de naïveté et de désespoir, de candeur et de dégoût, quand elle s'adresse à son ami invisible, Bondié, dans son carnet où elle note ses états d'âme. C'est puissant, déroutant, émouvant et terriblement désespéré. C'est aussi -et surtout- trop court.
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Un roman court et très touchant, par la voix d'une petite fille mauricienne de 11 ans qui raconte, dans des lettres à "BonDié", sa vie, avec ses petites joies et sa grande misère. On aborde là autant la violence intra-familiale, les émigrations forcées depuis Diego Suarez, l'exploitation des femmes, mais aussi les mains tendues et la solidarité.
J'avais lu ce roman il y a quelques années avec beaucoup d'émotion, mais la relecture aujourd'hui m'a moins séduite.
La voix de l'enfant m'a semblé, avec du recul, assez peu juste. Comme si l'autrice tenait un peu trop la main et le stylo de la petite fille, pour que son récit de vie reste crédible avec un vocabulaire et une pensée qui ne "collent" pas bien à son personnage. Cela m'a donné l'impression d'une voix finalement un peu mièvre, qui étouffe l'ampleur de l'intention du texte.
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La sensitive est une plante dont les feuilles se referment dès le moindre contact. Originaire du Brésil, elle pousse communément dans les cours et les jardins de l'île Maurice.
Ici, la petite fille aussi est "sensitive".
Elle raconte, dans son journal qu'elle écrit au Bondié, avec pudeur et lucidité, ce conflit insoluble qui la déchire, partagée entre son appétit de vivre et sa révolte devant l'injustice – celle qui lui est faite comme celle qui frappe les autres.
C'est une très belle écriture, pour une histoire triste et douloureuse.
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Anita surnommée Fi écrit des lettres au Bondié. Une manière pour cette petite fille de 11 ans de dire sa colère face à l'injustice, celle qu'elle subit mais aussi celle qu'elle observe dans la société entière. Une manière aussi de se laver de tout le mal qui s'abat qui parfois sur elle, de ce beau-père qui fouille sous ses robes, la salissant encore et encore, de cette mère qui ne cesse de lui répéter que tout ça s'arrêtera un jour et qui, en attendant, lui interdit d'aller à l'école tant que les bleus de son visage sont encore trop visibles.
Sensitive est un texte court et sensible où l'on devine à travers les mots d'enfants l'horreur subie. C'est violent sans être cru, jusqu'à la fin terrible qui laisse sans voix.
Lien : http://lencreuse.over-blog.com
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Un livre poignant, très fort, vraiment très fort.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Il paraît qu’on dit : les paroles s’envolent, les écrits restent. N’importe quoi. Les écrits, il faut aller les chercher, les déchiffrer, on peut les cacher et ils existent comme ça, sans que personne les voie, sans que personne les sache. Tandis que certaines paroles, une fois qu’elles sont lâchées, impossible de les faire disparaître. Elles s’installent là, au fond de toi, et ne bougent plus, grosses, lourdes, un poids énorme dans ta gorge et ton estomac et ton ventre, impossible à faire rouler dehors, elles s’installent en toi et elles t’écrasent de l’intérieur.

Les paroles, elles peuvent te claquer la gueule, là, comme ça, n’importe où, devant n’importe qui, au grand jour comme en pleine marée noire, pas besoin de lumière pour les distinguer, elles t’éclatent à la figure et peuvent t’assommer, te pulvériser, t’exploser en mille morceaux qu’on n’arrive même plus à ramasser tellement ils sont minuscules, tellement ils sont répandus partout.
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Je fais le tournesol...
C'est ce que je leur dirai, la prochaine fois, quand je jouerai à mon jeu favori dans la cour de l'école. Les autre filles me regardent d'un air méprisant, elles disent que c'est un jeu de petits et que je dois être un peu attardée pour jouer encore à ça. Si elles se donnaient la peine d'essayer, elles sauraient.
C'est tellement bon. Tu tournes, tournes, tournes, les bras ouverts en avion, les pieds tout près l'un de l'autre, et tu sens peu à peu un courant d'air te monter le long des jambes, juste un frisson d'abord, puis ça s'accélère, ça te soulève la jupe en parasol autour de toi, et ça remonte le long des bras qui fouettent l'air comme une hélice, et ça te monte à la tête, qui tourne, qui tourne, à l'extérieur et puis au fur et à mesure à l'intérieur aussi, à l'intérieur, ça tourne, ça tourne, ça fait un grand vertige qui t'attire, encore plus vite, toujours plus vite, et ça entraîne dans un grand mouvement tout ce qu'il y a autour de toi, tout ce qu'il y a à l'intérieur de toi, tout se dissout dans ce mouvement qui tourne, qui tourne, qui tourne...
Juste au moment où tu vas t'envoler, c'est la chute. Mais pendant quelques secondes, les choses continuent à tourner autour de toi avec une drôle de sensation au creux de l'estomac.
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Des enfants qui tripotent la plage avec des seaux rouges,des pelles jaunes, des arrosoirs verts ou bleus, des garçons qui jouent au volley en plongeant lourdement dans le sable, des filles qui se pavanent dans des paréos ouverts sur leurs minuscules croissants de bikinis fluo, une grosse dame qui se baigne avec sa robe à fleurs et son collant noir accrochés à toutes ses formes, quelques chiens qui se reniflent le derrière et trotinent ici et là pour trouver des restes, un marchand d'ananas et d'eau de coco tiède, un filao appuyé contre le dos d'un vieux bonhomme qui regarde au loin la mer en serrant sa bouteille de rhum entre ses jambes, un groupe qui ravanne un séga sans fin, la camionette d'un marchand de sorbets qui braille son disque rayé de boîte à musique en faisant le va-et-vient sans arrêt.
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"Tous les matins, j'entends le bus de l'usine grimper la côte. Il vient chercher les ouvrières chinoises à 6 h 30. Et puis je l'entends à nouveau qui les ramène le soir vers dix heures.L'autre jour, à la radio, un ministre a déclaré, en insistant beaucoup, qu'il fallait que les producteurs locaux soient plus productifs, qu'ils prennent pour modèle les ouvrières chinoises. Juste après, ils ont diffusé un discours du président de la République dans une fête religieuse. Il disait que nous devons faire attention à ne pas perdre nos valeurs et que nous devons préserver et développer le sens de la famille. C'était joli à entendre.
Pourtant, entre les deux, il me semble qu'il y a quelque chose qui cloche."
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Les vers à soie, tu vois, ils mangent, mangent,mangent, puis ils s'arrêtent. Complètement. Ils s'enferment. Petit à petit, ils tissent un fil, mince, brillant, et s'entourent, s'enroulent. Disparaissent.
À leur place, il n'y a plus qu'une petite boule beige, la coque fermée d'une grosse pistache. Il faut encore attendre. Attendre que s'ouvre la boule et qu'en sorte un papillon marron qui ressemble à une guêpe. Il paraît qu'il vit à peine dès qu'il est sorti. Mais il laisse un superbe cadeau.
Un cocon de soie.
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QUEL ROMANCIER A ECRIT CES PHRASES: « Nous disons bien que l’heure de la mort est incertaine, mais quand nous disons cela, nous nous représentons cette heure comme située dans un espace vague et lointain, nous ne pensons pas qu’elle ait un rapport quelconque avec la journée déjà commencée et puisse signifier que la mort — ou sa première prise de possession partielle de nous, après laquelle elle ne nous lâchera plus — pourra se produire dans cet après-midi même, si peu incertain, cet après-midi où l’emploi de toutes les heures est réglé d’avance » ?

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