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Jean-Claude Masson (Traducteur)
EAN : 9782070740437
145 pages
Gallimard (13/02/1996)
3.92/5   6 notes
Résumé :
Itinéraire est l'autobiographie intellectuelle et politique d'Octavio Paz (né en 1914). Elle commence au Mexique, en pleine révolution, et se termine au lendemain de la chute du mur de Berlin, avec la fin de la guerre froide. Entre ces deux moments, il y a toutes les espérances, tous les séismes du XXe siècle : la Révolution russe (trahie), la guerre d'Espagne (perdue), l'holocauste, les purges staliniennes et la glaciation, la crise de Cuba et les révoltes des peup... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dans ce bref essai paru en 1993, Octavio Paz, prix Nobel de littérature en 1990, revient sur son parcours de vie, et exprime ses opinions, ses points de vue, sur la démocratie, sur la politique, fait le bilan du XXe siècle en le replaçant dans une perspective historique.

Nous partons de Mixcoac, village proche de Mexico, dans lequel Octavio Paz a passé la plus grande partie de son enfance, dans la maison de son grand-père paternel. Puis, d'une manière discursive, nous suivons l'auteur dans ses différentes pérégrinations autour du monde : USA, l'Espagne, Paris, l'Inde où il a été ambassadeur de son pays etc. Il ne s'agit pas de faire du tourisme, il évoque plutôt des idées et des rencontres, qui sont celles d'intellectuels, de gens engagés politiquement, des écrivains. Avec qui il discute du monde tel qu'il est, ou tel qu'il devrait être.

Il plaide pour un enracinement dans une histoire, dans un territoire, tout en se faisant un défenseur convaincu des démocraties, dont il voit bien les limites et les dangers. Confronté à sa jeunesse aux totalitarismes, nazisme et communisme, il a très vite pris ses distances, en particulier avec ce dernier qui était le plus répandu parmi son milieu. Mais il est très critique vis-à-vis du capitalisme, du modèle sociétal qu'il prône, du conditionnement qu'il entraîne, d'une sorte de décérébration qu'il provoque chez le citoyen-consommateur. Des inégalités qu'il creuse partout dans le monde, qui entraîne inévitablement un risque d'explosion et de repli sur les valeurs traditionnelles les plus rétrogrades et intolérantes.

Octavio Paz face à tout cela, reste d'un optimiste modéré, tout n'est pas noir, et rien n'est perdu d'avance. L'histoire nous réserve toujours des surprises, et elles peuvent être bonnes, comme la chute du mur de Berlin. Mais il est un observateur lucide, sans complaisance, du monde tel qu'il est.
Ces analyses, sans être révolutionnaires dans leur contenu, et il rappelle qu'il n'est pas un spécialiste de la philosophie politique, sont de bon sens, et il est difficile de ne pas souscrire à une bonne partie d'entre elles, même si on peut en discuter tel ou tel point. Sa plume est par ailleurs magnifique, et ses description du village de son enfance, tel qu'il n'existe plus maintenant, absorbé par Mexico, est très belle. Toutes les rencontres qu'il a faites sont par ailleurs passionnantes, il a côtoyé plein de personnages emblématique du XXe siècle, et ce qu'il en dit n'est jamais banal.

Une lecture intéressante et stimulante.
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Itinéraire tient autant du récit autobiographique, voire du journal, que de l'essai, dans lequel Octavio Paz dresse un portrait, plutôt glaçant, de nos sociétés modernes, tout en revenant sur les convulsions qui ont agité le vingtième siècle et qui ont abouti, après la chute du mur de Berlin, au triomphe des lois du « marché ». Octavio Paz s'est souvent senti, au cours de ce siècle, isolé et désarmé, et c'est plus en poète qu'en politologue qu'il écrivit ces lignes à la prose simple et étincelante. Il revient aussi sur des évènements plus personnels : son enfance dans les rues de Mixcoac, village autour de Mexico ; ses séjours et ses voyages aux Etats-Unis, en Europe, en Asie ; sa fascination pour les cultures anciennes de la Méso-Amérique, de la Grèce Antique ; sa découverte de L'Inde et du surréalisme ; son scepticisme face aux idéologies révolutionnaires, ses craintes face à un monde moderne qui provoque de l'injustice, de l'inégalité et de l'instabilité.
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Autobiographie politique, et intellectuelle qui commence avec la révolution mexicaine et se termine avec l'effondrement du communisme, en passant par la guerre d'Espagne.
Un condensé de l'histoire du XXe siècle par un de ses témoins écrivains, à cheval sur plusieurs continents.
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C'est flânant sur les quais de la Seine que j'ai mis la main sur cet Itinéraire, un essai du célèbre Octavio Paz qui m'évoquait plus des poèmes que des traités politiques. Plutôt qu'un traité politique, évoquons plutôt une autobiographie de l'auteur : "Mon intention dans ces pages, est de brosser les principales étapes d'un itinéraire politique".
Un itinéraire riche qui débute entre San Francisco et une petite ville mexicaine, avant une série d'exils aux États-Unis et à Paris dont il se fait le commentateur de la vie culturelle de l'époque.
Je me suis beaucoup plu à m'immerger dans les commentaires d'Octavio Paz sur les tumultueuses positions des communistes qui suscitent chez lui un certain scepticisme suite au pacte germano-soviétique et à l'assassinat de Trotski, tandis que les revues mexicaines soumises à Moscou refusent peu à peu de le publier.
Au-delà du récit de sa vie, c'est surtout sa vision criante d'actualité sur les révolutions et leurs applications manquées dans les pays du Tiers monde ou sur l'évolution des sociétés démocratiques qui se révèle passionnante, tout comme sa minutieuse description des courants politiques tirant vers le totalitarisme.

