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EAN : 9782070137138
352 pages
Gallimard (14/11/2014)
3.94/5   18 notes
Résumé :
Trois destins, trois époques, une frontière.
Le roman, inspiré de personnages réels, commence en 1984, dans le nord du Mexique, avec Jesús, un adolescent obsédé par la beauté de sa sœur et qui, au fil des années, va devenir le Railroad Killer, l’un des tueurs en série les plus recherchés par le FBI à la fin du XXe siècle. Véritable descente aux enfers, son périple de sang et de sexe dessine une autre carte de la frontière et nous révèle mille routes secrètes ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Martin, un paysan latino sans-papiers retenu dans un asile psychiatrique dans les années 1930-40, Jésus, un meurtrier en série mexicain à la fin des années 1990 puis Fabian, un universitaire sud-américain vu à travers les yeux de sa maitresse, une ancienne étudiante d'origine bolivienne en 2008. Trois destins, trois vies qui trouvent leur chemin jusqu'aux Etats-Unis, au nord. En espagnol, Norte. Et là, ils y vivent une descente aux enfers, chacun à leur façon. C'est mon premier roman d'Edmundo Paz Soldan. J'aurais aimé ajouter que c'est ma première excursion dans la littérature bolivienne. C'est le cas mais le roman se passe essentiellement aux Etats-Unis alors…

Le roman commence avec le jeune Jésus. Les premières pages étaient intrigantes mais j'ai rapidement déchanté. Très vite (trop vite !) à l'adolescence, la violence, le viol et le meurtre faisaient partie de lui. C'était choquant et gratuit, ça m'a presque donné envie. D'autant plus que j'ai découvert éventuellement que son histoire était fortement inspirée d'un personnage réel, le Railroad Killer. Je ne suis pas prude et, même au cinéma les bains de sang ne m'effraient pas. C'est de la fiction. Mais ceux inspirés par la vraie vie, c'est autre chose. Les meurtriers commettent des actes ignobles et ils ne méritent pas pareille publicité. Je me suis alors concentré sur les deux autres histoires. La réalité est que je ne sais pas quoi dire de plus sur celles-là. Martin passe son temps à peindre (quand il ne subit pas des traitement surement expérimentaux) alors que Fabian vit une crise existencielle qui n'a pas réussi à m'émouvoir, à m'interpeller. Même chez ces deux-là, le déracinement, l'isolement, la sexualité, la peur de l'échec, la déchéance (physique et morale), tout est tellement cru. Certains diront que ça ajoute à la crédibilité mais, moi, je n'ai pas vraiment apprécié. D'abord parce ce n'est pas vraiment ce que je recherche dans mes lectures et, ensuite, peut-être parce que, dans ma tête, j'avais déjà décroché ?

Norte, avec son trio d'exilés, représente l'histoire de ces milliers de gens qui ont traversé la frontière, parfois légalement, d'autres fois non. Ils espèrent le rêve américain mais, pour beaucoup, ça reste un rêve. Les trois destins racontés ici se déroulent à des époques différentes et je trouve dommage qu'elles ne coïncident pas plus. Il y a bien ce court passage à la fin, où Fabian s'intéresse au sort de Jésus, en attente d'exécution. Il devait surement y avoir quelque chose qui les relie à Martin également (sinon, je ne vois pas le but) mais j'ai dû le louper.
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«Il s'agit de l'une des voix les plus novatrices de la littérature latino-américaine d'aujourd'hui.» Dixit Mario Vargas Llosa. Cette voix, c'est celle de Edmundo Paz Soldan, écrivain bolivien de 49 ans, qui appartient au mouvement littéraire latino-américain McOndo fondé en réaction au "réalisme magique" trop souvent accolé aux romans sud américains. Norte est le premier livre de l'auteur traduit en français par Gallimard et force est de constater qu'on est à mille lieux de Garcia Marquez. le roman est fragmenté en trois récits qui alternent au gré de la narration. Les époques sont différentes : des années 30 à aujourd'hui et les trois personnages principaux ne sont reliés que de façon subtile et quasi subliminale. Leur importance n'est d'ailleurs pas la même dans le livre : deux d'entre eux sont inspirés de personnes réelles, la troisième (une étudiante) est imaginaire et sert en quelque sorte de catalyseur, qui permet à Paz Soldan de clarifier son propos qui est notamment de montrer comment des latino américains se fracassent sur le rêve américain (del norte, por supuesto) en y laissant une grande partie, voire la totalité de leur raison, coupés qu'ils sont de leurs racines. Revenons aux deux personnages réels : Martin Ramirez, depuis son asile d'aliénés, a laissé un nombre incalculables d'oeuvres, du moins sont-elles considérées comme telles aujourd'hui, dans le domaine appelé faute de mieux "art brut". Mais le plus fascinant de ce trio d'exilé est bien évidemment Jesus, un tueur en série, connu sous l'appellation de Railroad Killer qui fut exécuté en 2009 au Texas. La description de cet esprit malade et le détail de ses crimes, l'auteur ne nous épargne rien, est proprement hallucinante. Pas de doute, on est très, très éloigné du réalisme magique. Norte est la révélation d'un talent singulier et sauvage dont on aura certainement l'occasion de reparler.

Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Premier livre traduit en France du bolivien Edmundo Paz Soldán, ce roman bien charpenté est une hallucinante fresque sociale, sorte de sauvage valse à trois temps : trois gifles, trois histoires, trois époques, trois perspectives différentes d'approche, cimentés par un thème fédérateur, l'exil et le déracinement, par une même obsession : el Norte, les Etats-Unis.
Trois déséquilibres que rien ne peut racheter ni corriger : Jésus le serial killer mexicain trop amoureux de sa soeur (certainement le protagoniste le plus étoffé du roman), Martin, le paysan fou et dessinateur, devenu artiste de renom mais toujours enfermé dans une institution, et le couple chaotique Michelle et Fabian, élève bolivienne et professeur. Malaise du déracinement, malaise du rêve étatsunien qui n'en est pas un. Malaise existentiel, avec pour issue la folie, la violence, la déchéance et une envie de vivre comme seule expression pour surmonter l'échec.
Bien plus qu'un objectif à atteindre, el Norte, ce nord tant fantasmé, est moins un pays à atteindre qu'une fuite en avant éperdue, loin de sa terre première où la destinée semblait résolument embourbée, où le rêve, déjà, était frelaté.
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"Norte" d'Edmundo Paz Soldan (352p)
Ed. Gallimard

Bonjour les fous de lectures

Je vous emmène à la découverte d'un auteur bolivien.
Il nous parle non pas de son pays, mais du Mexique et des États-Unis et de la difficile adaptation des "chicanos" à certains moments du XXe siècle.

Trois récits, trois époques, trois angles différents, mais un sujet, l'exil et ses conséquences sur les personnes, qu'elles aient quitté volontairement ou non le pays où elles sont nées.
Jesus, qui voue un amour excessif à sa soeur, est un tueur en série qui sévit entre 1984 et 1999 le long de la voie ferrée séparant le Mexique des Etats-Unis.
Martín Ramírez, schizophrène, à présent considéré comme un des artistes majeurs de l'art brut, a produit des oeuvres tourmentées et obsessionnelles entre 1931 et 1963 dans un asile psychiatrique des Etats-Unis.
Enfin, Michelle, étudiante dans une université vit une passion chaotique avec Fabián, un de ses professeurs déjanté et accro à toute sorte de substances.

Voici la vie de trois déséquilibrés dont l'exil (volontaire ou pas ) a encore accentué le mal-être.
Trois personnes aux portes de la folie.

L'auteur exprime la difficulté de ces exilés à s'intégrer dans un pays autre que le leur et leurs rapports conflictuels avec les "vrais" américains ( immigrés de plus longue date qu'eux).

J'ai beaucoup aimé ce récit même si l'on constate un certain déséquilibre entre les trois histoires: celle de Jésus et de Martin étant privilégiées et donnant au troisième récit une impression d'inachevé.
Mais l'ensemble est très intéressant et agréable à lire (malgré quelques scènes de violence à noter pour les âmes sensibles)

Il faut savoir que les deux premiers personnages ne sont pas nés de l'imagination du romancier, mais qu'ils ont bien existé sous un autre nom.

