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EAN : 9782918135760
252 pages
Editions Dialogues (07/05/2013)
3.2/5   5 notes
Résumé :
Cet homme a peur. Non pas de l'inconnu, mais de ce qu'il connaît trop bien : la tyrannie du lieu de travail, les lâchetés diverses de ses congénères, la ruine programmée de l'humanité. Pourtant, il est bien inséré dans la société. Mais en apparence seulement. Car Arnaud suffoque. Il crève de cette incandescence qui brûle ses forces : la peur. La peur qu'il veut faire basculer dans le camp adverse. Autonome. Grain de sable. Décidé à affronter, seul, les forces, les r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'auteur nous introduit dans l'esprit d'un homme, Arnaud, qui est en lutte. Contre le consumérisme à outrance, contre les préjugés, contre les logiques libérales court-termistes, contre la bêtise érigée en norme et la médiocrité en valeur. Jusque là, qui le lui reprocherait ?
Le personnage principal défend sa pensée en commettant des actes relevant de la dégradation de la propriété d'autrui, voir du terrorisme. Oui, mais voilà, le problème c'est que ce personnage ne semble guère voir plus loin que ceux qu'il prétend combattre : il s'attaque à une compagnie d'assurance qui n'est jamais qu'une petite boîte locale, il s'en prend à ceux qui conduisent des automobiles allemandes et aux propriétaires qui empêchent les SDF de s'installer dans ou devant leur immeuble. Notre combattant nuit finalement plus à ses semblables qu'au système et à ceux qui tirent les ficelles. Il en devient caricatural : les petites jeunes blancs sont des nantis apeurés qui s'approprient à retardement les codes des jeunes défavorisés quand ces derniers sont espiègles, brillants et plein d'humour. de même, il passe près de dix ans sans dire à sa famille ou à ses connaissances que son meilleur ami et collègue est noir, parce qu'il refuse de le réduire à sa couleur. Si on écarte de la parole autorisée tout ce qui qualifie un individu et qui est susceptible d'être interprété par l'un ou l'autre comme un prétexte à discriminer ou au contraire comme un signe de discrimination, on n'a pas fini de parler de rien. Finalement, le ton du bouquin, c'est le politiquement correct sélectif. Un autre forme de conformisme. Pour achever une vision politique dans le cadre d'un roman comme ça, il faut une approche plus holistique même si elle part du particulier.
Sur le plan de la narration, il y a un personnage principal, qu'on peine à considérer comme un héros et qui ne nous intéresse guère. On ne l'aime pas. On ne le déteste pas non plus. En fait, on ne le comprends pas tellement : ses pensées sont absconses et l'idéologie qui guide ses gestes est confuse, non aboutie.
Il y a des choses assez incohérente dans l'histoire, par exemple : le type, pour ne pas être repéré par les forces de police en laissant des indices, se chausse en 48 qu'il va acheter régulièrement, et en petite boutique plutôt qu'en grande surface à cause des caméras. Une minute...vous croyez vraiment qu'on passe inaperçu en demandant du 48 dans une boutique de chaussures ? En plus en prétextant un achat pour un ami ? La paire de baskets 48 est le cadeau le plus répandu à Rennes, à n'en pas douter...sans compter son « arme » improbable qu'il promène avec lui : un gros recueil de Shakespeare avec lequel il espère « défoncer » la tête d'un potentiel agresseur (ce qu'il finira par faire). À moins qu'il ne s'agisse d'une édition renforcée de métal, on imagine mal faire beaucoup de dégâts avec ça...à part peut-être en proposant une lecture à haute voix devant un parterre de gentils garçons espiègles.
Et puis il y a l'écriture en elle-même. Vaste sujet. L'emploi des adjectifs qualificatifs est pléthorique et surtout ces derniers sont dopés aux anabolisants, comme beaucoup de verbe, ce qui rend certains paragraphes un peu ridicule parfois. Il aurait fallu des exemples, mais je ne me vois pas ouvrir de nouveau ce bouquin pour chercher ce que justement je n'ai pas aimé. Les dialogues sont pénibles : présentés de façon non orthodoxes, sans retour à la ligne, il est parfois difficile de savoir qui parle. Mais surtout, les paroles comme les personnages qui les prononcent ne sont pas crédibles.
En fait, ce bouquin me fait penser aux premières tentatives d'écriture d'un ami qui me soumettait ces écrits quand on avait vingt ans à peine : il y a plus à ôter qu'à ajouter.

Bref, à part quelques traits d'humour (mais pas tous, loin s'en faut) je n'ai pas aimé grand chose dans ce roman alors que j'en espérais beaucoup. Plus on en attend, plus on est déçu.

PS : ah oui, ce qui donne la couleur à la Paella c'est le safran pas le curry, à part pour ceux qui considère que l'épice principal d'un plat de Valencia doit venir d'Inde. Malheureusement, on en trouve de plus en plus nombreux. La mondialisation touche aussi la Paella.
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La guerre civile est déclarée, est, une fois la dernière page atteinte, un roman particulièrement ambigu.

