J'adore véritablement la collection du Livre de Poche La lettre et la plume. J'ai tous les titres, même si je n'en ai lu que trois, en comptant celui-ci. «
Je ne suis pas jolie, je suis pire » est un recueil de souvenirs de la princesse de Metternich, pendant la période où son mari était ambassadeur d'Autriche à Paris, de 1859 à 1871. Nous la suivons donc depuis sa rencontre avec le couple impérial jusqu'à la démission de son époux, après l'établissement d'un gouvernement républicain.
J'ai beaucoup aimé, mais certaines choses m'ont tout de même un peu chagrinée. D'abord, contrairement à « Je meurs d'amour pour toi... », la biographie au début du livre, qui est ici plutôt une simple mise en contexte, est très succincte. J'aurais eu besoin de plus de détails, parce que la période Second Empire est longue et il s'y est passé beaucoup de choses, tant en France qu'ailleurs en Europe et dans le monde. Au final, j'ai réussi à suivre, mais non sans un peu de mal par moments. Ensuite, une fois que les souvenirs commencent, on est littéralement débordés de notes. Il y en a 70 pages à la fin du livre, il faut donc sans cesse faire des allers-retours. Ça ne facilite pas la lecture. Je ne pouvais pas lire dans le métro par exemple, ayant besoin de mes deux mais pour tenir le livre, et il me fallait deux marque-pages, sinon je perdais beaucoup de temps à rechercher où j'en étais dans les notes. Et je dois dire que leur utilité est parfois discutable… La plupart du temps, elles servent à nous détailler un personnage mentionné par Pauline von Metternich. Certaines sont très intéressantes et j'ai appris des choses, mais beaucoup ne font que nous embrouiller et nous noyer sous le nombre incroyable des familiers de la cour impériale.
La lecture a été assez ardue jusqu'à la moitié, surtout que les souvenirs de la princesse ne sont pas toujours passionnants et que j'attendais de voir son fameux esprit vendu en quatrième de couverture. Ses récits des nombreuses fêtes et soirées – les lundis de l'impératrice, les séries à Compiègne et à Fontainebleau – m'ont un peu ennuyée. Elle en vient ensuite à raconter des anecdotes plus précises, et là elle a vraiment commencé à me plaire et à me faire rire. Par contre, j'ai été très étonnée de ne pas trouver la phrase qui sert de titre dans ces souvenirs, à moins que je l'ai ratée, ce qui n'est pas impossible vu l'état de fatigue ans lequel j'étais pendant les deux semaines qu'a duré ma lecture, ou alors peut-être se trouve-t-elle dans une autre partie des souvenirs non jointe dans ce recueil. En tout cas, j'ai vraiment adoré la partie consacrée à Louis Ier de Bavière, quel phénomène celui-là ! Je ne le connaissais pas du tout, j'ai plutôt entendu parler de son très fantasque petit-fils, Louis II de Bavière. J'ai aussi beaucoup apprécié le récit de la visite de l'empereur François-Joseph (l'époux de Sissi) et le passage consacré aux Dumas, j'ai appris beaucoup de choses sur eux et ça me motive bien à enfin les découvrir vraiment, l'un comme l'autre.
Hormis à la toute fin, les sujets ne sont pas sérieux, car Pauline n'était pas sérieuse, elle aimait plaisanter et rire et ne se prenait pas elle-même au sérieux, même s'il ne fallait pas abuser avec le rang, mais par exemple elle n'a pas hésité à remettre à sa place le prince impérial qui faisait des bêtises. C'est léger, on ne parle quasiment pas de politique, sauf à la fin où la guerre et la chute de l'Empire assombrissent le tableau tout à coup. Mais c'était vraiment intéressant, l'ambassadrice fait vraiment passer de l'émotion dans ses souvenirs, surtout qu'elle était véritablement attachée au régime, à l'empereur
Napoléon III et à son épouse l'impératrice Eugénie. de ce point de vue, j'ai trouvé le livre très abordable, il n'y a pas vraiment besoin de connaître tout l'échiquier politique de l'époque pour apprécier les souvenirs de Pauline, ce qui est paradoxal avec ce que je soulevais plus haut. Pauline était autrichienne mais sa maîtrise du français est vraiment admirable, elle est très agréable à lire.
J'ai trouvé au final qu'elle se mettait très peu en avant dans ses souvenirs, et c'est remarquable, même si ça signifie qu'on n'a pas autant de ses traits d'esprit qu'on aimerait en avoir ! Elle est arrivée très jeune en France et ne se montre pas intimidée du tout par les grandes personnalités qui l'entourent, elle a vraiment de la répartie et se fichait pas mal de savoir qu'on disait d'elle qu'elle était moche (selon les critères de l'époque, et malheureusement, selon ceux d'aujourd'hui aussi). Il est vrai qu'elle n'a pas été gâtée par la nature, mais les portraitistes de l'époque, Winterhalter le premier, ont su la peindre sous un beau jour. Je me demande si ce n'est as dû en partie à son hérédité. Quand on sait qu'elle a épousé son oncle (ils n'avaient que sept ans d'écart), on peut se demander si elle-même n'est pas issue d'une longue tradition de consanguinité qui généralement n'aide pas le physique (il n'y a qu'à voir les rois d'Espagne ou les rois de France à une certaine époque), même si pour le coup ça n'aurait pas du tout affecté son intelligence.
En conclusion de cet assez long article, je dirais que j'ai vraiment aimé découvrir cette femme dont j'ignorais jusqu'à l'existence avant d'acheter ce livre. Elle est très intéressante, amatrice d'arts et de bons mots, l'époque où elle a vécu également (même si c'est loin d'être ma période préférée de l'Histoire de France !) et je ne regrette pas du tout ma lecture, malgré les quelques désagréments de lecture surtout dus à la forme.
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