"Norte" est le premier roman de cet auteur traduit en français.
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Le récit commence avec un viol puis le meurtre d'une danseuse légère, ça ne me donne pas du tout envie de m'attacher aux gamins qui ont fait ça, j'ai même eu envie d'arrêter ma lecture dès ce premier chapitre.
J'aurais dû me méfier en lisant la quatrième de couverture, l'un des personnages va devenir un célèbre tueur en série, ça annonce la couleur dès le début. Les trois histoires présentent dans ce roman sont inspirées de personnages réels, tantôt tueur, tantôt artiste ou encore professeur, tous ont un commun une histoire qui sort de l'ordinaire, que ce soit en positif ou en négatif. J'ai aimé comment se déroule la narration, c'est très brut pour la première, il n'y a pas de dialogue, le langage est châtié puis il devient onirique, poétique dans une autre histoire. Je n'ai pas eu le temps de me lasser.
Le rythme est également bon, on passe d'un style à l'autre avec fluidité, et c'est ce que j'aime chez cet auteur. Les personnages sont excellents même si certains sont détestables, c'est le but d'ailleurs, et j'aime ce mélange de réalité et de fiction, cela donne toujours un point de vue original. J'ai aussi aimé qu'on alterne les époques et les lieux, comme écrit plus haut, cela évite la monotonie. Encore une belle découverte grâce au site !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
En réalité, je crois que les jours de la littérature telle que nous la connaissons sont comptés. Ce siècle va être celui des récits graphiques, des vooks et des romans électroniques où on va pouvoir mettre des liens avec Wikipédia et YouTube.
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Je suis surtout en train de dessiner, j'ai dit. En réalité, je crois que les jours de la littérature telle que nous la connaissons sont comptés. Ce siècle va être celui des récits graphiques, des vooks et des romans électroniques où on va pouvoir mettre des liens avec Wikipédia et YouTube.
Encore une qui veut tuer la littérature. Prends ta place dans la queue.
Des universitaires comme toi la tuent encore tous les jours. Ils emploient la théorie comme une fin en soi. Et ils écrivent ces livres que seuls d'autres universitaires lisent.
Un silence embarrassé était tombé. Je n'étais pas venue lui montrer combien j'étais en colère, mais c'était ce que je venais de faire. J'ai essayé de changer de sujet.
Et ton projet interminable, où est-ce qu'il en est ?
De plus en plus pareil à la machine à narrer de Macedonio. Des récits qui prolifèrent, qui ne parviennent pas à trouver une colonne vertébrale.
Tu devrais peut-être respecter ce chaos.
Il faut le respecter dans la vie, pas dans la littérature.
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Sam en a remis une couche avec sa thèse sur les représentations de l'intellectuel et de l'écrivain dans la littérature latino-américaine contemporaine. Il a parlé de Respiration artificielle (l'intellectuel comme exilé), de La Vierge des tueurs (l'intellectuel comme déraciné), des Détectives sauvages (le poète comme être vitaliste et antisystème, capable même de ne pas faire œuvre pour ne pas être coopté par l'institution), de La fête sous surveillance (l'intellectuel comme dernier survivant d'un mode post-apocalyptique). La conclusion initiale était que la recomposition du système culturel avait laissé les intellectuels traditionnels sur le bas-côté de la route.
Je l'ai écouté avec ennui. Tu oublies l'Eternaute, j'ai dit pour le provoquer. Tu vas l'inclure ou pas ? L'intellectuel comme homme d'action malgré lui-même. Comme critique de la possibilité d'une véritable rencontre avec le peuple.
Je le mentionnerai. Mais la thèse serait trop longue si je lui consacrais tout un chapitre.
C'est parce que c'est une bande dessinée.
Tu sais que c'est pas pour ça, Michelle. Fais pas chier.
Il a commencé à être pénible et j'ai du l'obliger à changer de sujet. Il était comme moi, comme nous tous dans notre petit monde : on aimait beaucoup parler des sujets qui nous préoccupaient, on était fascinés par nous-mêmes.
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Il l’imagina dans le restaurant où elle travaillait les week-ends et l’idée le traversa qu’elle faisait partie de celles qui avaient eu tort de venir ici. Au Mexique, elle aurait pu aller loin, peut-être faire des études de dentiste ou de vétérinaire. Elle avait sûrement pensé qu’une fois qu’elle serait passée de l’autre côté le monde s’ouvrirait devant elle ; maintenant elle n’était qu’un petit soldat de plus de l’armée de travail de choc. Elle gagnait plus que là-bas, mais elle le payait par une vie sans rêves.
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Je voulais l'éloigner de moi, éviter qu'il me touche avec sa misère d'amoureux malheureux, me refile son style orgueilleux d'aborder le désespoir, me contamine avec sa manière de se vouer de toute évidence à une cause perdue. Mais il était trop tard et j'étais déjà infectée, j'étais moi aussi comme lui. Le pire de tout : il était peut-être comme ça par ma faute. Peut-être était-ce moi qui lui avait inoculé le virus. Alors, je pouvais le comprendre. On ne se sentait pas mal comme ça ; on croyait qu'on priait devant le bon autel, que la force de la prière serait telle qu'elle réussirait le miracle de transformer la réalité en ce qu'on voulait qu'elle soit.
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