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Critique de de


Un moment où tout reste possible et où tout est improbable

Paradoxe de l'écriture.

Je ne suis que peu sensible au vocabulaire « dégradé » de ces jeunes lycéen-ne-s, malgré l'inventivité de certains termes. Sylvain Pattieu, en multipliant les mots, comme autant d'angles de vision, construit cependant une densité, une présence, une proximité. Les refus, les abandons, les platitudes, les haines, les bons sentiments, les naïvetés ou les colères sont autant de briques redessinant le paysage dévasté d'une partie de notre société. Un ailleurs, au coeur du présent, là juste à coté, vers lequel, les têtes bien pensantes, ne tournent pas les yeux, feignant d'ignorer la/le même sous les habits de l'autre. Paradoxe de l'écriture, ce vocabulaire, jusqu'à sa caricature dans les texto et autres messages si abrégés, contribue à rendre des couleurs au monde gris, invisiblement blanc pour certain-e-s.

Alima, Bintou et en regard Kevin. Sous l'enchaînement de petits faits, des pesanteurs, des contraintes, des jeunes femmes cèdent quelques fois, se révoltent, sont réprimées, agissent pour desserrer les étaux d'un monde peu ouvert dans l'avenir.

Force de la littérature.

Hors du lycée, Alima, Bintou et cette fois, en regard Aziz, loin des rêves et des espérances. La banalité du travail salarié, des relations quotidiennes, des mesquineries et aussi les refus de ces arbitraires qui pourrissent les heures et les jours. Et la grève, l'action collective.

Je n'apprécie que peu, la littérature dite sociale. Mais comment ne pas priser le regard de l'auteur sur ces doubles Kevin/Aziz, leurs discours et leurs minables actions. Et surtout des deux jeunes femmes, Alima, Bintou, nos voisines, et en quelque sorte nous…

« Elles ont poussé entre les murs, n'importe comment, herbes folles sans tuteurs, et elles se sont frayé un passage, le corps dans l'ombre, la tête tournée vers le soleil. »

Dans un registre, qu'habituellement je ne fréquente pas, un premier roman, le possible et un pas au delà.
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