Une très belle découverte qui m'a donné envie de me replonger dans l'histoire du XXe siècle et de lire d'autres essais de cet écrivain mexicain auquel je laisse le mot de la fin : "Notre hédonisme n'est pas une philosophie du plaisir, mais une abdication du libre-arbitre qui aurait scandalisé le doux Épicure comme le frénétique Donatien de Sade".
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Un livre plutôt court mais d'une grande densité, qui aborde de nombreux aspects historiques, politiques et intellectuels du Mexique et de la vie d'Octavio Paz. J'y ai appris beaucoup de choses mais ai eu besoin de me documenter en cours de route sur des épisodes historiques dont j'ignorais l'existance ou les impacts.
Pas facile à lire, mais passionnant !
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
La véritable histoire universelle ne commence pas avec les grands empires d'Europe ou d'Asie, avec Rome ou avec la Chine, mais avec les périples des Espagnols et des Portugais. C'est alors, que nous, les Mexicains, nous devenons un fragment de l'histoire du monde. Ou plutôt : nous sommes le fruit de ce moment où les diverses histoires des peuples et civilisations débouchent sur l'histoire universelle. La découverte du Nouveau Monde a marqué les débuts de l'unification planétaire.
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La civilisation de la liberté nous a transformé en moutons. Des moutons qui sont aussi des loups. En vérité, un des traits les plus désolants de notre notre société est l'uniformité des consciences, des goûts comme des existences, associée au culte d'un individualisme égoïste, effréné.
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"Peut-être la véritable imagination - à l'opposé de la fantaisie - consiste-t-elle à voir la réalité de tous les jours avec le regard du premier jour"
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Epitaphe sur nulle pierre

Mixcoac fut mon village : trois syllabes nocturnes
un voile d'ombre sur un visage solaire.
Vint Notre-Dame, la mère. Tempête de poussière.
Elle vint et le dévora. Moi, j'allais de par le monde.
Mes pantalons furent ma maison, ma tombe, l'air.
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Les deux sphères qui composent la société le public et le privé - ont donc échangé leur place. Grâce à la démocratie, le citoyen grec avait gagné le droit de participer à la vie publique. La démocratie moderne inverse la relation : l'Etat perd le droit d'intervenir dans la vie privée des citoyens. La valeur centrale, l'axe même de la vie sociale, n'est plus la gloire de la polis, la justice ou toute autre valeur métahistorique, mais la vie privée, le bien-être du citoyen et de sa famille. Imbriquées dans la sphère publique, les valeurs absolues se dissipent, elles se déplacent dans la vie privée; à leur tour, les individus et les groupes postulent leurs idées, leurs intérêts ou leurs valeurs, comme une affaire publique.
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Videos de Octavio Paz (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Octavio Paz
« […] […] comme le dira Octavio Paz (1914-1998), “la poésie mexicaine ne trouvait pas sa forme propre. Chaque fois qu'elle se risquait à exprimer le meilleur et le plus secret de son être, elle ne pouvait que mettre en oeuvre une culture qui ne lui appartenait que par un acte de conquête spirituelle“. […] Enrique González Martínez annonçait qu'il fallait “tordre le cou au cygne“ moderniste pour pénétrer dans la réalité concrète de la vie quotidienne : “Cherche dans tout chose une âme et un sens / caché ; ne te drape pas dans la vaine apparence“ […] »
« Le poème tournoie sur la tête de l'homme en cercles proches ou lointains
L'homme en le découvrant voudrait s'en emparer mais le poème disparaît
Avec ce qu'il peut retenir l'homme fait le poème
Et ce qui lui échappe appartient aux hommes à venir » (Homero Aridjis, « Le Poème », in Brûler les vaisseaux, 1975.)
0:00 - EFRAÍN BARTOLOMÉ 1:49 - MANUEL ULACIA 3:40 - VERÓNICA VOLKOW 4:36 - MARISA TREJO SIRVENT 5:41 - AURELIO ASIAÍN
6:12 - Générique
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Référence bibliographique : Poésie mexicaine du XXe siècle, traduction de Claude Couffon et René Gouédic, Genève, Patiño, 2003.
Images d'illustration : EFRAÍN BARTOLOMÉ : https://es.wikipedia.org/wiki/Efraín_Bartolomé#/media/Archivo:Efraín_Bartolomé_en_Berna,_1999.jpg MANUEL ULACIA : https://www.lavenderink.org/site/books/manuel-ulacia/?v=76cb0a18730b VERÓNICA VOLKOW : https://www.rogeliocuellar.mx/archivo/fotografia/4559/mx-rcu-esc-vovo-a-00020 MARISA TREJO SIRVENT : http://www.elem.mx/autor/datos/109900 AURELIO ASIAÍN : https://www.amazon.es/Aurelio-Asiaín/e/B001JWYBQ2/ref=dp_byline_cont_pop_book_1
Bande sonore originale : Mike Durek - The Good News Or The Bad News The Good News Or The Bad News by Mike Durek is licensed under a CC-BY Attribution License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/Michael_Durek/Piano_Music_for_The_Broken_Hearted_1221/05_The_Good_News_Or_The_Bad_News/
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