D'un côté, on ressent une véritable sensibilité, une colère sourde mais prête à émerger et à se deverser sur une société de travailleurs où les mots "Liberté, Egalité, Fraternité" ne sont plus qu'un slogan destiné à mieux reconnaitre l'Hotel de ville.
Le personnage d'Arnaud n'est pas un idéaliste à côté de ses pompes, il incarne une génération qui encaisse de plein fouet les effets des crises multiples qui s'ajoutent les unes aux autres et qui obscurcissent le bout du tunnel, alors que les réclames publicitaires abrutissantes nous promettent un eden qui ne sera jamais le nôtre.

D'un autre côté, Christophe Paviot a voulu faire de son héros un personnage neutre dans sa globalité, un "monsieur tout-le-monde" invisible, mais le problême est qu'il a si bien travaillé cet aspect de son "jeune premier" (qui n'en est pas un) que la sobriété et la discretion dont il s'entoure a fini par "m'eloigner" quelque peu du héros, et par ce biais, de son univers et donc du roman.

Le roman est ambigu, parce que l'histoire coule de source, et si j'en viens à regretter de ne pas avoir frissonner pour le personnage, inclure des courses-poursuites sans queue ni tête ou un suspense à l'américaine aurait été une trahison pur et simple du message et de l'idée de l'auteur.
Notamment parce qu'Arnaud n'est pas un Che Guevarra en puissance, il n'entend pas révolutionner le monde pour finir comme illustration de t-shirts pour ados. Arnaud, c'est moi, c'est nous, c'est n'importe quel Français qui subit la société, non pas comme une claque violente, mais comme un cancer qui s'immisce et se glisse sournoisement dans le seul but de ronger les êtres de l'intérieur.
A la différence près qu'Arnaud agit. Pas comme un syndicaliste qui se mettra en grève, pas comme un encarté qui collera des affiches.
Arnaud est une ombre amère, une "grenade dégoupillée", et agit en tant que tel, afin de se venger de cet univers qui le dévore.

J'ai beaucoup hésité avant de mettre une note.
Je partais sur un 3/5, parce que le fossé qui s'est creusé entre le héros et moi à cause de "l'invisibilité du premier", fut tel que la fin ne m'a pas véritablement provoqué d'émotion, même si ce n'était pas le but requis.
Mais je finirai sur un 4/5, parce que le ton est juste, le propos est d'actualité, et surtout parce que ce n'est pas "imaginé" par un rond-de-cuir grabataire qui va tenter de se projeter, avec succès ou non, dans la peau d'un cadre trentenaire.
Le discours d'Arnaud, et de Christophe Paviot, a cette particularité étonnant de venir du coeur, et d'être à fleur de peau à la fois.
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Je suis perplexe, et cela m'ennuie quelque peu.

J'ai eu beaucoup de mal à m'aventurer dans la lecture de ce livre. le style, d'abord. Je n'aime résolument pas les styles des écrivains contemporains, qui s'affranchissent de certaines contraintes de rédaction, comme la ponctuation, ou l'enchainement de phrases ponctuées par des points. Vraiment, je déteste quand un écrivain écrit comme il parle, avec des cassures au milieu de ses phrases, des pensées qui s'insèrent dans du récit sans aucune transition et autres procédés qui me mettent mal à l'aise.

Le personnage principal (je ne parlerais pas de héros, clairement) est tel que l'auteur l'a voulu: lisse, insipide, effacé. Difficile d'intégrer le lecteur au récit lorsque son personnage principal consiste en un vide total, difficile en tant que lecteur de s'identifier à un personnage dont le récit nous fait adopter le point de vue entre deux parties descriptives.

Pour autant, si ces deux points m'ont sérieusement heurté, le roman en lui-même est accrocheur lorsqu'on en comprend la dynamique. La démarche d'Arnaud, ce fameux personnage principal totalement insipide, reste un peu nébuleuse, mais comporte tout de même un message, qu'on y adhère ou non. L'ancrage très local de l'histoire dans la ville de Rennes lui donne une crédibilité et une vraisemblance très appréciable.

Au final, je ne saurais encore dire si j'ai vraiment apprécié ce roman, ou si je l'oublierais très vite. La Guerre Civile est Déclarée est un roman qu'il faut digérer après l'avoir lu, ingérer après s'y être adapté.

Bien sûr, le fait qu'il ait été écrit dans un style particulier sert parfaitement le récit, voulu sans artifice. le fait qu'Arnaud soit aussi nébuleux, et qu'il reste un incompris volontaire à la fin du roman, sert grandement celui-ci.
Il faut quand même bien noter que cette forme ôte au roman toute force de frappe éthique, et que celui-ci ne porte aucune revendication, à la manière de celui qu'il met en scène. Et sur ce plan là, la réussite et la cohérence littéraire est totale!

Comme il est de mise, je remercie l'éditeur et Babelio pour ce livre, reçu dans le cadre des Masses Critiques régulièrement organisées sur le site!
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